Dossier dopage

La CEDH offre une victoire majeure à la lutte antidopage


18/01/2018 - lemonde.fr - Clément Guillou

L'Agence mondiale antidopage (AMA) peut souffler : le dispositif de localisation des sportifs, pan essentiel de la stratégie de dissuasion des tricheurs, a été validé ce jeudi par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH).

L'instance de Strasbourg était amenée à se prononcer sur ce principe en réponse à deux requêtes émanant de sportifs français, des syndicats de sports collectifs, d'une part, et la cycliste Jeannie Longo, d'autre part. Tous estimaient que l'obligation de donner aux acteurs de la lutte contre le dopage leur emploi du temps et un créneau d'une heure par jour pour être contrôlé par surprise constituait une atteinte intolérable à la vie privée, en violation de l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme.

(...)La requête visait l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), mais toute décision aurait pu avoir des conséquences internationales.

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Dans son jugement, la Cour reconnaît l'impact sur la vie privée mais considère « que les motifs d'intérêt général qui les rendent nécessaires sont d'une particulière importance et justifient les restrictions apportées aux droits accordés par l'article 8 de la Convention », avant d'ajouter :

« Elle [la CEDH] estime que la réduction ou la suppression de ces obligations conduirait à accroître les dangers du dopage pour la santé des sportifs et celle de toute la communauté sportive et irait à l'encontre de la communauté de vue européenne et internationale sur la nécessité d'opérer des contrôles inopinés pour conduire la lutte antidopage. »

Les juges (...) soulignent en particulier deux rôles essentiels de la lutte antidopage : la protection de la santé, notamment des jeunes sportifs amateurs, et la « protection des droits et libertés d'autrui », estimant que la lutte antidopage autorise une compétition plus loyale.

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Le consensus des autorités médicales, gouvernementales et internationales sur le danger du dopage et les moyens de lutter contre est aussi mis au crédit de la lutte antidopage.

L'AMA suivait de très près le destin de ces requêtes devant la CEDH. L'instance régulatrice de la lutte antidopage n'avait pas ménagé ses efforts de lobbying pour échapper à une décision qui remettrait en cause, selon elle, l'efficacité de la lutte antidopage.

(...)

« Après toutes les manoeuvres politiques de ces six dernières années, je ne suis absolument pas surpris, a réagi Jean-François Reymond, directeur du syndicat des joueurs de rugby français Provale et à l'origine de la fronde alors qu'il dirigeait celui des basketteurs. Je ne peux que féliciter l'AMA pour son travail de lobbying auprès de la CEDH. »


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Cette page a été mise en ligne le 18/01/2018