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Indice de confiance de UAE TEAM EMIRATES : 2


04/07/2021 - cyclisme-dopage.com - S. Huby - #TeamWatttheFuck







Le Team UAE-Emirates a été constitué en 2017 dans la continuité de l’historique équipe italienne Lampre, née en 1990. Les cyclistes émiratis ont conservé un fort accent italien : Giuseppe Sarroni y a toujours son rond de serviette. Plusieurs coureurs et dirigeants sont issus de la formation au célèbre maillot rose et bleu.

Son leader cette année est Tadej Pogacar. Le jeune coureur slovène (22 ans seulement) a stupéfait tout le monde l’année dernière lorsqu’il s’est emparé du maillot jaune à la veille de l’arrivée à Paris. Primoz Roglic et ses coéquipiers de Jumbo-Visma ne s’en sont pas remis.

Cette année, Pogacar s’est dévoilé très tôt. A Laval, il a battu les meilleurs spécialistes du contre-la-montre. Au Grand-Bornand, il a battu les meilleurs grimpeurs. Il sait tout faire. Il attaque à tout va. Son équipe apparaît fragile. Il n’en a cure.

Usine d'athlete Extraterrestre
Source : Espé - 03/07/2021

Lampre : une histoire émaillée de nombreuses affaires de dopage

Entre 1999 et 2016, la Lampre a accumulé les cas de dopage : nous avons comptabilisé une trentaine d’affaires. Sous ses nouvelles couleurs, inaugurées en 2017, elle a gardé le rythme puisque deux affaires sont venues entacher son palmarès.

Le Croate Kristijan Durasek a été suspendu quatre ans dans le cadre de l'opération Aderlass, une affaire de dopage sanguin, après avoir été exclu du Giro 2019. L’UCI s’est appuyée sur les informations reçues des autorités policières autrichiennes.

Dernière affaire en date, moins sérieuse, le coureur colombien Juan Sebastián Molano est mis sur la touche par l'équipe en raison de « valeurs physiologiques anormales », le 3 mai 2019. Il est suspendu préventivement et doit passer des tests pour déterminer les causes de ces résultats. Soulagement, il reçoit l’autorisation de courir à nouveau dès juillet. Le directeur médical de l'équipe, le Dr Jeroen Swart, un transfuge de la Sky, justifie les variations des valeurs physiologiques par une sensibilité aux séjours en altitude. Le Colombien avait passé plusieurs semaines à plus de 3000 m.

Avant cela, la Lampre a souvent fait la une sur note site. Des couleurs de renom ont été épinglés : Ludo Dierckxsens (1999), Maximilian Sciandri (2001), Raimondas Rumsas (2002), Francesco Casagrande (2004), Evgueni Petrov (2005), Daniele Bennati (2005), Damiano Cunego (2008), Alessandro Ballan (2009), Danilo Hondo (2011), Alessandro (2012) ou encore Diego Ulissi (2014). Les plus curieux de nos lecteurs pourront consulter les revues de presse de quelques-unes de ces affaires :

Cinq coureurs épinglés, en activité sous le maillot UAE

Ils sont cinq à porter les couleurs blanc-noir-vert en 2021 et à avoir déjà été épinglés dans notre annuaire du dopage. C’est un record établi haut la main. Aucune autre équipe présente sur ce Tour de France n’a dans ses rangs plus de deux coureurs épinglés.

Aucun de ces cinq coureurs n’est présent sur la grande boucle.

Quatre directeurs sportifs épinglés et un conseiller très particulier

Avec cinq membres de l’encadrement épinglés dans notre annuaire du dopage, UAE-Emirates ne nous inspire pas confiance. Seules Astana et Deceuninck-Quick Step font pire dans ce domaine.

Gianetti, Matxin, San Millan cadeaux bonux

Mauro Gianetti et José Antonio Fernández Rodríguez, dit «Matxin », ont pris le pouvoir de l’équipe émiratie. Ils trimballent avec eux une quantité impressionnante de casseroles. Pourtant, nous ne les avons pas pris en compte dans le calcul de l’ICCD. Nous aurions pu. Nous aurions dû.

Matxin, Gianetti, Pogacar. Trio magique.
Source : Antoine Vayer - 24/06/2021

Interrogé par Pierre Carrey pour Le Temps, Gianetti, membre du conseil d’administration UAE, disait en avril dernier : « Quant à moi, tout le monde connaît mon histoire. Je ne suis pas le seul manager qui ait été touché par des problèmes ». C’est un aveu. Nous pourrons dire que la note attribuée à UAE-Emirates est clémente.

Le Suisse est présenté comme un « cycliste et manager au passé sulfureux » par l’ancien directeur des contrôles à l’Agence française de lutte contre le dopage, Jean- Pierre Verdy, dans un livre intitulé Dopage, ma guerre contre les tricheurs, paru ce printemps. L’ancien coureur aurait pu disparaître du milieu du vélo en 1998. Disparaître au sens propre. Il est fortement suspecté d’avoir pris du PFC, un transporteur d’oxygène alors expérimental.

En 2008, Christian Prudhomme, directeur du Tour est formel : « J’ai assurément le sentiment que son manager [de Ricco] n’est pas un parangon de vertu. [] Je ne pense pas que j’aurai une opinion différente dans trois mois, six mois, deux ans ou cinq ans, sur la personne en question ». Et treize ans plus tard ?

Matxin, Manager General, n’a jamais été cycliste professionnel mais il devient rapidement directeur sportif, d’abord pour des équipes amateures. Il fonde la Saunier Duval amateurs en 1998. Carlos Sastre et David Arroyo se révèlent à cette époque. Après un passage à la Mapei où il s’occupe des jeunes, Matxin crée l’équipe Saunier Duval, version pro, en 2004. Il s’entoure du médecin, María Sagasti, « spécialiste en homéopathie » et d’Iñigo San Millán, présenté par El Pais comme un « génie de la planification des entraînements, du calcul de la forme des pics ». San Millán est toujours aux côtés de Matxin chez UAE. Normal, c’est un génie. El Pais conclut son article de 2004 par les mots de Matxin : « L'important est que nous nous amusions beaucoup ensemble ». On s’est beaucoup amusé à la Saunier de Duval de Ricco et Piepoli.

Cependant, tous les coureurs passés dans les équipes du duo Gianetti-Matxin n’ont pas gardé un bon souvenir. « Matxín est infréquentable. J'ai été avec lui pendant un an et il me doit toujours de l'argent. Je n’ai aucune confiance en Matxin et Mauro Gianetti (). Matxin est une personne qui vend de la fumée (). Quand vous avez un contrat signé et qu'ensuite vous ne le respectez pas... Je n'ai aucun respect pour ça parce que ce n'est pas honnête », juge abruptement Carlos Sastre en 2019.

Iñigo San Millán, non plus, n’est pas épinglé dans notre annuaire du dopage. Il y a 20 ans, il a publié avec Sabino Padilla, le médecin de Miguel Indurain, un article scientifique sur « Le lactate et son métabolisme pendant l'exercice physique ». Ses compétences ont intéressé la ONCE, la Saunier Duval, Astana ou encore la Radio-Schack de Lance Armstrong et Johan Bruyneel. Il excelle dans l’étude du métabolisme énergétique cellulaire et notamment des mitochondries. Le métabolisme des coureurs qu’il a suivi comme Joseba Beloki, Abraham Olano, Chris Horner, Fred Rodriguez, Jorge Jackshe, Leonardo Piepoli, David Millar ou encore Alexandre Vinokourov n’a sans doute pas de secret pour lui. Il a rejoint AUE en 2019. Il étudie désormais le métabolisme de Tadej Pogacar.

La fusée Tadej Pogacar

Tadej Pogacar est un prodige. Le jeune slovène l’a encore démontré en écrasant la première semaine de ce Tour de France 2021.

Il se distingue dès le Tour d’Espagne 2019 en réalisant une moyenne de 437 Watts-Etalon après avoir remporté trois étapes et réussi un incroyable raid en solitaire en troisième semaine. Les ascensions étaient toutefois trop courtes pour être prises en compte dans les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer.

En septembre dernier, il remporte le Tour de France au nez et à la barbe de l’armada Jumbo-Visma. Il dégaine dans une apparente facilité un 421 WE, largement dans la zone suspecte. Dans l’ascension de la Planche des Belles Filles, qui, trop courte, n’est pas un des radars du Tour, il réussit l’exploit de reprendre 1min 46sec à Primoz Roglic à qu’il il chipe le maillot jaune.

Pogacar est le seul coureur d’UAE à avoir allumé les radars mais il l’a fait à un niveau inquiétant pour un si jeune coureur dont la marge de progression devrait être logiquement importante. Si tant est qu’il respecte la logique.

Aucun encadrant n’a allumé les radars.

Le MPCC, ça va un temps mais...

La Lampre a adhéré au MPCC tant que ça l’arrangeait. Mais en mars 2015, quand Diego Ulissi est suspendu suite à son contrôle positif au Salbutamol. L’équipe italienne préfère s’en aller plutôt que de le licencier. « Nous sommes obligés de prendre cette décision, car certains principes fixés par le MPCC ne sont pas compatibles avec le droit du travail et les règlements de l'UCI », se justifie-t-elle dans un communiqué. En clair, le règlement du MPCC oblige les équipes membres « à ne pas engager, dans les 2 ans qui suivent la suspension, des coureurs reconnus coupables de violation des règles antidopage et qui ont été sanctionnés de plus de 6 mois par l’instance internationale ou leur instance nationale ». C’en est trop pour les dirigeants de la Lampre. Quand tout va bien, le MPCC est une couverture confortable pour donner des gages de crédibilité mais elle ne résiste pas longtemps quand il faut faire des choix difficiles.

Trois coureurs, dont Marc Hirschi et Brandon McNulty présents sur les routes du Tour, adhèrent individuellement au MPCC. Ils sont bien car aucun membre de l’encadrement n’y adhère.

Verdict

Nous attribuons à UAE-Emirates la note de 2/20. C’est, de loin, la pire note de notre classement.

Indice de confiance de Indice de confiance de UAE TEAM EMIRATES : 2
Source : cyclisme-dopage.com - 04/07/2021

Détail de la note :

Explication de la note ICCD du team UAE-Emirates
Source : cyclisme-dopage.com - 04/07/2021

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Cette page a été mise en ligne le 04/07/2021