ICCD : Indice de Confiance Cyclisme-Dopage.com

Trek - Segafredo - Saison 2023


01/07/2023 - Mise à jour le 10/02/2024

Sommaire

Introduction

L'équipe américaine Trek-Segafredo (qui devient Lidl-Trek au départ du Tour de France 2023) est née en 2011 au Luxembourg à l’initiative de Frank et Andy Schleck, accompagnés de Brian Nygaard et de Kim Andersen, tous quittant la Saxo Bank de Bjarne Riis. Dès l’année suivante, la jeune formation fusionne avec la Radio-Schack de Johan Bruyneel. Le manager belge sera écarté en fin de saison, à la suite des aveux de Lance Armstrong. Il purge depuis une suspension à vie.


Quand Andy Schleck porte son équipe sur les fonts baptismaux, il ne sait pas encore qu’on lui attribuera le Tour de France 2010 sur tapis vert, Alberto Contador étant déclassé. En 2013, Chris Horner, dans une résurrection à la Cavendish, remporte le Tour d’Espagne. Par la suite, Trek attire deux anciens vainqueurs de Grands Tours : Alberto Contador, justement, et Vincenzo Nibali.

Histoire de l'équipe


En 11 ans, l’équipe a été touchée par trois affaires de dopage. La première, dès la deuxième année touche Frank Schleck, co-fondateur de l’équipe. Il est contrôlé positif au Xipamide, un diurétique, sur le Tour de France 2012 et immédiatement suspendu provisoirement par l’équipe. Par la suite, il est suspendu 2 ans par l’agence antidopage luxembourgeoise. Il a toujours nié les faits.

Avant cette affaire, il avait déjà été mouillé dans l’opération Puerto pour avoir versé, en mars 2006, près de 7000 euros sur un compte suisse appartenant au Dr Eufemiano Fuentes. « Ce paiement devait financer un programme d'entraînement sportif spécifique (élaboré) par des experts », avait expliqué Schleck. Excuse classique.


Deuxième affaire, André Cardoso est contrôlé positif à l'EPO hors compétition en juin 2017. Le coureur tente d’expliquer sa positivité par une consommation excessive d’alcool. Bien que l'analyse de l'échantillon B se soit avérée « non-concluante », la CADF (Cycling Anti-Doping Fondation) le suspend pour quatre ans, estimant avoir suffisamment d’éléments pour justifier la disqualification.


Dernière affaire en date, Jarlinson Pantano estcontrôlé positif à l’EPO au Tour du Haut-Var 2019. Le Colombien, ancien vainqueur d’étape sur le Tour de France 2016, est immédiatement suspendu par l’équipe Trek. Il est finalement suspendu quatre ans par l'Union cycliste internationale et met un terme à sa carrière.

Liste des affaires de l'équipe
Coureur Produit Course Date Sanction Contrôle
Pantano Gomez Jarlinson EPO Contrôle inopiné 2019 Oui Contrôle positif
S. Martins Cardoso Andre Fernando EPO Contrôle inopiné 2017 Oui Contrôle positif
Hondo Danilo Transfusions sanguines 2013 Oui Enquête judiciaire et aveux en 2019
Schleck Frank Xipamide Tour de France 2012 Oui Contrôle positif

Pour voir plus d'informations sur l'équipe dans l'annuaire du dopage, cliquez ici

Les coureurs épinglés

Mise à jour 10/02/2024 : en février 2024, le Néerlandais Antwan Tolhoek est suspendu provisoirement après un contrôle positif aux stéroïdes anabolisants en novembre, quelques jours avant de quitter l’équipe Treck. Cette affaire devra être mise au débit de cette formation dans notre indice de confiance 2024.

Mattias Skjelmose Jensen

Le danois Skjelmose Jensen est un coureur précoce. La preuve, à 17 ans seulement il subit un contrôle antidopage positif à la méthylhexanamine. C’était le 26 mai 2018 à l’issue Tour du Pays de Vaud dont il venait de remporter le classement général devant un autre danois, William Blume Levy. Pendant l’enquête de la CADF (Fondation antidopage du cyclisme), il plaide la contamination par un complément alimentaire. L’UCI entend ses arguments et retient le côté involontaire de ce cas de dopage. Il est suspendu 10 mois entre juillet 2018 et mai 2019. Entre temps, il s’était illustré en se faisant suspendre pendant 14 jours par la fédération danoise de cyclisme, cette fois pour avoir frappé un autre coureur lors de la Demin Cup à Grindsted.

Malgré cette entrée en carrière chaotique, il passe professionnel en 2020 au sein de l’équipe Leopard Pro Cycling, réserve de l’équipe Trek.

Les dirigeants épinglés

L’équipe Trek s’est débarrassée en 2022 de l’encombrant Dr Emilio Magni, parti chez la « vertueuse » Astana.

Un médecin embarrassant qui passe entre les gouttes

En revanche, elle a embauché en 2021 le Dr Manuel Rodriguez Alonso. Ce recrutement n’avait pas retenu notre attention jusqu’à ce que nous nous penchions sur le parcours de ce médecin passé par les équipes ONCE, Quick-Step et Orica GreenEdge.

Manuel Rodriguez est un homme d’expérience. Il a tout d’abord été médecin du comité olympique espagnol de 1996 à 2004. Avant de rejoindre l’équipe Trek en 2021, il a exercé ses talents à la ONCE (1999 & 2000), chez Mapei qui devient Quick Step (2001 à 2006) puis chez Orica-GreendEdge (2012 à 2016). Il a aussi goûté au football en travaillant à partir de 2007 et pour trois ans au Real Madrid en tant que professeur de conseil en nutrition et de performance sportive.

En août 2001, le procureur de Florence, responsable de l'enquête sur le blitz de Sanremo du 7 juin met pas moins de 52 personnes sous enquête. Parmi elles, une quarantaine de cyclistes mais aussi des masseurs, pharmaciens et médecin dont le Dr Manuel Rodriguez, qui exerce alors à la Mapei. Il est poursuivi pour détention de caféine et de diprophilline. Il ne sera pas condamné dans cette affaire.

Il déclare en 2002 : qu'avec des « contrôles antidopage plus organisés comme il s'en fait maintenant, qui peuvent s'imposer à n'importe quel coureur et à n'importe quel moment, le dopage a pratiquement disparu du cyclisme ». Le mot « pratiquement » est prudent. Heureusement car Stefano Garzelli, qui court alors dans son équipe, est contrôlé positif au probénicide pendant le Tour d’Italie.

Lors d'un interrogatoire par l'Agence mondiale antidopage en 2007, Patrick Sinkewitz soutient que le dopage était systématique chez Quick-Step entre 2003 et 2005. Il accuse nommément le patron de l'équipe Patrick Lefévère et le médecin Manuel Rodriguez. En 2013, le coureur allemand réitère ses accusations devant l’Office fédéral de la police criminelle allemande. Il accuse les Dr Manuel Rodriguez, toujours lui, et Yvan Van Mol de lui avoir fourni EPO, hormones de croissance et cortisone.

Après les aveux de dopage de Stuart O’Grady en 2013, l’équipe Orica-GreenEDGE commande une enquête « indépendante » à Nicki Vance qui remet ses conclusions en mai 2013. Dans son rapport, Vance souligne le risque potentiel engendré par des messages contradictoires adressés aux coureurs. Il a constaté que les trois médecins de la formation ont des points de vue différents sur la question de la consommation de suppléments alimentaires. Selon Vance, Manuel Rodriguez est « le principal partisan de l’utilisation de suppléments ». Le Docteur explique les préconiser pour dissuader les coureurs de chercher à utiliser les leurs.

Quand Simon Yates est contrôlé positif à la Terbutaline à l’arrivée de la sixième étape de Paris-Nice 2016, l’équipe Orica-GreenEdge fait porter toute la responsabilité sur son médecin qui aurait commis une « erreur administrative » en ne présentant pas l’AUT dont bénéficiait le coureur pour soigner son asthme. L’équipe n’a jamais communiqué le nom du médecin mis en cause. Nous nous contenterons donc de noter que le Dr Manuel Rodriguez, entré dans la formation australienne en 2012 ne figure plus dans les organigrammes en 2017. Nous perdons sa trace jusqu’en 2021 où il réapparaît dans l’équipe Trek. Nous avons interrogé les équipes Trek et Team Jayco (nouveau nom d’Orica Greenedge) pour en savoir plus. Aucune n’a répondu à nos sollicitations.

Le Dr Manuel Rodriguez n’ayant échappé à notre connaissance jamais été suspendu ni officiellement sanctionné, nous avons choisi, malgré ses casseroles, de ne pas le comptabiliser dans la note ICCD de l’équipe Trek.

Trois dirigeants épinglés

Au-delà du cas du Dr Manuel Rodriguez Alonso, il reste encore trois dirigeants à avoir eu les honneurs de notre annuaire du dopage : Kim Andersen, Steven De Jongh et Stéphane Gicquel.

Kim Andersen


Recordman du monde des contrôles positifs

Symbole des dérives du cyclisme dans l’ère pré-Festina, Kim Andersen est le véritable recordman du monde des contrôles positifs. Nous en avons dénombré six. Ou sept. C’est confus. On s’y perd. Mais c’est beaucoup. Seul le sprinter ouzbek Djamolidine Abdoujaparov pourrait lui contester ce titre, mais il a triché : il a été contrôlé positif six fois, à quelques jours d’intervalles, donc pour les mêmes produits. Kim Andersen, lui, a établi son record sur huit ans, entre 1985 et 1992. C’est plus fort.

On aime beaucoup Kim Andersen. Il sait faire rire. Après son contrôle positif au Tour du Limousin en 1987, il déclare : « Depuis que j'ai été contrôlé deux fois positif [six fois en réalité], je prends toutes mes précautions. Je ne suis quand même pas con ! ». Moyennant quoi il se fait contrôler positif à l’Amstel Gold Race en 1992. C’est con, non ?

Il y a un mystère Kim Andersen. Il pousse à la rigolade. Pat McQuaid, alors président de l'UCI, n’affirmait-il pas en 2011 : « Je n'ai jamais entendu de rumeurs [sur lui] (...) c'est un bon directeur sportif ». Pat aussi est drôle, non ?

Le permis de se doper

Mais reprenons un instant notre sérieux car Kim Andersen est à l’origine d’un véritable permis de se doper qui a été accordé au peloton à la fin des années quatre-vingt. En effet, sa suspension à vie en 1987 conduit Hein Verbruggen, le président de l'UCI, à assouplir les sanctions en 1988 : un coureur contrôlé positif n'écope plus que de 3 mois de suspension avec sursis. Un deuxième contrôle conduit à une suspension supplémentaire de 3 mois ainsi qu'à l'exécution de la première suspension, soit un total de 6 mois. Seulement. La suspension à vie, qui prévalait alors pour un troisième contrôle positif, se transforme en un an de suspension. Mieux encore, les compteurs sont remis à zéro tous les douze mois. Un véritable désastre que le sport cycliste paiera très cher en 1998.

Enfin suspendu à vie en 1992, Kim Andersen refait surface en tant que directeur sportif dès 1998 dans la modeste équipe danoise Chicky World. Après avoir longtemps travaillé aux côtés de Bjarne Riis, il s’émancipe en créant Leopard Trek en 2011 avec Andy et Frank Schleck.

Les lecteurs qui ont envie de rire (jaune) pourront se payer une tranche supplémentaire en consultant le portrait que nous avons consacré à Kim Andersen ici

Steven De Jongh


Steven de Jongh faisait partie de l’équipe TVM exclue du Tour de France 1998. Cela aurait dû attirer l’attention de Dave Brailsford, patron de la Sky, qui clamait vouloir constituer son équipe avec des dirigeants vierges de toute affaire de dopage. Il lui aurait d’ailleurs suffit de consulter le verdict du procès TVM qui s’est tenu à Reims en 2001 :

Steven de Jongh, consommateur de produits dopants
Source : Verdict du procès TVM - 17/07/2001

Acculé par une enquête interne de la Sky, l’ancien coureur passé par la Rabobank et la Quick Step, reconnait finalement avoir eu recours au dopage durant sa carrière. « J’ai pris de l’EPO entre 1998 et 2000 à plusieurs occasions », écrit-il sur son site Internet en 2012. « Il était temps d’être honnête. C’est le moment de parler. J’aurais pu continuer à la fermer, mais il était temps d’admettre mes erreurs et de parler ouvertement. J’étais un jeune coureur, l’opportunité s’est présentée et c’était un sacré défi de rester à l’écart. J’ai pris un produit facile à prendre et je savais qu’on ne pouvait pas le détecter. Il n’y a pas eu de pressions de la part des directeurs d’équipes ou des médecins. C’était ma propre décision. Je pense que chacun doit prendre ses responsabilités quand il fait des choix et je n’ai pas fait le bon à cette époque. J’ai été choqué par les rumeurs et les histoires de programmes organisés dans le cyclisme (…). Je n’ai rien vu de tel. Personne ne m’a forcé. »

En raison de ces aveux, De Jongh est prié de prendre la porte de l’équipe Sky où il officiait comme directeur sportif depuis trois ans. Il trouve refuge chez Tinkoff-Saxo dès l’année suivante, en 2013. Oleg Tinkoff et Bjarne Riis n’étaient pas très regardants sur l’éthique. Il a rejoint Trek – Segafredo en 2018.

Thomas Dekker le désigne comme un des principaux co-équipiers chez Rabobank, avec Michael Boogerd, à l’avoir initié au dopage… et à la branlette !

Gicquel Stéphane

Le soigneur Stéphane Gicquel a été mêlé à l’affaire Sébastien Grouselle, du nom du jeune coureur décédé après une chute lors du Grand Prix cycliste de Montereau (Seine-et-Marne), le 18 septembre 1998. Les analyses toxicologiques révèlent l'absorption de corticoïdes par le jeune homme, semi-professionnel de l'équipe Big Mat Aubervilliers.

Stéphane Gicquel, son soigneur, est condamné en première instance à dix-huit mois de prison dont neuf fermes pour, notamment, incitation et facilitation à l'usage de substances dopantes et vénéneuses. Il fait appel et est rejugé par la cour d'appel de Paris, le 12 juin 2008. Il est défendu par Me Stéphane Mesones, bien connu pour avoir défendu à plusieurs reprises Bernard Sainz, alias « Docteur Mabuse ». Plusieurs coureurs du C.M. Aubervilliers viennent expliquer que Gicquel transportait des produits dopants dans des valises et les vendait aux coureurs. Dans le jugement, on peut lire : « Stéphane GICQUEL reconnaissait la fourniture de produits dopants mais en minimisait l'importance. Il reconnaissait qu'il transportait dans sa valise, à compter de 1996, une gamme de produits corticoïdes (« une ou deux ampoules de SOLUDECADRON, trois ou quatre de KENACORT, des cachets de CELESTENE et de SOLUPRED »). (…) Selon lui, il aurait fourni de tels produits à trois ou quatre reprises seulement, notamment du SOLUDODECADRON à Grégory PAGE en 1996, en présence de Stephan GAUDRY. Ces corticoïdes étaient prescrits, selon lui, par le médecin de l'équipe, le Docteur PROVOST, les factures étant remises à Stephan GAUDRY. Il précisait qu'il s'était rendu à Vintimille pour y acheter des produits interdits en France (TATIONIL, PREFOLIC, IPOSOTAL, EPARGRESOVIT notamment), en accord avec Stephan GAUDRY ».

Stéphane Gicquel obtient finalement la relaxe. Le tribunal a considéré que les produits étaient délivrés légalement, sur ordonnance médicale.

Les coureurs flashés

Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.

Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :

Aucun coureur actuellement dans l'équipe Trek - Segafredo n’a allumé les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer

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Les dirigeants flashés

Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.

Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :

Aucun membre de l'encadrement actuellement dans l'équipe Trek - Segafredo n’a allumé les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer

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Attitude vis-à-vis du MPCC

Le MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible) est une association créée en 2007 par des équipes cyclistes professionnelles dont le but est de défendre l'idée d'un cyclisme propre, en imposant le strict respect du code éthique de l’UCI et pouvant aller jusqu’à imposer des règles plus strictes que ne l’impose le Code Mondial Antidopage édicté par l’AMA. En plus des équipes, le MPCC offre la possibilité aux coureurs et membres de l’encadrement des équipes d’adhérer à titre individuel.

Trek n’adhère pas au MPCC et aucun encadrant n’y adhère à titre individuel. Seuls quatre coureurs adhèrent individuellement. C’est deux de plus qu’en 2021 et autant qu’en 2022.


Liste des coureurs adhérents du MPCC
Liste des membres de l'encadrement adhérents du MPCC

ICCD : notre indice de confiance

Pour la saison 2023, nous attribuons à l'équipe la note de 11,1/20. Ceci la place en 19ème position sur 27.

L’ensemble vaut à l’équipe Trek un ICCD (indice de confiance) moyen, très moyen. Il est difficile de faire confiance à une équipe dont un des dirigeants est le recordman du monde des contrôles positifs !

Pour consulter l'article ICCD de l'équipe Trek - Segafredo en 2022, cliquez ici.