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ICCD : Indice de Confiance Cyclisme-Dopage.comLidl - Trek - Saison 2025 |
L'équipe américaine Lidl-Trek (précédemment Trek-Segafredo) est née en 2011 au Luxembourg à l'initiative de Frank et Andy Schleck, accompagnés de Brian Nygaard et de Kim Andersen, tous quittant la Saxo Bank de Bjarne Riis. La licence World Tour est alors détenue par Flavio Becca.
Dès l'année suivante, la jeune formation fusionne avec la Radioshack de Johan Bruyneel. Brian Nygaard s'en va chez GreenEdge. Bruyneel sera écarté en fin de saison 2011 après les aveux de Lance Armstrong. Il purge depuis une suspension à vie.
Flavio Becca, quant à lui, se débarrasse de la licence World Tour et l'Italien Luca Guercilena devient manager.
Quand Andy Schleck porte son équipe sur les fonts baptismaux, il ne sait pas encore qu'on lui attribuera le Tour de France 2010 sur tapis vert, Alberto Contador étant déclassé. En 2013, Chris Horner remporte le Tour d'Espagne dans une résurrection préfigurant celle de Cavendish. Par la suite, Trek attire deux anciens vainqueurs de Grands Tours : Alberto Contador, justement, et Vincenzo Nibali.
En juin 2023, la chaîne de hard-discount devient sponsor principal et l'équipe se rebaptise Lidl-Trek. Mads Pedersen, Mattias Skjelmose et Giulio Ciccone sont ses principales têtes d'affiche.
Dès 2012, la formation est touchée une affaire de dopage qui touche directement le co-fondateur de l'équipe Frank Schleck. Il est contrôlé positif au Xipamide, un diurétique, sur le Tour de France 2012. L'équipe ne peut que le suspendre provisoirement. Il sera suspendu 2 ans par l'agence antidopage luxembourgeoise. Il a toujours nié les faits.
Avant cette affaire, il avait déjà été mouillé dans l'opération Puerto pour avoir versé, en mars 2006, près de 7000 euros sur un compte suisse appartenant au Dr Eufemiano Fuentes. « Ce paiement devait financer un programme d'entraînement sportif spécifique (élaboré) par des experts », avait expliqué Schleck. Excuse classique et fort peu convaincante.
Dans le cadre de l'affaire Aderlass, Danilo Hondo reconnait en 2019 avoir eu recours au dopage sanguin sur une période allant de fin 2011 au début 2013. Ceci recouvre donc partiellement la première de ses deux saisons sous les couleurs RadioShack-Leopard. Alors qu'il est déjà en retraite sportive, il est suspendu 8 ans, une peine ramenée à 5 ans et demi pour tenir compte de sa coopération avec les autorités.
C'est la troisième affaire dans laquelle Hondo est impliqué. Dès le Giro 2001, il est pris en possession de produits dopants mais n'est pas sanctionné. Plus sérieux, il est contrôlé deux fois positif au Carphédon pendant le Tour de Murcie 2005. Il écope d'une suspension de 2 ans et d'une amende de 5000 CHF.
André Cardoso est contrôlé positif à l'EPO hors compétition en juin 2017. Le coureur tente d'expliquer sa positivité par une consommation excessive d'alcool. Bien que l'analyse de l'échantillon B s'avère « non-concluante », la CADF (Cycling Anti-Doping Fondation) le suspend pour quatre ans, estimant avoir suffisamment d'éléments pour justifier la disqualification. Après sa suspension, il finira sa carrière dans de modestes équipes portugaises.
Jarlinson Pantano est contrôlé positif à l'EPO au Tour du Haut-Var 2019. Le Colombien, ancien vainqueur d'étape sur le Tour de France 2016, est immédiatement suspendu par l'équipe Trek. Il est finalement suspendu quatre ans par l'Union cycliste internationale et met un terme à sa carrière.
En février 2024, le Néerlandais Antwan Tolhoek est suspendu provisoirement après un contrôle positif aux stéroïdes anabolisants effectué le 27 novembre 2023, soit quelques jours avant de quitter l'équipe Trek. Le coureur était arrivé chez Lidl-Trek pour la saison 2022 après cinq années passées chez Jumbo-Visma. C'est sous le maillot jaune qu'il a obtenu son meilleur résultat, une étape du Tour de Suisse 2019. Il était passé professionnel en 2015 chez Rabobank Development.
Tolhoek s'était déjà illustré en décembre 2017 alors qu'il était en stage avec les LottoNL-Jumbo. Il avait été mis à pied pendant deux mois pour possession de somnifères non-fournis par l'équipe. Pas sûr que son sommeil se soit amélioré par la suite.
Coureur | Produit | Course | Date | Sanction | Contrôle |
Tolhoek Antwan | Stéroïdes anabolisants | Contrôle inopiné | 2023 | Oui | Contrôle positif |
Pantano Gomez Jarlinson | EPO | Contrôle inopiné | 2019 | Oui | Contrôle positif |
S. Martins Cardoso Andre Fernando | EPO | Contrôle inopiné | 2017 | Oui | Contrôle positif |
Hondo Danilo | Transfusions sanguines | 2013 | Oui | Enquête judiciaire et aveux en 2019 | |
Schleck Frank | Xipamide | Tour de France | 2012 | Oui | Contrôle positif |
Pour voir plus d'informations sur l'équipe dans l'annuaire du dopage, cliquez ici
Le danois Mattias Skjelmose est un coureur précoce. La preuve : à 17 ans seulement il subit un contrôle antidopage positif à la méthylhexanamine. C'était le 26 mai 2018 à l'issue du Tour du Pays de Vaud dont il venait de remporter le classement général devant William Blume Levy, un autre Danois. Pendant l'enquête de la CADF (Fondation antidopage du cyclisme), il plaide la contamination par un complément alimentaire. L'UCI entend ses arguments et retient le côté involontaire de ce cas de dopage. Il est suspendu 10 mois entre juillet 2018 et mai 2019. Entre temps, il s'était illustré en se faisant suspendre pendant 14 jours par la fédération danoise de cyclisme, cette fois pour avoir frappé un autre coureur lors de la Demin Cup à Grindsted.
Malgré cette entrée en carrière chaotique, il passe professionnel en 2020 au sein de l'équipe Leopard Pro Cycling, réserve de l'équipe Trek. Quelque mois plus tard, il passe dans l'équipe première. Il est aujourd'hui une de ses figures de proue. Il a fait sensation cette année en s'imposant sur l'Amstel Gold Race devant Remco Evenepoel et Tadej Pogacar.
Pas moins de quatre membres de l'encadrement ont été épinglés dans notre annuaire du dopage. A cela, il faut ajouter le cas de Yaroslav Popovych que nous évoquons ci-après.
Enfin, on peut s'étonner du parcours de trois médecins Lidl-Trek : le Dr Manuel Rodriguez Alonso, passé par ONCE, Mapei et Quick-Step, le Dr Dr Benjamin Fernandez Garcia, passé par Clas, Mapei et ONCE, et Dr Nino Daniele, passé par Motorola et Discovery Channel. Impressionnant !
Le Dr Manuel Rodriguez Alonso a été embauché en 2021. Le parcours de ce médecin passé par les équipes ONCE, Quick-Step et Orica GreenEdge est intéressant.
Il a tout d'abord été médecin du comité olympique espagnol entre 1996 et 2004. Il a travaillé deux ans, en 1999 et 2000 à la ONCE, embauché par le sulfureux Dr Nicolás Terrados (lire son portrait ici.). Il rejoint ensuite la Mapei qui devient Quick Step (2001 à 2006) puis Orica-GreendEdge (2012 à 2016). Il a aussi goûté au football en travaillant à partir de 2007 et pour trois ans au Real Madrid en tant que professeur de conseil en nutrition et de performance sportive.
En août 2001, le procureur de Florence, responsable de l'enquête sur le blitz de San Remo du 7 juin met pas moins de 52 personnes sous enquête. Parmi elles, une quarantaine de cyclistes mais aussi des masseurs, des pharmaciens et des médecins dont le Dr Manuel Rodriguez, alors à la Mapei. Il est poursuivi pour détention de caféine et de diprophilline. Il ne sera pas condamné dans cette affaire.
Il déclare en 2002 que grâce à des « contrôles antidopage plus organisés comme il s'en fait maintenant, qui peuvent s'imposer à n'importe quel coureur et à n'importe quel moment, le dopage a pratiquement disparu du cyclisme ». Le mot « pratiquement » est prudent. Il vaut mieux car Stefano Garzelli qui court alors dans son équipe est contrôlé positif au probénicide pendant le Tour d'Italie.
Dans les années 2000, il travaille à l'Unité Régionale de Médecine Sportive des Asturies où il a déjà pour collègue le Dr Benjamín Fernández dont nous reparlerons ci-dessous. Les deux médecins travaillent également ensemble au sein de la Fédération espagnole de canoë-kayak pendant plusieurs années. Rodrigues est responsable du biomédical tandis que Fernández est responsable de… l'antidopage. Quand le canoéiste Jovino González Comesaña est exclu de l'équipe olympique après avoir été contrôlé positif à l'érythropoïétine (EPO) en 2004, il met en cause nommément le Dr Manuel Rodriguez. Le président de la Fédération espagnole de canoë-kayak, Santiago Sanmamed vient au secours du sportif : « Je ne crois pas aux théories du complot. Soit c'était le gars, soit c'était le médecin... Et je suis sûr que ce n'était pas le gars ».
Lors d'un interrogatoire par l'Agence mondiale antidopage en 2007, Patrick Sinkewitz soutient que le dopage était systématique chez Quick-Step entre 2003 et 2005. Il accuse nommément le patron de l'équipe Patrick Lefévère et le médecin Manuel Rodriguez. En 2013, le coureur allemand réitère ses accusations devant l'Office fédéral de la police criminelle allemande. Il explique que les Dr Manuel Rodriguez, toujours lui, et Yvan Van Mol lui ont fourni EPO, hormones de croissance et cortisone.
Après les aveux de dopage de Stuart O'Grady en 2013, l'équipe Orica-GreenEDGE commande une enquête « indépendante » à Nicki Vance qui remet ses conclusions en mai 2013. Dans son rapport, Vance souligne le risque potentiel engendré par des messages contradictoires adressés aux coureurs. Il a constaté que les trois médecins de la formation ont des points de vue différents sur la question de la consommation de suppléments alimentaires. Selon Vance, Manuel Rodriguez est « le principal partisan de l'utilisation de suppléments ». Le Docteur explique les préconiser pour dissuader les coureurs de chercher à utiliser les leurs.
Quand Simon Yates est contrôlé positif à la Terbutaline à l'arrivée de la sixième étape de Paris-Nice 2016, l'équipe Orica-GreenEdge fait porter toute la responsabilité sur son médecin qui aurait commis une « erreur administrative » en ne présentant pas l'AUT dont bénéficiait le coureur pour soigner son asthme. L'équipe n'a jamais communiqué le nom du médecin mis en cause. Nous nous contenterons donc de noter que le Dr Manuel Rodriguez, entré dans la formation australienne en 2012 ne figure plus dans les organigrammes en 2017. Nous perdons sa trace jusqu'en 2021 où il réapparaît dans l'équipe Trek. Nous avons interrogé les équipes Trek et Team Jayco pour en savoir plus. Aucune n'a répondu à nos sollicitations.
Le Dr Manuel Rodriguez n'a à notre connaissance jamais été suspendu, ni officiellement sanctionné, ce qui lui permet d'échapper à notre annuaire du dopage. Partout il passe, il y a des casseroles, mais il faudrait croire qu'il n'est jamais rentré dans la cuisine ! C'en est donc assez pour douter et pour que sa présence dégrade la confiance que nous plaçons dans son équipe. Rappelons que depuis 2024, nous comptabilisons certaines personnes quand bien même elles n'ont pas été épinglées ou flashées.
.@ORICA_GreenEDGE defend use of Terbutaline saying:
— ¯\_(?)_/¯ (@LackOfToast) April 28, 2016
"There has been no wrong-doing on Simon Yates’ part" pic.twitter.com/NxFA72s7vr
Dans les années 2000, le Dr Benjamín Fernández Garcia a travaillé à l'Unité Régionale de Médecine Sportive des Asturies en même temps que le Dr Manuel Rodríguez Alonso dont nous relatons le parcours ci-dessus. Les deux médecins travaillent aussi à la Fédération espagnole de canoë-kayak. Fernandez est à la tête de l'antidopage tandis que Rodriguez du biomédical. En théorie, ils ne sont donc pas exactement du même côté quand le canoéiste Jovino González Comesaña, exclu de l'équipe olympique après avoir été contrôlé positif à l'érythropoïétine (EPO) en 2004, accuse le Dr Manuel Rodriguez.
Avant cela, le Dr Fernandez a été le médecin de l'équipe Clas-Cajastur de 1990 à 1992. Il s'y occupe notamment d'un certain Tony Rominger. Les deux hommes rejoignent l'équipe Mapei où ils restent jusqu'en 1996.
??Weird doctors who still work in Cycling (I)
— CyclingHighlights (@unclecycling) November 24, 2024
???? Manuel Rodríguez n’ Benjamin Fernández (LIDL Trek)
In this ?? you will know ppl who has been living from pro sports for more than 30 yrs and who shows that ?? hasn’t changed anything
Surrounded by dopers, this is their story pic.twitter.com/Vol7OFRShp
Le Dr Benjamin Fernandez a donc retrouvé sa vieille connaissance le Dr Rodriguez chez Trek en 2023. Il y a aussi retrouvé un autre compère des équipes Clas et Mapei, le soigneur « Chopi » Gonzalez, Joaquin Gonzalez Vega de son vrai nom. Que d'histoires à raconter assurément.
Malgré ce parcours pittoresque, nous n'avons pas pénalisé l'équipe Trek à cause de ce médecin.
Yaroslav Popovych a une ligne blanche dans les lunettes
(Tour de France 2011 - Le Mans)
© www.cyclisme-dopage.com
Le nom de l'ancien coéquipier ukrainien de Lance Armstrong à la Discovery Channel puis chez RadioShack, Yaroslav Popovych, apparait bel et bien dans le dossier que l'USADA a monté contre le coureur américain. Dans son témoignage sous serment, Levi Leipheimer indique que Popovych a participé avec lui en mai puis juin 2005 à deux stages où le docteur Michele Ferrari était présent. Il explique avoir discuté de l'utilisation de l'EPO et des transfusions sanguines avec le médecin.
De son côté, Leonardo Bertagnolli raconte avoir vu Yaroslav Popovych et Volodymyr Bileka chez le Dr Ferrari en 2007.
Enfin, en novembre 2010, des policiers toscans arrêtent et perquisitionnent Yaroslav Popovych. La magazine Sport Illustrated raconte : « Le 11 novembre 2010, vers 20 heures, des policiers et des douaniers italiens, agissant à la demande d'agents de la Food and Drug Administration (FDA) américaine, ont arrêté Yaroslav Popovych alors qu'il circulait sur un rond-point de Quarrata, un pittoresque village toscan aux façades en stuc et aux volets colorés, entre Pistoia et Florence. Les agents recherchaient Popovych, l'un des coéquipiers de Lance Armstrong au sein de Radio Shack, pour exécuter un mandat de perquisition. Les autorités italiennes affirment que le cycliste ukrainien a été surpris, mais coopératif. Il les a conduits à travers des oliveraies jusqu'à sa maison, située à côté d'un cimetière. Là, les agents ont trouvé des documents de contrôle antidopage, du matériel médical et des produits dopants. Ils ont également trouvé des courriels et des SMS qui, selon eux, établissent que, dès 2009, l'équipe d'Armstrong entretenait des liens avec le médecin italien controversé Michele Ferrari, avec lequel il avait déclaré avoir coupé les ponts en 2004. »
Malgré tout cela, il n'a jamais été sanctionné pour dopage. C'est sans doute la raison pour laquelle nous ne l'avons pas épinglé dans notre annuaire du dopage. Un oubli ? Toujours est-il que depuis 2024, nous comptabilisons certaines personnes quand bien même elles n'ont pas été épinglées ou flashées. Nous avions omis de le faire pour Popocych. Cette fois nous ne l'oublions pas.
Yaroslav Popovych est directeur sportif chez Trek depuis 2018.
Recordman du monde des contrôles positifs
Symbole des dérives du cyclisme dans l'ère pré-Festina, Kim Andersen est le véritable recordman du monde des contrôles positifs. Nous en avons dénombré six. Ou sept. C'est confus. On s'y perd. Mais c'est beaucoup. Seul le sprinter ouzbek Djamolidine Abdoujaparov pourrait lui contester ce titre mais il a triché : il a été contrôlé positif six fois, à quelques jours d'intervalles, donc pour les mêmes produits et peut-être la même prise. Kim Andersen, lui, a établi son record sur huit ans, entre 1985 et 1992. C'est plus fort.
On aime beaucoup Kim Andersen. Il est drôle. Après son contrôle positif au Tour du Limousin en 1987, il déclare : « Depuis que j'ai été contrôlé deux fois positif [six fois en réalité], je prends toutes mes précautions. Je ne suis quand même pas con ! ». Moyennant quoi il se fait contrôler positif à l'Amstel Gold Race en 1992. C'est con, non ?
Il y a un mystère Kim Andersen. Il donne envie de rigoler. Pat McQuaid, alors président de l'UCI, n'affirmait-il pas en 2011 : « Je n'ai jamais entendu de rumeurs [sur lui] (...) c'est un bon directeur sportif ». Pat aussi est drôle, non ?
Le permis de se doper
Mais reprenons un instant notre sérieux car Kim Andersen est à l'origine d'un véritable permis de se doper accordé au peloton à la fin des années quatre-vingt. En effet, sa suspension à vie en 1987 conduit Hein Verbruggen, le président de l'UCI, à assouplir les sanctions en 1988 : un coureur contrôlé positif n'écope plus que de 3 mois de suspension avec sursis. Un deuxième contrôle conduit à une suspension supplémentaire de 3 mois ainsi qu'à l'exécution de la première suspension, soit un total de 6 mois. Seulement. La suspension à vie, qui prévalait alors pour un troisième contrôle positif, se transforme en un an de suspension. Mieux encore, les compteurs sont remis à zéro tous les douze mois. Un véritable désastre que le sport cycliste paiera très cher en 1998.
Enfin suspendu à vie en 1992, Kim Andersen refait surface en tant que directeur sportif dès 1998 dans la modeste équipe danoise Chicky World. Après avoir longtemps travaillé aux côtés de Bjarne Riis, il s'émancipe en créant Leopard Trek en 2011 avec Andy et Frank Schleck. Depuis, Kim Andersen semble indéboulonnable.
Les lecteurs qui ont envie de rire (jaune) pourront se payer une tranche supplémentaire en consultant le portrait que nous avons lui consacré ici
Jeroen Blijlevens courait les Tours de France 1998 et 1999 sous les couleurs de la tristement célèbre TVM. En 1998, le sprinter batave s'impose à Cholet au moment même où Bruno Roussel, manager de la Festina, se faisait ramasser par les pandores. Autant dire que la victoire de Blijlevens n'intéressa personne. Quelques jours plus tard, c'est au tour des coureurs de la TVM d'être embarqués au poste. Blijlevens est furieux et tente d'entraîner le peloton dans un mouvement de grève. En vain. Alors que le Tour passe en Suisse, du côté du col de la Faucille, il met pied à terre. Il explique son geste un peu plus tard : « Pour moi, c'était un symbole. Maintenant, je vais oublier la France, je vais d'abord trouver la paix en Suisse puis rentrer chez moi en passant par les autoroutes allemandes ». Dans la soirée, ses coéquipiers abandonnent aussi. Le rapport sénatorial français de 2013 démontre qu'il était alors sous EPO. Ce sera encore le cas l'année suivante.
Blijlevens n'en a pas fini avec le dopage. Pendant le Blitz du Giro 2001, le 6 juin, il est surpris par les forces de l'ordre en possession de douze gélules d'un médicament à base de caféine. Le coureur de Lotto – Adecco n'écope d'aucune sanction. Il court quelques années encore et met un terme à sa carrière à la fin de la saison 2004.
Lorsque Richard Plugge tente de faire le ménage à la Rabobank en 2013, il convoque tous les employés et leur demande de déballer ce qu'ils savent et ce qu'ils ont fait en matière de dopage. Jeroen Blijlevens, directeur sportif depuis quelques mois, ment. Dès la publication du rapport sénatorial français l'équipe néerlandaise, devenue Belkin, annonce son départ « immédiat ».
Après être revenu dans le milieu par le biais du cyclisme féminin, il a remis le pied à l'étrier en 2024 chez Lidl-Trek où il retrouve son ancien compère de TVM, Steven De Jongh. Inutile de dire que nous accueillons froidement ce retour.
Comme Jeroen Blijlevens, Steven de Jongh faisait partie de l'équipe TVM exclue du Tour de France 1998. Cela aurait dû attirer l'attention de Dave Brailsford, patron de la Sky, qui clamait vouloir constituer son équipe avec des dirigeants vierges de toute affaire de dopage. Il lui aurait d'ailleurs suffit de consulter le verdict du procès TVM qui s'est tenu à Reims en 2001 :
Acculé par une enquête interne de la Sky, l'ancien coureur passé par la Rabobank et la Quick Step, reconnait finalement avoir eu recours au dopage durant sa carrière. « J'ai pris de l'EPO entre 1998 et 2000 à plusieurs occasions », écrit-il sur son site Internet en 2012. « Il était temps d'être honnête. C'est le moment de parler. J'aurais pu continuer à la fermer, mais il était temps d'admettre mes erreurs et de parler ouvertement. J'étais un jeune coureur, l'opportunité s'est présentée et c'était un sacré défi de rester à l'écart. J'ai pris un produit facile à prendre et je savais qu'on ne pouvait pas le détecter. Il n'y a pas eu de pressions de la part des directeurs d'équipes ou des médecins. C'était ma propre décision. Je pense que chacun doit prendre ses responsabilités quand il fait des choix et je n'ai pas fait le bon à cette époque. J'ai été choqué par les rumeurs et les histoires de programmes organisés dans le cyclisme (…). Je n'ai rien vu de tel. Personne ne m'a forcé. »
En raison de ces aveux, De Jongh est prié de prendre la porte de l'équipe Sky où il officiait comme directeur sportif depuis trois ans. Il trouve refuge chez Tinkoff-Saxo dès l'année suivante, en 2013. Oleg Tinkoff et Bjarne Riis n'étaient pas très regardants sur l'éthique. Il a rejoint Trek – Segafredo en 2018.
Thomas Dekker le désigne comme un des principaux co-équipiers chez Rabobank, avec Michael Boogerd, à l'avoir initié au dopage… et à la branlette !
Proud to work for @TrekSegafredo and @TrekBikes .
— gicquel stephane (@stephanngicquel) April 3, 2020
Thanks for your amazing support in this special period . pic.twitter.com/QfPUdFtNCy
Le soigneur Stéphane Gicquel a été mêlé à l'affaire Sébastien Grouselle, du nom du jeune coureur décédé après une chute lors du Grand Prix cycliste de Montereau (Seine-et-Marne), le 18 septembre 1998. Les analyses toxicologiques révèlent l'absorption de corticoïdes par le jeune homme, semi-professionnel de l'équipe Big Mat Aubervilliers.
Stéphane Gicquel, son soigneur, est condamné en première instance à dix-huit mois de prison dont neuf fermes pour, notamment, incitation et facilitation à l'usage de substances dopantes et vénéneuses. Il fait appel et est rejugé par la cour d'appel de Paris, le 12 juin 2008. Il est défendu par Me Stéphane Mesones, bien connu pour avoir défendu à plusieurs reprises Bernard Sainz, alias « Docteur Mabuse ». Plusieurs coureurs du C.M. Aubervilliers viennent expliquer que Gicquel transportait des produits dopants dans des valises et les vendait aux coureurs. Dans le jugement, on peut lire : « Stéphane GICQUEL reconnaissait la fourniture de produits dopants mais en minimisait l'importance. Il reconnaissait qu'il transportait dans sa valise, à compter de 1996, une gamme de produits corticoïdes (« une ou deux ampoules de SOLUDECADRON, trois ou quatre de KENACORT, des cachets de CELESTENE et de SOLUPRED »). (…) Selon lui, il aurait fourni de tels produits à trois ou quatre reprises seulement, notamment du SOLUDODECADRON à Grégory PAGE en 1996, en présence de Stephan GAUDRY. Ces corticoïdes étaient prescrits, selon lui, par le médecin de l'équipe, le Docteur PROVOST, les factures étant remises à Stephan GAUDRY. Il précisait qu'il s'était rendu à Vintimille pour y acheter des produits interdits en France (TATIONIL, PREFOLIC, IPOSOTAL, EPARGRESOVIT notamment), en accord avec Stephan GAUDRY ».
Stéphane Gicquel obtient finalement la relaxe. Le tribunal a considéré que les produits étaient délivrés légalement, sur ordonnance médicale.
Il porte les valises de l'équipe Trek depuis 2013.
Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.
Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :
L'Italien Ciccone Giulio est de la catégorie des purs grimpeurs purs. Passé pro dans la modeste Bardiani CSF, il arrive chez Trek-Segafredo en 2019. Pour sa première participation au Tour de France la même année, il s'illustre en portant le maillot jaune pendant deux étapes. En 2023, il ramène le maillot à pois de meilleur grimpeur à Paris.
Il a fait flasher les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer pendant le Tour de France 2024 qu'il termine en 11ème position.
Deuxième de Liège-Bastogne-Liège 2025, il s'annonce en forme. Fera-t-il à nouveau flasher les radars ?
Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.
Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :
Aucun membre de l'encadrement actuellement dans l'équipe Lidl - Trek n’a allumé les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer.
Le MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible) est une association créée en 2007 par des équipes cyclistes professionnelles dont le but est de défendre l'idée d'un cyclisme propre, en imposant le strict respect du code éthique de l’UCI et pouvant aller jusqu’à imposer des règles plus strictes que ne l’impose le Code Mondial Antidopage édicté par l’AMA. En plus des équipes, le MPCC offre la possibilité aux coureurs et membres de l’encadrement des équipes d’adhérer à titre individuel.
Trek n'adhère pas au MPCC et seulement deux encadrants le font à titre individuel. Côté coureurs, on note une adhésion un peu plus importante avec six membres du MPCC.
Pour la saison 2025, l'équipe obtient la note de 10,6/20. Ceci la place en 22ème position sur 28.
L'ensemble des paramètres vaut à l'équipe Trek un ICCD (indice de confiance) médiocre qui se dégrade depuis 2022. Il est difficile de faire confiance à une équipe dont un des dirigeants est le recordman du monde des contrôles positifs et qui semble s'évertuer à recruter ses directeurs sportifs dans le vivier des anciens de la TVM 1998.