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Actualité du dopage |
Dans notre première chronique, je vous parlais des indices de confiance des équipes qui sont autant d’indices fiables de crédibilité des performances de certains de leurs coureurs. Ces performances se mesurent grâce aux watts. Pour vraiment les comparer dans le temps, nous considérons qu’un coureur de 70 kilos suivrait les petits légers comme les grands plus lourds dans les cols. C’est notre étalon, d’où une mesure : les Watts Etalon. En 1959, Frédéric Portoleau a calculé que Bahamontes, avec les vélos de l’époque et les conditions d’alors intégrées dans ses calculs, a gravi le Puy de Dôme (7,72% de pente moyenne sur 12,5 kilomètres pour s’élever de 450 m à 1415 m d’altitude) en 36min15sec, à 20,69 km/h de moyenne, soit plus de 420 Watts Etalon. Exceptionnel, suspect, limite miraculeux ! Bahamontes devait se doper et tricher fort avec les produits et les moyens de l’époque aussi. La littérature les a abondamment décrits.
Cette année, le meilleur temps sur ce Puy de Dôme qui sera le Radar 3/8 de ce Tour de France pourrait passer sous les 35 minutes avec 1km de plus qu'en 1959, presque 450 Watts Etalon ( !) et s’approcher de la zone mutante, qui est, après celle miraculeuse, précédée par celle suspecte, précédée par la zone des performances qui semblent humaines. La médecine a fait des progrès comme l’électro-mécanique depuis Bahamontes et les coureurs comme certaines équipes sont de plus en plus décomplexés, certains qu’ils sont de ne pas se faire prendre aux contrôles. De se faire flasher par nos radars, oui, mais ils ne le craignent pas. Précisons que la zone humaine des performances ne signifie pas pour autant qu’on ne se dope pas, mais disons qu’elle est accessible pour un grand talent qui s'entraîne fort et utilise de l’excellent matériel.
Pour vraiment classifier les coureurs dans telle ou telle catégorie, ce que nous faisons depuis plus de 30 ans, sans être démentis par l’histoire, sinon par des histoires qu’on essaie de nous faire, il faut attendre néanmoins de faire la moyenne des radars du Tour, s’ils se sont courus dans de bonnes conditions.
Samedi, l’énorme performance ponctuelle de Lafay qui a confirmé avec les données de son compteur SRM avoir suivi Pogacar et Vingegaard avec 553 Watts au maximum pendant 3 min 30 sec (8,5 w/kg) sur la côte de Pike, 1,22 km à 12,3%, ce qui fait du 574 Watts Etalon, (8,25 w/kg) sur la montée depuis le pont d'autoroute, ne peut être classée dans la catégorie « Radar » tout comme son sprint de 61 secondes à 59 km/h lors de la deuxième étape dimanche où il a battu Van Aert ne peut être comptabilisée pour dire s’il se classe parmi la catégorie des humains, suspect, miraculeux ou mutant. Cela donne quelques indices néanmoins, soit d’une forme exceptionnelle, à la Dan Martin l’Irlandais, soit d’autre chose. Nous verrons comment notre Victor, la fée française de ce début de grande boucle, évoluera dans la moyenne de nos 8 radars en cols longs et pentus, en fin d’étapes dures que nous avons ciblés cette année. S’il continue de suivre Pogacar et Vingegaard régulièrement à plus de 410-420 watts sur des séquences de plus de 20 minutes comme depuis trois ans, nous saurons qu’il a trop évolué pour être vraiment honnête et se rapproche comme eux de l’ère Armstrong des performances qu’on espérait révolue
A vos chronomètres messieurs-dames !
RADAR 1
Le col de Marie-Blanque, comme en 2020, sera gravi à 18,5 km de l'arrivée à Laruns. Dès lors, nous pourrons observer des efforts de haute intensité. La meilleure performance sur le final de l'ascension (5,33 km à 10,32%), détenue par Roglic et Pogacar (17min36sec en 2020, 453 watts étalon), peut être améliorée en cas de course intense entre leaders.
RADAR 2
La montée de Cauterets-Cambasque a une longueur de 16 km. Les premiers kilomètres à pente modérée ne permettent pas de réaliser des estimations de puissance. Ce sera fait sur la portion finale de 5 km à 7,7%. Le temps de référence appartient au duo Indurain/Zulle : 12min40sec en 1995. Virenque était échappé et Riis (un super mutant) a devancé de quelques secondes ce duo après une attaque plus bas dans la pente. Le duo Vingegaard/Pogacar a le potentiel pour établir un nouveau record et s'approcher des 12 minutes (500 watts étalon). En 1989, Pedro Delgado avait escaladé le final de cette montée en 13min43sec.
RADAR 3
Le Puy de Dôme fait son retour après 35 ans d'absence. Il sera escaladé depuis Clermont Ferrand comme lors du contre-la-montre de 1959 remporté par Federico Bahamontes. Il y aura 13,51 km à 7,64% avec une portion facile à mi-col. A leur meilleur niveau, Vingegaard et Pogacar pourraient escalader le Puy de Dôme en 35min15sec soit une puissance de 445 watts étalon. En 1988, Pedro Delgado avait été le plus rapide sur la portion finale (15min23sec pour 4,18 km à 11,63%) mais les coureurs arrivaient par le col de la Moreno. Sur ce final, les deux favoris du Tour peuvent faire établir une nouvelle marque en 14min25sec (480 Watts Etalon).
RADAR 4
Comme en 2020, une nouvelle arrivée au sommet du Grand Colombier sera proposée avec une ascension par le même versant de 17,72 km à 7,07%. Le meilleur temps de Pogacar et Roglic (46min46sec en 2020 et 418 watts étalon) peut être amélioré. En cas de course très intense entre leaders un temps de 44min26sec est possible avec 440 watts étalon.
RADAR 5
Le célèbre col de Joux Plane, souvent gravi dans les années 80, sera une nouvelle opportunité pour les grimpeurs. Les 11,64 km à 8,5% pourraient être gravi en 33min25sec par Vingegaard ou Pogacar soit du 440 watts étalon. Cependant le temps de Pantani (32min55sec en 1997) sera difficile à battre. C’était un autre super mutant, d’un autre temps, espérons-le.
RADAR 6
La montée du Bettex au-dessus de Saint Gervais est divisée en deux. La rude montée des Amerands (2,9 km à 9,72%) précède de peu la montée finale. L'intensité de la course dans cette montée a donc un impact sur les réserves disponibles dans la dernière partie de 7,12 km à 7,85%. Romain Bardet avait remporté une belle étape là-haut mais les coureurs allaient directement vers le Bettex après la montée des Amérands, sans passer par Saint Gervais. Depuis St Gervais, Adam Yates avait réalisé un temps de 19min30sec sur le Dauphiné 2018. Vingegaard ou Pogacar peuvent faire mieux et pourquoi pas gravir le Bettex en 18min35sec.
RADAR 7
Pour terminer le franchissement des Alpes, les coureurs devront gravir le col de la Loze, comme en 2020. Cependant le parcours ne sera pas tout à fait identique au Tour de France 2020. La course arrivera par Courchevel Le Praz au lieu de venir directement depuis Moûtiers. Sur les 11,44 km à 8,3%, Lopez dit « superman » détient la meilleure performance en 34min11sec (2020). Cette année Lopez a été exclu du milieu par son équipe Astana pour ses accointances avec un médecin dopeur. Il est le recordman de victoires professionnelles sur route en 2023 : vingt-quatre, dix de plus que Pogacar, mais toutes en Amérique du sud où il est réfugié. Son temps record à La Loze peut être amélioré par Vingegaard ou Pogacar qui, à leur meilleur niveau, pourraient le gravir en un peu moins de 33min (32min48sec et 430 watts étalon). Sur le final très pentu de 5,02 km à 9,94%, Lopez avait été impressionnant en 2020 avec un temps de 16min40sec et 432 watts étalon. Ce temps peut être amélioré en cas de course pas trop intense en début de col. Vingegaard en particulier a déjà montré des aptitudes incroyables au-dessus de 1800 m sur le col du Granon en 2022 et sur le col de la Croix de Fer sur le Dauphiné 2023.
RADAR 8
Le col de Platzerwasel sera le dernier col du Tour de France 2023. A 8 kilomètres seulement de l'arrivée au Markstein, les coureurs pourront « lâcher les watts » une dernière fois en montée. Vingegaard et Pogacar peuvent pourquoi pas grimper les 7,14km à 8,28% en 19min24sec à 460 watts étalon. Cela dépendra aussi du rythme dans le petit Ballon juste avant. En 2014, le peloton avait gravi cette ascension en 23min mais elle était loin de l'arrivée.
Tout porte à croire au vu des performances 2023 qui ont précédé le Tour de France cette année que Pogacar et Vingegaard replongeront le cyclisme dans les niveaux de performance de l’ère Armstrong.
Performances en altitude :
Cette page a été mise en ligne le 02/07/2023