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UAE Team Emirates - Saison 2023


Mise à jour le 06/07/2023

Sommaire

Introduction

L’héritage Lampre

Le Team UAE-Emirates s’est constitué en 2017 dans la continuité de l’historique équipe italienne Lampre, née en 1990. Les cyclistes émiratis ont conservé un fort accent italien puisque Giuseppe Sarroni y a toujours son rond de serviette. Encore aujourd’hui, plusieurs coureurs et dirigeants sont issus de la formation au célèbre maillot rose et bleu.

Mauro Gianetti et Matxin Fernandez, l’héritage Saunier Duval

Matxin Fernandez, de son nom complet Joxean Fernández Matxín, ne fait pas partie des dirigeants épinglés dans notre annuaire du dopage. Le cas de Joxean Fernández Matxín, « General Manager » de l’équipe, mieux connu sous le nom de Matxin Fernandez mérite qu’on s’y attarde. Il a exercé ses talents dans la glorieuse équipe Saunier-Duval, d’abord dans les rangs amateurs (1999) puis professionnels (2003-2011). Par la suite, il a fait un séjour dans l'équipe Lampre (2013-2014) puis Quick-Step (2015-2017) en tant que détecteur de talents. C’est là qu’il découvre un certain Tadej Pogacar qu’il piquera au nez et à la barbe de Patrick Lefevere. On le retrouve désormais aux côtés de Gianetti à la tête de l'équipe UAE.

Mauro Gianetti a eu un parcours assez parallèle : Saunier Duval (2003-2011) puis UAE depuis 2019 en tant que Team Principal & CEO. Le boss c’est lui.

Matxin, Gianetti, Pogacar. Trio magique.
Source : Antoine Vayer - 24/06/2021

L’ogre Tadej Pogacar

Plus que jamais, le leader de la formation est Tadej Pogacar. Le jeune coureur slovène a stupéfait tout le monde lorsqu’il s’est emparé du maillot jaune du Tour de France 2020, à la veille de l’arrivée à Paris. Primoz Roglic et ses coéquipiers de Jumbo-Visma ne s’en sont toujours pas remis. Il a confirmé en 2021 en se baladant sur les routes du mois de juillet tout en s’adjugeant deux monuments : Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie. Il a entamé l’année 2022 en dominant son monde aux Strade Bianche puis sur Tirreno-Adriatico, avant de saloper sa copie lors du sprint Tour de Flandres qu’il avait pourtant dominé. Déception au Tour de France où il ne peut rien contre le Jumbo Jonas Vingegaard. Il se rattrape sur le Tour de Lombardie.

En 2023, il fait main basse sur le Tour d’Andalousie, Paris-Nice, le Tour des Flandres, l’Amstel Gold Race et la Flèche Wallonne. Une chute dans Liège-Bastogne-Liège met un coup d’arrêt à ce gros début de saison.

Usine d'athlete Extraterrestre
Source : Espé - 03/07/2021

Histoire de l'équipe

De Lampre à UAE : dîtes 33 !

Entre 1999 et 2016, la Lampre a accumulé les cas de dopage : nous avons comptabilisé pas moins de 34 affaires impliquant 33 coureurs. Autant dire que cette accumulation plombe sérieusement le score d’UAE.

Sous sa nouvelle dénomination, inaugurée en 2017, l’équipe a gardé un bon rythme puisque deux affaires sont déjà venues entacher son palmarès : Kristijan Durasek en 2017 et Molano Benavides Juan Sebastián en 2019.

Kristijan Durasek

Après avoir été exclu du Giro 2019, le Croate Kristijan Durasek a été suspendu quatre ans dans le cadre de l'opération Aderlass, une affaire de dopage sanguin. L’UCI s’est appuyée sur les informations reçues des autorités policières autrichiennes.


Juan Sebastián Molano

Dernière affaire en date pour UAE, certes moins sérieuse, le 3 mai 2019, le coureur colombien Juan Sebastián Molano est mis sur la touche par l'équipe en raison de « valeurs physiologiques anormales ». Il est suspendu préventivement et doit passer des tests pour déterminer les causes de ces résultats. Soulagement, il reçoit l’autorisation de courir à nouveau dès juillet. Le directeur médical de l'équipe, le Dr Jeroen Swart, un transfuge de la Sky, justifie les variations des valeurs physiologiques par une sensibilité aux séjours en altitude : le Colombien avait passé plusieurs semaines à plus de 3000 m.


Liste des affaires de l'équipe
Coureur Produit Course Date Sanction Contrôle
Molano Benavides Juan Sebastián Valeurs physiologiques anormales Tour d'Italie 2019 Oui Contrôle interne
Durasek Kristijan Dopage sanguin 2017 Oui Enquête judiciaire
Ulissi Diego Salbutamol 2014 Oui Contrôle positif
Ubeto Aponte Miguel Armando GW501516 2013 Oui Contrôle positif
Bertagnolli Leonardo Passeport biologique non conforme 2012 Oui Passeport biologique
Hondo Danilo Transfusions sanguines 2012 Oui Enquête judiciaire et aveux en 2019
Petacchi Alessandro Transfusion sanguine 2012 Oui Enquête judiciaire
Hondo Danilo Transfusions sanguines 2011 Oui Enquête judiciaire et aveux en 2019
Bernucci Lorenzo Détention de sibutramine 2010 Oui Enquête judiciaire
Ballan Alessandro Usage ou tentative d'usage de substance prohibée 2009 Oui Enquête judiciaire
Caucchioli Pietro Passeport biologique non conforme 2009 Oui Passeport biologique
Egeo Bonazzi Fiorenzo 2009 Oui Enquête policière
Bossoni Paolo EPO Championnats d'Italie (Route) 2008 Oui Contrôle positif
Cunego Damiano 2008 NSP* Retard au contrôle
Murro Christian Furosémide Contrôle inopiné 2008 Non Contrôle positif
Vila Errandonea Francisco-Javier Testostérone Contrôle inopiné 2008 Oui Contrôle positif
Bennati Daniele Betaméthasone Gand-Wevelgem 2005 Oui Contrôle positif
Mazzoleni Eddy Trafic de produits dopants 2005 Oui Enquête policière
Petrov Evgueni Hématocrite > 50% Tour de France 2005 Oui Contrôle positif
Scotto d'Abusco Michele Hématocrite > 50% Critérium du Dauphiné libéré 2005 Oui Contrôle positif
Casagrande Francesco Hématocrite > 50% Tour d'Espagne 2004 Oui Contrôle positif
Loddo Alberto Caféine Tour d'Algarve 2003 Oui Contrôle positif
Rumsas Raimondas EPO Tour d'Italie 2003 Oui Contrôle positif
Ibarguren Taus Jose Possession de produits interdits Tour de France 2002 Non Enquête policière
Rumsas Raimondas Détention de corticoïdes, testostérone, EPO Tour de France 2002 Oui Flagrant délit
Barbero Sergio EPO Tour de Romandie 2001 Oui Contrôle positif
Codol Massimo Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 NSP* Enquête policière
Missaglia Gabriele Détention de produits illicites Tour d'Italie 2001 NSP* Flagrant délit
Nigrelli Guido Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 Oui Enquête policière
Piccoli Mariano Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 Non Enquête policière
Sciandri Maximilian Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 NSP* Enquête policière
Dierckxsens Ludo ACTH Tour de France 1999 Oui Aveux en 1999
Piccoli Mariano Anabolisants Tour d'Italie 1999 NSP* Enquête policière
Piccoli Mariano Corticoïdes Tour de France 1999 Non Contrôle positif

* Sanction non connue

Pour voir plus d'informations sur l'équipe dans l'annuaire du dopage, cliquez ici

Les coureurs épinglés

Ils sont trois à porter les couleurs blanc-noir-vert en 2023 et à avoir déjà été épinglés dans notre annuaire du dopage. Ils étaient deux de plus l’année dernière : Faria Costa, parti chez Intermarché-Circus-Wanty et Maximiliano Richeze qui a mis un terme à sa carrière.

Le cas Hirschi

Marc Hirschi n’est pas épinglé dans l’annuaire du dopage. Il a une bonne excuse. Il est visiblement asthmatique. En tout cas, l’équipe DSM préfère s’en séparer en tout début de saison 2021 en raison d’« un manque de confiance » le consédirant comme un « risque » pour la réputation de l'équipe et pour les sponsors. Il n'aurait pas été transparent et n'aurait pas fourni toutes les informations demandées par l'équipe. Le coureur managé, par Fabian Cancellara, signe alors à la hâte un contrat de trois ans avec le Team UAE.

Marc Hirschi et son inhalateur - Tour de Lombardie
Source : Twitter - 08/10/2022
Juan Sebastián Molano Benavides


Le coureur colombien Juan Sebastián Molano est mis sur la touche par l'équipe UAE en raison de « valeurs physiologiques anormales » le 3 mai 2019. Il est suspendu préventivement et doit passer des tests pour déterminer les causes de ces résultats. Soulagement, il reçoit l’autorisation de courir à nouveau dès juillet. Le directeur médical de l'équipe, le Dr Jeroen Swart, un transfuge de la Sky, justifie les variations des valeurs physiologiques par une sensibilité aux séjours en altitude. Le Colombien avait passé plusieurs semaines à plus de 3000 m. Depuis, il garde la confiance de l’équipe.

Matteo Trentin


Matteo Trentin a été contrôlé positif au Salbutamol lors d’une épreuve de Coupe de Monde junior de cyclo-cross. C’était en 2006 à Hofstade, en Belgique. Il est suspendu deux mois. L’incident ne rebute pas Patrick Lefevere qui le recrute en 2011. Il a rejoint UAE en 2021. L’affaire est oubliée depuis longtemps : dix-sept ans, c’est long.

Diego Ulissi


Diego Ulissi est contrôlé positif lors de la onzième étape du Tour d'Italie 2014. Le coureur de la Lampre vient alors d’empocher deux victoires d’étapes. On retrouve 1900 nanogrammes de Salbutamol dans ses urines. C’est près du double de la quantité permise. Pour sa défense, il explique avoir utilisé de la Ventoline avant l'étape parce qu'il souffrait de bronchospasmes. Il garde la confiance de la Lampre qui l’autorise à recourir sans même attendre la décision de l’UCI. « J'ai décortiqué tous les documents provenant de son avocat. Avec ces documents et en tenant compte des règles du MPCC, je peux donner un avis favorable comme quoi Diego peut recourir », justifie le docteur Carlo Guardascione, médecin de l’équipe, dans un communiqué. Ulissi est suspendu neuf mois en mars 2015. La Lampre lui renouvèle sa confiance préférant quitter le MPCC plutôt que de se séparer de son champion.

Les dirigeants épinglés

Avec cinq dirigeants épinglés dans notre annuaire du dopage, l’équipe UAE fait piètre figure, seulement surpassée par Astana, Bahrain et Movistar.

Avant de nous intéresser à ces cinq épinglés, attardons-nous sur les cas du Dr Inigo San Millan, de Matxin Fernandez et de Marco Marcato qui même s’ils ne sont pas pris en compte dans le calcul de notre indice de confiance, interrogent à tout le moins.

Inigo San Millan, spécialiste en tout

Le Docteur Inigo San Millan n’est pas épinglé dans notre annuaire du dopage. Ce professeur adjoint à la faculté de médecine de l'Université du Colorado est un spécialiste en tout : ses domaines de recherche vont du métabolisme de l'exercice au cancer, de la nutrition au diabète, de la performance sportive aux soins intensifs, en passant par les mitochondries et le surentraînement. Non content d’avoir travaillé avec des équipes cyclistes, il a aussi développé son talent dans la course, le football, le basket-ball, l'aviron, le triathlon, le hockey, l’athlétisme, la natation et le football américain. Il a également été consultant auprès du Comité olympique américain et de l'Union cycliste internationale. Un beau curriculum vitae.

Il se targue d’avoir travaillé avec Alberto Contador, Joseba Beloki, Abraham Olano, Chris Horner, Jorge Jaksche, Leonardo Piepoli, David Millar et Alexander Vinokourov. Autant de « champions » qui figurent tous dans notre annuaire du dopage.

En 2003, il fait passer un test d'effort à Contador alors que ce dernier débutait chez les pros avec Once-Eroski. San Millan s’en souvient avec émotion en 2010 : « Il était encore un enfant et, pourtant, c'est lui qui est allé le plus loin dans les tests. Il souffrait et subissait, mais sans jamais flancher. J'ai cru qu'il allait vite s'arrêter parce qu'il souffrait beaucoup, mais il continuait. Pour l'expliquer, le test a révélé qu’il avait une exceptionnelle, voire unique, faculté à éliminer les lactates. Ce test a révélé qu'il était déjà au-dessus de la norme ».

Quand Matxin crée l’équipe Saunier Duval, version pro, en 2004, il ne tarde pas recourir aux services d’Inigo San Millan présenté alors par El Pais comme un « génie de la planification des entraînements, du calcul des pics de forme ». San Millan vente la « nouvelle mentalité » de Mauro Gianetti et constate qu’il est « très difficile de tricher dans le cyclisme maintenant. (…) Le cyclisme est l’un des sports les plus propres maintenant. (…) Maintenant, les coureurs n’ont pas le choix, ils doivent mieux s’entraîner et mieux manger, ils ne peuvent pas recourir à des moyens interdits ». Nous sommes en février 2006, quelques mois avant que le scandale Ricco-Piepoli n’éclate sur le Tour de France.

Tadej Pogacar dit de lui : « Je fais une confiance totale à mon coach. Je lui dis quand ce qu'il me propose ne me convient pas, parfois c'est trop, parfois pas assez, et jusqu'ici, ça marche très bien ».

Matxin Fernandez, de Saunier-Duval au Team UAE

Matxin Fernandez, de son nom complet Joxean Fernández Matxín, ne fait pas partie des dirigeants épinglés dans notre annuaire du dopage. Le parcours du « General Manager » de l’équipe est pourtant pittoresque puisqu’il a commencé à exercer ses talents dans la glorieuse équipe Saunier-Duval, d’abord dans les rangs amateurs puis professionnels. Par la suite, il a fait un séjour dans l'équipe Quick-Step en tant que détecteur de talents. C’est là qu’il découvre un certain Tadej Pogacar qu’il piquera au nez et à la barbe de Patrick Lefevere. On le retrouve désormais aux côtés de Gianetti à la tête de l'équipe UAE.

Usine d'athlete Extraterrestre
Source : Espé - 03/07/2021

Marco Marcato a-t-il roulé en Ferrari ?

Marco Marcato non plus n’est pas épinglé dans notre annuaire du dopage. Il a pourtant bien failli En décembre 2014, la Gazzetta dello Sport affirme le soupçonne de faire partie des clients du Dr Michele Ferrari qui est sous enquête dans le cadre de l'affaire de Padoue. Son nom n’étant pas ressorti ultérieurement à cet article, nous n’avons pas pris son cas en considération dans le calcul de notre indice de confiance.


Mauro Gianetti


Mauro Gianetti effectue un début de carrière discret. « Ce cyclisme n'est plus le mien. Je suis en parfaite condition et, pourtant, j'évolue une classe en dessous des autres », se lamente-t-il en 1994. Heureusement, en 1995, tout va subitement mieux. Il remporte coup sur coup Liège-Bastogne-Liège et l’Amstel Gold Race. L’année suivante, il est vice-champion du monde chez lui, à Lugano. Il fait partie des tout premiers coureurs que Marc Madiot recrute quand il lance la Française des Jeux en 1997.

PFC 1998

Pendant le Tour de Romandie, le 7 mai 1998, Mauro Gianetti fait chambre commune avec Stéphane Heulot. Selon le coureur breton, Gianetti bricole dans son coin sans être vu. Le lendemain, en pleine ascension du col des Planches, le Suisse est victime d'une spectaculaire défaillance. Il est hospitalisé en soins intensifs au CHU de Lausanne où il est placé en coma artificiel trois jours durant. Il ne sort de l’hôpital que deux semaines plus tard.

En juillet, le docteur Gérard Gremion déclare dans un journal du canton de Vaud que Mauro Gianetti a fait une réaction au PFC : « Il en avait trop pris. En réalité, il a été victime d’un état de choc et était atteint d’une grave insuffisance rénale et hépatique ». Le PFC présente l'avantage d’échapper aux contrôles sanguins de l'UCI. Cette molécule de synthèse favorise en effet l'oxygénation du sang sans augmenter l'hématocrite (taux de globules rouges dans le sang).

Fin juillet, le Dr Gremion décide de porter plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui auprès du procureur du canton de Vaud. La justice helvète ouvre une enquête pour « lésions corporelles graves subsidiairement à la mise en danger de la vie d’autrui ». Ils recherchent qui a bien pu être assez inconscient pour fournir du PFC au coureur. Ce produit en est alors seulement au stade expérimental. Pire, des contrefaçons circulent déjà. Marc Madiot, patron de Gianetti, est entendu par le SRPJ de Versailles, à la demande des enquêteurs suisses.

Officiellement, Gianetti a été victime d’une « hypoglycémie doublée d’une gastro-entérite ». Ou bien « d'une gastroentérite, d'une insolation et d'un choc toxi-infectieux ». Marc Madiot évoque quant à lui une sévère déshydratation. A sa sortie de l'hôpital, Mauro Gianetti avait quant à lui affirmé avoir souffert d'une infection des voies respiratoires sans doute provoquée par une allergie. Seule certitude, il a frôlé la mort. L’enquête, en revanche, est bien morte de sa belle mort, se heurtant au secret médical. De son côté Gianetti s’est bien gardé de déposer plainte contre le Dr Gremion.

Le coureur suisse ne sera pas inquiété par l’UCI. Pourtant, l’institution a eu très peur. Dès le 15 mai, elle dépêche Claude Jacquat, président de la commission « route Elite » au départ du Tour d’Italie. Lors d’une réunion, il met vivement en garde les directeurs sportifs contre les terribles dangers du PFC.


Qui a tué Mauro Gianetti ?
Source : Sport & Vie - 09/1998

Tour de France 2008

Alors que Riccardo Ricco est éjecté du Tour de France 2008, à coup de pieds dans le derrière, Gianetti se lamente : « Je suis sans voix ! J’avais quelques doutes au début de la saison. Les bruits, vous savez ce que c’est, hein ? Je lui demande s’il est aussi propre qu’il le dit ; il me dit : “Je te jure sur la tête de ma mère que je ne prends rien !” »

Depuis plusieurs mois, l’équipe Saunier Duval domine outrageusement en montagne grâce à Jose Cobo Acebo, Iban Mao, Leonardo Piepoli et donc au fantasque Ricco.

Christian Prudhomme dit alors de Mauro Gianetti : « J’ai assurément le sentiment que son manager [de Ricco] n’est pas un parangon de vertu. […] Je ne pense pas que j’aurai une opinion différente dans trois mois, six mois, deux ans ou cinq ans, sur la personne en question ».

David Millar, dans son livre Racing through the dark affirme avoir prévenu l’UCI des pratiques douteuses de Saunier-Duval mais, selon lui, Gianetti était alors en très bon termes avec le Dr Mario Zorzoli, chef de la commission médicale de l’UCI.

Malgré le scandale, Gianetti reste aux manettes de l’équipe.

Affaire de Mantoue

Les écoutes téléphoniques effectuées entre 2007 et 2009 dans le cadre de l’enquête sur l’« affaire de Mantoue » ont mis au jour une conversation téléphonique entre le pharmacien Guido Nigrelli et Taus Ibarguren, alors médecin chez Fuji – Servetto, nouveau nom de la Saunier Duval, équipe que dirige Gianetti depuis 2003. Devant les enquêteurs, le médecin prend soin d’indiquer qu’il faisait livrer des produits à son domicile pour que son patron ne le sache pas. Le jugement fait pourtant état d’achat et d’administration de produits dopants, dont de la testostérone, dans le but d'améliorer les performances des coureurs de l'équipe Fuji-Servetto. Nigrelli sera condamné mais Ibarguren Taus échappe à une condamnation. Gianetti fera part de sa grande déception. Le boulet n’est pas passé loin.

Le nouvel ambassadeur

Depuis Mauro Gianetti s’est mué en élégant ambassadeur du cyclisme dans les Emirats. L’équipe qu’il dirige est financée par un conglomérat d’entrepreneurs en bâtiment émiratis.

Fabrizio Guidi


Fabrizio Guidi est heureux quand il s’apprête à rejoindre UAE à la fin l’année 2020 en tant que directeur sportif. « C’est une équipe que j’admire depuis longtemps. Je suis ravi et fier de rejoindre une équipe forte et ambitieuse avec un solide projet pour le futur », se satisfait-il. A croire que les équipes de Jonathan Vaughters, avec qui il faisait route depuis 2015, ne le faisaient plus rêver.

Guidi arrive chez UAE avec son passif. Membre de l’équipe Phonak à partir de 2005, il est déclaré positif dès la première année à la suite d'un contrôle antidopage effectué fin juillet pendant la Cyclassics, épreuve du ProTour disputée à Hambourg (Allemagne). Il est alors le quatrième coureur de la Phonak à être déclaré positif en deux ans, après Tyler Hamilton, Santiago Perez et Oscar Camenzind. Heureusement, il est blanchi après analyse de l’échantillon B. A cette époque, l'apport d'EPO exogène dans l'organisme est sujet à interprétation. Le test mis au point par le laboratoire national français et validé en 2001 par l'UCI puis par l'Agence mondiale antidopage (AMA) a déjà donné lieu à ce cas de figure. Guidi poursuit sa carrière comme si de rien n’était sous casaque Phonak.

Andrej Hauptman


Après la victoire de Tadej Pogacar dans le Tour 2020, il explique la réussite de son poulain au site lequotidiendusport.fr : « Quand j’arrive dans l’équipe, je sens déjà cette exigence du haut niveau. Tout était réuni pour réussir. Je n’ai fait qu’apporter ma pierre à l’édifice. Les progrès se sont faits rapidement et ont permis de tout de suite aller chercher des objectifs de plus en plus hauts. Le plus important, pour moi, était de ne pas brûler les étapes et de toujours faire en sorte que sa santé prime sur le reste. Mais, avec un coureur aussi motivé, c’est difficile de le freiner. Et ce qu’il a fait sur le Tour, c’est remarquable ».

Interrogé sur les raisons du succès des coureurs slovènes, il ajoute : « Il y a eu une grosse base de travail qui a permis à de jeunes coureurs de s’affirmer. Tout le monde a été poussé par les résultats des autres. Les cyclistes slovènes n’étaient pas forcément observés, mais ils méritaient d’avoir une opportunité de s’exprimer. On aura la possibilité de le montrer en sélection nationale ».

Avant tout cela Hauptman est arrivé avec un passif chargé dans la formation AUE. En 2000, il fait partie des trois coureurs devant participer au Tour de France et qui ont subi des tests sanguins révélant des hématocrites supérieurs à la limite autorisée de 50%. En vertu des règlements de l'UCI, le coureur de l’équipe Vini Caldirola est mis au repos et ne prend pas le départ du Tour, qui s'élançait du Futuroscope.

Sa carrière se poursuit assez discrètement. Il fait un premier passage dans l’équipe Lampre en 2004. L’année suivante, il rejoint la sulfureuse Fassa Bortolo.

En plus d’être directeur sportif chez UAE, Andrej Hauptman est le sélectionneur de l’équipe nationale slovène.

Manuele Mori


En 2002, Manuele Mori, 22 ans seulement, se voit signifier une interdiction de courir en raison d’un hématocrite supérieur à 50%. Il évolue alors dans la catégorie des moins de 23 ans (U23). Sa licence lui est retirée pour une durée de 45 jours et il est écarté de la sélection italienne pour le Triptyque des Ardennes.

Après cette entrée en matière tonitruante, il trouve place en 2004 dans la fameuse armada Saunier Duval. Il est impliqué dans l'affaire de Mantoue déclenchée en 2008, et dans laquelle sont notamment cités son frère Massimiliano, Giuseppe Saronni, le manager général de la Lampre (et toujours chez UAE), Alessandro Ballan, Marzio Bruseghin, Pietro Caucchioli, Damiano Cunego, Mirco Lorenzetto, Mauro Santambrogio ou encore Michael Rasmussen, pour ne citer que les plus connus. L’épisode ne l’empêchera pas de retrouver une place chez Lampre en 2009, équipe qui devient UAE en 2017 et au sein de laquelle il termine sa carrière en 2019. C’est donc tout naturellement qu’il devient assistant technique en 2020 puis directeur sportif adjoint en 2021.

Manuele Mori a donc effectué l’essentiel de sa carrière de coureur puis de directeur sportif sous la houlette de Joxean Fernández Matxín.

Giuseppe Saronni


Le champion italien Giuseppe Saronni, rival de Francesco Moser dans les années 1980, a dirigé l’équipe Lampre, devenue UAE, avant de prendre un peu de recul à partir de 2019. Il en est désormais un éminent « conseiller ». Hormis une parenthèse de trois ans où il fait un passage à la Mapei, cela fait plus de trente ans qu’il apparaît dans l’organigramme de l’équipe.

Coureur, Saronni a eu recours à la cortisone lors de sa conquête du maillot rose au Giro 1983, révèle le rapport Donati. Probablement ne sait-on pas tout.

En tant que manager, il n’a jamais hésité à recruter d’anciens coureurs dopés. Par exemple, à la fin 2009, il embauche Lorenzo Bernucci pour épauler Alessandro Petacchi. Bernuci avait été suspendu un an en raison d’un contrôle positif au Tour d’Allemagne 2007.

En 2008, directeur sportif chez Lampre, Saronni est impliqué dans l’affaire de Mantoue. Vingt-huit personnes, la plupart membres ou proches de l’équipe, seront poursuivies « pour avoir en bande organisée, procuré, administré ou au moins favorisé l'utilisation de produits dopants non justifiée médicalement (...) afin de favoriser les prestations des coureurs de la Lampre ». Saronni envisage un temps de jeter son tablier avant de se raviser. Bien lui en prend car le parquet ne requiert aucune sanction contre lui et il est acquitté en décembre 2015. Le tribunal a estimé que les faits reprochés ne constituaient pas une infraction ou n'étaient pas avérés. En revanche, Sebastian Gimozzi, un coureur amateur, et Guido Nigrelli, un pharmacien que Sarroni présente comme un ami de 30 ans, ont été condamnés respectivement à cinq et huit mois de prison avec sursis. Le boulet n’est pas passé loin.

Les coureurs flashés

Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.

Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :

En 2023, la formation émiratie s’est attachée les services d’Adam Yates, en provenance d’Ineos-Grenadier et lesté de son statut de « suspect », au-dessus du seuil de 410 WE. Il est venu rejoindre Tadej Pogacar.

Tadej Pogacar [421 WE - seuil suspect]


Tadej Pogacar est un prodige. Le jeune slovène se distingue dès le Tour d’Espagne 2019 en réalisant une moyenne de 437 Watts-Etalon après avoir remporté trois étapes et réussi un incroyable raid en solitaire en troisième semaine. Les ascensions étaient toutefois trop courtes pour être prises en compte dans les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer.

En septembre 2020, il remporte le Tour de France au nez et à la barbe de l’armada Jumbo-Visma. Il dégaine dans une apparente facilité un 421 WE, largement dans la zone suspecte. Dans l’ascension de la Planche des Belles Filles, qui, trop courte, n’est pas un des radars du Tour, il réussit l’exploit de reprendre 1min 46sec à Primoz Roglic à qu’il il chipe le maillot jaune.

En 2021, le Tour de France reprend sa place dans le calendrier de juillet. Pogacar n’a pas besoin de forcer son talent. Il se contente de 413 WE pour reléguer le jeune Jonas Vingegaard à plus de cinq minutes. Son palmarès de l’année est complété par Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie.

L’année dernière, il essuie une défaillance dans le col du Granon (385 WE seulement). Résultat, sa moyenne s’établit à 417 WE. Plus qu’en 2021 mais moins qu’en 2020. Il doit s’incliner derrière Jonas Vingegaard qui épate avec 423 WE. Il se reprend en fin d’année et décroche à nouveau la victoire au Tour de Lombardie.

Il a démarré la saison 2023 sur les chapeaux de roues en dominant le Tour de Flandres, l’Amstel Gold Race et la Flèche wallonne. Une chute dans Liège-Bastogne-Liège met un coup d’arrêt à cette série. Malgré une fracture du poignet, il devrait être présent au départ de la Grande Boucle.

Adam Yates [416 WE - seuil suspect]


C’est pendant le Tour de France 2016 qu’il termine au pied du podium qu’Adam Yates réussi à allumer les radars avec 416 WE.

Il frôle encore les 410 WE fatidiques au Tour de France 2020 (408 WE) et au Tour d’Espagne 2021 (409 WE) mais les flashes restent éteints.

Les dirigeants flashés

Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.

Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :

Aucun membre de l'encadrement actuellement dans l'équipe UAE Team Emirates n’a allumé les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer

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Attitude vis-à-vis du MPCC

Le MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible) est une association créée en 2007 par des équipes cyclistes professionnelles dont le but est de défendre l'idée d'un cyclisme propre, en imposant le strict respect du code éthique de l’UCI et pouvant aller jusqu’à imposer des règles plus strictes que ne l’impose le Code Mondial Antidopage édicté par l’AMA. En plus des équipes, le MPCC offre la possibilité aux coureurs et membres de l’encadrement des équipes d’adhérer à titre individuel.

Le MPCC, ça suffit !

La Lampre a adhéré au MPCC tant que ça l’arrangeait avant de le quitter à la première occasion.

En mars 2015, Diego Ulissi est suspendu suite à son contrôle positif au Salbutamol. L’équipe italienne préfère s’en aller plutôt que de le licencier. « Nous sommes obligés de prendre cette décision, car certains principes fixés par le MPCC ne sont pas compatibles avec le droit du travail et les règlements de l'UCI », se justifie-t-elle dans un communiqué. En clair, le règlement du MPCC oblige les équipes membres « à ne pas engager, dans les 2 ans qui suivent la suspension, des coureurs reconnus coupables de violation des règles antidopage et qui ont été sanctionnés de plus de 6 mois par l’instance internationale ou leur instance nationale ». C’en est trop pour les dirigeants de la Lampre.

Décidément, quand tout va bien, le MPCC est une couverture confortable pour donner des gages de crédibilité mais elle devient encombrante quand il faut assumer ses responsabilités et faire ce qu’on s’est engagé à faire.

Le MPCC n’est clairement pas en odeur de sainteté dans l’équipe UAE : seuls quatre coureurs, dont Marc Hirschi, et deux membres de l’encadrement adhèrent à titre individuel.

Liste des coureurs adhérents du MPCC
Liste des membres de l'encadrement adhérents du MPCC

ICCD : notre indice de confiance

Pour la saison 2023, nous attribuons à l'équipe la note de 2,3/20. Ceci la place en 27ème position sur 27.

Pour la troisième année consécutive AUE-Emirates porte le bonnet d’âne de notre classement ICCD, une piètre distinction qui jette une ombre sur l’ensemble des résultats de ses coureurs. L’équipe ne fait décidemment rien pour échapper à la suspicion.

Pour consulter l'article ICCD de l'équipe UAE Team Emirates en 2022, cliquez ici.