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Movistar Team - Saison 2024


cyclisme-dopage.com - 12/06/2024

Sommaire

Introduction Vingt-neuf affaires de dopage Deux coureurs épinglés Six dirigeants épinglés Deux coureurs flashés Un dirigeant flashé L'équipe adhère MPCC ICCD : notre indice de confiance

Introduction

L'équipe Movistar est née en 1980, comme Alejandro Valverde. Elle a eu cinq noms : Reynolds (1980-1989), Banesto (1990-2003), Illes Balears (2004-2005), Caisse d'Epargne (2006-2010) puis Movistar depuis 2011. Valverde, un de ses coureurs emblématiques, a eu deux noms : Valverde et ValvPiti, du nom de son chien retrouvé dans les petits papiers du Dr Eufemiano Fuentes. Il s'essaie maintenant à une troisième vie en occupant un poste mal défini dans l'organigramme de l'équipe Movistar et surtout en pédalant sur son vélo de gravel.


Histoire de l'équipe

Une histoire entachée de nombreux cas de dopage

La liste des affaires de dopage de l'équipe est désespérément longue. On y retrouve (presque) au hasard : Angel Arroyo (1982), Julian Gorospe (1987), Thomas Davy (1996), Abraham Olano (1998) ou Marco Fertonani (2007). Mais on y trouve aussi deux vainqueurs du Tour de France (Pedro Delgado et Miguel Indurain) et deux Champions du Monde (Alejandro Valverde et Rui Costa).

Le contrôle positif au Methylhexaneamine de Rui Costa remonte au Tour du Portugal 2010. Depuis, l'équipe espagnole n'a eu à déplorer aucune affaire.

Nettoyage du corps pour Pedro Delgado

Chacun se souvient du contrôle positif au Probénécide du maillot jaune Pedro Delgado pendant le Tour de France 1988. Ce produit masquant permettant de dissimuler la prise de stéroïdes anabolisants est alors interdit par le CIO mais pas encore par l'UCI. Le coureur espagnol sauve son maillot grâce à un imbroglio juridique dont l'histoire de l'antidopage a le secret.

Interrogé par Damien Lemaître dans le livre Secrets de Maillots Jaunes, publié en 2018 (Editions Hugo Sports), il revient sur cette affaire : « J'ai été contrôlé tous les jours jusqu'à Paris à partir de l'étape de l'Alpe d'Huez (...) et cette molécule n'est apparue qu'une seule fois. Si j'avais vraiment voulu masquer quelque chose, je l'aurais prise tous les jours, non ? J'ai la conscience tranquille. J'ai dû prendre une pastille à l'hôtel, le soir de l'étape de l'Alpe d'Huez ou le lendemain matin, je ne m'en souviens plus. Peut-être qu'on me l'avait administrée. L'étape de l'Alpe avait été très difficile. Le lendemain, il y avait ce contre-la-montre individuel et il fallait bien nettoyer le corps, éliminer les toxines. C'était une aide, rien de plus. Je ne savais pas du tout ce que c'était. Dans l'équipe, tout le monde était en état de choc ». Autrement dit, Delgado prenait ce qu'on lui donnait pour « nettoyer le corps », sans trop se poser de questions.


Miguel Indurain, le mutant

En 1988, Pedro Delgado a pour équipier un certain Miguel Indurain. Le Navarrais est un jeune plein de promesses. Accompagné de José Miguel Echavarri, le manager de l'équipe, il passe des tests en Italie à la clinique de Ferrara, dirigée par le Dr Francesco Conconi. Le médecin italien est célèbre pour avoir dirigé la seconde partie de carrière de Francesco Moser et l'avoir mené au record du monde de l'heure en remettant au goût du jour les transfusions sanguines. Indurain revient d'Italie avec un plan sur cinq ans, basé essentiellement (et officiellement) sur un travail spécifique et une perte de poids : Indurain pesait alors 90 kg.

Cinq ans plus tard, en 1991, Indurain est devenu un autre coureur. Il commence à piaffer dans l'ombre de son leader Pedro Delgado. Quelques mois plus tôt, il a commencé à travailler avec le docteur Sabino Padilla. Ses tests sont excellents, meilleurs que ceux de Delgado. Ils se confirment en course puisqu'Indurain remporte son premier Tour. Greg LeMond, le vainqueur de l'année précédente, ne comprend plus rien : « Des vitesses jamais atteintes devinrent la norme. De bons coureurs certes, mais pas des champions patentés, se mirent à survoler la discipline. Ceux qui tenaient le haut du pavé jusqu'alors étaient devenus trop vieux, trop gras ou trop fainéants pour préserver leur rang », écrit-il en 2009.

Patatras, le 15 mai 1994 au Tour de l'Oise, Miguel Indurain, est contrôlé positif au Salbutamol, un produit destiné à soigner l'asthme, plus connu en France sous le nom de Ventoline. En septembre, Indurain est blanchi par la formation disciplinaire de la Ligue du cyclisme professionnel français, composée de Pierre Chany (journaliste de L'Equipe, du groupe Amaury, comme ASO, organisateur du Tour de France), Cyrille Guimard (directeur sportif), Thierry Cazeneuve (organisateur du Dauphiné Libéré) et Jean-François Lachaume (juriste). Tout comme son coéquipier Delgado en 1988, Indurain bénéficie d'une ambiguïté des règlements : le Salbutamol est autorisé sous certaines conditions en France et par le Comité international olympique (CIO), et sans restriction par l'Union cycliste internationale (UCI). Il est blanchi au bénéfice du doute.

En 1995, l'équipe Banesto embauche le coureur français Thomas Davy. Entendu lors du procès de l'affaire Festina, il témoignera : « Dans cette équipe, notamment en 1995, j'ai été amené à prendre de l'EPO je pense. Le médecin, Sabino Padilla, venait dans les chambres des coureurs après l'étape. Les seringues étaient déjà préparées... Lorsque nous demandions ce qu'il y avait dans les seringues, nous n'avions jamais de réponse... Jamais personne n'a réussi à savoir. Ces injections étaient systématiques lors des grands rendez-vous notamment sur le Tour de France (...) ... nous nous doutions qu'il devait y avoir autre chose que des produits de récupération... nous marchions en général mieux après ces injections... on m'a également fourni des gélules de Pantestone ».

A la fin de la saison 1995, le Dr Padilla décide subitement de quitter la Banesto pour s'occuper du club de football Atletico Bilbao. Le 3 janvier 1996, Jose Miguel Echavarri se rend à Milan à la recherche d'un nouveau médecin : « Je recherche une collaboration avec [les médecins] Casoni, Alfieri et Lodi. (...) Sabino Padilla a laissé un vide. (...) Il nous faut donc trouver un nouveau médecin, que ce soit en Espagne ou en Italie, mais probablement à l'Université de Ferrara ».

Miguel Indurain est aussi le coureur « mutant » par excellence, selon la définition d'Antoine Vayer. Il a explosé tous les compteurs. Même Lance Armstrong n'a pas fait mieux, et de loin.


Source : Le Monde 08/06/2013

Pour en savoir encore plus sur Miguel Indurain, on peut lire son portrait

Liste des affaires de l'équipe
Coureur Produit Course Date Sanction Contrôle
Faria Da Costa Rui Alberto Methylhexaneamine Tour du Portugal 2010 Non Contrôle positif
Fertonani Marco Testostérone Tour Méditerranéen 2007 Oui Contrôle positif
Valverde Alejandro Utilisation ou tentative d'utilisation de produits interdits 2006 Oui Enquête judiciaire (Opération Puerto)
Mateos Perez Rafael Grand Prix Pino Cerami 2003 Oui Contrôle positif
Pascual Rodriguez Javier 2003 Oui Contrôle positif
Arrieta Lujambio José Luis Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 NSP* Enquête policière
Bruseghin Marzio Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 NSP* Enquête policière
Lastras Garcia Pablo Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 NSP* Enquête policière
Latasa Lasa David Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 NSP* Enquête policière
Navas Chica David Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 NSP* Enquête policière
Odriozola Mugarza Jon Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 NSP* Enquête policière
Osa Eizaguirre Unai Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 NSP* Enquête policière
Solaun Solana César Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 NSP* Enquête policière
Beltran Manuel Corticoïdes Tour de France 1999 Non Contrôle positif
Beltran Manuel EPO Tour de France 1999 Non Enquête du laboratoire
Beltran Manuel EPO Tour de France 1998 Non Commission d'enquête sénatoriale
Garmendia Aitor Hématocrite > 50% Tour de Catalogne 1998 Oui Analyse sang
Olano Abraham EPO Tour de France 1998 Non Commission d'enquête sénatoriale
Casero Angel Nandrolone Classica Alcobendas 1996 Non Contrôle positif
Davy Thomas Ephédrine Tour des Asturies 1996 NSP* Contrôle positif
Davy Thomas Pseudoéphédrine Tour d'Aragon 1996 Oui Contrôle positif
Davy Thomas EPO 1995 Non Aveux en 1998
Indurain Miguel Salbutamol Tour de l'Oise 1994 Non Contrôle positif
Jimenez José-Maria Memorial Galera 1993 NSP* Contrôle positif
Delgado Pedro Probénécide Tour de France 1988 Non Contrôle positif
Gorospe Julian Nortestostérone Tour du Pays Basque 1984 Oui Contrôle positif
Laguia Martinez José-Luis Tour du Pays Basque 1983 Oui Contrôle positif
Arroyo Angel Ritaline Tour d'Espagne 1982 Oui Contrôle positif
Azcarate Juan-Maria Classique de San Sebastian 1981 Oui Contrôle positif

* Sanction non connue

Pour voir plus d'informations sur l'équipe dans l'annuaire du dopage, cliquez ici


Les coureurs épinglés

Alejandro Valverde ayant (plus ou moins) pendu son vélo au clou, il ne restait en 2023 plus aucun coureur épinglé dans notre annuaire du dopage parmi l'effectif Movistar. L'équipe espagnole se ressaisit cette saison en recrutant le jeune Lorenzo Milesi et surtout le quasi-paria Nairo Quintana. Eusebio Unzué justifiait ainsi le recrutement du Colombien : « Avec tout ce que Nairo a apporté au cyclisme, à l'équipe elle-même et à Telefónica, nous ne pouvions pas rester les bras croisés et ne rien faire. L'aspect humain a également joué un rôle important dans sa signature, notamment parce que nous sommes convaincus qu'il peut beaucoup apporter à l'équipe grâce à son expérience, et nous le reverrons sûrement là-haut lors des jours importants ».

Lorenzo Milesi


Alors qu'il vient de passer professionnel, l'Italien Lorenzo Milesi révèle avoir été contrôlé positif lors de son tout premier contrôle antidopage. C'était en 2019, aux Championnats d'Italie contre-la-montre juniors. Ce résultat est dû à un médicament qu'il utilise pour traiter l'asthme dont il dit souffrir depuis sa naissance et qui contenait du Salbutamol. Ce premier contrôle positif lui a valu une suspension de cinq mois.

Lorsqu'à l'orée de la saison 2022, l'équipe de développement DSM lui offre un premier contrat professionnel jusqu'en 2025, l'Italien révèle ce contrôle positif à ses nouveaux dirigeants. Ceux-ci consultent le MPCC qui valide le contrat dans la mesure où la suspension était inférieure à six mois. La DSM demande alors au jeune coureur de rendre publique son histoire.

En 2023, Milesi passe de l'équipe de développement à l'équipe « première » de DSM. Il devient le premier porteur du maillot rouge de leader de la Vuelta 2023, qu'il abandonne lors de la 6ème étape. L'histoire entre l'Italien et l'équipe néerlandaise s'arrête prématurément pour une raison qui n'est pas rendue publique. Milesi ne va pas au bout de son contrat qui courait jusqu'en 2025 et rejoint la Movistar dès le début de saison 2024.

Nairo Quintana


Nairo Quintana est disqualifié du Tour de France 2022, qu'il avait terminé à la sixième place, en raison de deux contrôles positifs au Tramadol. Ce puissant antalgique est interdit en course depuis 2019 par l'UCI, mais pas par l'Agence mondiale antidopage (AMA). Les prélèvements ont été pratiqués les 8 juillet (septième étape) et 13 juillet (onzième étape).

Le coureur colombien de l'équipe Arkéa-Samsic « nie totalement » avoir utilisé du Tramadol pendant sa carrière. Il conteste sans succès sa disqualification devant le TAS.

Malgré sa sanction, Quintana n'est pas suspendu et peut théoriquement continuer à courir. L'équipe bretonne ne le conserve pas dans son effectif et le Colombien ne trouve aucune équipe pour l'accueillir en 2023. Heureusement pour lui, la Movistar, pour laquelle il a déjà couru entre 2012 et 2019, vole à son secours et le recrute pour cette saison 2024.

L'affaire du Tramadol appartenant désormais au passé, il reste à Quintana à se dépêtrer de l'affaire du Tour de France 2020. Son médecin, le Dr Fredy Alexander Gonzales Torres, sera jugé le 2 septembre 2024 à Marseille. Il risque jusqu'à cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende. Lors de la perquisition menée le 16 septembre 2020, les gendarmes ont trouvé des compléments alimentaires, de la caféine, un système de perfusion, du matériel d'injection, des poches de sérum physiologique et un garrot avec les ADN de Gonzales Torres et des frères Quintana. Bien que Nairo Quintana ne soit pas convoqué par le tribunal, le dossier a été transmis aux autorités sportives pour une éventuelle procédure disciplinaire. Nairo Quintana est donc plus que jamais en sursis.

Nairo Quintana a aussi été flashé. A lire ici.


Les dirigeants épinglés

En 2022, la Movistar recrute deux anciennes « stars » issues de la formation Saunier-Duval de sinistre mémoire : Leonardo Piepoli et le Dr José Ibarguren. En 2023, elle conserve son ancien coureur Alejandro Valverde pour un rôle assez brumeux dans l'équipe dirigeante et récupère Yvon Ledanois, orphelin de Nairo Quintana. Ce dernier ne reste qu'un an et a rejoint Arkea – B&B en 2024.

Aujourd'hui, ils sont au nombre remarquable de six avoir été impliqués dans des affaires de dopage.

L'organigramme 2024 de la Movistar voit l'apparition d'un assistant sportif célèbre en la personne de Marcelino Torrontegui. L'Espagnol qui œuvrait ces dernières années dans le milieu du football et auprès de la Fédération Espagnole de Cyclisme s'est illustré dès les années quatre-vingt-dix en tant que masseur personnel de Tony Rominger. Il est aux petits « soins » pour le coureur suisse quand celui-ci bat le record de l'heure à deux reprises en 1994. Torrontegui fait partie de la garde rapprochée du champion dans laquelle on retrouve aussi Marc Biver, le manager, Michele Ferrari, le médecin et Juan Fernandez, le directeur sportif.

Alex Zülle le prend dans ses bagages quand il rejoint l'équipe Festina en 1998. Le soigneur espagnol n'hésite pas à se présenter comme le bras droit du docteur Ferrari. Ses relations avec le Dr Rijckaert et le soigneur Willy Voet sont houleuses. Les deux hommes lui reprochent de ne pas être assez « modéré ». Un comble. Richard Virenque ne manquera pas de l'emmener avec lui chez Polti.

En 2024, nous comptabilisons certaines personnes quand bien même elles n'ont pas été épinglées ou flashées. Marcelino Torrontegui fait partie de celles-ci. En effet, même s'il n'a jamais été condamné, son « palmarès » suscite une grosse méfiance. Sa présence compte cependant moitié moins lourd dans la note de son équipe que s'il avait été épinglé ou flashé.

Ibarguren Taus Jose

Le curriculum-vitae du Dr Jose Ibarguren Taus est impressionnant. Avant de rejoindre l'équipe espagnole, il a pu parfaire ses connaissances au sein d'équipes plus ou moins sulfureuses (souvent plus que moins) : Euskatel-Euskadi, Lotto, Banesto, Lampre, Saunier Duval et Quick-Step. Dès 1999, Willy Voet l'accuse de doper les coureurs de l'équipe Lotto. Il dément. Vingt-cinq ans plus tard, il est toujours là.

Le 28 juillet 2002, aux portes de Lyon, pendant le Tour de France, un camping-car griffé Lampre est arrêté par la police. Ils y trouvent des valises appartenant au Dr Ibarguren. Elles contiennent des corticoïdes, des seringues et d'autres produits suspects. Interrogé, le médecin se défend avec fermeté : « aucune forme de dopage n'a été administrée à l'équipe Lampre », avance-t-il.

En 2009, il est directement impliqué dans « l'affaire Mantoue ». Les écoutes téléphoniques effectuées entre 2007 et 2009 ont mis en évidence une conversation téléphonique entre le pharmacien Guido Nigrelli et Taus Ibarguren dans laquelle ce dernier déclare : « J'ai besoin d'un petit quelque chose... (…) Ce que vous m'avez envoyé pour la Vuelta, j'ai continué à la maison ». Le jugement fait état d'achat et d'administration de produits dopants (le « petit quelque chose », dont de la testostérone, dans le but d'améliorer les performances des coureurs de l'équipe Fuji-Servetto, héritière de la Saunier-Duval). Nigrelli sera condamné mais Ibarguren Taus échappera à une condamnation.

Après avoir œuvé entre 2010 et 2021 auprès de Patrick Lefevere à la Quick Step, il a rejoint Movistar en 2022.

Pablo Lastras


En novembre 2014, au moment de prendre sa retraite de coureur, Pablo Lastras Garcia : « Le cyclisme aujourd'hui est sain. Nous avons déjà payé les erreurs du passé. [...] Avant, le vélo était très familial, désormais il est plutôt commercial. Ni meilleur, ni pire ». Circulez, puisqu'il n'y a plus rien à voir.

Auparavant, il s'était fait pincer pendant le Blitz du Giro 2001 en possession de produits interdits (caféine et corticostéroïdes). Il ne sera pas sanctionné. C'est sans doute ce qu'il appelle avoir « payé les erreurs du passé ». Il intègre l'encadrement technique de la formation espagnole Movistar au mois d'octobre 2016, un an après être descendu de vélo.

Leonardo Piepoli

Contrôlé positif au salbutamol lors du Tour d'Italie 2007, où il a été sacré meilleur grimpeur, Leonardo Piepoli est suspendu en juillet par son équipe Saunier-Duval. Pour sa défense, il explique disposer d'une autorisation thérapeutique pour « soigner [son] allergie ». « Je ne sais pas le nombre de pouf pouf (des inhalations) que j'ai fait. J'en prends toutes les fois que j'en ai besoin »,complète-t-il. La Fédération monégasque, où il est licencié, bonne poire, accepte l'explication.

L'année suivante, Piepoli enflamme le Tour de France en gagnant à Hautacam devant son coéquipier l'Espagnol Juan Jose Cobo. Les jours précédents, un autre coéquipier, Riccardo Ricco, avait remporté deux étapes. Patatras, Ricco est contrôlé positif à l'EPO. Piepoli est licencié sur le champ « pour violation du code éthique de l'équipe » et doit quitter le Tour de France entre deux gendarmes. Dans un premier temps, ses échantillons restent négatifs mais en octobre, deux d'entre eux, ceux du 4 juillet à Brest et du 15 juillet à Lescar, reviennent positifs à l'EPO-CERA, une nouvelle forme d'EPO. Le coureur italien continue de nier et demande une contre-expertise. Laquelle confirme évidemment la première analyse. Devant le Comité olympique italien (Coni), il dément toujours avoir pris des produits dopants « de son plein gré ». Il écope cette fois de deux ans de suspension.

Retiré des pelotons, il entraîne à titre individuel plusieurs coureurs professionnels dont Joaquim Rodriguez, Davide Formolo et Alberto Bettiol, vainqueur du Tour des Flandres 2019.

Il rejoint la Movistar en 2022 en tant que « coach ». Il y retrouve son ancien compère chez Banesto (2000-2001) et Saunier Duval (2006-2008), le Dr José Ibarguren qui vient de quitter la Quick-Step. En 2023, même s'il s'occupait notamment de Fernando Gaviria, nous ne l'avions pas repéré dans l'organigramme de l'équipe et ne l'avions donc pas comptabilisé. En 2024, il réapparait tout à fait officiellement parmi les membres de la formation espagnole.

Maximilian Sciandri

Le directeur sportif Maximilian Sciandri, né à Derby (Grande-Bretagne) mais d'origine italienne, est passé sous les couleurs de la Grande-Bretagne avant les Jeux olympiques de 1996 et a remporté le bronze dans la course sur route, derrière le Suisse Pascal Richard, futur coéquipier chez Linda McCartney. Après sa carrière de coureur, il devient entraîneur et directeur sportif. Il encadre l'équipe de Grande-Bretagne des moins de 23 ans, où il se lie d'amitié avec Mark Cavendish, avant d'intégrer l'équipe BMC Racing en 2011. Lorsque celle-ci change de nom et de sponsor en 2019, il rejoint la Movistar.

Bernard Sainz, plus connu sous le sobriquet de Docteur Mabuse, se targue de lui avoir prodigué des conseils : « Max Sciandri, coureur italien de la Française des jeux, dont je me suis occupé autrefois, me téléphone un jour pour un problème de toux mal soignée, qui est en train de dégénérer en bronchite chronique. Je lui demande s'il a encore des gélules d'huile de Haarlem, un produit destiné à nettoyer l'organisme. Devant sa réponse négative, je lui demande avec qui il partage sa chambre. Il m'apprend qu'il s'agit d'Yvon Ledanois. J'appelle Yvon, qui a lui aussi recours à mes compétences. Je le sonde d'abord un peu, afin de connaître les rapports qu'il entretient avec Max, car j'ai pour principe de ne pas divulguer les noms de mes « poulains ». Yvon me met tout de suite à l'aise. Max et lui sont très proches. Il va le dépanner sans problème ».

Plus sérieux et grave, Sciandri a été un des clients de Luigi Cecchini à l'époque où il courait dans l'équipe Motorola. Luigi Cecchini est un des plus sulfureux médecins de l'histoire du cyclisme. Nous en avons fait le portrait ici.

Mais ce n'est pas tout pour Sciandri. Ciblé par le Blitz du Tour d'Italie 2001, il est pris en flagrant délit de possession, de six comprimés du médicament dénommé "PRO PLUS COFFEINE PP PRODUITS" à base de caféine, laquelle était alors interdite.

Alejandro Valverde


Alejandro Valverde, qui rejoint l'équipe Iles Baléares (actuelle Movistar) en 2005, est passé professionnel trois ans plus tôt chez Kelme, formation où le dopage est institutionnalisé. Jesus Manzano appelé à témoigner devant le TAS (Tribunal Arbitral du Sport) en 2009 expliquera que chaque coureur suit alors un programme médical à base d'EPO et de testostérone établi par le fameux Dr Eufemiano Fuentes. Les injections sont pratiquées par le docteur lui-même quand il n'envoie pas des seringues préremplies aux coureurs.

Pendant l'hiver 2002, alors que l'équipe est réunie à l'hôtel Patilla de Santa Paula sur la côte méditerranéenne, le Dr Fuentes distribue des seringues de « pela », nom de code pour EPO. Manzano voit aussi Valverde utiliser des patches de testostérone. Quelques mois plus tard, pendant la Vuelta, le Dr Fuentes injecte 2000 unités d'EPO à Valverde à l'hôtel Reconquista. Le traitement est complété par de la cortisone.

Un an plus tard, en vue du Tour d'Espagne 2003, les coureurs de la Kelme, Valverde y-compris, se font prélever du sang à la clinique madrilène du Dr Merino Batres, complice du Dr Fuentes. Pendant l'épreuve, les coureurs reçoivent des patches de testostérone qu'ils portent pendant deux heures seulement pour déjouer les contrôles antidopage. Quant au sang, il est réinjecté vers la mi-course.

En 2004, la Garde Civile espagnole entame discrètement une enquête qui deviendra célèbre deux ans plus tard sous le nom d'« Opération Puerto ». Au cours de leurs investigations, les enquêteurs interceptent une conversation téléphonique au sujet de Valverde entre le Dr Fuentes et le directeur sportif adjoint de l'équipe de Valverde, Ignacio Labarta.

Le 7 avril 2005, alors que le coureur espagnol participe au Tour du Pays Basque, il reçoit une transfusion. Le contrôle antidopage pratiqué ce jour-là est négatif. Normal, il s'agissait d'un simple contrôle urinaire. La saison terminée, en décembre, Valverde reçoit à son domicile Jon Riva, un compatriote journaliste. Piti, le sympathique berger allemand du coureur est un témoin privilégié de la conversation. Le 6 mai 2006, des poches de sang sont retrouvées dans un frigo du Dr Fuentes. L'une d'elle deviendra célèbre. Elle porte le code « 18 VALV. (PITI) ». Piti... comme le gentil toutou !

Le 23 mai 2006, le Dr Fuentes est arrêté en possession d'une carte de l'hôtel Silken au dos de laquelle figure en clair le nom de Valverde. La Garde Civile saisit aussi le parfait attirail du médecin dopeur ainsi qu'environ 200 poches de sang ou de plasma. Le laboratoire de Barcelone, qui analyse en août 2006, 99 poches retrouvées chez Fuentes, trouve de l'EPO recombinante dans 9 d'entre elles, dont la fameuse poche n° 18.

Il faudra pourtant attendre novembre 2006 pour que le nom de Valverde soit évoqué publiquement dans l'affaire Puerto. Ceci ne l'empêche pas de garder de nombreux soutiens dont celui de son équipe Caisse d'Epargne qui le conserve dans son effectif jusqu'à sa retraite à la fin de la saison 2022.


Alors que Valverde participe au Tour de France 2008, il fait l'objet d'un contrôle antidopage de routine le 21 juillet à Prato Nevoso en Italie. Enfin… un contrôle presque de routine, car le Comité National Olympique Italien (CONI) envoie au juge d'instruction espagnol, le 6 novembre 2008, une commission rogatoire lui réclamant un échantillon de sang contenu dans la poche n° 18. L'objectif est de comparer l'ADN de la poche avec celui du prélèvement sanguin de Prata Nevoso qui porte le numéro A-278350. C'est chose faite le 2 février 2009. Bingo. Confondu par son ADN, Valverde est bien le fameux « VALV. (PITI) ». Il est convoqué par le CONI pour le 16 février 2009 mais obtient un report de l'audition au 19 février. Miraculeusement, le juge d'instruction espagnol rédige le 18 février une « Ordonnance de Révocation » annulant celle autorisant l'utilisation de l'échantillon de la poche n° 18 par le CONI. S'ensuit une longue bataille juridique menée par Valverde et ses avocats pour faire obstacle au CONI, à l'UCI et à la justice italienne. Il faudra encore plus d'un an pour que les arbitres du Tribunal Arbitral du Sport (TAS) statuent et décident à l'unanimité de le suspendre pour une période de 2 ans, à compter du 1er janvier 2010. « [S'ils me sanctionnent], je reviendrai au cyclisme et je continuerai de gagner. Sans états d'âme », avait déclaré Valverde quelques semaines plus tôt. De fait, revenu en 2012 sous le maillot de la Movistar, il n'a eu de cesse d'enrichir son palmarès.

Figure historique de la Movistar, il fait désormais partie de l'encadrement même si son rôle reste vague et qu'il passe surtout le plus clair de son temps à pédaler sur son vélo de gravel.

Iban Velasco Murillo


En janvier 2005, Iban Velasco Murillo se voit infliger par la Fédération Espagnole de Cyclisme une amende de 1000 Francs Suisses pour avoir enfreint le règlement antidopage. En 2004, année de l'infraction, il est membre de l'équipe amateur Serbitzu-Kirolgi - Oreki F.T.E.. L'incident ne l'empêche pas de passer professionnel en 2006 dans l'équipe Orbéa.

Après sa retraite sportive, il rejoint l'équipe Astana en 2019 avec pour mission de développer le matériel. Il fait son arrivée chez Movistar en 2022 en tant que « spécialiste technique ».


Les coureurs flashés

Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.

Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :

Enric Mas [425 WE - seuil suspect]


Après un passage d'un an dans l'équipe réserve Quick Step, Enric Mas intègre la grande maison belge en 2016. Il passe à la Movistar en 2020. Cette année-là, il dépasse les 410 WE au Tour de France (disputé en septembre) en réalisant 413 WE de moyenne. Au Tour d'Espagne, il grimpe à 416 WE.

Après une saison 2021 en retrait (410 WE au Tour d'Espagne) et un abandon pendant le Tour de France 2022, il rebondit spectaculairement sur les routes de la Vuelta 2022 où il décroche la deuxième place derrière Remco Evenepoel. Pour l'occasion, il réussit à développer 425 WE de moyenne. Sur la même course, en 2023, il ne peut faire mieux que la sixième place, malgré une performance équivalente, juste en-dessous sur seuil « suspect » (424 WE de moyenne).

Nairo Quintana


Grand grimpeur, Nairo Quintana, le colombien a été « flashé » à plusieurs reprises au-delà de la limite des 410 Watts-Etalon de moyenne sur un Grand Tour, définie comme « suspecte ». Il l'atteint, sans la dépasser, une première fois pendant le Tour de France 2013 (410 WE). Il la dépasse sur le Tour 2015 (413 WE) avant de répéter sa performance à la Vuelta quelques semaines plus tard (415 WE). L'année suivante, il progresse encore, atteignant 417 WE au Tour de France. 2017, marque un début de tassement de ses performances (411 WE au Giro et deuxième place au classement général final) avant de passer au travers de son Tour de France, lui qui visait un doublé. Au Tour de France 2018, il n'atteint « que » 405 WE, sans doute handicapé par une chute la veille de l'ascension du Soulor. Au Tour 2019, Quintana reste nettement sous la barre des 400 WE (394) avant un Tour d'Espagne à un niveau exceptionnel et suspect : 429 WE, avec certes des ascensions courtes (23 minutes).

Nairo Quintana a aussi été épinglé dans notre annuaire du dopage. A lire ici.


Les dirigeants flashés

Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.

Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :

Alejandro Valverde [424 WE - seuil suspect]


Sur l'ensemble de sa carrière et avec tout ce qu'il s'est mis dans le cornet, ValvPiti a évidemment allumé les radars d'Antoine Vayer et Frédéric Portoleau. Dès 2014, il réalise 424 WE à la Vuelta. Par la suite, il prend un rythme de croisière au-dessus de 400 WE.


Attitude vis-à-vis du MPCC

Le MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible) est une association créée en 2007 par des équipes cyclistes professionnelles dont le but est de défendre l'idée d'un cyclisme propre, en imposant le strict respect du code éthique de l’UCI et pouvant aller jusqu’à imposer des règles plus strictes que ne l’impose le Code Mondial Antidopage édicté par l’AMA. En plus des équipes, le MPCC offre la possibilité aux coureurs et membres de l’encadrement des équipes d’adhérer à titre individuel.

La Movistar n'adhère pas au MPCC. En 2024, quatre membres de l'équipe (deux coureurs et deux encadrants) adhèrent au MPCC à titre individuel. C'est tout de même quatre fois plus qu'en 2023 !


Liste des coureurs adhérents du MPCC
Liste des membres de l'encadrement adhérents du MPCC


ICCD : notre indice de confiance

Pour la saison 2024, l'équipe obtient la note de 5,2/20. Ceci la place en 25ème position sur 27.

Note ICCD 2024 Movistar Team

En dépit d'un gros recrutement à l'intersaison 2021-2022 (Piepoli et Taus Ibarguren), la Movistar échouait au pied du podium des pires équipes 2022. En recrutant Yvon Ledanois en 2023, elle montait enfin sur le podium des pires équipes. Elle consolide sa place sur la troisième en 2024 grâce au retour de Nairo Quintana notamment. Un recrutement judicieux pour qui veut à tout prix entretenir une sale image.

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