Actualité du dopage

Dopé, quoi ? « quoicoubeh ». On s'en fout, du coup, hein ! « apagnan » (#9)

14/07/2023 - cyclisme-dopage.com - Antoine Vayer - #TeamWattthefuck

Quelles sont vos prédictions pour la suite de ce Tour ?
Source : Espé - 14/07/2022

Ode à Pogacar, qui a monté notre 4ème radar du Grand Colombier en 44'33sec pour 429 watts Etalon ( pas 442) à 23,78 km/h, en explosant de près de deux minutes son propre record qui datait de 2020 (46'26" 418 Watts Etalon 22.9 Km/h ). Il a bénéficié d'un peu de vent favorable et a longtemps attendu, avec un bon drafting dans les roues de ses coéquipiers, avant d'attaquer avec violence. Vingegaard s'est accroché dans roue comme un chien à une saucisse. Les français ont volé en éclat.

Ode à Pogacar, le cancre

« Il pédale avec la tête, mais il dit non avec le cœur, il dit oui avec les jambes, il dit oui au docteur, il dit non à ce qu'il aime, il est debout sur les pédales, on le questionne et tous les problèmes sont posés. Soudain le fou rire nous prend. Et on efface tout, les chiffres et les maux, les dates et les noms au palmares, les phrases et les pièges et malgré les menaces du contrôleur, sous les huées des spectateurs, paré du maillot jaune du bonheur, il est le visage du malheur ».

Combien de coureurs savent quel poète enterré à Omonville dans le Nord-Cotentin a inspiré cette petite adaptation ? Peu, du coup. Combien se risquent à penser que Pogacar et Vingegaard peuvent éventuellement tricher, même parmi les entraîneurs. Encore moins peut-être. On ne leur en parle pas. Le sujet est quasi tabou.

Le déni face à la starification de l'indécence.

Ils ne jalousent pas la starification de l'indécence. « Ça m'est égal, je n'y pense pas, c'est abstrait ». Il existe un vrai décalage culturel et générationnel en 2023. Il suffit de les côtoyer au quotidien, comme certains journalistes d'expérience qui ne disent pas du coup toutes les deux phrases (il en reste quelques-uns), mais voient les sourires hilares des jeunes rebondir à leur « quoi ? » par un « quoicoubeh » et à leur « hein ? » par un « apagnan ». Tous les codes ont changé au collège. Les coureurs français dans les équipes françaises sont néanmoins bien « charpentés » dans leur tête. Mais ils ne sont plus du tout fâchés, ni angoissés par le dopage. Pinot a été le dernier à s'ouvrir sur le sujet du cyclisme à deux vitesses début 2021 (lire ici). On a oublié, il part à la retraite. Il a terminé 21ème à 2'29sec de Pogacar avec 403 Watts Etalon. Normal, pas mal.

Les coureurs sont même étonnés qu'on leur en parle, au moins par moments, du dopage, de la tricherie. « C'est refoulé ». C'est du déni. Ce n'est même pas un état de sidération, comme pour certains suiveurs qui ont avalé toutes les couleuvres devant les nouvelles double-performances des deux Armstrong (lire ma chronique #7). Si Latour se fait lâcher dans une descente après 100 kilomètres dans une échappée qui a roulé à plus de 46 km/h de moyenne en filant vers le Grand Colombier ; si Gaudu, Bardet, Martin terminent lamentablement loin, respectivement 16ème à 55sec pour 419 Watts Etalon pour le Breton (c'est son maximum et c'est déjà excellent), 19ème et 23ème pour le Normand, au même niveau que Pinot à 2'29sec de Pogacar avec 403 Watts Etalon, cela ne leur pèse pas trop et ils ne vont pas venir réclamer, du coup. Ils vont juste dire « ça roulait vite », comme d'habitude.

Personne, personne ne leur posera la question qui fâche, ni les journalistes sur place, ni en interne. Pas même leur conjointe. Le fait d'y penser pollue. Ils restent positifs du coup. « Le contrôle des équipes au niveau du discours et de la communication est total en interne, on les briefe et on les préserve, cela va vers la porte des rêves. Ils n'y pensent pas. On fait tout pour ». L'effet pygmalion est à son maximum.

Refoulé grâce aux salaires

D'ailleurs, il n'y a plus de contrôles positifs dans les gazettes, plus d'évocation d'affaires, rien dans la presse. Pour les deux mutants devant, « c'est de la supputation ». Ils voient bien qu'ils ont un niveau de dingue, du coup. Il existe quand même, mais pour leur encadrement seulement, celui plus vieux, un poil à gratter : « plus cela progresse, plus on augmente le budget qui a été doublé par presque deux en 10 ans, disons 40%, mais aussi pour le staff, entraîneurs et équipes scientifiques compris cela a été augmenté par trois ou quatre, en mettant des moyens à disposition pour la recherche, les gains marginaux, les moindres détails mais plus l'écart continue de croître avec eux. On ne comprend pas, mais on reste coi ». Ils pourraient être désemparés, les coureurs. Mais non. C'est refoulé du coup. La raison majeure : les salaires ont aussi augmenté nettement. Il est vraiment devenu conséquent, même pour le moindre équipier. Les smicards du vélo, c'est très, très loin. Alors tout passe crème, tout est avalé, malgré les miettes récoltées, même s'ils se contentent simplement d'essayer de suivre comme aujourd'hui et font le compte des lourds débours à la fin. Une placette, c'est presque valorisant. « Ça va ! Ils sont contents, l'ambiance est bonne, il n'existe pas de résignation ». La paie, bonne, tombe, « même à 410 watts, Hein ! « Apagnan ». L'argent fait le bonheur des cyclistes français. On ne leur demande pas de batailler avec ceux de devant. A la limite, on ne le souhaite plus. On sait ce que cela signifierait de pousser trop de watts tout le temps et on aurait trop de doutes. Ceux qui leur parlent de dopage donc à ces coureurs français d'équipes françaises sont « presque tous » des vieux du coup.

C'est comme si on leur parlait de la deuxième guerre mondiale. « Oui, oui, c'était sûrement horrible hein ! apaganan, quoi, quoicoubeh ».

C'est quoi l'étape demain, du coup ?


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Cette page a été mise en ligne le 14/07/2023