ICCD : Indice de Confiance Cyclisme-Dopage.com

Movistar Team - Saison 2023


Mise à jour le 06/07/2023

Sommaire

Introduction

L’équipe Movistar est née en 1980, comme Alejandro Valverde. Elle a eu cinq noms : Reynolds (1980-1989), Banesto (1990-2003), Illes Balears (2004-2005), Caisse d’Epargne (2006-2010) puis Movistar depuis 2011. Valverde, un de ses coureurs emblématiques, en a eu deux : Valverde puis ValvPiti puis à nouveau Valverde. Il s’essaie maintenant à une troisième vie en occupant un vague poste parmi les dirigeants et surtout en pédalant sur son gravel.

Histoire de l'équipe

Un lourd passé

La liste des affaires de dopage de l’équipe est désespérément longue. On y retrouve (presque) au hasard : Angel Arroyo (1982), Julian Gorospe (1987), Thomas Davy (1996), Abraham Olano (1998) ou Marco Fertonani (2007). Mais on y trouve aussi deux vainqueurs du Tour de France (Pedro Delgado et Miguel Indurain) et deux Champions du Monde (Alejandro Valverde et Rui Costa).

Nettoyage du corps pour Pedro Delgado

Chacun se souvient du contrôle positif au Probénicide du maillot jaune Pedro Delgado pendant le Tour de France 1988. Ce produit masquant permettant de dissimuler la prise de stéroïdes anabolisants est interdit par le CIO mais pas encore par l’UCI. Le coureur espagnol sauve son maillot grâce à un imbroglio juridique dont l’antidopage a le secret.

Interrogé par Damien Lemaître dans le livre Secrets de Maillots Jaunes, publié en 2018 (Editions Hugo Sports), il revient sur cette affaire : « J’ai été contrôlé tous les jours jusqu’à Paris à partir de l’étape de l’Alpe d’Huez (...) et cette molécule n’est apparue qu’une seule fois. Si j’avais vraiment voulu masquer quelque chose, je l’aurais prise tous les jours, non ? J’ai la conscience tranquille. J’ai dû prendre une pastille à l’hôtel, le soir de l’étape de l’Alpe d’Huez ou le lendemain matin, je ne m’en souviens plus. Peut-être qu’on me l’avait administrée. L’étape de l’Alpe avait été très difficile. Le lendemain, il y avait ce contre-la-montre individuel et il fallait bien nettoyer le corps, éliminer les toxines. C’était une aide, rien de plus. Je ne savais pas du tout ce que c’était. Dans l’équipe, tout le monde était en état de choc ». Autrement dit, Delgado prenait ce qu’on lui donnait pour « nettoyer le corps », sans trop se poser de questions.


Miguel Indurain, le mutant

En 1988, Pedro Delgado a pour équipier un certain Miguel Indurain. Le Navarrais est un jeune plein de promesses. Accompagné de José Miguel Echavarri, le manager de l’équipe, il passe des tests en Italie à la clinique de Ferrara, dirigée par le Dr Francesco Conconi. Le médecin italien est célèbre pour avoir dirigé la seconde partie de carrière de Francesco Moser et l’avoir mené au record du monde de l’heure en remettant au goût du jour les transfusions sanguines. Indurain en revient avec un plan sur cinq ans, basé essentiellement (et officiellement) sur un travail spécifique et une perte de poids : Indurain pesait alors 90 kg.

Cinq ans plus tard, en 1991, Indurain est effectivement devenu un autre coureur. Il commence à piaffer dans l’ombre de son leader Pedro Delgado. Quelques mois plus tôt, il a commencé à travailler avec le docteur Sabino Padilla. Ses tests sont excellents, meilleurs que ceux de Delgado. Ils se confirment en course puisqu’Indurain remporte son premier Tour. Le vainqueur de l’année précédente, Greg LeMond, ne comprend plus rien : « Des vitesses jamais atteintes devinrent la norme. De bons coureurs certes, mais pas des champions patentés, se mirent à survoler la discipline. Ceux qui tenaient le haut du pavé jusqu'alors étaient devenus trop vieux, trop gras ou trop fainéants pour préserver leur rang », écrit-il en 2009.

Patatras, le 15 mai 1994, Miguel Indurain, est contrôlé positif au Salbutamol, un produit destiné à soigner l’asthme, plus connu en France sous le nom de Ventoline. En septembre, Indurain est blanchi par la formation disciplinaire de la Ligue du cyclisme professionnel français, composée de Pierre Chany (journaliste de L'Equipe, du groupe Amaury, comme ASO, organisateur du Tour de France), Cyrille Guimard (directeur sportif), Thierry Cazeneuve (organisateur du Dauphiné Libéré) et Jean-François Lachaume (juriste). Tout comme son coéquipier Delgado en 1988, Indurain bénéficie d’une ambiguïté des règlements : le Salbutamol est autorisé sous certaines conditions en France et par le Comité international olympique (CIO), et sans restriction par l'Union cycliste internationale (UCI). Il est blanchi au bénéfice du doute.

En 1995, l'équipe Banesto embauche le coureur français Thomas Davy. Entendu lors du procès de l'affaire Festina, il témoignera : « Dans cette équipe, notamment en 1995, j'ai été amené à prendre de l’EPO je pense. Le médecin, Sabino Padilla, venait dans les chambres des coureurs après l'étape. Les seringues étaient déjà préparées... Lorsque nous demandions ce qu'il y avait dans les seringues, nous n'avions jamais de réponse... Jamais personne n'a réussi à savoir. Ces injections étaient systématiques lors des grands rendez-vous notamment sur le Tour de France (...) ... nous nous doutions qu'il devait y avoir autre chose que des produits de récupération... nous marchions en général mieux après ces injections... on m'a également fourni des gélules de Pantestone ».

A la fin de la saison 1995, le Dr Padilla décide subitement de quitter la Banesto pour s’occuper du club de football Atletico Bilbao. Le 3 janvier 1996, Jose Miguel Echavarri se rend alors à Milan à la recherche d’un nouveau médecin : « Je recherche une collaboration avec [les médecins] Casoni, Alfieri et Lodi. (...) Sabino Padilla a laissé un vide. (...) Il nous faut donc trouver un nouveau médecin, que ce soit en Espagne ou en Italie, mais probablement à l'Université de Ferrara ».

Miguel Indurain est aussi le coureur « mutant » par excellence, selon la définition d’Antoine Vayer. Il a explosé tous les compteurs. Même Lance Armstrong n’a pas fait mieux, et de loin.


Source : Le Monde 08/06/2013

Pour en savoir encore plus sur Miguel Indurain, on peut lire son portrait

Liste des affaires de l'équipe
Coureur Produit Course Date Sanction Contrôle
Faria Da Costa Rui Alberto Methylhexaneamine Tour du Portugal 2010 Non Contrôle positif
Fertonani Marco Testostérone Tour Méditerranéen 2007 Oui Contrôle positif
Valverde Alejandro Utilisation ou tentative d'utilisation de produits interdits 2006 Oui Enquête judiciaire (Opération Puerto)
Mateos Perez Rafael Grand Prix Pino Cerami 2003 Oui Contrôle positif
Pascual Rodriguez Javier 2003 Oui Contrôle positif
Arrieta Lujambio José Luis Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 NSP* Enquête policière
Bruseghin Marzio Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 NSP* Enquête policière
Lastras Garcia Pablo Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 NSP* Enquête policière
Latasa Lasa David Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 NSP* Enquête policière
Navas Chica David Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 NSP* Enquête policière
Odriozola Mugarza Jon Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 NSP* Enquête policière
Osa Eizaguirre Unai Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 NSP* Enquête policière
Solaun Solana César Possession de produits interdits Tour d'Italie 2001 NSP* Enquête policière
Beltran Manuel EPO Tour de France 1999 Non Enquête du laboratoire
Beltran Manuel Corticoïdes Tour de France 1999 Non Contrôle positif
Beltran Manuel EPO Tour de France 1998 Non Commission d'enquête sénatoriale
Garmendia Aitor Hématocrite > 50% Tour de Catalogne 1998 Oui Analyse sang
Olano Abraham EPO Tour de France 1998 Non Commission d'enquête sénatoriale
Casero Angel Nandrolone Classica Alcobendas 1996 Non Contrôle positif
Davy Thomas Ephédrine Tour des Asturies 1996 NSP* Contrôle positif
Davy Thomas Pseudoéphédrine (Rhinalair) Tour d'Aragon 1996 Oui Contrôle positif
Davy Thomas EPO 1995 Non Aveux en 1998
Indurain Miguel Salbutamol Tour de l'Oise 1994 Non Contrôle positif
Jimenez José-Maria Memorial Galera 1993 NSP* Contrôle positif
Delgado Pedro Probénécide Tour de France 1988 Non Contrôle positif
Gorospe Julian Nortestostérone Tour du Pays Basque 1984 Oui Contrôle positif
Laguia Martinez José-Luis Tour du Pays Basque 1983 Oui Contrôle positif
Arroyo Angel Ritaline Tour d'Espagne 1982 Oui Contrôle positif
Azcarate Juan-Maria Classique de San Sebastian 1981 Oui Contrôle positif

* Sanction non connue

Pour voir plus d'informations sur l'équipe dans l'annuaire du dopage, cliquez ici

Les coureurs épinglés

Alejandro Valverde ayant (plus ou moins) pendu son vélo au clou, il ne reste plus de coureur épinglé dans notre annuaire du dopage parmi l’effectif Movistar. C’est un bon point.

Aucun coureur actuellement dans l'équipe Movistar Team n’a été épinglé dans notre annuaire du dopage.

Les dirigeants épinglés

carton jaune

L’équipe ne publie par son organigramme sur son site Internet. Nous l’avons donc sollicitée directement à plusieurs reprises sans obtenir la moindre réponse. Ce manque de transparence nous conduit à lui appliquer une pénalité dans notre comptabilité du score ICCD.

En 2022, la Movistar recrute deux anciennes « stars » issues de la formation Saunier-Duval de sinistre mémoire : Leonardo Piepoli et le Dr José Ibarguren. En 2023, elle récupère Yvon Ledanois, orphelin de Nairo Quintana, et son ancien coureur Alejandro Valverde. Décidément, l’équipe espagnole recrute ses dirigeants directement dans notre annuaire du dopage !

On notera cependant que Leonardo Piepoli semble ne plus figurer dans l’organisation Movistar. Il continuerait à entraîner Fernando Gaviria à titre individuel. Nous ne l’avons donc pas comptabilisé dans notre indice, sans quoi la note de l’équipe aurait été pire encore.

Ibarguren Taus Jose

Le curriculum-vitae du Dr Jose Ibarguren Taus est impressionnant. Avant de rejoindre l’équipe espagnole, il a pu parfaire ses connaissances au sein d’équipes plus ou moins sulfureuses (souvent plus que moins) les unes que les autres : Euskatel-Euskadi, Lotto, Banesto, Lampre, Saunier Duval et Quick-Step. Dès 1999, Willy Voet l’accuse de doper les coureurs de l’équipe Lotto. Il dément. Vingt-cinq ans plus tard, il est toujours là.

Le 28 juillet 2002, aux portes de Lyon, pendant le Tour de France, un camping-car griffé Lampre est arrêté par la police. Ils y trouvent des valises appartenant au Dr Ibarguren contenant des corticoïdes, des seringues et d'autres produits suspects. Interrogé, le médecin se défend fermement : « aucune forme de dopage n'a été administrée à l'équipe Lampre », avance-t-il.

En 2009, il est directement impliqué dans « l’affaire Mantoue ». Les écoutes téléphoniques effectuées entre 2007 et 2009 ont mis en évidence une conversation téléphonique entre le pharmacien Guido Nigrelli et Taus Ibarguren dans laquelle ce dernier déclare : « j'ai besoin d'un petit quelque chose... (…) Ce que vous m'avez envoyé pour la Vuelta, j'ai continué à la maison ». Le jugement fait état d’achat et d’administration de produits dopants (le « petit quelque chose », dont de la testostérone, dans le but d'améliorer les performances des coureurs de l'équipe Fuji-Servetto (héritière de la Saunier-Duval). Nigrelli sera condamné mais Ibarguren Taus échappera à une condamnation.

Après avoir œuvé entre 2010 et 2021 au près de Patrick Lefevere à la Quick Step, il a rejoint Movistar en 2022.

Pablo Lastras


Pablo Lastras Garcia, déclare à ABC en novembre 2014, au moment de prendre sa retraite de coureur : « Le cyclisme aujourd'hui est sain. Nous avons déjà payé les erreurs du passé. [...] Avant, le vélo était très familial, désormais il est plutôt commercial. Ni meilleur, ni pire ». Circulez, il n’y a plus rien à voir.

Auparavant, il s’était fait pincer pendant le Blitz du Giro 2001 en possession de produits interdits. Il ne sera pas sanctionné. C’est sans doute ce qu’il appelle avoir « payé les erreurs du passé ». Il intègre l'encadrement technique de la formation espagnole Movistar au mois d'octobre 2016, un an après être descendu de vélo.

Yvon Ledanois


Yvon Ledanois retrouve cette année la formation espagnole. La formation Arkea-Samsic s’est débarrassée de Nairo Quintana et de son entourage après le double contrôle positif au Tramadol pendant le Tour de France 2022. Il retrouve naturellement l’équipe dans laquelle il avait exercé entre 2008 et 2012.

Le passif d’Yvon Ledanois remonte à 1999 quand éclate l’affaire « Sainz-Lavelot » du nom du célèbre Dr Mabuse et de son avocat Me Bertrand Lavelot. Ledanois fait partie des coureurs mis en cause pour leurs liens avec le sulfureux faux médecin. Il est mis en examen. A son domicile du Cephyl est saisi. A cette époque, le produit est encore classé comme dopant. Le jugement de la Cour d’Appel de Paris du 18 mars 2010 détaille : « L'examen de ses urines faisait état d'un taux de caféine supérieur au taux considéré comme dopant. Les examens sanguins faisaient état d'une perfusion avec une solution de protéines ou d'albumine pour masquer une polyglobulie érythrocytaire mais ce résultat était contesté, l’intéressé souffrant d'une mononucléose. Les conversations téléphoniques faisaient état de termes codés tels que « fine côte », une « côte », « coca-cola » ou « bleu de méthylène » correspondant à des prescriptions. Il reconnaissait avoir acquis des flacons de gouttes (…) et envoyé ses résultats sanguins à Bertrand Lavelot. Il disait avoir une confiance aveugle en Bernard Sainz en raison des soins que ce dernier aurait donné à l'un des enfants. Il le connaissait depuis environ 12 ans et il était convenu qu'il lui verserait 100.000 francs [environ 15.000 euros – NDLR] s'il gagnait une course importante ».

Ledanois écope d’une amende infligée par son équipe, La Française des Jeux, qui s’est engagée sur une charte d'éthique concernant le dopage. Sur le plan judiciaire, il obtient néanmoins un non-lieu.


De son côté, Bernard Sainz ne fait pas mystère de ses liens avec Yvon Ledanois. Alors qu’il est sollicité par Max Sciandri, un autre coureur, il explique : « J'appelle Yvon [Ledanois], qui a lui aussi recours à mes compétences. Je le sonde d'abord un peu, afin de connaître les rapports qu'il entretient avec Max, car j'ai pour principe de ne pas divulguer les noms de mes « poulains ». Yvon me met tout de suite à l'aise. Max et lui sont très proches. Il va le dépanner sans problème ».

Quand Bernard Sainz est jugé en appel le 30/10/2008, Yvon Ledanois vient devant la Cour d’Appel témoigner sous serment en sa faveur.


Dans l’affaire Quintana, il se pose en victime. « On a pris une grosse claque », jure-t-il en février 2023 dans les colonnes de L’Equipe. Son départ ? « Pour la simple et bonne raison que j’avais accompli mon devoir. J’étais arrivé chez Arkéa pour faire grandir l’équipe, je ne l’ai pas fait seul, mais elle a accédé au World Tour et moi j’avais besoin d’un autre challenge ». Rien à voir avec son poulain Quintana, donc. Il a dirigé le Colombien à ses débuts en 2012. D’ailleurs, ce n’était pas un ami : « vous savez, je n’étais pas l’ami de Quintana. J’étais directeur sportif d’Arkéa-Samsic, pas de Quintana. Il a fait des courses où je n’étais pas directeur sportif, j’en ai fait plein sans lui… Depuis qu’il a quitté la Vuelta, je n’ai pas eu un coup de fil de sa part et je n’ai pas cherché à en avoir », déclarait-il dans déjà Ouest-France en octobre 2022. Quand Quintana est arrivé dans la formation bretonne, Yvon Ledanois déclarait pourtant : « Ça fait dix ans qu’il fait partie de ma famille, Nairo, donc il n’est pas étranger. Ça fait juste dix ans qu’on entretient une relation donc il faisait même partie de la maison avant d’y entrer ». Trou de mémoire ou mensonge ?

Maximilian Sciandri

Le directeur sportif Maximilian Sciandri, né à Derby (Grande-Bretagne) mais d'origine italienne, est passé sous les couleurs de la Grande-Bretagne avant les Jeux olympiques de 1996 et a remporté le bronze dans la course sur route, derrière le Suisse Pascal Richard, futur coéquipier chez Linda McCartney. Après sa carrière de coureur, il devient entraîneur et directeur sportif. Il encadre l'équipe de Grande-Bretagne des moins de 23 ans, où il se lie d’amitié avec Mark Cavendish, avant d'intégrer l'équipe BMC Racing en 2011. Lorsque celle-ci change de nom et de sponsor en 2019, il rejoint la Movistar.

Bernard Sainz, plus connu sous le sobriquet de Docteur Mabuse, se targue de lui avoir prodigué des conseils : « Max Sciandri, coureur italien de la Française des jeux, dont je me suis occupé autrefois, me téléphone un jour pour un problème de toux mal soignée, qui est en train de dégénérer en bronchite chronique. Je lui demande s'il a encore des gélules d'huile de Haarlem, un produit destiné à nettoyer l'organisme. Devant sa réponse négative, je lui demande avec qui il partage sa chambre. Il m'apprend qu'il s'agit d'Yvon Ledanois. J'appelle Yvon, qui a lui aussi recours à mes compétences. Je le sonde d'abord un peu, afin de connaître les rapports qu'il entretient avec Max, car j'ai pour principe de ne pas divulguer les noms de mes « poulains ». Yvon me met tout de suite à l'aise. Max et lui sont très proches. Il va le dépanner sans problème ».

Plus sérieux et grave, Sciandri a été un des clients de Luigi Cecchini à l’époque où il courait dans l’équipe Motorola. Luigi Cecchini est un des plus sulfureux médecins de l’histoire du cyclisme. Nous en avons fait le portrait ici.

Ce n’est pas tout pour Sciandri ! Ciblé par le Blitz du Tour d’Italie 2001, il est pris en flagrant délit de possession, de six comprimés du médicament dénommé "PRO PLUS COFFEINE PP PRODUITS" à base de caféine.

Alejandro Valverde


Alejandro Valverde, qui rejoint l’équipe Iles Baléares (actuelle Movistar) en 2005, est passé professionnel trois ans plus tôt chez Kelme, formation où le dopage est institutionnalisé. Jesus Manzano appelé à témoigner devant le TAS (Tribunal Arbitral du Sport) en 2009 expliquera que chaque coureur suit alors un programme médical à base d’EPO et de testostérone établi par le fameux Dr Eufemiano Fuentes. Les injections sont pratiquées par le docteur lui-même quand il n’envoie pas des seringues préremplies aux coureurs.

Pendant le courant de l’hiver 2002, alors que l’équipe est réunie à l’hôtel Patilla de Santa Paula sur la côte méditerranéenne, le Dr Fuentes distribue des seringues de « pela », nom de code pour EPO. Manzano voit aussi Valverde utiliser des patches de testostérone. Quelques mois plus tard, pendant la Vuelta, le Dr Fuentes injecte 2000 unités d’EPO à Valverde à l’hôtel Reconquista. Le traitement est complété par de la cortisone.

Un an plus tard, en vue du Tour d’Espagne 2003, les coureurs de la Kelme, Valverde y-compris, se font prélever du sang à la clinique madrilène du Dr Merino Batres, complice du Dr Fuentes. Pendant l’épreuve, les coureurs reçoivent des patches de testostérone qu’ils portent pendant deux heures seulement pour déjouer les contrôles antidopage. Quant au sang, il est réinjecté vers la mi-course.

En 2004, la Garde Civile espagnole entame discrètement une enquête qui deviendra célèbre deux ans plus tard sous le nom d’« Opération Puerto ». Au cours de leurs investigations, les enquêteurs interceptent une conversation téléphonique au sujet de Valverde entre le Dr Fuentes et le directeur sportif adjoint de l'équipe de Valverde, Ignacio Labarta.

Le 7 avril 2005, alors que le coureur espagnol participe au Tour du Pays Basque, il reçoit une transfusion. Le contrôle antidopage pratiqué ce jour-là est négatif. Normal, il s’agissait d’un simple contrôle urinaire. La saison terminée, en décembre, Valverde reçoit à son domicile Jon Riva, un compatriote journaliste. Piti, le sympathique berger allemand du coureur est un témoin privilégié de la conversation. Le 6 mai 2006, des poches de sang sont retrouvées dans un frigo du Dr Fuentes. L’une d’elle deviendra célèbre. Elle porte le code « 18 VALV. (PITI) ». Piti... comme le gentil toutou !

Le 23 mai 2006, le Dr Fuentes est arrêté en possession d’une carte de l’hôtel Silken au dos de laquelle figure en clair le nom de Valverde. La Garde Civile saisit aussi le parfait attirail du médecin dopeur ainsi qu’environ 200 poches de sang ou de plasma. Le laboratoire de Barcelone, qui analyse en août 2006, 99 poches retrouvées chez Fuentes, trouve de l’EPO recombinante dans 9 d’entre elles, dont la fameuse poche n° 18.

Il faudra pourtant attendre novembre 2006 pour que le nom de Valverde soit évoqué publiquement dans l’affaire Puerto. Ceci ne l’empêche pas de garder de nombreux soutiens dont celui de son équipe Caisse d’Epargne qui le conserve dans son effectif jusqu’à sa retraite à la fin de la saison 2022.


Alors que Valverde participe au Tour de France 2008, il fait l’objet d’un contrôle antidopage de routine le 21 juillet à Prato Nevoso en Italie. Enfin… un contrôle presque de routine, car le Comité National Olympique Italien (CONI) envoie au juge d’instruction espagnol, le 6 novembre 2008, une commission rogatoire lui réclamant un échantillon de sang contenu dans la poche n° 18. L’objectif est de comparer l’ADN de la poche avec celui du prélèvement sanguin de Prata Nevoso qui porte le numéro A-278350. C’est chose faite le 2 février 2009. Bingo. Confondu par son ADN, Valverde est bien le fameux « VALV. (PITI) ». Il est convoqué par le CONI pour le 16 février 2009 mais obtient un report de l’audition au 19 février. Miraculeusement, le juge d’instruction espagnol rédige le 18 février une « Ordonnance de Révocation » annulant celle autorisant l’utilisation de l’échantillon de la poche n° 18 par le CONI. S’ensuit une longue bataille juridique menée par Valverde et ses avocats pour faire obstacle au CONI, à l’UCI et à la justice italienne. Il faudra encore plus d’un an pour que les arbitres du Tribunal Arbitral du Sport (TAS) statuent et décident à l’unanimité de le suspendre pour une période de 2 ans, à compter du 1er janvier 2010. « [S'ils me sanctionnent], je reviendrai au cyclisme et je continuerai de gagner. Sans états d'âme », avait déclaré Valverde quelques semaines plus tôt. De fait, revenu en 2012 sous le maillot de la Movistar, il n’a eu de cesse d’enrichir son palmarès.

Figure historique de la Movistar, il fait désormais partie de l’encadrement même si son rôle reste vague et qu’il passe surtout le plus clair de son temps à pédaler sur son vélo de gravel.

Iban Velasco Murillo


En janvier 2005, Iban Velasco Murillo se voit infliger par la Fédération Espagnole de Cyclisme une amende de 1000 Francs Suisses pour avoir enfreint le règlement antidopage. En 2004, année de l’infraction, il est membre de l’équipe amateur Serbitzu-Kirolgi - Oreki F.T.E.. L’incident ne l’empêche pas de passer professionnel en 2006 dans l’équipe Orbéa.

Après sa retraite sportive, il rejoint l'équipe Astana en 2019 avec pour mission de développer le matériel. Il fait son arrivée chez Movistar en 2022 en tant que « spécialiste technique ».

Patxi Vila


Francisco Javier Vila Errandonea, dit Patxi Vila, a été contrôlé positif à la testostérone. Il a subi à son domicile un contrôle inopiné diligenté par l'Union cycliste internationale (UCI) le 3 mars 2008. Suspendu deux ans par la Fédération Espagnole de Cyclisme, il fait appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) qui lui accorde une réduction de peine de 6 mois.

Après avoir été le « préparateur » de Peter Sagan chez Bora, il arrive à la Movistar en 2020 en tant que responsable de la performance.

Les coureurs flashés

Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.

Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :

Enric Mas [425 WE - seuil suspect]


Après un passage d’un an dans l’équipe réserve Quick Step, Enric Mas intègre la grande maison belge en 2016. Il passe à la Movistar en 2020. Cette année-là, il dépasse les 410 WE au Tour de France (disputé en septembre) en réalisant 413 WE de moyenne. Au Tour d’Espagne, il grimpe à 416 WE.

Après une saison 2021 en retrait (410 WE au Tour d’Espagne) et un abandon pendant le Tour de France 2022, il rebondit spectaculairement sur les routes de la Vuelta où il décroche la deuxième place derrière Remco Evenepoel. Pour l’occasion, il réussit à développer 425 WE de moyenne.

Les dirigeants flashés

Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.

Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :

Alejandro Valverde [424 WE - seuil suspect]


Sur l’ensemble de sa carrière et avec tout ce qu’il s’est mis dans le cornet, ValvPiti a évidemment allumé les radars d’Antoine Vayer et Frédéric Portoleau. Dès 2014, il réalise 424 WE à la Vuelta. Par la suite, il prend un rythme de croisière au-dessus de 400 WE.

Attitude vis-à-vis du MPCC

Le MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible) est une association créée en 2007 par des équipes cyclistes professionnelles dont le but est de défendre l'idée d'un cyclisme propre, en imposant le strict respect du code éthique de l’UCI et pouvant aller jusqu’à imposer des règles plus strictes que ne l’impose le Code Mondial Antidopage édicté par l’AMA. En plus des équipes, le MPCC offre la possibilité aux coureurs et membres de l’encadrement des équipes d’adhérer à titre individuel.

La Movistar n’adhère pas au MPCC. Le coureur Max Kanter est le seul de toute la formation espagnole à adhérer à titre individuel. Une brebis égarée sans doute !


Liste des coureurs adhérents du MPCC
Liste des membres de l'encadrement adhérents du MPCC

ICCD : notre indice de confiance

Pour la saison 2023, nous attribuons à l'équipe la note de 6,6/20. Ceci la place en 25ème position sur 27.

En dépit d’un gros recrutement à l’intersaison 2021-2022 (Piepoli et Taus Ibarguren), la Movistar échouait au pied du podium des pires équipes 2022. Elle a remis le couvert cette année en recrutant Yvon Ledanois. Avec succès puisqu’elle monte enfin sur le podium.

La publication de son organigramme et un plus grand engagement individuel auprès du MPCC aurait pu permettre à l’équipe de se placer plus haut dans notre classement.

Pour consulter l'article ICCD de l'équipe Movistar Team en 2022, cliquez ici.