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Actualité du dopage |
Peut-on s'habituer au grotesque ?
Oui : en devenant vulgaire.
C'est ce que fait tout le milieu mafieux bien aidé par les médias mainstream plus coulants qu'un camembert laissé sur le capot d'une voiture du Tour toute la journée par 36°.
Car enfin, hier, Pogacar si prévisible, le leader de la plus grande escroquerie qu'a connu le vélo, a terminé après un solo de 12 kilomètres à seulement quelques secondes de l'incroyable record de Bjarne Riis (Monsieur 60%) dans Hautacam qui datait de 1996. Il a remporté sa 3ème victoire d'étape sur 12 disputées, après avoir fait également deux fois 2ème. Son coéquipier chez UAE, Joao Almeida aurait terminé second s'il n'avait abandonné sur chute. Alors Tadej a géré.
Sur mon compte X (anciennement Twitter) @Festinaboy qui explose chaque jour, prolongement de #LeTourdAntoine, on vous a fait vivre en live la comparaison des temps tout au long de la montée Riis vs Pogacar. Non seulement Pogacar a géré sa surpuissance mutante mais il l'a développée. On a voulu voir dans le contre-la-montre d'aujourd'hui, sur le col de Peyragudes, s'il saurait se calmer. Avec Fred Portoleau, on a séquencé la pente en deux parties.
Pogacar nous a stupéfait. Il a développé 525 Watts Etalon sur la première partie (3,68 km à 8,26%) et 485 Watts Etalon sur la deuxième partie (3,27 km à 8,53%) pour une moyenne de 505 Watts Etalon sur la totalité de l'ascension. C'est sa 4ème victoire sur 13 possibles ! Le 2ème au général, Jonas Vingegaard, est à 4 minutes, le 5ème à 8 minutes, le 10ème à 14 minutes le 15ème à 25 minutes, le 20ème à 36 minutes et le dernier 171ème à 3 heures.
Une nouvelle catégorie ALIEN
Pogacar bat son propre record de la montée de Peyragudes (19'50sec) réalisée avec Vingegaard en 2022, depuis le point d'altitude 999m. Il a grimpé les 6,95 km à 8,47% en 17'32 sec avec 505 watts étalon (7,2 w/kg) à 23,78 km/h, 2'18sec de moins. 60 Watts Etalon de plus ! On est sidéré. Le record du monde de puissance de toute l'histoire du vélo pour un bloc de 20 à 25min est explosé !
Il va maintenant faire comme Armstrong, tant il a creusé un écart abyssal sur les 170 rescapés : il ne va pas gagner 4 ou 5 autres étapes supplémentaires comme il le pourrait. Il va distribuer des bons points ici et là, laisser partir des échappées et contrôler les rares qui l'embêtent autant que lui nous ennuie ? On n'en est pas sûr. Il se sent trop surpuissant !
La moyenne générale de Pogacar est pour l'instant à 44,51 km/h depuis le départ après 13 étapes, soit 2 km/h au-dessus du record absolu de 42,03 km/h.
Alors pour sortir du grotesque et de la vulgarité, j'ai demandé à Catherine si elle ne voulait pas nous écrire une bafouille.
C'est la plus grande cycliste de tous les temps, selon moi. Pour moult raisons, ce n'est pas Jeannie Longo, ce ne sont pas les néerlandaises Leontien van Moorsel, Marianne Vos encore moins Demi Vollering. C'est Catherine Marsal.
J'étais dans la voiture de l'équipe de France avec le Directeur Technique National qui les coachait dans ce qui était l'ancêtre du Tour de France et qui durait 15 jours : la grande boucle féminine. Elle en a couru neuf, je crois. Le Tour n'a rien créé. J'entraînais des femmes qui étaient dans cette équipe de France. Pas Cathy qui a du terminer 4ème de cette étape de haute montagne dans les Pyrénées. Magnifique. Une personne épatante. Les oreillettes n'existaient pas. Aussi brillante sur le vélo qu'en dehors du vélo après l'étape.
Il m'a semblé intéressant de lui demander ce qu'elle pensait du Tour de France, où, comme beaucoup de monde, c'est plus la France et les gens qui l'intéressent que la course. Voyez plutôt ce qui suit.
Antoine Vayer
Par Cathy Marsal
Certains se demandent sans doute : « Et au fait la Marsal, que devient-elle ? »
Je vous répondrai : pas grand-chose ! Je vis une vie plus que paisible au Danemark dans un petit village de pêcheurs, d'où par temps clair, je peux voir la Suède de l'autre côté du pont d'Oersund. Employée communale je m'occupe du bon fonctionnement et des réparations à faire dans les crèches, maternelles et centres aérés du village. Le weekend, je cours à pied, je roule un peu, je me suis mise au kayak, je bricole dans mon jardin, je m'occupe de mes deux enfants.
« Je ne suis pas grand-chose »
Bref comme je vous l'ai dit, je ne deviens pas grand-chose.
Un petit rappel pour ceux qui m'ont vraiment zappée : j'ai gagné quelques courses de vélo dans mon plus jeune âge, 150 au total. Quatre fois championne du monde, 11 podiums sur les championnats du Monde, 4 participations aux JO, un record de l'heure en 1995 à 47,112 km/h. Alors, après avoir passé plus de 500.000 km sur un vélo depuis mes débuts dans le cyclisme, on pourrait penser que je suis encore « dans le milieu du vélo ». Non, je l'ai été mais en pointillé. Après avoir mis un terme à ma carrière en 2004, je suis devenue directrice sportive ici au Danemark pour l'équipe danoise UCI Team SATS, mais je ne suis pas arrivée à faire la transition de cycliste à Directeur Sportif.
« Oui mais non »
J'ai donc observé une longue pause de 10 ans hors du vélo avant de me relancer avec la fédération danoise de cyclisme pour développer le cyclisme féminin et construire une équipe nationale qui en 2015, était inexistante.
L'aventure a duré 5 ans. 5 belles années, cela a été un grand succès, mais malgré cela en 2019 on m'a montré la porte. Quelque part, quelque chose s'est cassé, fatiguée de me battre, une dépression récurrente d'où ma petite vie pépère dans mon village.
Mais mine de rien, c'est dans le vélo que j'ai grandi, et je le regarde encore. Dans le canapé c'est bien aussi le vélo. Est-ce qu'être coureur me manque ? Pas vraiment. Quand on me demande si j'aurais aimé être cycliste professionnelle aujourd'hui, je réponds « ouimais non ! »
« Sans œillères ni oreillettes »
Oui en voyant les structures et le matos qu'il y a maintenant. Ça donne envie. A notre époque, on a un peu plus galéré. J'ai l'impression de radoter comme une vieille. Mais c'est vrai, on galérait ! Non car je n'aurais jamais supporté les réseaux sociaux comme ils sont utilisés de nos jours par les athlètes. La pression mise sur les coureurs par leurs sponsors aussi, les oreillettes Les oreillettes ont changé le vélo, les tactiques sont stéréotypées, toutes les voitures de directeurs sportifs ont une antenne satellite sur le toit et suivent les étapes du Tour comme vous et moi de notre canapé. Ils ont toutes les infos en direct, voient tout, savent tout, avant même que les coureurs ne se rendent compte d'une situation de course. Il n'y a plus, ou si peu, de place à l'instinct. On attend les ordres. Quand tu regardes une étape comme Toulouse-Toulouse, on ne peut pas s'empêcher de penser « wow, j'aurais voulu voir cette étape sans les oreillettes ! ».
« Le cyclisme tue le cycliste ? »
Le cyclisme moderne tue le cyclisme. A force de vouloir aller à la chasse au gain marginal, les coureurs deviennent des machines. Des machines à performer vous me direz, sans doute car ils sont payés pour ça, mais à force, on en oublie les fondamentaux, la santé morale, le bien être. Regardez un Pogacar en comparaison d'un Vingegaard. Tadej, on “dirait” un cadet qui s'amuse. On peut facilement se rendre compte qu'il aime ce qu'il fait. Un Van der Poel, pareil. Des gosses dans une cour de récré. Par contre, je ne suis pas sûre que cela soit la même chose pour Jonas. On a l'impression qu'il porte un fardeau sur ses épaules. C'est lourd, très lourd. Et je ne serais pas surprise que cela soit son dernier Tour cette année. On le sent sur le point de rupture.
« Marche ou crève »
Et pardon mais les Visma, qu'est-ce qu'il courent mal. Ils se font sauter entre eux et Jonas se retrouve seul au pied d'Hautacam. Bravo ! Jonas n'est encore pas sur le podium à Paris, la semaine prochaine va être très longue. Et puis ce n'est pas moi qui le dis, c'est sa femme qui affirme que Visma presse Jonas comme un citron et que le compte à rebours de sa carrière a commencé à la naissance de leur premier enfant. C'est marche ou crève en fait. Enfin c'est comme ça que je le ressens vu de l'extérieur.
Pour rien au monde je n'échangerais ma place sur mon canapé pour redevenir coureur aujourd'hui.
« Le Tour de MA France »
Non, en fait ce qui me manque ce sont tous ces endroits dans lesquels on avait la chance de courir. Du Tour de Bretagne au Tour du Finistère, je connaissais la région par cœur. Du Tour de l'Aude à la Grande Boucle féminine, on a traversé la France de droite à gauche et de haut en bas. C'est ça qui me manque le plus. Depuis 20 ans que je suis au Danemark, ici tout se ressemble, platement. Alors quand en 2022 j'ai eu la possibilité de participer au Tour De France pour Akzonobel avec mon grand ami Thomas Davy, je n'ai pas hésité. Bon, manque de bol, le Tour en 2022 commençait de Copenhague ! Mais après trois étapes au Danemark, mon Tour de la France a commencé. Nous avions deux voitures « avant course », c'est-à-dire que nous nous trouvions avec nos invités sur le parcours de chaque étape entre la caravane publicitaire (qui part deux heures avant les coureurs) et le peloton, et là j'ai pris mon pied, j'en ai pris plein la vue. Le Tour de France c'était le Tour de MA France. J'ai tellement aimé que j'en ai refait un deuxième en 2023 avec un grand départ de Bilbao. Cela m'a aidé à gérer mon mal du pays.
Une bouffée de bleu blanc rouge !
Cette page a été mise en ligne le 18/07/2025