Actualité du dopage

Indice de confiance de INEOS GRENADIERS : 9,9


14/07/2021 - cyclisme-dopage.com - @lllludo - #TeamWattTheFuck







How suspicious is INEOS ?

Vous vous souvenez du premier maillot du team SKY ? Celui de 2010 avec une ligne dorsale bleue censée représenter la frontière entre la défaite et la victoire, entre ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas ? Eh bien cette fine ligne bleue s’est transformée en une grosse baleine sur le dos de Froome et de Thomas à l’été 2018 pour disparaitre l’année suivante à l’arrivée d’INEOS.

Il faut dire que cette frontière du possible semblait très poreuse et mouvante au cours des premières années du Team Sky surtout quand on se souvient du dopage de Tiernan-Locke et d’Edmondson, du contrôle positif de Froome sur la Vuelta 2017, du passeport sanguin frelaté d’Henao, autant d’affaires étouffées. Les hackers russes de Fancy-bears avaient aussi permis que les autorisations frauduleuses de corticos à usages thérapeutiques de Froome et Wiggins ne restent pas enterrées au fond des classeurs de l’UCI de Brian Cookson.

Cette ligne semblait même carrément imaginaire au vu du pédigrée du Dr Leinders, l’ex-médecin du cabri Danois Michael Rasmussen, ou des stocks de testostérone du Dr Freeman, prétendument destinés à soigner les défaillances sexuelles du staff.

Et, lors du Tour 2013, en visionnant l’ascension record du Ventoux par un Froome, au rythme cardiaque plafonnant à 160bpm sous les à-coups de ses accélérations, on pouvait aussi considérer cette ligne bleue comme une allégorie de la frontière entre vélo et motocyclisme.

Habilement, au fil des ans, tous les suspects ou coupables mentionnés ci-dessus ont été évacués, un par un, plus ou moins rapidement. Exit Tiernan-Locke, Edmondson, Henao, Wiggins, Leinders, Freeman et enfin Froome. Exit aussi quelques autres suspectés d’avoir goûté au dopage dans leur vie d’avant comme Barry, Possoni, Julich, De Jongh ou Sean Yates. Probablement rien à voir mais Gerry Blem, le mécanicien attitré de Froome n’est plus présent dans l’effectif actuel. Tel un mécano chef en F1, il a suivi son pilote dans sa nouvelle écurie.

Et puis en 2019, INEOS est arrivé avec un nouveau maillot, une nouvelle identité visuelle débarrassée du bullshitting linéaire. L’équipe cycliste est désormais une caution bien-être du groupe qu’on affiche dans les pubs TV juste après les gels hydroalcooliques pharmaceutique qui ont contribué à sauver la planète face à la pandémie.

Mais l’âme de cette équipe a-t-elle vraiment changée ?

Si on regarde la liste des coureurs et la composition du staff d’un distrait ou candide la réponse peut être positive.

Certes Bernal, Carapaz, Geogeghan Hart, Yates (Adam, le jumeau de l’asthmatique) ont produit des performances extraordinaires, incroyables mais ils incarnent une forme de renouveau, la dernière génération de gars cleans qui battent des records d’ascension de cols datant de l’époque Armstrong. Des records douteux. Ces records que Porte et Thomas déjà présents il y a 10 ans, ont martyrisé pendant des années alors qu’ils escortaient le plus grand grimpeur Kenyan de tous les temps dans les cols du Tour et qu’ils continuent de taquiner cette année comme pour assurer le lien avec les années SKY.

Même topo du côté du staff où quelques nouvelles têtes ont débarqué cette année comme Matteo Tosatto, un des hommes de base Bjarne Riis. D’autres visages moins nouveaux sont également apparus : Christian Knees, le Tony Martin du pauvre membre de la garde noire depuis 2010, a rejoint 5 autres ex-coureurs de la SKY au poste de directeur sportif.

Parmi ces cinq ex, deux d’entre eux ont quand même connu des démêlées avec l’anti-dopage. Il s’agit de Dario Cioni, 4e du Giro 2004 à la Fassa Bartolo, et exclu de l’équipe d’Italie cette même année pour un taux d’hématocrite supérieur à 50% et Servais Knaven, ancien lauréat de Paris-Roubaix 2001, intercepté par les gendarmes avec toute la pharmacie de son équipe TVM pendant le Tour de France 1998. Je trouve étonnant qu’ils aient survécu à l’épuration interne orchestrée par Brailsford et tant mieux pour eux car Dario et Servais sont désormais adjoints au Directeur Sportif en Chef, Oliver Cookson, fils de Brian.

Parmi les autres cadres respectables restés en place on retrouve des figures emblématiques le génie de la préparation physique Rod Ellingworth, de retour au bercail après un passage raté chez Bahreïn où il aura échoué à ressusciter Mark Cavendish, le grand coach de natation, Tim Kerrison ou encore le pionnier de la préparation mentale, le Dr Steve Peters, chef du secteur médical depuis la création de l’équipe et coupable d’avoir validé les recrutements de Leinders et Freeman.

Que des gens sérieux, bien sûr au-dessus de tout soupçon pour le journaliste lambda, qui entérinent l’amélioration de l’image de marque du Team Ineos.

En 2021 le staff d’INEOS compte même un membre du MPCC « à titre individuel ». Ne nous emballons pas il ne s’agit pas d’un médecin mais d’un statisticien dont nous tairons le nom pour ne pas lui attirer des ennuis au cas où ...

Même si une hirondelle ne fait pas le printemps on pourrait se réjouir d’un signe aussi positif.

Eh bien non impossible de se réjouir. Impossible car le boss, la tête pensante, la cheville ouvrière demeure indéboulonnable et inamovible. David Brailsford est le General Manager de l’ensemble depuis les débuts en 2010 et même avant puis qu’il a repris le flambeau de DTN Britannique en 2002. C’est ce bon Dave qui a créé cette machine de guerre qu’il imaginait plus proche de l’US Postal que de Linda Mc Cartney, la dernière grande équipe pro britannique. Pour cela il a engagé tous ces gens, qu’il a dû virer pour des problèmes d’éthique au fil des ans, qui ont contribué à tous ces succès souvent issus de performances délirantes, lesquelles ont continué à rythmer l’année 2021, que ce soit au Giro, en Catalogne au Dauphiné ou en Suisse Romande ou non.

Son anoblissement par la Reine lui conféra probablement un joker, lui qui fut convoqué en 2018 devant une commission parlementaire pour sa gestion calamiteuse ou malhonnête du secteur médical du team Sky. Brailsford survit à tout car il est en téflon.

Seulement la seule présence de Brailsford, son arrogance, son éthique douteuse, ou devrait-on dire son absence d’éthique, son passé trouble, ses stratégies d’attrition, font du team Ineos Grenadiers l’équipe qu’on aime haïr. À tel point que sur les réseaux sociaux cette équipe est surnommée « l’Empire » en référence à Star Wars. Sacrée référence mais les troupes de l’Empire, le vrai, enfin celui du cinéma, sont également vêtues de noir. Les officiers de l’Etoile Noire, pas le bus de l’équipe mais le vaisseau spatial, s’exprimant aussi avec un accent british l’analogie est totale.

Alors Brailsford, pour vous, c’est plutôt Vador ou Palpatine ? Je vous laisse y réfléchir en revisionnant Carapaz en train de poser une mine pour contrer Pogacar dans le Col du Portet au son de la Marche Impériale de John Williams.

Finalement cet après-midi Carapaz s’est fait griller la politesse par Pogacar et Vingegaard. Mais après 10 ans de ce régime autoritaire, force est de constater que les leaders de la rébellion, des Slovènes qui préparent le Tour cachés dans leurs montagnes et un de leur gregario, un jeune danois pâlichon, portent également des uniformes à dominante noire.

Ineos-Grenadiers express

Trois coureurs ont dépassé les 410 Watts-Etalon de moyenne sur les radars positionnés sur les routes des trois Grands Tours par Antoine Vayer et Frédéric Portoleau : Richie Porte (Tour 2016, Tour 2020), Geraint Thomas (Tour 2018) et Adam Yates (Tour 2016). Ils sont dans la zone « suspecte ». Aucun dirigeant n’a allumé les radars.

Verdict

L’ensemble vaut à INEOS GRENADIERS un ICCD de 9,9 en-dessous de la moyenne et en bas de classement.


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Cette page a été mise en ligne le 14/07/2021