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Plus vite, plus haut, plus fort - ensemble, vent dans le dos et avec des vélos « rapides »

23/07/2022 - cyclisme-dopage.com - Antoine Vayer

« Plus vite, plus haut, plus fort - ensemble, vent dans le dos et avec des vélos “rapides” »*

*Nouvelle devise Olympique

Il est fini ce stage avec les cadets ?
Source : Espé - 23/07/2022

Las ! Cette chronique sera encore basée sur des chiffres.

J'aime écrire de longs portraits humains, poétiques même, avec des coureurs qui ont quelque chose au niveau charisme et représentent quelque chose au niveau sportif. Des valeureux. Mais c'est ailleurs, dans le magazine LE CYCLE, par exemple, où je tiens la rubrique entrainement depuis 23 ans maintenant. c'est destiné aux cyclosportifs ou aux cyclistes normaux qui pratiquent le vélo, en compétition ou non. Ils ont tous du mal à s'identifier à certains « pros ». Ils ont compris. On les comprend. La poésie, ce ne sera pas ici. Ici sur cyclisme-dopage.com, c'est comme sur mon compte Twitter @festinaboy. C'est ciblé, c'est militant, c'est pour résister en disant la vérité. Sinon J'irais sur guimauve-matos.com ou dans l'Equipe ou bien Le Figaro.

La poésie sur le Tour de France que je suis depuis presque 50 ans, ce sera plus tard, peut-être. Qui sait ? Si certains arrêtent de tricher Si on les arrête Si on arrête de les encenser comme s'ils ne trichaient pas. Ou plus.

Car enfin, ils trichent et c'est ce qui explique le niveau de leurs performances en watts.

Démonstration.

Plus de 42 km/h de moyenne !

En plus des watts, depuis le sortir des Alpes, je calcule et J'ai prévenu que la vitesse moyenne du vainqueur du Tour, Vingegaard, va être record. Elle dépassera largement les 41,654 km/h historique de Lance Armstrong en 2005. Largement : plus de 0,5 km/h. Sans doute pas moins de 42,140 km/h si on ne traine pas trop dans cette dernière étape de gala où les coureurs de l'équipe Jumbo avec Van Aert peuvent gagner le tiers des étapes : 7/21 puisque l'an passé le Belge mutant avait aussi fait le doublé contre-la-montre puis Champs-Elysées. Quelle domination collective ! Banesto, Festina, US Postal, Sky ? Non. Jumbo. On ne réagit qu'aujourd'hui dans la presse et que sur la vitesse moyenne record. Pour Van Aert, on s'esbaudit. Les explications les plus irrationnelles, voire mystiques ou ésotériques, dignes de la profession de foi d'un groupe en pleine dérive sectaire sont avancées. Cela va du vent dans le dos, tournant dans le sens des aiguilles d'une montre au fur et à mesure que le Tour avance, jusqu'à l'aérodynamisme des cadres carbone, des vélos à 12.000 euros en production limitée mais construits tous au même endroit : en Asie. Ils apportent pourtant un avantage infinitésimal sur la performance d'un homme en train de pédaler, c'est un détail. Pogastrong avait expliqué que même ses lunettes « carbone et titane » à 1.200 euros la paire lui permettaient d'avancer plus vite. Certains gobent. c'est « écrit dans le journal » et « vu à la télé ». Alors

Vent dans le dos
Source : Espé - 23/07/2022

On ne compte plus les innovations high-tech de startups et fabricants du « vélo 2.0 », devenu depuis l'ère SKY des Anglais et de Froome, une « Formule 1 » à pédales. Pas moins. Cela monte à la tête même des maquignons du milieu. Imagine-ton Lewis Hamilton pédaler à 450 watts dans une caisse à savon profilée ? On en est là. Pourtant, il n'y aucun moteur ni moyen de récupérer l'énergie au freinage pour la restituer dans les roues comme en Formule 1 dans un vélo, n'est-ce pas ? Sinon, effectivement on pourrait comparer. Non, pour rigoler dans le peloton on parle seulement de « moto GP ». l'autodérision existe un peu. Les équipementiers et leurs lobbies vantent, ici pour un pneu, là pour un bout de tissu ou pour boisson magique, les gains « prouvés scientifiquement » disent les pubs. Ils les évaluent tous entre 5 à 40 watts en pédalant à 40 ou 50 km/h pour chaque chose. Tous ces watts, mis bout à bout, dépassent allègrement les 400 watts. c'est sûrement grâce à cette ellipse intellectuelle qu'on en vient à parler de « vélos les plus rapides du monde » dont seraient dotées chaque équipe. Avec ces vélos, il n'est pas besoin de pédaler ou avec un petit watt donc, puisque 400 + 1 watts Etalon dans les cols radars de la Grande Boucle, cela permet d'être 7ème du Tour cette année. c'est la place de Romain Bardet à 19'02'' du vainqueur, un beau symbole du cyclisme à deux vitesses. Le Français a un vélo qui roule 20 minutes plus lentement que celui du Danois sur 3346 kilomètres ! Pas un super rendement. Cette supercherie et cette malhonnêteté intellectuelle fonctionnent. Elles ne sont pas nouvelles. Il y 20 ans, en 2002, après lui avoir dédicacé un de mes livres, La pleine puissance en cyclisme, où je remettais en cause les performances en watts de Lance Armstrong, le patron du Tour de France, ancien coureur, me répondait ceci :

Cher Monsieur,

J'ai apprécié d'être destinataire de votre ouvrage, même si J'ai passé l'âge de vouloir réaliser des performances athlétiques sur un vélo. Votre sujet est néanmoins passionnant. Votre manière de le traiter illustre deux postulats que je développe depuis longtemps.

1. (Je préfère vous citer) « Le sport, en particulier dans le domaine des technologies de pointe suit les évolutions historiques des connaissances humaines ». Il n'y a aucune raison en effet pour qu'il reste à la traine.

2. Par voie de conséquence il n'est intellectuellement pas honnête de subordonner les améliorations de performances à des recours systématiques à la pharmacopée. Les hommes, les machines, les routes évoluent.

Heureux que vous le professiez ainsi. Merci encore.


Lettre de Jean-Marie Leblanc à Antoine Vayer
Source : Antoine Vayer - 15/09/2020

La technologie produit masquant de la médecine

Jean Marie Leblanc, me dira plus tard en citant Talleyrand, que « tout ce qui est excessif est insignifiant », me traitera de « révolutionnaire » et m'insultera auprès de ses pairs. Il m'attaquera même en justice pour diffamation après un article A qui le Tour en essayant de m'intimider pour « m'empêcher d'écrire » (sic – dans Libération à l'époque). Ce serait maintenant, je serais surement traité islamo-gauchiste-wokiste. Le pseudo progrès rhétorique suit les évolutions du temps aussi apparemment, mais le fond reste le même, rien ne change, seulement les mots. Ceci dit, avec Jean-Marie, on pouvait parler. Mais quand, après avoir dit, acculé : « si J'apprends que Lance se dope, je quitte le cyclisme », quand il a constaté que Lance a effectivement triché pendant 10 ans, comme je le professais, de manière outrancière avec toute la pharmacopée pour améliorer ses performances, il n'a pas quitté le milieu. Accroché comme un chien à une saucisse, il n'a pas voulu reconnaître mes preuves. Il s'en est sorti par une pirouette, sans desserrer la mâchoire.

Tous les coureurs ont peu ou prou d'excellents vélos. Ont-ils tous pédalé avec un vélo rapide, summum de la technologie ? Apparemment pas.

Le 5ème du Tour de France, Alexandr Vlasov le russe termine à 16'37''.

Le 10ème du Tour de France, Adam Yates l'anglais termine à 25'43''.

Le 15ème du Tour de France, Thibaut Pinot le français termine à 50'53”.

Le 20ème du Tour de France, Brandon Mc Nulty l'américain termine à 1h31'17''.

Etc.

Le 139ème et dernier du Tour de France, Caleb Ewan l'Australien, termine à 5h41'33''.

C'est du jamais vu dans le cyclisme moderne ! Ces écarts sont historiques.

Vingegaaard, Pogastrong et, à un degré moindre le vieux Gallois Thomas (3ème du Tour, à 8'13'' du Danois) seraient, sur le podium, les seuls à bénéficier des énormes gains, les fameux 400 watts, octroyés par le matériel high tech. Les seuls à bénéficier de l'amélioration des routes arrosées par l'organisation pendant la canicule sur lesquelles on ajouterait du bitume de plus en plus lisse et roulant. Et le Danois, le seul à bénéficier de la PNL (Préparation Neuro Linguistique) révolutionnaire, sauce néerlandaise, selon son équipe et l'Equipe.

On vous prend pour des jambons !

Etes-vous aussi embrigadés dans ces dérives sectaires, prêts à défendre et justifier l'indéfendable comme c'est le cas dans les groupes concernés ?

La technologie et les « progrès » ne sont que le produit masquant du dopage.

On est bien revenu aux années Armstrong de grosse charge et je peux continuer de vous expliquer pourquoi. Focalisons nous sur ce que l'on connait le mieux : les puissances développées dans les cols.

La preuve : les éres de la triche

Preuve supplémentaire que Jean-Marie Leblanc avait tort et que j'avais raison.

Après « l'ére EPO » de 1994 à 1998, achevée par l'affaire Festina en1998, les performances moyennes mutantes à 442 Watts Etalon ont baissé (!) sur le Tour de France pour faire place à « l'ère Armstrong », de 1999 (année « du renouveau ») à 2009 décroitre à 422 Watts Etalon, 20 watts de moins, avec du dopage sanguin avec d'autres produits.

Comment est-ce possible ? 100% du peloton n'était plus à l'EPO, c'est tout.

Puis, malgré les évolutions énormes à tous niveaux, informatiques notamment, des années 2010 dans le domaine des technologies de pointe qui a suivi donc “les évolutions historiques des connaissances humaines”, de 2010 à 2019, elles ont encore décru à 413 Watts Etalon en moyenne pendant 10 ans. Encore 9 watts de moins ! On tenait le bon bout croyait-on dans cette « ère mixte » où on utilisait les produits « en zone grise » et des méthodes associées appelées les « gains marginaux » par les Anglais qui parlaient quand même déjà de Formule 1, quand on leur disait que leurs watts et puissance collectives ou individuelles étaient trop voyantes avec Froome-Wiggins-Thomas et plus récemment Bernal !

Les radars du Tour de France depuis 1994
Source : Frédéric Portoleau - 23/07/2022

Mais depuis 2019, c'est reparti. Sur la moyenne de nos radars du Tour, que nous relevons depuis 1994, presque 30 ans donc, avec du recul et les témoignages in ou off qui affluent avec quelques années de retard de repentis (Wiggins et Froome, de l'ère mixte, c'est bientôt votre tour), on observe une recrudescence de la délinquance à bicyclette. Sur nos radars, 33'56'' en moyenne dans les cols longs de fin d'étape de la Grande Boucle depuis 29 ans, on est cette année à 30'29'', c'est 420 Watts Etalon de moyenne depuis le premier sacre de Pogastrong qui s'est mis à commencer à battre la plupart des records de l'Américain dans les cols ! 7 watts de plus !

c'est donc bien le retour aux années de performances Armstrong pour cette nouvelle ère que J'ai appelé « ère cétones 3.0 », tant on essaie de masquer l'évidence derrière des choses mineures ou du matériel. Certains se re-dopent et re-trichent avec des produits ou des méthodes lourdes. On essaie donc une nouvelle fois de détourner l'attention. On retrouve les mêmes arguments en 2022 que ceux de Jean-Marie Leblanc. l'histoire du dopage qui a commencé dès la première course, il y a 120 ans, se répète inlassablement.

Dernière démonstration à faire vous-même :

1. Achetez un vélo 12 à 15.000 euros. Le même “rapide” que celui de Vingegaard ou Pogastrong. Allez faire vos trois heures sur votre parcours habituel avec un bon bitume. Comparez sensations et vitesse moyenne, puissance si vous êtes équipés de capteurs avec celles que vous aviez sur votre vélo d'avant, le “lent”.

2. Faites vous prescrire pour une allergie et injectez-vous un Kenacort retard 80mg/2ml. Le lendemain, buvez douze cafés expresso le matin et prenez quelques bouffées de Salbutamol. Allez faire vos trois heures habituelles l'après-midi.

3. Comparez.

On vous prend pour des jambons sur le Tour de France.

Où sont les preuves ?

Complément :

Nous avons constaté le même phénomène d'ères de watts moyens décroissants depuis l'ère EPO puis à nouveau en hausse depuis 2019 comme l'ère Armstrong au Tour d'Italie ou bien à la Vuelta où les radars et cols sont plus courts et les contrôles encore moins regardants. Fred Portoleau, notre ingénieur, scrute également toutes les montées tout au long de la saison sur les autres épreuves. La base de données accumulées depuis 30 ans est incroyable.

Les radars du Tour d'Espagne et du Tour d'Italie depuis 1994
Source : Frédéric Portoleau - 23/07/2022

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Cette page a été mise en ligne le 23/07/2022