Actualité du dopage

Lance Armstrong : dix ans de charges, blanc comme neige


04/02/2012 - rue89.com - Clément Guillou

Le mythe vit encore. Pour ceux qui veulent encore y croire, Lance Armstrong reste l'homme qui a gagné sept Tours de France sans se doper, puisque la justice américaine - à la surprise générale - vient d'abandonner l'enquête menée contre son ancienne équipe, l'US Postal. Elle le concernait au premier chef et, vu le calibre de l'enquêteur Jeff Novitzky, peu de monde l'imaginait blanchi.

Armstrong s'en sort encore, même si l'agence antidopage américaine a promis de prendre le relais, réclamant les éléments et témoignages rassemblés par les enquêteurs fédéraux. Le héraut de la lutte contre le cancer continue de rire au nez des sceptiques et sort renforcé de cette enquête inachevée.

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Ce type est un bouclier humain. Dans un tweet envoyé à chaud après l'annonce de l'abandon des charges, le journaliste américain Neal Rogers le compare à Neo, qui échappait aux balles dans Matrix. Combien de barillets vidés sur Armstrong depuis dix ans ? La liste est longue comme une étape de plaine.

Par où commencer ? Ce contrôle positif aux corticoïdes en 1999, anesthésié par une ordonnance antidatée selon la masseuse du champion ? Ceux de la même année à l'EPO, révélés en 2005 et inoffensifs en l'absence d'un deuxième échantillon ? Celui de 2001 au Tour de Suisse, attesté par deux anciens coéquipiers et enterré selon eux par la fédération internationale (UCI) ?

Faut-il plutôt ouvrir par ses relations ? Il en eut de mauvaises, comme ces ex-équipiers pris dans des affaires de dopage ou le docteur Ferrari, un nom associé au dopage des années 1990 qui le suivait dans ses grandes années. Armstrong en avait aussi de bonnes. Le vice-président du Comité olympique américain était devenu son agent. L'ancien conseiller juridique du couple Clinton gère sa communication de crise depuis un an et demi. Hein Verbruggen, l'ancien président de l'UCI, était un ami.

Armstrong n'a pas oublié non plus les témoignages, balayés d'une plainte pour diffamation ou d'un communiqué moqueur. Tous d'anciens coéquipiers. Floyd Landis, le plus loquace, a raconté en détail les pratiques de dopage de toute l'équipe. Danielson Tom a expliqué pourquoi Armstrong et lui s'étaient procurés de l'EPO en 1995.

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Dès 1996, Armstrong aurait tout avoué à un docteur après son hospitalisation pour un cancer des testicules. Frankie Andreu, alors son ami, l'a dit sous serment :

« Le docteur lui a posé quelques questions, pas beaucoup, et parmi elles, une des questions qui lui ont été posées était : " Avez-vous déjà pris des produits dopants ? " Lance a dit : " Oui ". Et le docteur a demandé : " Quels étaient ces produits ? " Lance a répondu : " Hormones de croissance, cortisone, EPO, stéroïdes et testostérone. "

Sous serment encore - donc sous la menace de finir en prison en cas de mensonge -, Tyler Hamilton a décrit durant six heures ses pratiques dopantes et celles de son leader, de 1999 à 2001.

" Il a pris ce que nous prenions tous... La majorité du peloton. Il y avait de l'EPO, de la testostérone, des transfusions sanguines."

En faisant ce témoignage, Hamilton a rendu sa médaille d'or olympique. Qu'Armstrong s'en sorte l'a donc quelque peu irrité. "Put***, vous vous foutez de ma gueule ! ? ! ", a-t-il écrit sur Twitter avant de l'effacer prestement.

Selon la chaîne CBS, George Hincapie, un proche d'Armstrong, a confirmé les propos de ses anciens coéquipiers devant les enquêteurs. Hincapie n'a jamais démenti.

Autant de balles perdues. Grâce à son sens de l'intimidation et de la communication, grâce au talent de ses avocats, Lance Armstrong ne s'est officiellement jamais dopé. Pour lui, c'est " business as usual ". Au début de cette dernière affaire et au crépuscule de sa carrière, il lançait, bravache :

" Un jour, vous viendrez me trouver sur la plage avec cinq gamins autour de moi. Il y aura d'autres accusations, vous pouvez les mettre en bas de la liste. En 13 ans d'accusations, je n'ai jamais perdu aucun contrat, il n'y a eu aucun dommage pour mon image. "


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Cette page a été mise en ligne le 04/02/2012