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Actualité du dopage |
Alberto Contador, qui s'apprête à remporter le Tour de France, (...) est un miraculé de l'"opération Puerto". L'affaire a été classée - provisoirement - sans suite, en mars, par le juge madrilène Antonio Serrano. L'enquête de la police espagnole avait pourtant mis au jour un réseau de dopage organisé par le médecin Eufemiano Fuentes notamment au sein de l'ancienne équipe du maillot jaune, la formation Liberty-Seguros, dirigée par Manolo Saiz. Le mentor du cyclisme espagnol et d'Alberto Contador est, depuis, tenu au ban du cyclisme mais continue d'être considéré comme un "second père" par le leader du Tour.
Les organisateurs de l'épreuve avaient prévenu que les coureurs "cités" dans le dossier Puerto ne pourraient prendre le départ du Tour. (...) "En aucun cas le nom de Contador ne pouvait être lié à la clientèle de M. Fuentes", a justifié le patron du Tour, Patrice Clerc, jeudi 26 juillet, lorsque l'Espagnol a enfilé la tunique jaune.
Outre des poches de sang par centaines, la Guardia Civil a saisi, au printemps 2006, de nombreux documents où le médecin consignait traitements et indications pour ses nombreux "clients". Selon nos informations, le nom d'Alberto Contador apparaît à plusieurs reprises dans ces documents. Et, contrairement à ce qu'affirme Patrice Clerc, Contador n'est pas fortuitement "cité dans le cadre de conversations téléphoniques pour des résultats de courses."
Dans le dossier d'instruction, auquel Le Monde a eu accès, les enquêteurs notent que "dans le document 3 apparaissent marqués de façon différentes les noms des coureurs : Dariuz Baranowsky, Joseba Beloki, Gianpaolo Caruso, Alberto Contador (...) ". Cette pièce fait partie de "la documentation relative aux activités présumées illicites" du docteur Fuentes, saisie dans l'un de ses appartements madrilènes. Les enquêteurs précisent que le nom d'Alberto Contador apparaît également sous les initiales "A. C" dans un autre document de Fuentes. "Au dos du document 31 sont situées des annotations manuscrites avec le titre "Individualisation" où sont identifiés divers coureurs de l'équipe Liberty-Seguros Würth par leurs initiales : R. H (Roberto Heras), M. S (Marcos Serrano), J. B (Joseba Beloki) (...) A. C (Alberto Contador)."
Selon la Guardia Civil, ces documents correspondent à la planification de la saison 2005 de l'équipe Liberty-Seguros. C'est en janvier 2005 qu'Alberto Contador avait repris la compétition après son opération du cerveau, au printemps 2004. A l'instar des Espagnols Roberto Heras, Joseba Beloki ou Marcos Serrano, la plupart des coureurs cités dans ces documents sont aujourd'hui sans équipe ou dans des formations de seconde zone.
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A la différence d'un Roberto Heras ou d'un Joseba Beloki, le rapport d'enquête n'a pas révélé d'annotations mentionnant des produits dopants en face du nom d'Alberto Contador. Le cas de Gianpaolo Caruso est, en revanche, similaire à celui de Contador. Or si la fédération espagnole n'a pas jugé bon de poursuivre son coureur, le procureur antidopage du comité olympique italien (CONI) a requis deux ans de suspension contre Gianpaolo Caruso. "Il est tout à fait anormal que Contador puisse continuer à courir sans être inquiété par l'opération Puerto alors que le Coni a demandé deux ans de suspension contre Caruso. Il n'y a pas plus dans le dossier contre Caruso que contre Contador", déclare au Monde Jörg Jaksche, ancien équipier de l'Espagnol chez Liberty-Seguros.
Le coureur allemand avait fait sensation avant le début du Tour en reconnaissant publiquement s'être dopé avec l'aide du docteur Fuentes lorsqu'il courait pour la formation espagnole. "Il y a un traitement différent selon les coureurs", déplore le coureur, qui explique avoir raconté l'histoire de sa vie de cycliste dopé pendant vingt heures à la police fédérale de son pays, mercredi 25 et jeudi 26 juillet.
Alberto Contador, lui, avait été interrogé à peine dix minutes, en décembre 2006, par le magistrat chargé du dossier Puerto. Devant le juge Antonio Serrano, le coureur a déclaré ne pas connaître Eufemiano Fuentes. Il a aussi refusé de se soumettre à un prélèvement ADN qui aurait pu permettre de vérifier si certaines poches de sang retrouvées dans les appartements utilisés par le docteur Fuentes pour pratiquer des autotransfusions lui étaient destinées.
Cette page a été mise en ligne le 28/07/2007