ICCD : Indice de Confiance Cyclisme-Dopage.com

Israel - Premier Tech - Saison 2024


cyclisme-dopage.com - 12/06/2024

Sommaire

Introduction Une affaire de dopage Un coureur épinglé Trois dirigeants épinglés Un coureur flashé Aucun dirigeant flashé L'équipe adhère MPCC ICCD : notre indice de confiance

Introduction

L'équipe Israël - Premier Tech aura bientôt dix ans. Elle est apparue dans les pelotons en 2015. Financée par le milliardaire canadien Sylvan Adams, elle a fait un gros coup en recrutant en 2021 le quadruple vainqueur du Tour, Chris Froome. Son salaire (on parle de cinq millions d'euros annuel) n'est guère rentabilisé puisqu'il traîne sa misère depuis qu'il a revêtu le maillot blanc et bleu, visiblement incapable de se remettre de sa grave chute au Dauphiné 2019. Les mauvaises langues diront qu'il a simplement retrouvé son vrai niveau. Si Chris Froome montre encore le maillot, c'est en queue de peloton. C'était déjà ça pouvait-on se dire, jusqu'à ce qu'il soit écarté de l'équipe du Tour de France 2023. En réponse au coureur qui manifeste sa déception, Sylvan Adams répond : « comment pouvons-nous dire que nous en avons pour notre argent ? ».



Histoire de l'équipe

La formation israélienne a été confrontée à sa première affaire de dopage à la fin de la saison 2020. L'Union Cycliste Internationale (UCI) annonce en septembre que le Suisse Patrick Schelling est suspendu quatre mois pour une violation non intentionnelle des règles antidopage. L'affaire découle d'un résultat d'analyse anormal (RAA) pour la terbutaline dans un échantillon prélevé pendant le Tour du Rwanda, le 24 février 2020. Schelling est également disqualifié de tous les résultats obtenus sur l'épreuve. Privé d'équipe, il met prématurément fin à sa carrière.


Liste des affaires de l'équipe
Coureur Produit Course Date Sanction Contrôle
Schelling Patrick Terbutaline Tour du Rwanda 2020 Oui Contrôle positif

Pour voir plus d'informations sur l'équipe dans l'annuaire du dopage, cliquez ici


Les coureurs épinglés

Chris Froome est le seul, mais non des moindres, coureur épinglé dans notre annuaire du dopage.

Chris Froome


Le 13 décembre 2017, Le Monde et The Guardian révèlent le contrôle urinaire anormal de Chris Froome. Son taux de Salbutamol est anormalement élevé (2000 nanogrammes par millilitre pour un maximum autorisé de 1000 nanogrammes par millilitre). L'information est confirmée dans la journée par l'UCI. Froome réplique dans un communiqué : « Je souffre d'asthme depuis longtemps. Je connais parfaitement les règles. Durant la Vuelta, mon asthme s'est aggravé et j'ai augmenté ma dose de Salbutamol sur le conseil du docteur de l'équipe Sky. J'ai pris soin de veiller à ne pas dépasser les limites autorisées par l'UCI dans la prise de ce médicament. Je suis bien sûr prêt à me soumettre à toutes les demandes de l'UCI ». La formation britannique Sky envoie au charbon les meilleurs avocats et les meilleurs experts pour remettre en cause la fiabilité du contrôle. L'Agence Mondiale Antidopage dont le budget est limité tremble. L'affaire traîne. A quelques jours du départ de la Grande Boucle 2018, ASO s'inquiète car la présence de Chris Froome promet de polluer la fête de juillet. L'organisateur du Tour demande à la Sky de ne pas aligner le Kenyan. Finalement, l'AMA préfère baisser pavillon et blanchir le coureur. L'UCI entérine. ASO autorise Froome à mettre un dossard.

Quant à savoir si Chris Froome souffre toujours d'asthme et utilise toujours du Salbutamol, le coureur oppose une fin de non-recevoir : « Je ne pense pas que ce soit vraiment l'affaire de quiconque d'être honnête. Je veux dire que ce sont mes informations médicales », répond-il au journaliste qui l'interroge en 2018.

Conférence de presse de Chris Froome
14/05/2018

Nous avons toutefois maintenu Chris Froome dans notre annuaire du dopage. Les multiples péripéties qui ont émaillé cette affaire sont détaillées sur son portrait. Pour en savoir plus sur cette affaire, lire aussi notre revue de presse.


Les dirigeants épinglés

Trois encadrants d'Israël - Premier Tech sont épinglés dans notre annuaire du dopage : René Andrle, Hubert Nowak et José Maria Moreno Ramirez. Malgré un encadrement largement renouvelé cette année (environ vingt-cinq départ et autant d'arrivées), ils ont conservé la confiance des dirigeants et sont toujours présents en 2024.


Le médecin Joost De Maeseneer, établi à Gand en Belgique, est quelqu'un de respectable. La preuve, il a été actif pendant une dizaine d'années à la Royale Ligue Vélocipédique Belge (l'équivalent de la FFC outre-quiévrain). Et puis, il a débuté en tant que médecin d'équipe avec Panasonic. C'était en 1984. Après quoi, il a exercé pour TVM, le Team CSC (qui devient ensuite Saxo Bank) et Astana, avant de se calmer chez Wanty-Gobert puis Israël - Premier Tech. Un parcours riche et exemplaire, donc. Il a vu passer dans ses équipes des coureurs comme Ivan Basso, Borut Božic, Janez Brajkovic, Maxim et Valentin Iglinskiy, Bobby Julich, Alexandr Kolobnev, Lars Michaelsen, Andre Peron, Alex Rasmussen, Luis Leon Sanchez, Michele Scarponi, Franck Schleck, Chris et Nicki Sorensen, Christian Vandevelde, Lieuwe Westra, David Zabriskie ou encore Andrey Zeits. Des membres éminents de notre annuaire du dopage. Il a travaillé avec Kim Andersen, Dimitri Fofonov, Emilio Magni, Andrei Mikhailov, Bjarne Riis, Alexandre Vinokourov, Sean Yates et Stefano Zanini. Alors, forcément, il est contre le dopage. Preuve en est, il déclare en 2014 : « Quand je suis arrivé à Astana, c'était très clair pour moi. Le dopage n'a pas sa place chez Astana ». Non mais ! Il ajoute : « Tous ensemble, nous sommes à la pointe de la lutte contre les produits dopants ». Re-Non mais ! Et pour ceux qui n'ont pas compris : « Beaucoup de personnes disent que ce n'est pas possible de faire le Tour en mangeant du steak et des pâtes. Moi, je suis sûr qu'on peut faire la Grande Boucle sans dopage et de manière propre ». Re-re-Non mais !

Bien sûr, il se trouve toujours des mauvaises langues, comme cette commission d'enquête de l'Agence danoise antidopage (ADD) pour constater en juin 2015 : « Joost de Maeseneer, a publiquement démenti avoir aidé au dopage ». Alors pourquoi ajouter perfidement : « Cependant, sur la base des entretiens menés, la commission d'enquête est convaincue que les médecins de la CSC connaissaient et aidaient à l'utilisation du dopage au sein de l'équipe, dès début 1998, en contournant les règles d'utilisation de la cortisone et en surveillant les abus d'EPO avec des mesures d'hématocrite » ? Perfides, on vous dit !

Quand en 2014, l'équipe Astana est touchée par de nombreux cas de dopage, Joost Maeseneer déclare : « [Astana], contrairement à d'autres équipes du WorldTour, est membre du MPCC (Mouvement Pour un Cyclisme Crédible) depuis 2013, (…) l'équipe lutte contre l'usage de la cortisone, ne fait pas appel à des entraîneurs extérieurs et n'a pas recours aux aérosols ». Moyennant quoi, six mois plus tard, Astana sera exclue du MPCC pour avoir laissé courir Lars Boom sur le Tour de France malgré un taux de cortisolémie anormalement bas, ce qui contrevient directement avec le règlement de l'association. C'est encore le même Dr De Maesener refusait en 2007 avec ses collègues de la « Cycling doctors international association », laquelle regroupait environ soixante-dix médecins d'équipes cyclistes professionnelles, de signer la « Lettre d'Engagement » du MPCC. « On est responsables de notre travail, pas du comportement des coureurs ou des autres », avait alors justifié le responsable de l'association, un certain Joos de Maesener.

Nous conclurons avec le Dr Guillaume, ancien médecin à la FDJ : « On n'a pas la même définition de la déontologie ».

Tous ces éléments ne suffisent pas à inscrire le Dr Joost de Maeseneer dans notre annuaire du dopage. En revanche, c'en est assez pour douter et donc pour que sa présence dégrade la confiance que nous accordons à l'équipe. Rappelons qu'en 2024, nous comptabilisons certaines personnes quand bien même elles n'ont pas été épinglées ou flashées.

René Andrle


Le nom de René Andrle apparaît à au moins deux reprises dans le dossier de l'opération Puerto. Dans le « document 11 », il est notamment fait état d'un programme de dopage à l'EPO le concernant. Malgré cela, celui qui a couru dans les équipes de Manolo Saiz entre 2001 et 2005 a peu défrayé la chronique, au point que nous oubliions de le recenser dans notre annuaire du dopage. Nous réparons cet oubli en 2024.

René Andrle a rejoint l'équipe dès 2018 en tant que directeur sportif.

José Moreno Ramirez

José Maria Moreno Ramirez est mécanicien dans l'équipe Israël - Premier Tech depuis 2021. En 1985, coureur chez Dormilon, il est contrôlé positif à la noréphédrine pendant la Semaine Catalane. Il est simplement disqualifié.

Hubert Nowak

Professionnel entre 2000 et 2007, Hubert Nowak a été contrôlé positif lors du Tour de Normandie 2003. Il court alors sous les couleurs de l'équipe Legia. Le produit incriminé est le Stanozolol. Le même que pour Ben Johnson aux Jeux de Séoul en 1988. Nowak est disqualifié, suspendu 8 mois et écope d'une amende de 300 Francs Suisses.

Il est mécanicien chez Israel - Premier Tech depuis 2020.


Les coureurs flashés

Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.

Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :

Chris Froome [423 WE - seuil suspect]


Coureur moyen à ses débuts et à sa fin, Chris Froome s'est révélé au Tour d'Espagne 2011 qu'il termine sur la deuxième marche du podium à la surprise générale. Alors équipier de Bradley Wiggins, il réussit un 407 Watts-Etalon (WE) de moyenne. C'est le début d'une irrésistible ascension : 415 WE au Tour 2012 et 411 WE et à la Vuelta 2012. Il gagne le Tour de France 2013 en se contentant de 412 WE. On se souvient de ses attaques délirantes dans le Ventoux où il écœure Nairo Quintana et Alberto Contador. A la Vuelta, l'année suivante, il lâche les watts : 423 WE. Par la suite, il dépasse la barre des 410 WE à cinq reprises.

Désormais, Chris Froome ne grimpe plus. Il est lâché. Comme à ses débuts.


Les dirigeants flashés

Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.

Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :

Aucun membre de l'encadrement actuellement dans l'équipe Israel - Premier Tech n’a allumé les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer.


Attitude vis-à-vis du MPCC

Le MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible) est une association créée en 2007 par des équipes cyclistes professionnelles dont le but est de défendre l'idée d'un cyclisme propre, en imposant le strict respect du code éthique de l’UCI et pouvant aller jusqu’à imposer des règles plus strictes que ne l’impose le Code Mondial Antidopage édicté par l’AMA. En plus des équipes, le MPCC offre la possibilité aux coureurs et membres de l’encadrement des équipes d’adhérer à titre individuel.

L'équipe a adhéré au Mouvement Pour un Cyclisme Crédible en 2017 mais un seul coureur y adhère à titre individuel en la personne de Jake Stewart. Côté encadrement, ils ne sont que quatre, dont le patron Kjell Carlström.


Liste des coureurs adhérents du MPCC
Liste des membres de l'encadrement adhérents du MPCC


ICCD : notre indice de confiance

Pour la saison 2024, l'équipe obtient la note de 11,9/20. Ceci la place en 19ème position sur 27.

Note ICCD 2024 Israel - Premier Tech

L'équipe aux couleurs d'Israël obtient une note plutôt faible. Les choses s'amélioreront peut-être quand elle se débarrassera du poids mort Froome qui entache sérieusement l'image de l'équipe. Sur le plan sportif, en tout cas, ça ne changera rien !

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