02/07/2021 - cyclisme-dopage.com - S. Huby - #TeamWatttheFuck
Le Slovène Matej Mohoric, s’est imposé au Creusot, au terme de la septième étape de ce Tour de France. Une étape folle. Son équipe est née en 2017 à l’initiative du prince Nasser ben Hamed Al Khalifa, fils du souverain bahreïnien, plus habitué des champs de course que des bords de route du Morvan. Le prince, par ailleurs accusé de torture par plusieurs ONG, fait appel aux compétences de l'ancien coureur slovène Milan Erzen qui devient manager. Erzen est celui qui a révélé son compatriote Primoz Roglic, accompagnant ses débuts dans l’équipe Adria Mobil.
L’équipe a deux ans quand l’UCI annonce ouvrir une enquête sur Milan Erzen soupçonné d’être impliqué dans l'Opération Aderlass, une affaire de dopage sanguin. Erzen serait en relation avec le médecin allemand Mark Schmidt, lequel sera condamné à quatre ans et dix mois de prison en première instance. Il a fait appel.. Selon Le Monde, Erzen serait entré en contact avec Schmidt pour acheter une centrifugeuse, un équipement utilisé pour séparer les globules rouges du plasma en vue de réaliser des transfusions sanguines. Il nie fermement et Primoz Roglic prend prudemment ses distances : « Pendant un an, c'était mon coach, mon directeur. On s'entendait bien, il n'y avait pas de problème. Il m'avait fait part de son envie de me signer, un jour, mais je n'ai pas gardé davantage de contacts avec lui depuis. »
Un coureur positif à l’EPO dès la deuxième saison
Bahrain a dû faire face à une affaire de dopage. Le biélorusse Kanstantsin Sivtsov est contrôlé positif à l’EPO à l’occasion d’un contrôle hors compétition effectué le 31 juillet 2018. Il est immédiatement suspendu par l’équipe qui précise qu’elle n’avait pas prévu de renouveler son contrat. « Nous sommes très sévères pour tout agissement contraire à notre règlement interne. Ce comportement n'est pas accepté par l'équipe et des procédures seront engagées à l'encontre du coureur », annonce le manager Brent Copeland. Passé par Dimension Data et Sky, Sivtsov sera suspendu quatre ans.
Kristjan Koren, lui aussi coureur Bahrain a été impliqué dans l’affaire Aderlass. Il est suspendu par l'UCI le 15 mai 2019 et doit quitter le Giro. Il est licencié. Les faits le concernant remontant à 2011 et 2012, nous ne mettons toutefois pas cette affaire au débours de l’équipe Bahrain.
Des directeurs sportifs de choc
Pas moins de six directeurs sportifs de Bahrain-Victorious sont épinglés dans notre annuaire du dopage. A croire que c’est un prérequis pour prétendre à ce poste.
Rolf Aldag : en 2007, Jef D’Hont, ancien soigneur de l’équipe Deutsche Telekom, le met en cause et affirme qu’au moins huit des dix-sept coureurs de la Telekom, dont Aldag, se dopaient en 1993-1994. Le directeur sportif allemand finit par avouer. Il admet s’être dopé à partir de 1995 et jusqu'en 2002. « J'ai menti, je m'en excuse, mais je l'ai fait parce que je savais que je ne pouvais pas être pris », explique-t-il tout en jurant être « désireux de construire un cyclisme propre ». Aldag soutiendra mordicus que son cas était isolé mais Jorg Jaksche chargera l’équipe : « La direction de l'équipe savait tout. Le problème de Godefroot n'était pas d'éviter que quelqu'un se dope, mais d'éviter qu'il le fasse maladroitement ». A cette époque, Aldag se fait injecter de l’EPO associée à de la vitamine B12, du fer et de l’acide folique.
Xavier Florencio Cabre : il est exclu par son équipe Cervélo Team à la veille du départ du Tour de France 2010 en raison d’un contrôle positif à l’éphédrine. Le coureur qui avait débuté sa carrière en 2000 dans la mythique ONCE s’était fait prescrire un médicament par un médecin non autorisé par l’équipe.
Franco Pellizotti : en 2009, il est accusé par Ivano Fanini, mécène historique de l’équipe "Amore & Vita", qui l’accuse de collaboration avec le Dr Michele Ferrari. Dans les colonnes du site Tuttobiciweb, Fanini affirme avoir vu Ferrari rouler derrière certains coureurs en scooter, dont Nibali et Pellizotti, entre Livigno et Saint Morritz.
Selon l’avis de neuf experts unanimes, Franco Pellizotti alors chez Liquigas, affiche des « valeurs anormales » sur son passeport biologique pendant le Tour d’Italie 2009 qu’il termine troisième. L'UCI demande à la Fédération Cycliste Italienne d'ouvrir une procédure disciplinaire à l'encontre du coureur du Frioul. D’abord acquitté en 2010 pour insuffisance de preuve, il sera finalement suspendu 2 ans, écopera d’une amende de 115000 euros et sera disqualifié de tous ses résultats obtenus à partir du 7 mai 2009. Si l'UCI fait appel devant le TAS, Pellizotti demande de son coté en vain des dommages et intérêts (200.000 euros). Il nie toujours s’être dopé. Les attendus du jugement du TAS mettent pourtant en avant le dopage sanguin comme seule explication aux variations des valeurs hématologiques du coureur italien. De retour de suspension, il signe avec Androni Giocattoli-Venezuela avant de pouvoir finir en beauté chez Bahrain-Merida.
En 2012, le coureur de la LampreLeonardo Bertagnolli remet une pièce dans les accusations de collaboration avec le Dr Ferrari en affirmant devant la justice que Pellizotti le consultait et que l’équipe Liquigas le savait.
Gorazd Stangelj remporte le championnat de Slovénie 2000 mais est contrôlé positif à l’éphédrine. Il est suspendu deux semaines seulement. Par la suite, son nom apparaît à nouveau dans deux scandales de dopage, dont il sort toutefois indemne : le Blitz du Giro 2001 dont un des personnages centraux est le médecin de son équipe (Liquigas – Pata) et le raid de Rieti mené dans les hôtels de Terminillo et Rieti avant la 4ème étape de Tirreno-Adriatico en 2002 alors que Stangelj court chez Fassa Bortolo, une équipe sulfureuse s’il en est.
Neil Stephens : il rejoint l’équipe Festina en 1997 « pour l’argent ». Les compétences sportives mais aussi extra-sportives, pour ne pas dire médicales, du transfuge de la ONCE intéressent l’équipe de Richard Virenque. Stephens met fin à sa carrière de coureur en 2000 et devient directeur sportif adjoint de l'équipe Linda McCartney. En 2006, il est recruté au même poste par Liberty Seguros, la formation de Manolo Saiz. Il participe en 2012 à la création de l’équipe australienne GreenEDGE. Il fait l’objet d’une enquête interne. Le propriétaire Gerry Ryan affirmera ne pas avoir eu connaissance des aveux passés de son directeur sportif. Matthew White fera les frais de l’investigation initiée par l’ASADA mais Stephens passe entre les gouttes.
Pris dans la tourmente Festina en 1998, Stephans avait quitté le Tour de France en catimi, rejoignant son frère par la forêt pour filer en Espagne. Il avoue la consommation d’EPO en garde à vue à Lyon, tout en affirmant que le Dr Ryckaert lui faisait croire qu’il s’agissait de vitamines C et E ainsi que de de sels minéraux. Les attendus du jugement de l’affaire Festina l’accablent pourtant : « En 1997, ce que corrobore l'agenda de Willy VOET, il a reçu, sur l'instigation du docteur Rickjaert et pendant le Tour de France, des injections sous-cutanées d 'E.P.O. et d'H.G.H., injections pratiquées par Eric Rickjaert, Willy Voet ou encore lui-même. Au tour d'ESPAGNE de la même année, c'est Fernando Jimenez-Diaz qui lui a fourni ces produits. Ce qu'il a omis de déclarer et que l'agenda du soigneur a révélé c'est qu'avant -les 22 et 24 mai 1997- et pendant le CRITERIUM DU DAUPHINE LIBERE les 10 et 13 juin 1997- il avait bénéficié d'une première cure d 'E.P.O., substance qui lui avait déjà été injectée le 13 mars 1997 soit le quatrième jour de la course PARIS-NICE. Neil STEPHENS explique sa motivation (D787) : « J'avais peur de ne plus être au même niveau de performances ... je voulais mettre toutes les chances de mon côté et prolonger mon contrat en 1999 avec cette équipe ou une autre. Il me fallait être performant pour assurer mon avenir en tant que coureur ». Aussi est-il demandeur de la même préparation en vue du TOUR DE FRANCE 1998 qui, pour lui comme tous ses co-équipiers, devait être écourté par l’exclusion de l'équipe ». Sur le plan sportif, il échappe à une suspension mais met un terme à sa carrière.
Alberto Volpi : contrôlé positif à la hCG, une hormone sécrétée par les femmes enceintes, lors de la Leeds Classic 1993, il est déclassé, puni d’une amende de 3000 CHF, suspendu 3 mois avec sursis et voit ses points à la Coupe du Monde retirés. Le coureur de l’équipe Mecair s’en sortira toutefois grâce à un vice de forme. Le docteur Walter Polini, attaché à l’équipe Mecair, préfère quitter le cyclisme, écœuré par les « pratiques en cours » et l’usage massif de produits, dont l’EPO.
Pendant le Tour de Suisse 1997, les contrôleurs de l'UCI visitent les hôtels de Telekom, Asics et Batik pour procéder à des tests d’hématocrite. A l’hôtel Batik, c’est le désert. Toute l'équipe a subitement changé d'hôtel la veille au soir. Le manager de l’équipe déclare qu'ils n'avaient trouvé personne à l'entrée de l'hôtel pour les accueillir. L'hôtelier, de son côté, affirme pourtant que les soigneurs de l’équipe Batik avaient apporté tout le matériel dans l'après-midi et les avaient répartis dans les chambres des coureurs. Ils sont revenus dans la nuit et ont récupéré tout leur équipement. L'équipe Batik était-elle au courant du test sanguin avant ? Ce qui est sûr, c’est qu’Emiliano Volpi et ses collègues n’ont pu être contrôlés par les vampires de l’UCI. La plupart (Evgeni Berzin, Luca Colombo, Nicola Minali, Jon Odriozola, ) seront plus tard impliqués dans d’autres affaires.
Le nom d’Alberto Volpi, alors retraité depuis un an, revient encore à la une en mars 1999 quand L’Equipe publie des chiffres issus d’une perquisition effectuée à Ferrare dans le cadre d’une enquête autour de l’équipe Gewiss. Ces chiffres témoignent de variations saisonnières d’hématocrite étonnantes, dont certaines supérieures à 20%. Selon ces documents, l’hématocrite du coureur italien passe de 38,5% à 52,6% entre le 14/01/1995 et le 24/05/1995.
Alberto Volpi est directeur sportif depuis 1998. Il est notamment passé par la Fassa Bortolo, la Liquigas. Il se fait remarquer pendant la 8ème étape du Dauphiné 2017, quand il remorque littéralement Antonio Nibali, frère de Vincenzo. Les deux hommes seront mis hors course. Nous n’avons pas inclus le remorquage de coureurs parmi nos critères pour le calcul de l’ICCD. Ouf !
Borut Bozic aurait pu alourdir la note de Bahrain-Victorious. L’ancien coureur et directeur sportif slovène ne fait toutefois plus partie des effectifs de la formation bahreïnienne depuis 2019. Il a été suspendu deux ans par l'UCI en raison de son implication dans l’affaire Aderlass. Seuls des faits remontants à 2011 et 2012 ont été retenus.
Quand Damiano Caruso jouait les entremetteurs chez les amateurs
En 2012, alors qu’il porte le maillot Liquigas, l’italien Damiano Caruso est rattrapé par une affaire de dopage datant de 2007. Il était encore amateur. Le Comité International Olympique Italien (CONI) l’accuse de « complicité de tentative d’acquisition de substances interdites ». Caruso explique à la Gazzetta dello Sport : « Ça s’est passé pendant un stage d’été (2007) avec l’équipe (Mastromarco) sur le Stelvio. Albino Corazzin (alors son coéquipier) m’a demandé comment entrer en contact avec un masseur controversé et si je pouvais lui fournir certains produits. Au début, je lui ai dit que j’allais voir ce que je pouvais faire, puis je me suis rendu compte que j’allais me mettre dans un sacré pétrin et j’ai laissé tomber. Quand le Coni m’a auditionné (), j’ai dit la vérité, parce que j’ai la conscience tranquille. Je n’ai rien fait d’autre ». Le CONI ne l’entend pas de cette oreille et lui inflige une suspension rétroactive d’un an.
Il n’a pas été retenu pour épauler Pello Bilbao, Sonny Colbrelli et Matej Mohoric sur ce Tour de France.
Flash Landa !
A ses débuts, Mikel Landa apparait comme vainqueur potentiel d’un Grand Tour. Il évolue régulièrement au-dessus des 400 Watts-Etalon de moyenne en passant devant les « radars » posés par Frédéric Portoleau et Antoine Vayer. Pendant le Tour d’Espagne 2015, il atteint 415 WE, nettement dans la « zone suspecte » dont le seuil est placé à 410 WE. Après plusieurs années où il évolue entre 400 et 410 WE, il revient en zone suspecte l’année dernière à l’occasion du Tour de France : 417 WE.
On aurait aimé voir Mark Padun à l’œuvre sur les routes française ce mois de juillet. Celui qui a écrasé, à la surprise générale, les deux étapes de haute-montagne du Critérium du Dauphiné et espérait bien participer au Tour. Il aurait pu exploser les watts mais il a été prié de rester à la maison. Une sorte de principe de précaution ?
MPCC ? C’est non !
Bahrain-Victorious n’adhère pas au MPCC et Gino Mäder est le seul coureur à s’être inscrit à titre individuel. Une exception qui confirme une règle.
Verdict
Nous attribuons à Bahrain-Victorious une note de 8,6/20, en bas de la zone orange.