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Actualité du dopage |
Ca va être encore plus grave que l'affaire Festina !" Le pronostic, à propos du réseau de dopage qui vient d'être mis au jour en Espagne, émane d'un spécialiste, jeune retraité de la bicyclette, (...) soupçonné d'avoir utilisé de l'érythropoïétine (...) lors de son premier succès sur la Grande Boucle en 1999 : Lance Armstrong.
(...) Les découvertes de la Guardia Civil annoncent (...) une onde de choc sans précédent dans le peloton et peut-être au-delà.
(...) La police espagnole serait en possession d'une liste de 200 coureurs soupçonnés de s'être livrés à des transfusions sanguines, pratique interdite par le Code mondial antidopage. Jan Ullrich et Ivan Basso (...) feraient partie des "clients" du docteur Eufemiano Fuentes (...) soupçonné avec l'hématologue José Luis Merino Batres, directeur d'un laboratoire d'analyses médicales, d'être l'organisateur de ce réseau.
Lors des perquisitions réalisées mardi 23 mai dans des appartements madrilènes appartenant aux médecins, le département antidrogue de la Guardia Civil (UCO) a saisi plus de 100 poches de sang congelé, autant renfermant du plasma, du matériel de transfusion, des milliers de doses d'EPO, hormones de croissance et autres stéroïdes anabolisants, ainsi que des plans d'entraînement. "Après avoir prélevé le sang du sportif et l'avoir oxygéné dans le laboratoire, une nouvelle transfusion sanguine était réalisée au moment nécessaire en période de compétition", détaille la Guardia Civil.
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Pendant les périodes de repos ou d'entraînement, le sportif se fait prélever une certaine quantité de sang qui est stocké par - 80 °C pour un usage à long terme ou conservée à 4 °C pour une utilisation plus rapprochée. Le sang prélevé est ensuite réinjecté pendant la compétition.
Les effets sur la performance se font ressentir en moyenne six heures après la transfusion et peuvent se prolonger jusqu'à deux semaines. Une partie des poches de sang - de 450 ml chacune - saisies par la police espagnole étaient prêtes à l'emploi. Selon les enquêteurs, elle était destinée à des coureurs du Giro.
La transfusion sanguine n'est pas une pratique dopante récente. Le procédé a été utilisé pour la première fois à des fins d'amélioration de la performance par le médecin suédois Björn Ekblom au début des années 1970, rappelle le docteur Jean-Pierre de Mondenard dans son Dictionnaire du dopage (Masson).
La technique avait été abandonnée au début des années 1990 au profit de l'EPO, qui permet également d'améliorer les capacités de résistance à l'effort en stimulant la production de globules rouges. (...)
Depuis les JO d'Athènes, en 2004, les transfusions hétérologues - réalisées avec un donneur compatible - sont détectables. Le coureur américain Tyler Hamilton en a fait l'expérience. L'ancien équipier de Lance Armstrong a été le premier athlète contrôlé positif pour une transfusion lors de sa victoire sur le Tour d'Espagne, en septembre 2004.
Pour passer entre les mailles des contrôles antidopage, les tricheurs privilégient les autotransfusions qui, elles, sont toujours indétectables. "Les autotransfusions sont difficiles à détecter", reconnaît Olivier Rabin, le directeur scientifique de l'Agence mondiale antidopage. (...)
Le directeur scientifique de l'AMA insiste également sur les dangers en matière de santé liés à la pratique des transfusions. " Les principaux risques sanitaires liés aux transfusions hétérologues sont d'ordre infectieux (hépatite, sida), détaille l'expert en toxicologie. Les autotransfusions, elles, peuvent être dangereuses si le sang est conservé dans de mauvaises conditions. Il peut également y avoir des risques de thrombose car l'administration de globules rouges épaissit le sang, et des problèmes au niveau cardiaque, un liquide plus visqueux pouvant forcer le coeur à pomper davantage."
En 2004, (...) Jesus Manzano, dont les révélations sont à l'origine de l'enquête de la Guardia Civil avait dénoncé le dopage organisé dans son équipe, Kelme, pour ne "pas continuer à risquer (sa) vie". (...) Retiré du peloton, Jesus Manzano rappelle aujourd'hui que d'autres coureurs ont eu moins de chance. Ainsi de son ami et compagnon de route, José Maria Jimenez, mort à 32 ans, en décembre 2003, dans une clinique psychiatrique de Madrid.
Cette page a été mise en ligne le 12/06/2006