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Actualité du dopage |
La déclaration de l'ancien coureur cycliste allemand, Jörg Jaksche était très attendue. Lundi 11 février, ce témoin de poids du procès de « l'opération Puerto » (...) n'a pas déçu l'auditoire. Durant plus de quatre heures, il a expliqué dans le détail quand, comment et pourquoi il a eu recours aux services du docteur Fuentes entre 2005 et 2006 lorsqu'il était cycliste pour l'équipe Liberty (l'équipe qui a succédé à la Once).
Transfusions, EPO, anabolisants et même des hormones féminines ou encore de la poudre blanche qui brouillait les urines faisaient partie du « régime de santé » concocté par le médecin canarien qui aurait pratiqué entre 10 et 15 transfusions à M. Jaksche. « Je ne voulais plus d'EPO car il y avait des contrôles en marge des compétitions » a expliqué ce dernier, qui a révélé qu'il se dopait depuis 1997 et n'a pas cherché à minimiser sa part de responsabilité : « je savais que ce que je faisais était interdit. »
S'il témoigne aujourd'hui, c'est pour que les autres acteurs de ce vaste réseau ne soient pas une fois encore épargnés par la justice. «Ce sont toujours les sportifs qui paient et tous ceux qui sont autour on ne leur demande jamais d'assumer leur responsabilité, » a-t-il expliqué.
Sûr de lui, le regard froid, le ton neutre, il n'a épargné personne : ni le directeur sportif de l'équipe Liberty, Manolo Saiz, lui aussi sur le banc des accusés, qui l'aurait mis en contact avec « un nouveau médecin » : Fuentes. Ni le président, Pablo Anton, qui aurait fait signer aux coureurs un document, exigé par les sponsors après le déclenchement de l'opération Puerto, les obligeant à nier s'être dopés, « ce qui me semblait ridicule et hypocrite venant de ceux-là mêmes qui nous avaient donné la possibilité d'avoir recours aux services de Fuentes. »
L'ancien coureur allemand dresse le tableau d'un dopage généralisé, banalisé et transfrontalier. A la veille d'un Tour de France, Fuentes lui aurait ainsi montré une carte où figuraient des cercles entourant les endroits où devaient être réalisées les transfusions des coureurs : « Il y en avait tellement que l'on ne distinguait pas la France... » D'ailleurs, il n'a pas caché s'être senti trahi par le docteur Fuentes, « parce qu'il disait qu'il ne travaillait que pour nous, mais il semble qu'il le disait à beaucoup de gens. »
L'ancien coureur allemand a aussi expliqué qu'un médecin en Allemagne, le docteur Choina, avait réalisé les transfusions dont il avait besoin lors du tour de France de 2005. Et qu'« en France, à Paris, Fuentes avait un autre collaborateur que je suis allé voir en 2006 pour qu'il me fasse une extraction de sang ».
(...) Les accusations de M. Jaksche détaillent avec précision des transfusions pratiquées dans des conditions souvent rudimentaires : des poches de sang qui voyageaient dans des sac isotherme de supermarché, des rumeurs selon lesquelles « ils s'étaient trompés de sac de sang pour Hamilton », car le nom de code des cyclistes ne figurait pas sur toutes les poches, l'existence d'une version « pas chère », qui consistait en des extractions suivies de transfusions pratiquées dans les 28 jours, et d'une méthode « sibérienne » : congeler le sang afin de le conserver dix ans. « Parfois, nous n'avions pas le temps de chauffer la poche de sang, un jour, j'ai senti que mon bras devenait froid, mon pouls s'accélérait et je me suis senti mal... »
Cette page a été mise en ligne le 11/02/2013