Actualité du dopage

En Italie, six mises en examen ont été prononcées pour « distribution de produits dangereux »


01/07/1999 - lemonde.fr - Yves Bordenave

Les policiers des NAS, la brigade des stupéfiants italienne, ont procédé, mardi 29 juin, à un coup de filet en plusieurs endroits de la péninsule. Une trentaine de perquisitions ont été effectuées au domicile de coureurs professionnels, de directeurs sportifs et d'individus appartenant au monde du cyclisme. Six personnes, dont les directeurs sportifs des équipes Vini Caldirola (récemment récusée par les organisateurs du Tour de France), Liquigas et Lampre - Sandro Lerici, Fabio Bordonali, Pietro Algeri et son adjoint - ainsi qu'un masseur et un mécanicien, ont été mis en examen, au motif de distribution de produits dangereux pour la santé.

L'équipe Lampre est sur la sellette depuis qu'un photographe suisse, lors du Tour de Suisse, a découvert un sac-poubelle contenant des emballages de produits dopants qu'avait jeté l'un des responsables. Mardi soir, la direction de l'équipe a démenti la mise en examen d'Algeri et de son adjoint.

Mandatés par les juges Pierguido Soprani, de Ferrare, et Silvio Bonfigli, de Brescia, les policiers ont également « visité » les domiciles d'Ivan Gotti (Polti, vainqueur du Giro en 1997 et 1999), Marco Velo (Mercatone Uno), champion d'Italie du contre-la-montre individuel, Paolo Savoldelli (2e du Giro 1999) et Mario Cipollini (Saeco), Franco Ballerini (Lampre), le Russe Pavel Tonkov (Mapei), et Wladimir Belli (Festina). Ils ont également mené des investigations chez d'anciens champions comme Gianni Bugno ou Claudio Chiappucci.

Les carabiniers auraient trouvé de l'EPO chez un des coureurs (dont l'identité n'a pas été révélée), ainsi que des flacons sans étiquette, des pastilles et des fioles d'Hémagel. Ce produit, utilisé pour diluer le sang, permet de masquer une hématocrite trop élevée. Les policiers auraient également saisi des documents qualifiés « d'intéressants », par une source proche des enquêtes.

La formation Polti, a indiqué que la perquisition opérée chez Ivan Gotti qui prendra le départ du Tour de France samedi 3 juillet au Puy-du-Fou (Vendée) « n'avait donné aucun résultat ». Le coureur, entendu pendant une heure dans les locaux de la police, en est ressorti sans être inquiété.

Voilà maintenant plusieurs mois que la justice italienne instruit dans les milieux sportifs sur des affaires de dopage qui ne concernent pas seulement le cyclisme. (...)

DEUX CÉLÈBRES SPÉCIALISTES

Deux de ces enquêtes, celle de Pierguido Soprani, de Ferrare, et celle de Giovanni Spinosa, de Bologne, s'intéressent aux activités de deux spécialistes, tous deux mis en examen, le professeur Francesco Conconi et son disciple, le docteur Michele Ferrari, ancien médecin de l'équipe cycliste Gewiss, terreur du peloton au début des années 90.

(...)

Pour sa part, Francesco Conconi travaille à l'université de Ferrare. Célèbre pour ses travaux sur le transport de l'oxygène par le sang, et l'adaptation de l'organisme aux efforts de longue durée, il est considéré comme l'un des pionners du recours massif à l'EPO de synthèse auprès des sportifs. Son centre qui, durant les années 80/90, entretenait des relations étroites avec le CONI (Comité olympique italien), a accueilli et accueille encore de nombreux sportifs de haut niveau. Marco Pantani, écarté du Giro le 5 juin alors qu'il était en tête de l'épreuve, la veille de l'arrivée à Milan, fut l'un de ses nombreux « clients ».

Les documents et les produits saisis par les policiers italiens lors de cette opération vont désormais être examinée et analysés.


Lire l'article en entier



Sur le même sujet


A voir aussi


Cette page a été mise en ligne le 20/05/2025