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Actualité du dopage |
Comme cinq autres coureurs sur ce Tour de France 2023, David Gaudu, de l'équipe on ne peut plus française, la team Groupama-FDJ, est pour l'instant placé dans la zone jaune suspecte (entre 410 et 430 Watts Etalon), ceci après 5 des 7 radars que nous allons comptabiliser, comme nous le faisons depuis 30 ans (voir tableau ci-après fin article, Les vainqueurs du Tour depuis 1994). Cela permet de définir finement à quel niveau de performance se situent les coureurs .
Pinot est dans la zone humaine (< 410 WE). Trois coureurs sont dans la zone que nous qualifions de miraculeuse (entre 430 et 450 WE), zone qu'on avait presque oubliée depuis 2009 et Contadormirdebout. Pour se faire un avis tout à fait complet sur notre méthode qui a fait ses preuves, y compris scientifiquement et pour le moins mathématiquement et physiquement, il reste le long col de la Loze en altitude, ce mercredi, où David devrait se situer sous les 400 Watts Etalon de moyenne, loin derrière les deux « magnifiques ». Il reste aussi, vendredi, le col de Platzerwasel qui durera une vingtaine de minutes. Avec cette méthode et ces interprétations, nous faisons de la prévention. Même Jonas Vingegaard, qui avec Pogacar, est dans la zone mutante (> 450 WE), zone qu'on avait totalement refoulée depuis le Tour 1998 de Pantani, pense que mes chroniques sont ipso-facto d'utilité publique et en convient. Je le cite : "Oui je comprends tout à fait les questionnements à ce sujet à cause du passé de notre sport. C'est même bien d'être sceptique car sinon cela se reproduira" (lire ici). Merci Jonas de ne pas faire partie de la frange (qui se réduit néanmoins) des fausses sceptiques. Ceci étant dit, certains ignorent encore en quoi consistent ces Watts Etalon du « Monsieur Watts », comme un péjoratif qui m'est affublé depuis 1998, ce Vayer (nom d'oiseau).
Dès 2013, nous avions publié La Preuve par 21 (NotNormal en version anglaise, Nicht Normal en version allemande). C'est en téléchargement gratuit ici. Nous avions fait cela pour ne plus être interrogé sans cesse et que chacun puisse s'y reporter. Nous avons aussi publié des articles sur chronoswatts.com. Cela a été un best-seller. Mais tout le monde ne l'a pas lu. Les gens bien intentionnés, comme Laurent Fignon, avaient alors dit que le dopage nous enrichissait, un comble ! Nous sommes bénévoles (rappel). Sur le million d'impressions organiques de mon compte Twitter (@festinaboy) et relais de mes chroniques pour la seule journée d'hier (succès aussi), malgré des dizaines de milliers de lecteurs des chroniques #LeTourdAntoine, (beaucoup plus que quand elles étaient publiées dans Le Monde), certains continuent de poser les mêmes questions basiques. Je ne vous parle même pas des jeunes fans de football, pas forcément belges et fans de Remco Evenepoel à Liège - les pires - qui se sont mis à venir boire de la bière dans les cols et qui disent « Gnagnagna, ce Vayer, il a travaillé pour Festina, alors ». Il leur a été partiellement répondu dans cet article du Télégramme en début de Tour. Je les bloque à la moindre insulte. Ils préfèrent rester ignorants. Lisent-ils ?
Les répétitions font les régulations
Cette chronique #11 est donc à nouveau à visée pédagogique, pour la énième fois, comme autant de “Tours du renouveau“ depuis 1999, sa dénomination officielle d'alors. C'est le professeur d'EPS que je suis aussi qui parle. Cette chronique se veut didactique. Les répétitions font les régulations. Je vais tenter d'expliquer notre tableau bilan des radars publié ci-dessus et tenter de donner des explications autre que le « alors il est dopé ou pas, lui selon toi, Vayer ? ». Je ne parle jamais de dopage. Les gens ne lisent plus que les titres et ne regardent plus que des vidéos sur Instagram à condition qu'elles ne durent que moins de 20 secondes. Ensuite ils interprètent et extrapolent. Ils veulent des « oui, ou non ?», un « de droite, ou de gauche ? », du « bon, pas bon », ou du « 1 ou 0 » en langage informatique. Désolé, ici, il faut lire un peu, ce sera moins basique. La pédagogie c'est « faire sortir de » le savoir qui est en vous, en vous posant les bonnes questions. C'est la maïeutique de Socrate et Platon qui s'accompagnent sur le trottoir, sur le cheminement du savoir, d'où le mot péripatéticien, comme certains journalistes qui vivent de leurs tours de passe-passe. C'est à vous de répondre à « dopé, pas dopé », « tricheur ou pas tricheur », de vous faire un avis. On vous donne juste de sérieux indices tout comme l'Indice de Confiance de Cyclisme-Dopage.com (ICCD, à lire ici). Les moyennes de watts Etalon, dans certaines conditions, c'est un combo : une méthode suscitant la mise en forme de vos pensées confuses, par le dialogue, par un fichier Excel et par de l'implicite ! Je sais, c'est un peu dur, mais le cerveau a aussi des watts et des neurones pour être critique. Ne croyez pas qu'on va faire de vous des spectateurs et des électeurs stupides ! Nous avons même intégré un code couleur pour les “mal-comprenants”. Les diables (rouges) sont cachés dans les couleurs.
Notre méthode de calcul de watts est reprise par beaucoup de gens sur tous les continents. Les résultats sont peu ou prou semblables, même si ces gens n'osent pas les interpréter.
Les tricheurs ont beaucoup d'avance
D'abord rappelons-le, ce n'est pas parce que Pinot est dans la zone dite humaine, qu'il ne triche pas. D'ailleurs, souvent présent dans les échappées, il dépense de l'énergie avant le dernier col. Voyez ces équipiers, certains sont sprinters, qui montent « au train » les trois cols précédant le dernier à 405, 395, 409 Watts Etalon comme samedi en annihilant toute velléité et en ne laissant qu'une vingtaine coureurs rincés, exsangues, dans les roues au pied de la dernière ascension de Joux-Plane. Si je faisais moi-même les contrôles en les ciblant, pas sûr qu'ils passent tous. Voyez ce dimanche, Thibaut Pinot ou Guillaume Martin, des purs grimpeurs, qui refusent carrément l'usage pourtant facile des corticoïdes (je t'ai déjà dit que tu étais con, Thibaut, de refuser de te soigner), échappés grâce à des chutes collectives qui freinent et retardent la mise ne route du train, sont cette année carrément largués dans le final par certains de leurs compagnons d'échappée, “métamorphosés” parait-il, mais dans le vert eux dans notre classement, là où d'ordinaire Pinot auraient pu ou dû gagner. Il est dépassé. Le dopage est décomplexé, ponctuellement ou dans le temps en 2023, c'est un fait, pour ceux qui veulent « jouer » comme le disent les coureurs. Rappel : ils volent les titres, en mentant, parce qu'ils sont sûrs que c'est indétectable en l'état, que les contrôles actuels ne fonctionnent pas pour leurs produits ou méthodes de tricherie. Ce n'est pas une nouveauté, « la longueur d'avance des tricheurs » (plusieurs kilomètres cette année). Ils sont bien aidés par les institutions et la presse qui les couvrent de facto en les encensant. Dans Joux Plane, Pogacar et Vingegaard ont pu tenir le rythme maximal de celui qu'on croyait être « le dernier des mutants », Marco Pantani, le pirate rouge, pendant dix minutes. Un rythme qu'il maintenait sur toute la montée de l'Alpe d'Huez en 1995, à 466 Watts Etalon en 36'55sec. Sur Joux Plane, Pantani n'avait accéléré que sur le haut. Sans la séance de sur-place de cette année, son record explosait. Nous avons enlevé ce temps de surplace dans nos calculs pour les deux nouveaux mutants. Ils seraient maintenant encore capables de faire mieux que l'Italien qui s'est suicidé lamentablement et chez qui le Tour ira rendre un hommage vibrant en 2024 à Cesenatico. Rendez-vous compte ! On va aussi devoir dresser des statues à ce duo ! En haut du col de Joux-Plane, tiens ! C'est une idée.
Plus fort qu'avant : NOTNORMAL
On pourrait donc avoir le Tour le plus puissant depuis 2009 (celui de l'ascension de Verbier avec Contador et Armstrong dans la même équipe) et depuis les années EPO 94-99. Nos deux mutants sont plus forts que tout ce qu'on a vu pendant toute la période Armstrong. Lance n'avait pas d'adversaire à son niveau. Une fois l'écart creusé au général, la plupart du temps, il gérait son avance. Son record date de 2001 avec 437 watts étalon. Mais cette année, imaginez qu'Armstrong a face à lui un autre Armstrong : ils se tapent dessus et, comme des Marvel, ne se font même pas mal. Ils poussent à 100% les lois mécaniques et physiques pour qu'un vélo avance avec un bonhomme dessus, sans tomber. Ils sont seulement freinés par l'air et, pour ne pas être déportés, par les forces centrifuges dans les courbe. C'est de la moto GP. Ils sont au maximum tout le temps, tous les deux, sans fatigue, à fond, au sprint, assis sur la selle, comme Pantani. Ils sont respectivement à 450 et 446 Watts Etalon à notre bilan provisoire ! C'est mutant exactement comme Pantani en 1998 qui avait réussi 450 Watts Etalon !
Reprenons l'interview de Vingegaard, hier, et l'habituelle litanie. La même que déroulait Armstrong. Exactement, les mêmes mots. Je me rappelle lui avoir posé la question « allez-vous battre le record de Pantani dans l'Alpe d'huez ? » dans la traditionnelle conférence de presse d'avant-Tour à Luxembourg en 2002. Il m'avait fusillé du regard et utilisé les mêmes préceptes en guise de réponse avant qu'on me reprenne le micro. « C'est vrai que nous allons vite, plus vite même qu'eux [les anciens dopés] » a admis Vingegaard. « Le matériel, la nutrition, l'entraînement, tout a changé et cela explique que les performances s'améliorent. Mais c'est bien d'être sceptique ». Rappelons la statistique des coureurs concernés par les « affaires » (contrôles positifs, tricherie avérée, aveux, ) selon leur classification dans les zones mutante, miraculeuse et suspecte. Elles datent. Nous allons les mettre à jour. Ce qui n'a pas changé, c'est que 100% des coureurs de la zone, ou du club, mutant, se sont fait rattraper par la patrouille.
La limite de poids à 6,8 kg du vélo date de 2000
Tous les coureurs ont accès aux mêmes technologies. Pourtant seuls deux en profiteraient vraiment ? L'évolution du matériel depuis une dizaine d'années a une influence vraiment limitée, et je pèse mes mots, sur les montées de cols. C'est de la publicité mise en avant par les marques. Des « vélos qui vont vite », sans pédaler. Les coureurs peuvent aller un peu plus vite sur le plat, certes, quoique, et dans les descentes, mais arrivent avec la même fatigue sur le dernier col, même avec les stages préparatoires en altitude. La limite de 6,8 kg du poids du vélo date de 2000, il y a 23 ans ! Quelques progrès sur les pneus, certes, ont été fait, sur le choix de pression : ce sont des gains, à la marge, infimes !
Depuis le passeport biologique, on a des plateaux de forme pour des « phénomènes » de février à octobre, disparaissant en stage puis revenant très forts sans compétition de préparation. La valeur de nos watts Etalon de fin de Tour de France montre si la capacité à reproduire de fortes puissances plusieurs fois en trois semaines et à récupérer est logique. Las, elle n'est pas logique. Le parcours du Tour 2023 est dur, avec très peu d'étapes menées à rythme faible.
Pour revenir à David Gaudu, il subit totalement la course. Il n'a jamais attaqué. Tantôt lâché, repris par les cheveux et ses coéquipiers. Il pousse son organisme au maximum, au-delà de ses possibilités. Il se met souvent dans sa zone rouge et n'est qu'un suiveur qui s'accroche comme un chien breton à une galette saucisse. Tout comme Jean-Christophe Peraud en 2014, quand il a fini deuxième du Tour devant Pinot et derrière Nibali. Seulement voilà, les cadors d'alors (Contador, Froome, etc) avaient abandonné sur chutes. Seul Nibali tenait debout. Il s'est alors promené à 414 Watts Etalon (et 4 victoires d'étapes). Majka, actuel coéquipier de Pogacar, était déjà là, avec des watts infernaux dans les cols, au train, maillot de meilleur grimpeur sur le dos et deux victoires d'étapes dans la poche. Kuss, cette année, se paie le luxe d'être un autre coéquipier miraculeux à 435 Watts Etalon, 6ème du général, tout comme Landis l'était pour Armstrong. En 2014, Peraud a fini à 407 watts Etalon de moyenne et Pinot 406 Watts Etalon, avec quasiment les mêmes vélos dans les cols. Celui de Péraud, obsédé par le poids, devait même être plus léger, il ne mettait même pas de compteur. Le compteur n'est pas pris en compte par l'UCI dans le poids minimum du vélo. Gaudu est tiré vers le haut par les cheveux, suspect à 417 Watts Etalon, dans le draft, à l'arrachée.
Monsieur + 5-10 %
Comme en 2014 et comme tous les ans depuis 30 ans, la moyenne de nos radars en cols sera de l'ordre de 30 minutes. Il y en aura 7 radars, placés en fin d'étape longue et dure où la fatigue doit se faire sentir. Nous avons exclu Cambasque et le Puy de Dôme, trop courts. Mais pour les deux Armstrong, jugez plutôt, que ce soit sur 10, 15 ou 30 minutes : ils sont capables de pousser plus de 450 Watts Etalon en permanence tout en étant capables de sprinter à plus de 600 watts sur plusieurs séquences ! Tous les entraîneurs du monde devraient bondir ou se remettre en question. Les « temps limites » qui stipulent que plus on va longtemps, moins on est puissant et rapide sur la durée, ne sont plus vrais. C'est pour cela que nous disons MUTANT. Ces performances sont mutantes si on regarde les précis de physiologie et de recherches qui font école depuis toujours. Yoann Offredo a dit en direct à la télévision : « Quand Gaudu dit qu'il est à 100% et que les autres sont plus forts, on entend ce qu'on entend, on comprend ce qu'on veut bien comprendre ». L'entraîneur de Gaudu a dit : « il faudrait qu'il soit à 105-110 % de son potentiel pour rivaliser avec Rodriguez le troisième ». On ne saurait lui conseiller la posologie d'Hamilton, coéquipier d'Armstrong que nous retranscrivions dans La Preuve par 21.
De la merde dans les yeux
Gaudu, sans cette posologie, on le voit, s'arrache, grimace, fatigue. Il fait de la peine. Aucun stigmate en revanche pour les « super-héros » de devant, par définition « personnages mutants censés être fictifs et apparaissant dans les bandes dessinées américaines publiées par Marvel Comics ou dans les films à gros budget ». A la moindre accélération de Froome, quadruple vainqueur du Tour avec 410, 412, 419 et 410 watts Etalon, presque humain, limite suspect, les journalistes ou observateurs avisés, experts autoproclamés, commentateurs scrupuleux étaient « vent debout ». La presse hurlait. Cette année, rien. Peut-être sont-ils en retraite ou bien se sont-ils habitués aux Blockuster et Marvel de leurs enfants. Peut-être pensent-ils comme eux que la fiction a dépassé la réalité. Des gamins. Ils ont de la merde dans les yeux. Dans la tête peut être pas, mais cela reste à confirmer.
Alors, à votre avis, après lecture, pour David Gaudu : « Dopé ou pas dopé », le Breton ?
Cette page a été mise en ligne le 17/07/2023