Actualité du dopage

L'Indice de Confiance ICCD plus parlant que les contrôles antidopage #1

05/07/2025 - cyclisme-dopage.com - S. Huby - #TeamWatttheFuck

Propos liminaire - C'est devenu une tradition, la chronique n°1 #LeTourdAntoine porte sur l'ICCD (Indice de Confiance de Cyclisme-Dopage.com) révélateur de l'état sanitaire et éthique des équipes. On me demande souvent « qui est propre ? ». L'ICCD répond à cette question. Dis-moi dans quelle équipe tu es, avec qui dans ton encadrement, je te dirai qui tu es. Il existe bien sûr dans les structures quelques exceptions pour confirmer la règle. Ce serait aux instances officielles, à l'UCI par exemple qui peut établir peu ou prou le même classement d'honnêteté de nous dire « le peloton et Pogacar sont cleans ». Elles ne le font pas. Pourtant, elles savent parfaitement qui triche et fausse tous les résultats, dans quelles proportions, empêchant les meilleurs coureurs avec un vrai talent de briller réellement. Si vous prenez le temps de décortiquer l'ICCD, ses membres et son mode de calcul, vous comprendrez. Vous saurez qui applaudir sans retenue. Antoine Vayer

Samedi dernier, une enquête de Géraldine Hallot de la cellule investigation de Radio France, remettait sur le devant de la scène le passé trouble de Mauro Gianetti et montrait la façon dont il a méthodiquement organisé l'amnésie collective autour de son dopage au PFC qui a failli lui coûter la vie en 1998. Malgré cet épisode dramatique, malgré la kyrielle d'affaires de dopage qui ont émaillé sa carrière de manager, il est aujourd'hui à la tête de l'équipe la plus puissante du monde et dirige le coureur le plus fort du monde, celui-là même qui devrait logiquement remporter le Tour de France 2025, le Slovène Tadej Pogacar.

Pour la cinquième année consécutive, nous avons établi un « Indice de Confiance », l'ICCD, pour tenter d'évaluer le degré de confiance qu'on peut accorder aux prestations des coureurs d'une équipe. La méthode consiste à scruter la composition de ces formations et en particulier la liste des membres de l'encadrement (patrons, directeurs sportifs, médecins, masseurs, assistants sportifs,etc.). Force est de constater qu'ils sont nombreux parmi ceux qui entourent les coureurs à avoir été impliqués dans des affaires de dopage. Mauro Gianetti n'est pas un cas isolé même s'il illustre jusqu'à la caricature le vice qui gangrène le sport cycliste. S'être dopé semble même faire partie des critères de recrutement dans certaines équipes. Chez Bahrain-Victorious, par exemple, pas moins de sept directeurs sportifs sur neuf ont été impliqués dans des affaires de dopage. Qui peut croire sérieusement que l'éthique sportive puisse être au centre des préoccupations dans une telle formation ?

Cliquez ici pour consulter l'ICCD 2025

Classement ICCD (Indice de Confiance de Cyclisme-Dopage.com) 2025
Source : cyclisme-dopage.com - 04/07/2025

Astana - UAE - Movistar, le podium de la défiance

Chez UAE Team Emirates - XRG que dirige Mauro Gianetti, notre analyse est sans appel. Il s'agit d'une des pires équipes possibles. Elle compte en son sein un coureur et cinq dirigeants épinglés dans notre annuaire du dopage, son histoire est une litanie d'affaires de dopage (32 en 27 ans), trois coureurs ont été flashés par les radars que Frédéric Portoleau et Antoine Vayer posent sur chaque Tour de France. Au moins, la formation émiratie n'a-t-elle pas l'outrecuidance d'adhérer au MPCC. Ce sombre tableau place UAE à l'avant-dernière place de toutes les équipes de notre classement. On comprendra que les exploits à venir de Tadej Pogacar sur les routes du Tour ne nous feront pas vibrer.

Pétro-dollars et pétro-euros chez UAE et Astana
Source : Espé - 05/07/2025

Pire qu'UAE, c'est possible ? Oui. Les Astana d'Alexandre Vinokourov (qui font un début d'année sensationnel) décrochent notre bonnet d'âne. Ils le portaient déjà l'an passé mais ils ont fait encore plus fort cette année. La composition de leur équipe médicale fait peur ! Elle sera aux petits soins pour que les coureurs alignés sur le Tour marquent suffisamment de points UCI pour sécuriser le maintien en WorldTour.

Pour compléter le podium des pires équipes, on trouve cette année encore la Movistar. Vous savez, la formation de Nairo Quintana dont le médecin a été condamné en avril dernier à six mois de prison avec sursis et 5000 euros d'amende pour avoir possédé des substances interdites et les avoir administrées au Colombien et à son frère lors du Tour de France 2020, qu'ils couraient sous les couleurs d'Arkea-Samsic. L'incident semble être passé inaperçu du côté de l'UCI qui, à notre connaissance, n'a pas ouvert de procédure disciplinaire. Pour nous, ce n'est pas rien et cela contribue largement à dégrader la note que nous attribuons à la Movistar. Soulagement tout de même, Quintana n'est pas sur la ligne de départ à Lille.

Visma - Lease a Bike, au pied du podium des pires équipes

Comme l'année dernière, les abeilles néerlandaises de Visma - Lease a Bike restent au pied du podium des pires équipes. Cela n'en fait pas pour autant une formation vertueuse pour autant, loin s'en faut. Chacun se souvient des origines calamiteuses sous le nom de Rabobank, banque qui vient d'ailleurs de retrouver sa place sur le maillot Visma pour ce Tour. Contrairement au discours officiel, tout le ménage n'a pas été fait depuis l'époque Rabobank. Encore aujourd'hui, 19 membres de l'encadrement sont issus de la grande époque du maillot orange et bleu fièrement porté par Michael Rasmussen. Ils seront aux petits soins pour Jonas Vingegaard, le dauphin probable de Pogacar.

Groupama-FDJ, mal née, sur la voie de la sagesse ?

On serait en tête du classement ICCD ?
Source : Espé - 05/07/2025

La Groupama-FDJ retrouve la première place de notre podium des équipes les plus dignes de confiance. Cela ne coulait pas de source car la formation de Marc Madiot revient de loin. C'est avec un maillot La Française des Jeux que le susnommé Mauro Gianetti fit son terrible malaise en 1998 ! On imagine que Madiot était dans ses petits souliers à cette époque et on comprend qu'il préfère botter en touche quand France Inter cherche à l'interroger sur cet épisode. On imagine aussi son soulagement quand le boulet de l'affaire Festina siffla à son oreille sans lui l'arracher. C'était encore en 1998. Me Thibault de Montbrial, l'avocat de Willy Voet et Bruno Roussel, stupéfait qu'il ait échappé aux poursuites, le qualifia de « miraculé de la procédure ».

Bon gré mal gré, Madiot s'est depuis fait le porte-voix des patrons d'équipes qui tente de contenir la gangrène du dopage. Et il nous faut constater qu'il semble joindre le geste à la parole (qu'il a souvent tonitruante). Son équipe est vierge de coureurs ou dirigeants flashés par les radars, vierge de coureurs épinglés dans l'annuaire du dopage et est fortement engagée au MPCC, tant collectivement qu'à titre individuel. Il n'y a finalement que deux dirigeants épinglés dans notre annuaire : Marc Madiot lui-même, bien sûr, et le discret directeur sportif Jussi Veikkanen, en poste depuis 2016 après avoir couru presque toute sa carrière sous le maillot de l'équipe française (2005-2010 puis 2012-2015). Deux c'est encore trop, mais c'est mieux que sept.

Cofidis et Picnic PostNL, bien classées

Presqu'aussi bien classée que la Groupama-FDJ, on trouve les rouges de la Cofidis. Les deux équipes ont finalement un parcours assez similaire : un début d'histoire calamiteux (la Cofidis avait même brièvement embauché Lance Armstrong) et puis, petit à petit, des effectifs de dirigeants de plus en plus éloignés du dopage, ce qui permet de limiter les risques.

Le podium est complété par Picnic PostNL dont l'histoire est plus récente mais dont le discours antidopage est bien affirmé. Evidemment, les discours ne suffisent pas. Leur sincérité se mesure aussi à l'aune de notre analyse de l'ICCD. De fait, nous n'avons épinglé « que » deux dirigeants Picnic PostNL dans notre annuaire du dopage. Deux de trop, là aussi. Mais tout de même. Un coureur flashé pénalise la note de la formation néerlandaise : le Français et bientôt retraité Romain Bardet. Il a évolué toute sa carrière en dessous des 410 Watts-Etalon de moyenne mais a crevé ce plafond à l'occasion du Tour 2016 qu'il termine en deuxième position.

L'inversion des classements, un signe inquiétant

Être bien placée dans notre classement, ne signifie pas être bien placée au classement UCI, bien au contraire. Picnic PostNL et Cofidis sont actuellement respectivement 18ème et 19ème du classement établi sur la période 2023-2024-2025. L'une des deux sera très probablement éjectée du World Tour en fin d'année. Groupama-FDJ s'en sort mieux (10ème) mais elle est sur une mauvaise pente : 15ème seulement à ce jour en 2025. Sur ce Tour de France qui s'élance, ces trois formations ne viseront que les miettes qu'auront bien voulu leur laisser les cadors.

A l'inverse de ces formations « vertueuses », UAE caracole en tête tandis qu'Astana fait feu de tout bois en 2025 et va réussir à se maintenir en World Tour.

L'inversion des classements UCI et ICCD n'est-elle pas la démonstration que quelque chose ne tourne pas rond dans le monde du vélo ?

Cliquez ici pour consulter l'ICCD 2025


Cette page a été mise en ligne le 05/07/2025