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Actualité du dopage |
L'établissement suisse a-t-il étouffé un contrôle positif d'Armstrong en 2001 ?
Le témoignage accablant de Tyler Hamilton à l'encontre de son ex-leader Lance Armstrong, diffusé dimanche soir sur la chaîne américaine CBS, a généré un malaise certain dans le monde de l'antidopage. Point de crispation central ? Le possible camouflage d'un contrôle positif à l'EPO du Texan, lors de son Tour de Suisse victorieux en 2001. Plus que les accusations portées à l'encontre de l'Union cycliste internationale (UCI) (...), c'est la mise en cause du laboratoire antidopage de Lausanne (...) qui pose question, d'autant que les responsables dudit laboratoire (LAD) ont choisi de ne pas réagir à ces graves accusations. (...)
Pour l'heure, seul le rappel du contexte scientifique de l'époque peut permettre de douter sérieusement de l'hypothèse d'une telle dissimulation.
- En juin 2001, le test urinaire français de l'EPO était dans sa phase de mise en place in situ, après une première expérimentation sur le terrain, lors des Jeux de Sydney (2000). Les critères de positivité officiels nécessitaient que 80 % (*) des isoformes basiques soient atteints pour que le test soit déclaré positif. Ce seuil sécurisé visait à éviter les faux positifs. Lorsque les résultats, schématiquement, s'avéraient inférieurs à ce seuil, mais supérieurs à 70 %, les laboratoires s'orientaient plutôt vers une logique de suspicion.
(...)
- Selon nos informations, Lance Armstrong n'a pas été formellement déclaré positif lors du Tour de Suisse 2001. Le test effectué à Lausanne n'atteignait pas ce seuil des 80 %. Il s'en approchait néanmoins, ce qui aurait conduit très normalement les responsables du laboratoire à en avertir les responsables de l'UCI (un second contrôle « limite » de ce même Armstrong aurait, toujours selon nos informations, été constaté par le laboratoire de Châtenay-Malabry, lors du Dauphiné Libéré 2002).
- Prévenue par les scientifiques suisses, l'UCI, qui, à l'époque, mélangeait parfois de manière ambiguë pédagogie et laxisme, aurait averti Armstrong et son manager, Johan Bruyneel, de ce résultat « limite » et les aurait convoqués en son siège pour leur expliquer les subtilités de ce nouveau test EPO. Martial Saugy, directeur du laboratoire de Lausanne, aurait même été invité à leur expliquer les principes de cette détection.
- Très normalement, l'affaire en serait restée là. Lance Armstrong s'est-il vanté auprès de ses coéquipiers de ce qu'il a perçu alors comme une preuve d'impunité ? L'hypothèse est crédible. Ce qui sous-entend alors qu'il aurait pu encore utiliser l'EPO dans les années 2001 et 2002. Voilà peut-être l'information la plus surprenante de cette affaire. Car pour 1999, on le savait déjà...
(*) En 2001, (...) Bo Hamburger a ainsi été relaxé par le TAS en raison d'une valeur insuffisante (79%), lors de la contre-expertise de son contrôle positif à l'EPO.
Cette page a été mise en ligne le 25/05/2011