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Actualité du dopage |
Je ressens pour Guillaume Martin un grand respect et de la tendresse. Il a largement battu mon temps de référence au sommet de « mon » Mont des Avaloirs, point culminant de l’Ouest, perché à 417m, à Pré-en-Pail, en Mayenne lorsqu’il s’est imposé au circuit de la Sarthe, entre autres victoires, sous les bravos du speaker Mangeas. C’est là que j’ai passé toute mon enfance et adolescence en usant mes cuissards. Daniel, « la voix du Tour » m’avait très tôt parlé, en bien, de ce jeune voisin ornais voisin, comme étant un grimpeur « phénomène ». Pierre-Henri Lecuisinier, qui avait été aidé par Guillaume pour s’imposer au championnat du monde junior 2011, après son titre européen, m’en a ensuite reparlé. En bien aussi. Passé par l’équipe « Sojasun espoir » avec Stéphane Heulot, vainqueur de Liège-Bastogne-Liège U23, il avait signé chez « Wanty », une équipe Belge professionnelle de deuxième division. Guillaume a fait ses études au lycée notre Dame de Flers où j’avais créé le premier Centre Permanent d’Entrainement et de Formation de Haut-Niveau (CPEFHN) avec 60 cyclistes, le premier sport-études de ce type. Bruno Lepape, mon remplaçant en place, son premier entraineur, m’en a dit aussi du bien. Encore un. C’était louche.
Genèse
J’ai donc contacté Guillaume, en tant que journaliste. De manière affable, il avait accepté une longue interview fin mai 2017 afin de faire un cinq pages dans le magazine LE CYCLE pour lequel je travaille depuis 22 ans. Titre : « Les 20 points à bien maitriser pour devenir un grimpeur ». Nous avions fait un peu de hors sujet. Le bas-normand n’était pas encore (re)connu.
Il m’a parlé de sa passion et de ses études en philosophie. J’étais chroniqueur au journal Le Monde pour le Tour de France depuis des années. Il m’a dit qu’il avait autant de plaisir à pédaler qu’à écrire. Je lui ai demandé de rédiger une chronique. Elle était parfaite. Je l’ai transmise au journal. Ce dernier, un temps surpris, a accepté de le prendre comme chroniqueur pendant ce Tour 2017 et les deux suivants.
Intrigué par cet homme atypique et simple, je m’en suis ouvert au journaliste Pierre Carrey qui travaillait au journal Libération (Pierre a contribué à un de nos articles sur ce Tour 2021). Il m’en a aussi dit grand bien. Décidément ! Dès le début du Tour 2017, Pierre a alors aussi « lancé » la carrière médiatique du deuxième du classement général de ce Tour 2021 après 14 étapes, par un fameux article : « Guillaume Martin le Nietzsche du guidon ».
https://www.liberation.fr/sports/2017/06/26/guillaume-martin-le-nietzsche-dans-le-guidon_1579667/
Guillaume, grâce à son comportement sportif, a réussi sur le vélo à ne pas être « catalogué » seulement « philosophe ». J’ai appris à le connaitre un peu mieux au fur et à mesure du temps, comme certains autres coureurs du peloton. Je l’ai suivi « de près ». Il est venu à la soirée DirectVélo à Paris qui est le site référence des courses amateurs, créé par Pierre Carrey. Guillaume n’oublie pas le vélo de base et lui rend ce qu’il lui a donné. Avec toujours cette gentillesse et cette simplicité qui sont ses deux caractéristiques majeures, il a accepté de parrainer un autre sport-études que j’ai créé à Laval en Mayenne, où ce Tour a fait étape, au collège Emmanuel de Martonne.
Guillaume Martin est fidèle, en tout. Il l’est resté auprès de son entraineur professionnel depuis ses débuts, Samuel Bellenoue, qui est devenu le chercheur référent de l’entrainement en altitude où Guillaume fait de longs séjours avec lui pour préparer ses échéances. J’ai posé à Guillaume plusieurs fois la question de confiance quant au dopage. Ses réponses ont été limpides et surtout pas celles si classiques de certains, comme par exemple de Pogacar qui nous explique qu’il subit plein de contrôles négatifs.
Lance Armstrong m’a dit ceci : « Pour savoir si un coureur triche, j’écoute ses réponses. Si elles sont les mêmes que les miennes, je sais où il en est »
J’ai écrit une chronique sur ce couple entraineur-entrainé l’an passé, après ses performances au Tour 2020. « Payé selon ses besoins ou bien au mérite ? GUILLAUME MARTIN Maillot jaune ? »
Athlète étalon fiable
Chacune des performances et coups de fatigue de Guillaume Martin, nous les analysons depuis des années. Son profil de puissance est cohérent. J’ai confiance en Guillaume quant au fait qu’il est, avec quelques autres, un athlète étalon fiable en plus d’être une belle personne.
Le titre de ma chronique 2020 vaut plus que jamais en 2021.
Après son premier livre « Socrate à vélo », Guillaume en sort un second en fin de saison. Il est question je crois du vélo comme métaphore de la vie.
La vie est dure. Personne ne va lui faire de cadeau demain sur notre 4ème radar dans les cols vers la principauté d’Andorre, la raide montée de Beixalis, 6.6 kilomètres à 8,4% .
Cela ne va, las, pas dépendre que de lui. Lui, on le connait. On peut prédire ses temps d’ascensions à quelques secondes près s’il n’est pas trop fatigué. Il l’est sans doute, comme tout le peloton, à part Pogacar qui récupèrerait « trois mieux que les autres et deux fois plus vite » selon son coach espagnol La journée vers Quillan a dû l’entamer un peu. Il pourrait monter dans l’absolu notre quatrième radar du Tour avec presque 440 watts Etalon, aux alentours de 19 minutes à environ 6,5 watt/kg (si 55 kg) et à 21 km/h. On sait juste que Pogacar peut faire mieux.
Guillaume ne prendra pas le maillot jaune, sauf si le jeune Slovène qui défaille ou qui déraille.
Disons que c’est impossible, dans l’absolu. Disons qu’on va voir. Disons qu’on va calculer. Disons que « L’enfer c’est les autres ». Guillaume a certainement lu cette phrase extraite de la pièce de théâtre, Huis clos de Jean-Paul Sartre. Guillaume a écrit une pièce de théâtre qui a été jouée : « Platon vs Platoche ». La phrase du philosophe Sartre a eu un grand retentissement. Elle a largement dépassé le cadre de la philosophie pour passer dans le langage courant et la culture populaire, comme celle du cyclisme.
Cette page a été mise en ligne le 11/07/2021