Dossier dopage

L'usage des corticoïdes représente un grave danger pour la santé des sportifs


10/02/2007 - Le Monde - Stéphane Mandard

L'usage des corticoïdes, à des fins thérapeutiques ou dopantes, représente un risque pour la santé des sportifs. La commission médicale de la Fédération française de cyclisme (...) organise, samedi 10 février (...), une réunion extraordinaire pour sensibiliser la communauté sportive et médicale à ce danger et envisager des pistes de bonnes pratiques.

Un article publié en octobre 2006 dans le European Journal of Applied Physiology montre que l'utilisation répétée de corticoïdes chez les athlètes, parce qu'elle bloque la production endogène de cortisol, est à l'origine d'insuffisances surrénaliennes. Des insuffisances qui peuvent être mortelles en cas de stress intense (traumatisme ou infection). Selon le professeur Yves Le Bouc, endocrinologue et président du comité d'orientation scientifique de l'Agence française de lutte contre le dopage (...), l'effondrement de la cortisolémie consécutive à l'administration de corticoïdes peut provoquer des morts subites.

L'article s'appuie sur une étude menée par le docteur Michel Guinot auprès de 659 cyclistes Elite en 2001 et 2002 : 85 coureurs ont reçu un traitement à base de corticoïdes et 34 ont présenté des signes d'insuffisance surrénalienne.

Un autre article - rédigé sous la direction de Martine Duclos -, en cours de publication dans la revue Medicine & Science in Sports & Exercise, démontre qu'à la suite d'une infiltration unique de corticoïde, il existe également un "risque élevé" d'insuffisance surrénalienne. " Ce risque apparaît disproportionné chez des sujets sains par rapport au bénéfice attendu - et non démontré actuellement - avec ce type de traitement", estime Martine Duclos.

(...)

Pour le médecin de la FFC, Armand Mégret, un athlète devrait être mis au repos dix à quinze jours après avoir subi une infiltration à base de corticoïdes. Or, dans la pratique, de nombreux sportifs disputent des compétitions sous infiltration. Ainsi du joueur de tennis américain Andre Agassi qui a terminé sa carrière à l'US Open sous corticoïdes. Ainsi également du cycliste Floyd Landis qui a couru le Tour de France 2006 avec une infiltration intra-articulaire de corticoïde en raison d'une ostéonécrose de la hanche.

"On peut d'ailleurs se demander si sa contre-performance - à la limite du malaise - lors de la montée de la Toussuire ne serait pas directement liée aux conséquences de l'administration de ce glucocorticoïde", fait remarquer Armand Mégret.

Depuis plusieurs années, certains membres de la communauté sportive tentent de faire retirer les corticoïdes de la liste des produits dopants. Aujourd'hui, ceux-ci sont seulement interdits en compétition - et non plus aussi à l'entraînement - et lorsqu'ils sont administrés par voie orale, rectale, intraveineuse ou intramusculaire. Leur taux de détection a de plus été élevé en 2005 à 30 ng/ml. Enfin, accompagnés d'une autorisation à des fins d'usage thérapeutique (...), ils sont admis notamment par inhalation, en intra-articulaire et en pommade.

Conséquence, les cas de contrôles positifs aux corticoïdes ne cessent de régresser (8 sur le Tour de France 2006 contre 13 en 2005, par exemple).

"Compte tenu des risques sanitaires induits par leur utilisation, on ne devrait pas délivrer d'AUT pour les corticoïdes, juge Armand Mégret. De nombreuses délivrances d'AUT ne sont pas médicalement justifiées." Concernant l'asthme d'effort, pour lequel de nombreux sportifs disposent d'une AUT de corticoïdes, le médecin fédéral relève qu'"aucune étude contrôlée ne justifie leur prescription".


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Cette page a été mise en ligne le 30/04/2007