ICCD : Indice de Confiance Cyclisme-Dopage.com

UAE Team Emirates - XRG - Saison 2025


cyclisme-dopage.com - 03/07/2025

Sommaire

Introduction Trente-deux affaires de dopage Un coureur épinglé Cinq dirigeants épinglés Trois coureurs flashés Aucun dirigeant flashé L'équipe adhère MPCC Découvrez l'indice de confiance obtenu par l'équipe

Introduction

L’héritage Lampre

Le Team UAE-Emirates s'est constitué en 2017 dans la continuité de l'historique équipe italienne Lampre, née en 1990. Les cyclistes émiratis ont conservé un fort accent italien puisque Giuseppe Sarroni y a toujours son rond de serviette. Encore aujourd'hui, plusieurs coureurs et dirigeants sont issus de la formation au célèbre maillot rose et bleu.

Mauro Gianetti et Matxin Fernandez, l’héritage Saunier Duval
Matxin, Gianetti, Pogacar. Trio magique.
Source : Antoine Vayer - 24/06/2021

Matxin Fernandez, de son nom complet Joxean Fernández Matxín, ne fait pas partie des dirigeants épinglés dans notre annuaire du dopage. Le pedigree du « General Manager » de l'équipe mérite pourtant qu'on s'y attarde. Il a exercé ses talents dans la glorieuse équipe Saunier-Duval, d'abord dans les rangs amateurs (1999) puis professionnels (2003-2011). Par la suite, il a fait un séjour dans l'équipe Lampre (2013-2014) puis Quick-Step (2015-2017) en tant que détecteur de talents. C'est là qu'il découvre un certain Tadej Pogacar qu'il piquera au nez et à la barbe de Patrick Lefevere. On le retrouve désormais aux côtés de Gianetti à la tête de l'équipe UAE.

Le Suisse Mauro Gianetti, de son coté, a eu un parcours assez parallèle : Saunier Duval (2003-2011) puis UAE depuis 2019 en tant que Team Principal & CEO. Le boss c'est lui. Nous nous appesantissons largement sur son cas un peu plus bas.

L’ogre Tadej Pogacar
Usine d'athlete Extraterrestre
Source : Espé - 07/03/2021

Plus que jamais, le leader de la formation est Tadej Pogacar. Le jeune coureur slovène a stupéfait tout le monde lorsqu'il s'est emparé du maillot jaune du Tour de France 2020, à la veille de l'arrivée à Paris. Primoz Roglic et ses coéquipiers de Jumbo-Visma ne s'en sont toujours pas remis.

Wout Van Aert et Tom Dumoulin médusés par la performance de Tadej Pogacar à la Planche des Belles Filles
Source : France 3 - Stade 2 - 20/09/2020

Le Slovène a immédiatement confirmé en 2021 en se baladant sur les routes du mois de juillet tout en s'adjugeant deux monuments : Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie. Il a entamé l'année 2022 en dominant son monde aux Strade Bianche puis sur Tirreno-Adriatico, avant de saloper sa copie lors du sprint Tour des Flandres qu'il avait pourtant dominé. Déception au Tour de France où il ne peut rien contre le Jumbo Jonas Vingegaard. Il se rattrape sur le Tour de Lombardie.

En 2023, il fait main basse sur le Tour d'Andalousie, Paris-Nice, le Tour des Flandres, l'Amstel Gold Race et la Flèche Wallonne. Une chute dans Liège-Bastogne-Liège met un coup d'arrêt à ce gros début de saison. Il est toutefois au départ du Tour de France mais subit à nouveau la domination du Danois Vingegaard.

L'année dernière, il est à pied d'œuvre dès le début de saison et s'adjugeant les Strade Bianche, le Tour de Catalogne et Liège-Bastogne-Liège. Il s'en va ensuite sur le Tour d'Italie où il humilie ses adversaires, remportant facilement pas moins de six étapes. Il remet ça au Tour de France sidérant les observateurs dans l'ascension du Plateau de Beille, pulvérisant le mythique record de Marco Pantani. Comme en Italie, il s'adjuge six victoires d'étapes. Et pour faire bonne mesure, il conclut sa saison en remportant le Tour de Lombardie.

2025 s'annonce encore plus fort même s'il a été dominé par Mathieu van der Poel à Milan-San Remo et Paris-Roubaix. Avant le Tour de France, il a déjà ajouté à son palmarès le Tour des Émirats arabes unis, les Strade Bianche, le Tour des Flandres, la Flèche wallonne et Liège-Bastogne-Liège.

La domination UAE

Portée par Tadej Pogacar, c'est toute l'escouade UAE qui a dominé la saison 2024 et s'apprête à en faire de même en 2025. L'année dernière, les UAE ont remporté 81 courses avec pas moins de 20 coureurs. A la mi-saison, 14 coureurs UAE avaient déjà levé les bras !

Un médecin UAE Emirates au cœur de l’UCI !

La plateforme de cyclisme virtuelle basée aux Émirats arabes unis MyWhoosh est à la fois parrain de l'équipe UAE Emirates et partenaire l'UCI qui lui a attribué l'organisation des Championnats du Monde Cyclisme Esport UCI en 2024, 2025 et 2026.

Ces dernières années, l'UCI a attribué plusieurs compétitions internationales aux Emirats Arabes Unis : Championnats du monde de cyclisme urbain (2022 et 2024), Championnats du monde sur route et gravel (2028), championnats du monde sur piste (2029). En 2021, Abu Dhabi a reçu le label UCI Bike City.

Plus étonnant encore est le cas du Dr De Lima Quintas Filipe. Ce médecin portugais est membre commission médicale UCI depuis 01/2022. Parmi les objectifs de cette commission figurent :

Le praticien a ajouté une nouvelle casquette à sa panoplie : depuis l'année dernière, il figure aussi dans l'organigramme de l'équipe UAE. Au mieux un étonnant mélange des genres, au pire un énorme conflit d'intérêt.

Composition de la Commission Médicale de l'UCI
Source : fr.uci.org - 18/05/2025

Le Dr Filipe De Lima Quintas sur le site d'UAE Emirates (capture d'écran)
Source : www.uaeteamemirates.com - 18/05/2025

On a sans doute tort de s'inquiéter puisque le cahier des charges de la commission précise dans son article 4 que « Les membres de la Commission sont soumis à un strict devoir de réserve et de confidentialité, et s'abstiennent de toute divulgation non autorisée d'informations portées à leur connaissance dans l'exercice de leur fonction ».

D'ailleurs, il semble parfaitement faire la séparation entre ses deux missions : d'un côté l'équipe utilisait le monoxyde de carbone dès 2013, de l'autre UCI l'interdit au début de cette année, on image sur recommandation de sa commission médicale !


Histoire de l'équipe

De Lampre à UAE : une litanie d’affaires de dopage


Entre 1999 et 2016, la Lampre a collectionné les cas de dopage : nous avons comptabilisé pas moins de 30 affaires impliquant 27 coureurs. Sous sa nouvelle dénomination, inaugurée en 2017, l'équipe a gardé un bon rythme puisque deux affaires sont déjà venues entacher son palmarès : Kristijan Durasek en 2017 et Juan Sebastián Molano Benavides en 2019. Autant dire que cette accumulation plombe sérieusement le score d'UAE.

A défaut de pouvoir être exhaustifs, nous reprenons ci-dessous quelques affaires célèbres, en commençant par les plus récentes.

Juan Sebastián Molano


Dernière affaire en date pour UAE, certes pas la plus sérieuse, le 3 mai 2019, le coureur colombien Juan Sebastián Molano est mis sur la touche par l'équipe en raison de « valeurs physiologiques anormales ». Il est suspendu préventivement et doit passer des tests pour déterminer les causes de ces résultats. Soulagement, il reçoit l'autorisation de courir à nouveau dès juillet. Le directeur médical de l'équipe, le Dr Jeroen Swart, un transfuge de la Sky, justifie les variations des valeurs physiologiques par une sensibilité aux séjours en altitude : le Colombien avait passé plusieurs semaines à plus de 3000 m.

Kristijan Durasek, pris dans l’opération Aderlass


Après avoir été exclu du Giro 2019, le Croate Kristijan Durasek a été suspendu quatre ans dans le cadre de l'opération Aderlass, une affaire de dopage sanguin. L'UCI s'est appuyée sur les informations reçues des autorités policières autrichiennes. Elle le suspend quatre ans pour des infractions commises de 2016 à 2019, soit une année sous les couleurs Lampre et trois sous les couleurs UAE.

Danilo Hondo, lui aussi pris dans l’opération Aderlass


En mai 2019, alors retraité des pelotons, l'Allemand Danilo Hondo avoue devant les enquêteurs avoir recouru à des transfusions sanguines organisées par le Dr. Mark Schmidt entre fin 2011 et début 2013 (il était à la Lampre en 2011 et 2012). Il révèle avoir payé environ 25000 € pour un programme complet de dopage sanguin sur une seule saison. Comme l'humour n'est pas interdit, il utilisait le pseudonyme « James Bond » lors des échanges avec le réseau Aderlass.

Il écope d'une suspension de 96 mois, dont 66 mois avec sursis en raison de ses aveux. Il est également interdit de toute fonction sportive pour deux ans et demi.

On se souviendra qu'Hondo avait déjà été suspendu en 2005 quand il portait le maillot Gerolsteiner.

Raimondas Rumšas : deux années, deux affaires

Raimondas Rumšas n'a passé que deux ans dans le maillot Lampre. Ce fut suffisant pour s'illustrer dans deux affaires de dopage.

Le 28 juillet 2002, jour de l'arrivée du Tour de France où Rumšas venait de prendre la 3? place, sa femme Edita est arrêtée par les douanes près du tunnel du Mont-Blanc avec, dans le coffre de son véhicule, de grandes quantités de produits dopants : corticoïdes, EPO, testostérone, hormones de croissance et stéroïdes anabolisants. Elle est incarcérée plusieurs mois, affirmant que ces substances étaient destinées à sa belle-mère. Le 26 janvier 2006, le tribunal correctionnel de Bonneville condamne Raimondas Rumšas et son épouse à quatre mois de prison avec sursis pour importation et transport de substances dopantes. Bien sûr Raimondas clame ne pas s'être dopé.

Hélas, il est contrôlé positif à l'EPO pendant le Tour d'Italie 2003. L'UCI lui inflige une suspension d'un an.

Dr Jose Ibarguren Taus : corticoïdes, des seringues et d'autres produits suspects

Le Dr Ibarguren est contemporain de Raimondas Rumšas chez Lampre. Le 28 juillet 2002, Le jour même où Edita Rumšas est arrêtée, un camping-car griffé Lampre est contrôlée aux portes de Lyon, pendant le Tour de France. Ils y trouvent des valises appartenant au Dr Ibarguren. Elles contiennent des corticoïdes, des seringues et d'autres produits suspects. Interrogé, le médecin se défend avec fermeté : « aucune forme de dopage n'a été administrée à l'équipe Lampre », soutient-il. Il échappe aux sanctions. Par la suite, il a fait montre de son talent à la Quick-Step puis chez Movistar.

Pour nous, c'est assez pour l'épingler dans notre annuaire du dopage.

Mariano Piccoli imite Lance Armstrong


Dès sa première année d'existence, l'équipe Lampre a maille à partir avec les autorités antidopage. Le 7 juillet 1999, Mariano Piccoli est contrôlé positif aux corticoïdes, tout comme Lance Armstrong quelques jours plus tôt. Et tout comme l'américain, l'UCI fermera les yeux sur ce contrôle positif. Pas nous.

Quelques semaines plus tôt, au Tour d'Italie, il avait été accusé de fraude sportive pour avoir ingurgité des anabolisants. Une broutille.

Liste des affaires de l'équipe
Coureur Produit Course Date Sanction Contrôle
Durasek Kristijan Dopage sanguin 2019 Oui Enquête judiciaire
Molano Benavides Juan Sebastián Valeurs physiologiques anormales Tour d'Italie 2019 Oui Contrôle interne
Durasek Kristijan Dopage sanguin 2018 Oui Enquête judiciaire
Durasek Kristijan Dopage sanguin 2017 Oui Enquête judiciaire
Durasek Kristijan Dopage sanguin 2016 Oui Enquête judiciaire
Ulissi Diego Salbutamol 2014 Oui Contrôle positif
Ubeto Aponte Miguel Armando GW501516 2013 Oui Contrôle positif
Bertagnolli Leonardo Passeport biologique non conforme 2012 Oui Passeport biologique
Hondo Danilo Transfusions sanguines 2012 Oui Enquête judiciaire et aveux en 2019
Petacchi Alessandro Transfusion sanguine 2012 Oui Enquête judiciaire
Hondo Danilo Transfusions sanguines 2011 Oui Enquête judiciaire et aveux en 2019
Bernucci Lorenzo Détention de sibutramine 2010 Oui Enquête judiciaire
Ballan Alessandro Usage ou tentative d'usage de substance prohibée 2009 Oui Enquête judiciaire
Egeo Bonazzi Fiorenzo 2009 Oui Enquête policière
Bossoni Paolo EPO Championnats d'Italie (Route) 2008 Oui Contrôle positif
Cunego Damiano 2008 NSP* Retard au contrôle
Murro Christian Furosémide Contrôle inopiné 2008 Non Contrôle positif
Vila Errandonea Francisco-Javier Testostérone Contrôle inopiné 2008 Oui Contrôle positif
Bennati Daniele Bétaméthasone Gand-Wevelgem 2005 Oui Contrôle positif
Mazzoleni Eddy Trafic de produits dopants 2005 Oui Enquête policière
Petrov Evgueni Hématocrite > 50% Tour de France 2005 Oui Contrôle positif
Scotto d'Abusco Michele Hématocrite > 50% Critérium du Dauphiné libéré 2005 Oui Contrôle positif
Casagrande Francesco Hématocrite > 50% Tour d'Espagne 2004 Oui Contrôle positif
Loddo Alberto Caféine Tour d'Algarve 2003 Oui Contrôle positif
Rumsas Raimondas EPO Tour d'Italie 2003 Oui Contrôle positif
Ibarguren Taus Jose Possession de produits interdits Tour de France 2002 Non Enquête policière
Rumsas Raimondas Détention de corticoïdes, testostérone, EPO Tour de France 2002 Oui Flagrant délit
Barbero Sergio EPO Tour de Romandie 2001 Oui Contrôle positif
Codol Massimo Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 NSP* Enquête policière
Missaglia Gabriele Détention de produits illicites Tour d'Italie 2001 NSP* Flagrant délit
Nigrelli Guido Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 Oui Enquête policière
Piccoli Mariano Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 Non Enquête policière
Sciandri Maximilian Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 NSP* Enquête policière
Dierckxsens Ludo ACTH Tour de France 1999 Oui Aveux en 1999
Piccoli Mariano Anabolisants Tour d'Italie 1999 NSP* Enquête policière
Piccoli Mariano Corticoïdes Tour de France 1999 Non Contrôle positif

* Sanction non connue

Pour voir plus d'informations sur l'équipe dans l'annuaire du dopage, cliquez ici

Revue de presse de l'équipe
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Les coureurs épinglés

Après le départ de Matteo Trentin fin 2023 puis Diego Ulissi fin 2024 (respectivement chez Tudor et Astana), Juan Sebastián Molano est le seul coureur UAE à être épinglé dans notre annuaire du dopage.

Juan Sebastián Molano Benavides


Le coureur colombien Juan Sebastián Molano est mis sur la touche par l'équipe UAE le 3 mai 2019 en raison de « valeurs physiologiques anormales ». Il est suspendu préventivement et doit passer des tests pour déterminer les causes de ces résultats. Soulagement, il reçoit l'autorisation de courir à nouveau dès juillet. Le directeur médical de l'équipe, le Dr Jeroen Swart, un transfuge de la Sky, justifie les variations des valeurs physiologiques par une sensibilité aux séjours en altitude. Le Colombien avait passé plusieurs semaines à plus de 3000 m. Depuis, il garde la confiance de l'équipe et son passeport semble mieux se porter.


Les dirigeants épinglés

Avec cinq dirigeants épinglés dans notre annuaire du dopage, l'équipe UAE fait piètre figure, seulement surpassée par XDS Astana (12) et Bahrain (8).

Avant de nous intéresser à eux, attardons-nous sur les cas du Dr Inigo San Millan, de Matxin Fernandez et de Marco Marcato qui même s'ils n'ont pas été épinglés interrogent à tout le moins. Pour l'anecdote, nous évoquons aussi les masseurs Enzo Verzeletti et Paco Lluna.

Inigo San Millan, spécialiste en tout

Le Docteur Inigo San Millan n'est pas épinglé dans notre annuaire du dopage. Ce professeur adjoint à la faculté de médecine de l'Université du Colorado est un spécialiste en tout : ses domaines de recherche vont du métabolisme de l'exercice au cancer, de la nutrition au diabète, de la performance sportive aux soins intensifs, en passant par les mitochondries et le surentraînement. Non content d'avoir travaillé avec des équipes cyclistes, il a aussi développé son talent dans la course, le football, le basket-ball, l'aviron, le triathlon, le hockey, l'athlétisme, la natation et le football américain. Il a également été consultant auprès du Comité olympique américain et de l'Union cycliste internationale. Un beau curriculum vitae.

Il se targue d'avoir travaillé avec Alberto Contador, Joseba Beloki, Abraham Olano, Chris Horner, Jorge Jaksche, Leonardo Piepoli, David Millar et Alexander Vinokourov. Autant de « champions » qui figurent tous dans notre annuaire du dopage.

En 2003, il fait passer un test d'effort à Contador alors que ce dernier débute chez les pros avec Once-Eroski. San Millan s'en souvient avec émotion en 2010 : « Il était encore un enfant et, pourtant, c'est lui qui est allé le plus loin dans les tests. Il souffrait et subissait, mais sans jamais flancher. J'ai cru qu'il allait vite s'arrêter parce qu'il souffrait beaucoup, mais il continuait. Pour l'expliquer, le test a révélé qu'il avait une exceptionnelle, voire unique, faculté à éliminer les lactates. Ce test a révélé qu'il était déjà au-dessus de la norme ».

Quand Matxin crée l'équipe Saunier Duval, version pro, en 2004, il ne tarde pas à recourir aux services d'Inigo San Millan présenté alors par El Pais comme un « génie de la planification des entraînements, du calcul des pics de forme ». San Millan vente la « nouvelle mentalité » de Mauro Gianetti et constate qu'il est « très difficile de tricher dans le cyclisme maintenant. (…) Le cyclisme est l'un des sports les plus propres maintenant. (…) Maintenant, les coureurs n'ont pas le choix, ils doivent mieux s'entraîner et mieux manger, ils ne peuvent pas recourir à des moyens interdits ». Nous sommes en février 2006, quelques mois avant que le scandale Ricco-Piepoli n'éclate sur le Tour de France. Un visionnaire !

Tadej Pogacar dit de lui : « Je fais une confiance totale à mon coach. Je lui dis quand ce qu'il me propose ne me convient pas, parfois c'est trop, parfois pas assez, et jusqu'ici, ça marche très bien ».

Les règles modifiées que nous appliquons depuis 2024 pour calculer notre ICCD nous conduisent à comptabiliser certaines personnes quand bien même elles n'ont pas été épinglées ou flashées. C'est forcément le cas pour Inigo San Millan.

Matxin Fernandez, de Saunier-Duval au Team UAE


Joxean Matcin (à gauche) avec Mauro Gianetti et Tadej Pogacar
Tour de France 2021 - Brest
Crédit photo Antoine Vayer

Matxin Fernandez, de son nom complet Joxean Fernández Matxín, ne fait pas non plus partie des dirigeants épinglés dans notre annuaire du dopage. Le parcours du « General Manager » de l'équipe est pourtant pittoresque puisqu'il a commencé à exercer ses talents dans la glorieuse équipe Saunier-Duval, d'abord dans les rangs amateurs puis professionnels. Par la suite, il a fait un séjour dans l'équipe Quick-Step en tant que détecteur de talents. C'est là qu'il découvre un certain Tadej Pogacar qu'il piquera au nez et à la barbe de Patrick Lefevere. On le retrouve désormais aux côtés de Gianetti à la tête de l'équipe UAE.

Les règles modifiées que nous appliquons en 2024 pour calculer notre ICCD nous conduisent à comptabiliser certaines personnes quand bien même elles n'ont pas été épinglées ou flashées. C'est inévitablement le cas pour Matxin Fernandez.

Marco Marcato a-t-il roulé en Ferrari ?

Marcato Marco
Marco Marcato évite le bus UAE
© www.cyclisme-dopage.com

Marco Marcato non plus n'est pas épinglé dans notre annuaire du dopage. Il a pourtant bien failli. En décembre 2014, la Gazzetta dello Sport le soupçonne de faire partie des clients du Dr Michele Ferrari qui est sous enquête dans le cadre de l'affaire de Padoue. Son nom n'étant pas ressorti ultérieurement à cet article, nous n'avons pas pris son cas en considération dans le calcul de notre indice de confiance.

Deux anciens masseurs de Marco Pantani massent les coureurs UAE

Le masseur Enzo Verzeletti qui exerce chez UAE depuis plusieurs années a eu le privilège de masser Marco Pantani au début de sa carrière. C'était en 1993 chez Carrera Jeans-Tassoni.

Paco Lluna était encore plus proche du défunt coureur italien puisqu'il a été à la Mercatone Uno entre 1997 et 2000. Il se souvient avoir partagé « beaucoup d'expériences dans ma maison, dans la sienne, dans les restaurants, dans le football »… Il est désormais le masseur de Juan Ayuso après avoir aussi exercé à la Saunier Duval de Mauro Gianetti.

Il ne faudrait voir malice dans ces coïncidences. Nous ne prenons évidemment pas leur cas en considération dans le calcul de notre indice de confiance.

Mauro Gianetti (Directeur général)


Mauro Gianetti effectue un début de carrière discret. Neufs ans sans victoire significative. « Ce cyclisme n'est plus le mien. Je suis en parfaite condition et, pourtant, j'évolue une classe en dessous des autres », se lamente-t-il en 1994. Heureusement, en 1995 il trouve la bonne carburation. Il remporte coup sur coup Liège-Bastogne-Liège et l'Amstel Gold Race. L'année suivante, il est vice-champion du monde chez lui, à Lugano. Il fait partie des tout premiers coureurs que Marc Madiot recrute quand il lance la Française des Jeux en 1997.

1998 : le PFC a failli lui être fatal

Pendant le Tour de Romandie, le 7 mai 1998, Mauro Gianetti fait chambre commune avec Stéphane Heulot. Selon le coureur breton, Gianetti bricole dans son coin sans être vu. Le lendemain, en pleine ascension du col des Planches, le Suisse est victime d'une spectaculaire défaillance. Il est hospitalisé en soins intensifs au CHU de Lausanne où il est placé en coma artificiel trois jours durant. Il ne sort de l'hôpital que deux semaines plus tard.

En juillet, le docteur Gérard Gremion déclare dans un journal du canton de Vaud que Mauro Gianetti a fait une réaction au PFC : « Il en avait trop pris. En réalité, il a été victime d'un état de choc et était atteint d'une grave insuffisance rénale et hépatique ». Cette molécule de synthèse favorise l'oxygénation du sang sans augmenter l'hématocrite (taux de globules rouges dans le sang). Elle échappe aux contrôles sanguins de l'UCI.

Fin juillet, le Dr Gremion décide de porter plainte contre X pour mise en danger de la vie d'autrui auprès du procureur du canton de Vaud. La justice helvète ouvre une enquête pour « lésions corporelles graves subsidiairement à la mise en danger de la vie d'autrui ». Ils recherchent qui a bien pu être assez inconscient pour fournir du PFC au coureur. Ce produit en est alors seulement au stade expérimental. Pire, des contrefaçons circulent déjà. Marc Madiot, patron de Gianetti, est entendu par le SRPJ de Versailles, à la demande des enquêteurs suisses.

Officiellement, Gianetti a été victime d'une « hypoglycémie doublée d'une gastro-entérite ». Ou bien « d'une gastroentérite, d'une insolation et d'un choc toxi-infectieux ». Marc Madiot évoque quant à lui une sévère déshydratation. A sa sortie de l'hôpital, Mauro Gianetti affirme avoir souffert d'une infection des voies respiratoires sans doute provoquée par une allergie. Seule certitude, il a frôlé la mort. L'enquête, en revanche, est bien morte de sa belle mort, se heurtant au secret médical. De son côté Gianetti s'est bien gardé de déposer plainte contre le Dr Gremion même s'il tente de lui soutirer 3 millions de Francs Suisses dans ce qu'on n'appelait pas encore une procédure bâillon.

Gianetti réclame 4 millions !
Source : Le Matin - 27/11/1998

Mauro Gianetti ne sera pas inquiété par l'UCI. Pourtant, l'institution a eu très peur. Dès le 15 mai, elle dépêche Claude Jacquat, président de la commission « route Elite » au départ du Tour d'Italie. Lors d'une réunion, il met vivement en garde les directeurs sportifs contre les terribles dangers du PFC.


Qui a tué Mauro Gianetti ?
Source : Sport & Vie - 09/01/1998

Plus de 25 ans après cette affaire, Mauro Gianetti n'a pas fait lumière sur cette sombre affaire. Il évite toujours soigneusement le sujet. Il semblerait même qu'il fasse régulièrement le ménage sur sa page Wikipedia pour supprimer les sections qui en parlent. C'est tout du moins la thèse soulevée par escapecollective.com en avril dernier.

Tour de France 2008 : le scandale Saunier-Duval

Une de L'Equipe au lendemain du contrôle positif de Riccardo Ricco au Tour de France 2008
Source : L'Equipe - 18/07/2008

Alors que Riccardo Ricco est éjecté du Tour de France 2008, à coup de pieds dans le derrière, Gianetti se lamente : « Je suis sans voix ! J'avais quelques doutes au début de la saison. Les bruits, vous savez ce que c'est, hein ? Je lui demande s'il est aussi propre qu'il le dit ; il me dit : “Je te jure sur la tête de ma mère que je ne prends rien !” »

Depuis plusieurs mois, l'équipe Saunier Duval domine outrageusement en montagne grâce à Jose Cobo Acebo, Iban Mayo, Leonardo Piepoli et donc au fantasque Ricco.

Christian Prudhomme dit alors de Mauro Gianetti : « J'ai assurément le sentiment que son manager [de Ricco] n'est pas un parangon de vertu. […] Je ne pense pas que j'aurai une opinion différente dans trois mois, six mois, deux ans ou cinq ans, sur la personne en question ».

David Millar, dans son livre Racing through the dark affirme avoir prévenu l'UCI des pratiques douteuses de Saunier-Duval mais, selon lui, Gianetti était alors en très bon termes avec le Dr Mario Zorzoli, chef de la commission médicale de l'UCI jusqu'en 2015.

Malgré le scandale, Gianetti reste aux manettes de l'équipe. Sous son règle, le passeport biologique de Jose Cobo Acebo attirera l'attention de l'UCI et lui vaudra trois ans de suspension.

Affaire de Mantoue

Les écoutes téléphoniques effectuées entre 2007 et 2009 dans le cadre de l'enquête sur l'« affaire de Mantoue » ont mis au jour une conversation téléphonique entre le pharmacien Guido Nigrelli et Taus Ibarguren, alors médecin chez Fuji – Servetto, nouveau nom de la Saunier Duval, équipe que dirige Gianetti depuis 2003. Devant les enquêteurs, le médecin prend soin d'indiquer qu'il faisait livrer des produits à son domicile pour que son patron ne le sache pas. Le jugement fait pourtant état d'achat et d'administration de produits dopants, dont de la testostérone, dans le but d'améliorer les performances des coureurs de l'équipe Fuji-Servetto. Nigrelli sera condamné mais Ibarguren Taus échappe à une condamnation. Gianetti fera part de sa grande déception. Le boulet n'est pas passé loin.

Le nouvel ambassadeur

Depuis Mauro Gianetti s'est mué en élégant ambassadeur du cyclisme dans les Emirats. Il ambitionne de faire de Dubaï la ville la plus cyclable du monde. L'équipe qu'il dirige est financée par un conglomérat d'entrepreneurs en bâtiment émiratis.

« Je me souviens des conversations que j'ai eues avec lui, c'est quelqu'un de sympathique et agréable, mais qui ne conçoit pas de pratiquer le cyclisme sans un accompagnement médical de performance », dit de lui Eric Boyer en 2024.

Fabrizio Guidi (Directeur sportif adjoint)


Fabrizio Guidi est heureux quand il s'apprête à rejoindre UAE à la fin l'année 2020 en tant que directeur sportif. « C'est une équipe que j'admire depuis longtemps. Je suis ravi et fier de rejoindre une équipe forte et ambitieuse avec un solide projet pour le futur », se satisfait-il. A croire que les formations de Jonathan Vaughters, avec qui il faisait route depuis 2015, ne le faisaient plus rêver.

Guidi arrive chez UAE avec son passif. Membre de l'équipe Phonak à partir de 2005, il est déclaré positif dès la première année à la suite d'un contrôle antidopage effectué fin juillet pendant la Cyclassics, épreuve du ProTour disputée à Hambourg (Allemagne). Il est alors le quatrième coureur de la Phonak à être déclaré positif en deux ans, après Tyler Hamilton, Santiago Perez et Oscar Camenzind. Heureusement, il est blanchi après analyse de l'échantillon B. A cette époque, l'apport d'EPO exogène dans l'organisme est sujet à interprétation. Le test mis au point par le laboratoire national français et validé en 2001 par l'UCI puis par l'Agence mondiale antidopage (AMA) a déjà donné lieu à ce cas de figure. Guidi poursuit sa carrière comme si de rien n'était sous la casaque Phonak.

Andrej Hauptman (Directeur sportif adjoint)


Après la victoire de Tadej Pogacar dans le Tour 2020, Hauptman explique la réussite de son poulain au site lequotidiendusport.fr : « Quand j'arrive dans l'équipe, je sens déjà cette exigence du haut niveau. Tout était réuni pour réussir. Je n'ai fait qu'apporter ma pierre à l'édifice. Les progrès se sont faits rapidement et ont permis de tout de suite aller chercher des objectifs de plus en plus hauts. Le plus important, pour moi, était de ne pas brûler les étapes et de toujours faire en sorte que sa santé prime sur le reste. Mais, avec un coureur aussi motivé, c'est difficile de le freiner. Et ce qu'il a fait sur le Tour, c'est remarquable ».

Interrogé sur les raisons du succès des coureurs slovènes, il ajoute : « Il y a eu une grosse base de travail qui a permis à de jeunes coureurs de s'affirmer. Tout le monde a été poussé par les résultats des autres. Les cyclistes slovènes n'étaient pas forcément observés, mais ils méritaient d'avoir une opportunité de s'exprimer. On aura la possibilité de le montrer en sélection nationale ».

Avant tout cela Hauptman est arrivé avec un passif chargé dans la formation AUE. En 2000, il fait partie des trois coureurs devant participer au Tour de France et qui ont subi des tests sanguins révélant des hématocrites supérieurs à la limite autorisée de 50%. En vertu des règlements de l'UCI, le coureur de l'équipe Vini Caldirola est mis au repos et ne prend pas le départ du Tour, qui s'élançait du Futuroscope.

Sa carrière se poursuit assez discrètement. Il fait un premier passage dans l'équipe Lampre en 2004. L'année suivante, il rejoint la sulfureuse Fassa Bortolo.

En plus d'être directeur sportif chez UAE, Andrej Hauptman est le sélectionneur de l'équipe nationale slovène.

Manuele Mori (Directeur sportif adjoint)


En 2002, Manuele Mori, 22 ans seulement, se voit signifier une interdiction de courir en raison d'un hématocrite supérieur à 50%. Il évolue alors dans la catégorie des moins de 23 ans (U23). Sa licence lui est retirée pour une durée de 45 jours et il est écarté de la sélection italienne pour le Triptyque des Ardennes.

Après cette entrée en matière tonitruante, il trouve place en 2004 dans la fameuse armada Saunier Duval. Il est impliqué dans l'affaire de Mantoue déclenchée en 2008, et dans laquelle sont notamment cités son frère Massimiliano, Giuseppe Saronni, le manager général de la Lampre (et toujours chez UAE), Alessandro Ballan, Marzio Bruseghin, Pietro Caucchioli, Damiano Cunego, Mirco Lorenzetto, Mauro Santambrogio ou encore Michael Rasmussen, pour ne citer que les plus connus. L'épisode ne l'empêchera pas de retrouver une place chez Lampre en 2009, équipe qui devient UAE en 2017 et au sein de laquelle il termine sa carrière en 2019. C'est donc tout naturellement qu'il devient assistant technique en 2020 puis directeur sportif adjoint en 2021.

Manuele Mori a donc effectué l'essentiel de sa carrière de coureur puis de directeur sportif sous la houlette de Joxean Fernández Matxín.

Giuseppe Saronni (Conseiller)


Le champion italien Giuseppe Saronni, rival de Francesco Moser dans les années 1980, a dirigé l'équipe Lampre, devenue UAE, avant de prendre un peu de recul à partir de 2019. Il en reste néanmoins un éminent « conseiller ». Hormis une parenthèse de trois ans où il fait un passage à la Mapei, cela fait plus de trente ans qu'il apparaît dans l'organigramme de l'équipe.

Coureur, Saronni a eu recours à la cortisone lors de sa conquête du maillot rose au Giro 1983, révèle le rapport Donati en janvier 2007. Probablement ne sait-on pas tout.

En tant que manager, il n'a jamais hésité à recruter d'anciens coureurs dopés. Par exemple, à la fin 2009, il embauche Lorenzo Bernucci pour épauler Alessandro Petacchi. Bernuci avait été suspendu un an en raison d'un contrôle positif au Tour d'Allemagne 2007.

En 2008, directeur sportif chez Lampre, Saronni est impliqué dans l'affaire de Mantoue. Vingt-huit personnes, la plupart membres ou proches de l'équipe, seront poursuivies « pour avoir en bande organisée, procuré, administré ou au moins favorisé l'utilisation de produits dopants non justifiée médicalement (...) afin de favoriser les prestations des coureurs de la Lampre ». Saronni envisage un temps de jeter son tablier avant de se raviser. Bien lui en prend car le parquet ne requiert aucune sanction contre lui et il est acquitté en décembre 2015. Le tribunal a estimé que les faits reprochés ne constituaient pas une infraction ou n'étaient pas avérés. En revanche, Sebastian Gimozzi, un coureur amateur, et Guido Nigrelli, un pharmacien que Sarroni présente comme un ami de 30 ans ont été condamnés respectivement à cinq et huit mois de prison avec sursis. Le boulet n'est pas passé loin.


Les coureurs flashés

Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.

Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :

Joao Almeida [426 WE - seuil suspect]


Le Portugais Joao Almeida a débuté en 2018 à l'échelon professionnel dans la modeste équipe australienne Hagens Berman-Axeon. Deux ans plus tard, il passe chez Deceuninck-Quick Step avant de signer un contrat de cinq ans avec UAE en 2022.

Le Champion du Portugal sur route 2022 a fait flasher les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer pour la première fois au Tour de France l'année dernière avec pas moins de 426 WE, largement en zone suspecte. C'est remarquable pour un coureur qui n'était là que pour épauler son leader Tadej Pogacar. Au passage, il termine 5ème à Paris.

Les années précédentes, Almeida alignait déjà les performances de haut niveau : 414 WE au Tour d'Italie 2021 et au Tour d'Espagne 2022, 421 WE au Tour d'Italie 2023.

Tadej Pogacar [453 WE - seuil mutant]


Tadej Pogacar est un prodige. Le jeune slovène se distingue dès le Tour d'Espagne 2019 en réalisant une moyenne de 437 Watts-Etalon après avoir remporté trois étapes et réussi un incroyable raid en solitaire en troisième semaine. Les ascensions étaient toutefois trop courtes pour être prises en compte dans les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer.

En septembre 2020, il remporte le Tour de France au nez et à la barbe de l'armada Jumbo-Visma. Il dégaine dans une apparente facilité un 421 WE, largement dans la zone suspecte. Dans l'ascension de la Planche des Belles Filles (qui, trop courte, n'est pas un des radars du Tour), il réussit l'exploit de reprendre 1min 46sec à Primoz Roglic à qui il chipe le maillot jaune.

En 2021, le Tour de France reprend sa place dans le calendrier de juillet. Pogacar n'a pas besoin de forcer son talent. Il se contente de 413 WE pour reléguer le jeune Jonas Vingegaard à plus de cinq minutes. Son palmarès de l'année est complété par deux monuments : Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie.

En 2022, il essuie une défaillance dans le col du Granon (385 WE seulement). Résultat, sa moyenne s'établit à 417 WE « seulement ». Plus qu'en 2021 mais moins qu'en 2020. Il doit s'incliner derrière Jonas Vingegaard qui épate avec 423 WE. Le Slovène se reprend en fin d'année et décroche à nouveau la victoire au Tour de Lombardie.

Pogacar démarre la saison 2023 sur les chapeaux de roues en dominant le Tour des Flandres, l'Amstel Gold Race et la Flèche wallonne. Une chute dans Liège-Bastogne-Liège met un coup d'arrêt à cette série. Malgré une fracture du poignet, il est au départ de la Grande Boucle où il est longtemps à la lutte avec Jonas Vingegaard. Il subit une défaillance dans le col de la Loze, ce qui baisse une moyenne qui s'établit malgré tout à 435 WE. Le seuil miraculeux est franchi !

Mais on n'avait encore rien vu. Alors qu'il a changé d'entraîneur à l'intersaison passant d'Inigo San Millan à Javier Sola, il démarre plus fort que jamais : il s'adjuge les Strade Bianche, le Tour de Catalogne et Liège-Bastogne-Liège. Après s'être baladé au Tour d'Italie (426 WE et six victoires d'étapes) il sort le grand jeu au Tour de France pour dominer un Jonas Vingegaard de retour de blessure mais performant à un très haut niveau. Le Slovène écrase le Tour dans l'ascension du Plateau de Beille, dégainant un 473 WE et pulvérisant au passage le mythique record de Marco Pantani. Au passage, il s'adjuge six victoires d'étapes et surtout termine la Grande Boucle avec une moyenne de 453 WE. Il fait son entrée dans la cercle restreint des « mutants » à plus de 450 WE. Avant lui, ils n'étaient que trois : Marco Pantani (1994), Miguel Indurain (1995) et Bjarne Riis (en 1996). Et comme le Slovène a tout d'un ogre, il bat au passage 9 records d'ascension dont certains dataient des années 90, les pires pour le cyclisme.

Les records d'ascension de Tadej Pogacar dans le Tour de France 2024
Source : Frédéric Portoleau - chronoswatts.com - 20/07/2024

Pour faire bonne mesure, Pogacar conclut sa saison en remportant haut la main le titre de champion du Monde et le Tour de Lombardie.

Il a déjà entamé 2025 sur les chapeaux de roue. Avant le Tour de France, il a déjà ajouté à son palmarès le Tour des Émirats arabes unis, les Strade Bianche, le Tour des Flandres, la Flèche wallonne et Liège-Bastogne-Liège. Si Vingegaard est capable de le pousser dans ses retranchements sur la Grande Boucle, d'autres records vont tomber. D'ailleurs, il prévenait au lendemain de l'ascension du plateau de Beille : « Je pense (…) que nous allons assister à de tels exploits chaque année parce que tout le monde se concentre tellement sur les détails, sur chaque gramme de nourriture, chaque watt que vous pouvez économiser sur le vélo. Alors oui, nous allons très vite. Pour moi, c'est vraiment impressionnant de voir comment les choses ont changé au cours des six dernières années ».

Pour expliquer ses performances, l'ogre Slovène a des explications bien terre à terre : « Il y a six ans, tout était une question de glucides que nous mangeons au petit-déjeuner : des pâtes blanches, du riz blanc et peut-être une omelette. Maintenant, nous avons des petits-déjeuners plus normaux comme du riz, du porridge, des flocons d'avoine, de l'omelette toujours, du pain, des crêpes, et je pense que cela fait déjà une petite différence. On fait aussi davantage attention aux moments durant lesquels on mange, avant l'étape, après l'étape… Et il y a les vélos aussi. Les vélos sont maintenant beaucoup plus rapides, en particulier les pneus. C'est là que se joue la plus grosse différence, avec la composition de nos cadres ».

Tadej Pogacar, lundi : UAE c'était tellement amateur avant. Maintenant c'est hyper pro.
Aujourd'hui : bon en vrai, c'est encore des charlots.#tdf2024 #enfumage #pogacar #UAEhttps://t.co/WmlCREC0CN pic.twitter.com/tyhxsu2Wx4

— cyclisme-dopage.com (@cyclismedopage) July 17, 2024

Et qu'on se rassure Pogacar ne prendrait jamais le risque de se doper : « C'est un sport suffisamment dangereux comme ça, avec les accidents, les limites à ne pas dépasser pour le cœur. Si vous mettez votre santé en jeu pour dix ans de carrière, c'est juste foutre sa vie en l'air, c'est stupide. Je ne veux pas prendre le risque de tomber malade un jour », déclarait-il en conférence de presse à la veille du dernier Tour de Lombardie. En a-t-il parlé avec Mauro Gianetti ?

Tadej Pogacar a entretenu le flou au sujet de l'utilisation par son équipe du monoxyde de carbone. Nous y revenons plus bas.

Adam Yates [429 WE - seuil suspect]


C'est pendant le Tour de France 2016 qu'il termine au pied du podium qu'Adam Yates réussi à allumer les radars pour la première fois avec 416 WE.

Il frôle encore les 410 WE fatidiques au Tour de France 2020 (408 WE) et au Tour d'Espagne 2021 (409 WE) mais les flashes restent éteints.

Le passage sous les couleurs UAE en 2023 lui est bénéfique puisqu'il réussit à nouveau à allumer les radars pendant la Grande Boucle : il réussit un formidable 429 WE dans un rôle d'équipier.

L'année dernière, dans le même rôle, il se contente de 421 WE et décroche la 6ème place à Paris. C'est largement dans la zone suspecte qui débute à 410 WE.


Les dirigeants flashés

Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.

Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :

Aucun membre de l'encadrement actuellement dans l'équipe UAE Team Emirates - XRG n’a allumé les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer.


Attitude vis-à-vis du MPCC

Le MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible) est une association créée en 2007 par des équipes cyclistes professionnelles dont le but est de défendre l'idée d'un cyclisme propre, en imposant le strict respect du code éthique de l’UCI et pouvant aller jusqu’à imposer des règles plus strictes que ne l’impose le Code Mondial Antidopage édicté par l’AMA. En plus des équipes, le MPCC offre la possibilité aux coureurs et membres de l’encadrement des équipes d’adhérer à titre individuel.

Le MPCC, ça suffit !

La Lampre a adhéré au MPCC le 7 février 2013. Ça ne mangeait pas de pain.

En mars 2015, Diego Ulissi est suspendu en raison d'un contrôle positif au Salbutamol. L'équipe italienne préfère s'en aller plutôt que de le licencier. « Nous sommes obligés de prendre cette décision, car certains principes fixés par le MPCC ne sont pas compatibles avec le droit du travail et les règlements de l'UCI », se justifie-t-elle dans un communiqué. En clair, le règlement du MPCC oblige les équipes membres « à ne pas engager, dans les 2 ans qui suivent la suspension, des coureurs reconnus coupables de violation des règles antidopage et qui ont été sanctionnés de plus de 6 mois par l'instance internationale ou leur instance nationale ». C'en est trop pour les dirigeants de la Lampre.

Décidément, quand tout va bien, le MPCC est une couverture confortable pour donner des gages de crédibilité mais elle devient encombrante quand il faut assumer ses responsabilités et faire ce qu'on s'est engagé à faire.

Le MPCC n'est clairement pas en odeur de sainteté dans l'équipe UAE : seuls deux coureurs (Felix Grossschartner et Brandon Mcnulty) adhèrent à titre individuel. Aucun encadrant n'a pris sa carte. A croire que c'est interdit.

Liste des coureurs adhérents du MPCC
Liste des membres de l'encadrement adhérents du MPCC

Utilisation controversée du monoxyde de carbone

de Carbone Monoxyde
Molécule de Monoxyde de Carbone
Crédit photo Benjah-bmm27 - wikimedia.org

Un article du site anglais Escape Collective fit grand bruit en juillet 2024. Officiellement, il s'agirait avec le monoxyde de carbone (CO) de mesurer les effets d'un entraînement en altitude. Mais l'utilisation de ce gaz létal peut-être dévoyée. En respirer permet d'augmenter le taux d'hémoglobine et le VO2 max. Un effet direct et massif sur la performance. Dans deux articles publiés sur notre site, le pharmacien Marc Kluszczynski, expliquait le mécanisme de ces déviances possibles. On peut les relire ici et ici. En réaction, l'Union cycliste internationale décidait de bannir l'inhalation répétée de monoxyde de carbone (CO) à partir du 10 février 2025.

Au moins trois équipes, dont UAE, utilisaient le monoxyde de carbone en 2024. Les deux autres sont Visma-Lease a bike et Israel-Premier Tech.

Jeroen Swart, coordinateur de la performance, expliquait en décembre dernier que l'équipe UAE Team Emirates avait « terminé le processus » de ré aspiration du monoxyde de carbone et que c'était « un exercice que nous avons coordonné pendant 18 mois » pour évaluer les améliorations du cycliste lors des camps d'entraînement en altitude. 18 mois, cela signifierait que le procédé était utilisé depuis l'été 2023. Pourtant, interrogé par le journaliste de The Observer, Jeremy Whittle, pendant le Tour de France 2024, Pogacar répondait : « Je ne sais pas ce que c'est ». Le lendemain, en conférence de presse, la mémoire lui était revenue et il en plaisantait : « Ce n'est pas comme si vous respiriez des tuyaux d'échappement dans une voiture. Il s'agit simplement d'un simple test pour voir comment vous réagissez à l'entraînement en altitude ». Il allait même jusqu'à prétendre n'avoir que partiellement pratiqué le « test » : « Je n'ai fait que la première partie du test. Je n'ai jamais fait la deuxième partie parce que la fille qui devait venir après deux semaines n'est pas venue ». Son attaché de presse minimisait auprès de Jeremy Whittle expliquant qu'il avait été « pris au dépourvu ».

Considérant que la pratique est le symptôme d'une équipe prête à tutoyer les limites, nous les pénalisons cette année dans notre ICCD avec la même pénalité que celle pour non-adhésion au MPCC.

Revue de presse sur le monoxyde de carbone


ICCD : notre indice de confiance

Pour la saison 2025, l'équipe obtient la note de 4/20. Ceci la place en 27ème position sur 28.

Note ICCD 2025 UAE Team Emirates - XRG

Evolution de la note ICCD, équipe UAE Team Emirates - XRG

Pour la cinquième édition de notre classement ICCD, UAE-Emirates reste à la deuxième place des pires équipes. Seule Astana réussit à faire pire !

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