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Actualité du dopage |
Introduction d'Antoine Vayer : Qui ne se souvient pas des commentaires incroyablement passionnés, mais si intelligents et remplis d'implicite, de Bertrand Duboux, le Robert Chapatte suisse, pendant 30 ans ? De manière feutrée, il nous fait part pour #LeTourdAntoine de son sentiment d'amoureux trompé.
A la fin de sa carrière et de ses retransmissions en direct, au moment de décrocher de l'antenne, j'ai le souvenir que Bertrand avec sa voix si particulière et son accent résumait en une phrase le résultat du jour puis ajoutait systématiquement : “ en attendant le résultats des contrôles antidopage bien sûr”. Brillant !
Antoine Vayer
On sait que le contrôle antidopage d'Evenepoel, qui a le corps en forme de suppositoire ce qui lui permet d'avoir un SCx remarquable, vainqueur du contre la montre à Caen à 54 km/h de moyenne sur 33 kilomètres, sera négatif. Aucun échantillon n'est revenu positif depuis Schleck, il y a 13 ans ! On vous fait grace du cocaïnomane Paolini contrôlé positif en 2015. Les innombrables contrôles de Lance Armstrong ont été également tous négatifs durant toute sa carrière (sauf celui couvert par l'UCI). Ces contrôles ne servent à rien. Bertrand le sait bien.
Lisons Bertrand Dubous :
Par Bertrand Dubous
Bonjour à tous les amis du vélo,
Mon nom est Bertrand Duboux, né à Lausanne en 1948, journaliste suisse, en activité de 1971 à 2008, trente-trois ans à la Télévision suisse romande. Commentateur de cyclisme et de boxe, avec au compteur 30 Tour de France (1978-2007, dont vingt éditions avec Roger Pingeon comme consultant) et aussi tous les monuments du vélo de ces années-là, 15 Giro d'Italia, 8 Vuelta, 25 Tour de Suisse, 48 Tour de Romandie et 38 championnats du monde sur route et piste, ainsi que de nombreux championnats du monde de boxe, d'Ali (1978-1980) à Lewis en passant par Hagler, Hearns, Leonard, Holyfield, Tyson.
J'ai aussi publié plusieurs ouvrages, en rapport avec mes passions : Carnets de route, Tour et détours (éd. Slatkine 2003), Un siècle de boxe en Suisse (2005), Chroniques d'un insoumis (2008), Face au sport : peut-on encore sauver la TSR ? (2009), Roger Pingeon, un maillot jaune qui a soif de vérité (éd. Baudelaire 2012), Quand le vélo déraille (éd. Du Serin 2015), Il faut sauver le vigneron de Lavaux (2017), Pascal Richard, l'insoumis du peloton (éd. Attinger 2021).
Malgré la fuite du temps (en 1964, j'ai vu Merckx gagner le championnat du monde amateur à Sallanches), j'ai conservé au fond de moi la passion du vélo, mais je porte désormais sur lui un regard différent, plus distant, plus critique, depuis les séismes à répétition déclenchés par les affaires de dopage (Festina, Armstrong, Dr Ferrari, Puerto, Landis/Phonak, Pantani, Rasmussen/Rabobank, Ricco/Piepoli/Saunier Duval, Vinokourov/Astana, etc). Aujourd'hui, les questions soulevées par les réussites de Wiggins (2012), Thomas (2018) et Bernal (2019), les exploits stupéfiants de Froome (2013, 2015, 2016, 2017) et la pantalonnade du record du monde de l'heure dans les années 2000, on est en droit de se les poser à propos du stratosphérique Pogaçar !
Un charmant garçon, Tadej Pogaçar, un super-doué accueillant, altruiste et disponible, que l'on a aperçu en 2016, à 17 ans et demi, au Tour du Pays de Vaud juniors (6ème à 2'58 de Marc Hirschi) parmi les Félix Gall (3ème), Tanguy Turgis, McNulty, Bisseger, Almeida et cie. A cette époque, rien ne semblait l'annoncer comme un nouvel extra-terrestre, au contraire d'Evenepoel qui faisait la loi dans cette catégorie et se profilait, lui, comme le nouveau Merckx !
Désormais pris en main chez UAE par les sulfureux Mauro Gianetti (manager général) et Matxin Fernandez (manager sportif) – la belle équipe ! - le jeune Slovène est en route pour Mars ! En quelques saisons, il s'est fait l'auteur de performances retentissantes, qu'il attaque à 100 km du but ou qu'il flingue le peloton au pied d'un col de 6-8 km avec final en altitude, sans que l'on décèle le moindre rictus sur son visage lisse et impassible ? Et à l'arrivée, pas une trace de fatigue malgré l'intensité de l'effort ! Frais comme un gardon, comme un bébé qui sort du bain, à l'image d'un certain Armstong, jadis, au sommet du Mont Ventoux ou partout ailleurs On a vu ce qu'il est advenu de celui qui défrayait alors la chronique (entre 1999 et 2005), sans jamais avoir été sanctionné par l'UCI de Hein Verbruggen pour ses dérives, ses magouilles et ses écarts avérés avec le règlement antidopage !
A 22 ans, Pogaçar côtoyait déjà les sommets, à 27 il est entré dans la légende, comme Eddy le Cannibale. Qu'en sera-t-il à l'avenir ? Car il a déjà gagné trois Tour de France (+ 17 étapes), le Giro (+ 6 étapes), le Tour des Flandres (2), l'Amstel Gold Race, la Flèche wallonne (2), Liège-Bastogne-Liège (3), le Tour de Lombardie (4), mais aussi les Strade Bianche (3), Tirreno-Adriatico (2), Paris-Nice, le Tour de Catalogne, le Critérium du Dauphiné, le GP de Montréal (2) et le championnat du monde en ligne ! Ainsi que le Tour de l'Avenir en 2020, à 19 ans et demi !
Stop, n'en jetez-plus ! Le prodige n'est qu'au début de sa carrière et on se demande où tout cela va s'arrêter, tant sa supériorité sur le peloton est phénoménale. Il y a lui et les autres. Il est au-dessus du lot, saute les obstacles à sa guise et joue avec ses adversaires, le plus souvent. Mais, au contraire d'Armstrong, lui n'est pas arrogant, ni agressif comme l'était l'Américain. Il est sympathique et proche des gens. Il est resté humble et le public l'adore, ses supporters l'adulent. C'est toute la différence.
Cette image du cyclisme, avec ses gadgets électroniques, ses records de vitesse sans cesse battus, ses trop nombreuses chutes, des moyennes qui augmentent constamment (le record du Tour, 42,088 km/h en 2023, appartient au Danois Vingegaard) n'augure toutefois rien de bon. Car on ne sait plus très bien où se situe la vérité « vraie » dans ce monde soumis à une évolution technologique insensée et toujours plus forte, avec une course aux records. Celle-ci nous fait croire à l'impossible, au miracle, comme si c'était l'IA qui pédalait. Sans état d'âme, telle un robot, sans défaillance malgré les excès. Mais trop, c'est trop, et le fait que les contrôles positifs aient quasiment disparu du paysage depuis plusieurs saisons n'est pas forcément bon signe pour la crédibilité du milieu
Mon cher vélo, on t'aime toujours, mais reviens sur terre !
Bertrand Duboux
Cette page a été mise en ligne le 09/07/2025