ICCD : Indice de Confiance Cyclisme-Dopage.com

Astana Qazaqstan Team - Saison 2024


cyclisme-dopage.com - 12/06/2024

Sommaire

Introduction Vingt affaires de dopage Deux coureurs épinglés Onze dirigeants épinglés Aucun coureur flashé Un dirigeant flashé L'équipe adhère MPCC ICCD : notre indice de confiance

Introduction

L'équipe Astana est née en 2007 sur les ruines de la Liberty Seguros (ex-ONCE) qui a sombré avec Manolo Saiz, emporté par le torrent boueux de l'affaire Puerto. Elle porte le nom de la capitale du Kazakhstan et a été constituée autour du Kazakh Alexandre Vinokourov. Elle est dirigée à sa création par Walter Godefroot, un ancien de l'équipe Telekom.

L’année suivante, Johan Bruyneel prend le pouvoir, accompagné d’Alberto Contador. L’équipe est retenue en dernière minute pour le Tour d’Italie. Contador, alors en vacances à la mer, est appelé en urgence. Trois semaines plus tard, il ramène le maillot rose dans sa valise. En fin d’année, Lance Armstrong annonce son retour à la compétition. Il retrouve naturellement son manager (et complice) de toujours, Johan Bruyneel, chez Astana. La cohabitation entre l’Américain et l’Espagnol sera compliquée.


Quand en 2010, Bruyneel et Armstrong s’en vont monter l’équipe Radioshack, les Kazakhs reprennent Astana en main. Alexandre Vinokourov revient après avoir purgé deux ans de suspension pour transfusion sanguine. Après son titre olympique de Londres en 2012 (où il s’impose comiquement devant Rigoberto Uran), il devient manager général.

En 2021, la société canadienne Premier Tech arrive comme second parrain et met en place une nouvelle équipe dirigeante. Alexandre Vinokourov est mis à l’écart à trois jours du départ du Tour de France à Brest. « Juste avant le départ du Tour, il faisait n’importe quoi. On l’a suspendu », justifie Jean Bélanger, président de la direction de Premier Tech, interrogé par La Presse en septembre 2021. Les directeurs sportifs historiques Alexandr Shefer et Dimitri Sedun font partie de la charrette. Soutenu par le gouvernement kazakh, Vino, qui nie toute malversation financière, réussit à revenir dans le jeu et c’est Premier Tech qui jette l’éponge. En 2022, les Canadiens rejoignent Israel Cycling Academy et Alexandre Vinokourov retrouve les rennes de l’équipe.



Histoire de l'équipe

Des affaires à la pelle

Nous avons recensé 19 affaires en 18 années d’existence pour l’équipe. Cela place Astana en 17ème place sur 578 équipes étudiées. Nous ne détaillerons ici que les affaires les plus retentissantes. La liste complète peut être consultée ici.

Nous n’avons pas ajouté au triste palmarès d’Astana les antécédents ONCE-Liberty Seguros où la formation Astana plonge pourtant ses racines. C’eût été ajouter plus d’une quinzaine d’affaires.


Dès sa première année dans les pelotons, le nom d’Astana est mêlé à plusieurs affaires de dopage. Avant le Tour de France 2007, on apprend que l'Allemand Matthias Kessler a été contrôlé positif à la testostérone à la veille de la Flèche Wallonne. Il est licencié, tout comme l'Italien Eddy Mazzoleni pour une affaire datant d’avant son arrivée chez Astana (Opération Oil for drugs).


Pendant le Tour de France, toujours en 2007, Alexandre Vinokourov est contrôlé positif aux transfusions homologues à l'issue du contre-la-montre individuel d’Albi qu’il remporte. Vinokourov a effectué cette transfusion très peu de temps avant le départ de l'étape, en utilisant le sang d'un donneur compatible (groupe sanguin et rhésus). Vino prend la poudre d’escampette et Astana se retire de l’épreuve. « C'est tout sauf une fuite, se défend-il. Je veux rencontrer au plus vite un grand hématologue qui va m'aider à me défendre. Je ne veux pas perdre de temps pour apporter la preuve de mon innocence. Je veux qu'on explique vite aux gens qu'il s'agit d'une connerie. Je ne suis pas celui que l'on croit ». Inutile de préciser que les grandes explications ne viendront jamais. Vinokourov est même viré par son équipe, qui s’auto-suspend quelques temps. Avant le départ de ce même Tour, Vinokourov avait avoué travailler avec le sulfureux Dr Michele Ferrari. Pour des programmes d’entraînement, disait-il. Explication classique qui ne trompe que ceux qui veulent bien être trompés.


iTélé - 24/07/2007

Cette affaire marque aussi une défaite de l’UCI dans la lutte contre le dopage. En effet, avant le départ du Tour 2007, les coureurs avaient dû signer « l'engagement des coureurs pour un cyclisme nouveau » par lequel ils promettaient de verser la totalité de leur salaire à l'UCI en cas de dopage. Vinokourov a refusé de payer et saisit le TAS. Estimant que l'UCI n'avait aucune base légale pour imposer cette sanction, le TAS lui a donné raison et les coureurs ont pu continuer à se doper sans risquer de devoir rembourser leur salaire. Les tricheurs d’aujourd’hui peuvent donc remercier le populaire « champion » kazakh.


Après Vinokourov, c'est au tour d'un autre coureur kazakh de l’équipe, Andrey Kashechkin, de subir un contrôle sanguin positif pour une transfusion sanguine homologue, le 1er août 2007 en Turquie. Il est licencié et écopera d’une suspension de deux ans. Après un passage chez Lampre, il revient chez Astana en 2011. En fin d’année suivante, refusant de signer un accord sur les nouvelles règles internes de l’équipe relatives au dopage, il est suspendu deux jours… avant de signer. Il met un terme à sa carrière à la fin de la saison 2013.


Avec l’affaire Vinokourov au Tour de France 2007, l’affaire Alberto Contador au Tour 2010 reste la plus retentissante pour l’équipe Astana. Cette année-là, débarrassé de son ancien coéquipier Lance Armstrong, Contador remporte le Tour de l'Algarve et Paris-Nice. Il s’entraîne dans le plus grand secret pour le Tour de France qu’il remporte. La fête est de courte durée car, en septembre, il est accusé de dopage au Clenbuterol. S’ensuivent 565 jours d’une rude bataille judiciaire pour aboutir à une suspension rétroactive de deux ans et au retrait de tous ses gains entre juillet 2010 et février 2012. Alberto Contador prétend avoir été contaminé par une viande de veau achetée au Pays basque espagnol par un ami. Une explication qui ne convainc pas le TAS : le pourcentage de chances qu’une vache d’élevage soit suffisamment contaminée au Clenbuterol pour provoquer un contrôle positif n’est que de 0,0042 et on ne relève aucun autre cas de contrôle positif au Clenbuterol imputable à de la viande d’origine espagnole. Le TAS ne retient pas non plus l’hypothèse d’une transfusion sanguine malgré la concentration « extrêmement élevée de phtalates » dans le sang du Madrilène. Ces phtalates pourraient provenir d’une poche de sang utilisée dans les transfusions. Plus classiquement, le TAS retient l’hypothèse d’une contamination par des compléments alimentaires.

Pour en lire plus sur cette affaire, cliquez ici.


En juin 2014, l’UCI lance une procédure disciplinaire à l'encontre de Roman Kreuziger. Le coureur tchèque doit expliquer des anomalies sur son passeport biologique en 2011 et 2012, pendant ses années chez Astana. Kreuziger a reçu une lettre d'avertissement de l’UCI, le 28 juin 2013, l’invitant à s’expliquer. Après une longue bataille juridique, il est acquitté par la Commission d'arbitrage du Comité Olympique tchèque (COC). L'UCI qui avait la possibilité de faire appel devant le TAS renonce. Entre temps, Kreuziger est accusé par son ancien coéquipier chez Liquigas, Leonardo Bertagnolli, d’avoir été un patient du Dr Michele Ferrari.


Dernière affaire sur laquelle nous nous appesantissons : En 2022, Astana a renoué avec les affaires de dopage. Tout d’abord, Michele Gazzoli est suspendu un an après un contrôle positif au tuaminoheptane effectué le 17 février au Tour d’Algarve. Il est immédiatement viré. En fin d’année, c’est au tour de Miguel Angel Lopez d’être débarqué en raison de ses liens avec le médecin Marcos Maynar, impliqué dans l’affaire Ilex. Il marque toutefois un point quand le TAS estime en mai 2024 qu’il n’était pas dopé lors de son abandon au Giro 2022. Le dossier n’est pas clôt pour autant.

Liste des affaires de l'équipe
Coureur Produit Course Date Sanction Contrôle
Gazzoli Michele Tuaminoheptane Tour d'Algarve 2022 Oui Contrôle positif
Lopez Moreno Miguel Angel Usage de produit interdit, Possession de produit interdit 2022 Oui Enquête policière
Tejada Canacue Harold Alfonso Transport de produits dopants 2022 Non Enquête policière
Davidenok Ilya Stéroïdes anabolisants 2014 Oui Contrôle positif
Fedosseyev Artur Stéroïdes anabolisants Tour de l'Ain 2014 Oui Contrôle positif
Iglinskiy Maxim EPO 2014 Oui Contrôle positif
Iglinskiy Valentin EPO Eneco Tour 2014 Oui Contrôle positif
Okishev Viktor Stéroïdes anabolisants Championnats d'Asie 2014 Oui Contrôle positif
Sedoun Dmitri 2014 Oui Enquête interne
Westra Lieuwe Corticoïdes 2014 Non Aveux en 2018
Božic Borut Dopage sanguin 2012 Oui Enquête judiciaire
Kashechkin Andrey Refus des règles antidopage de son équipe 2012 Oui Enquête interne
Kreuziger Roman Passeport biologique non conforme 2011 Non Passeport biologique
Contador Alberto Clenbuterol Tour de France 2010 Oui Contrôle positif
Zeits Andrey 2010 Oui Non communication de localisation
Bazayev Assan 2009 Oui Non-communication de localisation
Gusev Vladimir Valeurs sanguines anormales 2008 Oui Contrôle interne
Kashechkin Andrey Transfusion sanguine homologue Contrôle inopiné 2007 Oui Contrôle positif
Kessler Matthias Testostérone Contrôle inopiné 2007 Oui Contrôle positif
Vinokourov Alexandre Transfusion sanguine homologue Tour de France 2007 Oui Contrôle positif

Pour voir plus d'informations sur l'équipe dans l'annuaire du dopage, cliquez ici


Les coureurs épinglés

Deux coureurs Astana ont été épinglés dans notre annuaire du dopage. C’est autant qu’en 2023 même si ce ne sont pas les mêmes. Luis Leon Sanchez et Andrey Zeits partis en retraite, ce sont maintenant Michele Gazzoli et Harold Alfonso Tejada Canacue qui ont les honneurs de notre annuaire.

Michele Gazzoli


Le coureur italien Michele Gazzoli est suspendu un an en août 2022 par l’Union Cycliste Internationale (UCI) en raison d’une violation « non-intentionnelle » du Règlement Antidopage. L’affaire fait suite à un Résultat d’Analyse Anormal (RAA) montrant la présence de Tuaminoheptane, un décongestionnant et stimulant, dans un échantillon collecté au Tour d’Algarve le 17 février 2022. Pour sa défense, Gazzoli explique avoir acheté un spray nasal dans une pharmacie pour traiter une rhinite. En 2022, certains sportifs de haut niveau s’automédiqueraient donc encore !

D’abord licencié à l’annonce de sa suspension, il retrouve sa place dans l’équipe au maillot bleu dès sa peine purgée, comme si de rien n’était.

Harold Tejada


Le Colombien Harold Tejada, de son nom complet Harold Alfonso Tejada Canacue, est impliqué dans l’affaire Ilex, tout comme son ancien coéquipier Miguel Angel Lopez. Il est accusé d’avoir été mis en contact par Vicente Belda avec le sulfureux Dr Maynar. Vicente Belda, aussi impliqué dans l’opération Puerto, était l’agent des deux coureurs colombiens. Dans une conversation Whatsapp de février 2021 avec le Dr Maynar, Belda demande du Thiotacid (un médicament sur ordonnance pour les diabétiques mais qui, dans le sport, serait utilisé pour oxygéner le sang) pour la « Catalogne ». « Mais de quel Colombien parlez-vous de Lopez ? » demande Maynar. « Tejada », répond Belda. C’est au minimum une violation des règles de l’équipe qui imposent de passer par un médecin de la formation pour se faire prescrire des médicaments.


Les dirigeants épinglés

Avec onze dirigeants épinglés dans notre annuaire du dopage, l’équipe Astana explose tous les compteurs. A croire qu’une affaire de dopage sur son curriculum vitae est le meilleur sésame pour qui envisage de s’enrôler sous la bannière kazakhe !

A noter le gros recrutement effectué par Astana en 2022 avec pas moins de quatre dirigeants qui sont venus enrichir l’effectif auréolés de leurs casseroles : Emilio Magni, Mario Manzoni, Dag Van Elslande et Orlando Maini, qui avait échappé à notre vigilance dans le classement ICCD 2022.

A notre connaissance, Giuseppe Martinelli n’a jamais été directement impliqué dans une affaire de dopage. C’en est presque miraculeux. En effet, il a joué un rôle clé dans la victoire de Marco Pantani au Tour de France en 1998. Il était alors son manager à la Mercatone Uno. Il était à ses côtés lors de sa disqualification du Giro 1999 et tout au long de sa carrière. La liste de ses coureurs épinglés dans notre annuaire du dopage est impressionnante (huit pendant sa période Carrera (1988-1994), quinze chez Mercatone Uno (1997-2001), sept chez Saeco (2002-2004), quatre chez Lampre (2005-2007), deux chez Amica Chips (2009) et douze chez Astana (depuis 2010).

Malgré tout, nous ne le comptabilisons pas dans la note de l’ICCD d’Astana. Un excès de mansuétude ?


Zav Corin on X: "@festinaboy @thierryvildary @ulif @AstanaQazTeam En tout cas il a utilise le meme velo que il y a 2 ans pour ses premiers "succès" ... avec un peu bcp de cables... 2 photos de 2022 et la 3em sur ligne de depart de la course de ce week end... https://t.co/defzXLjDYW" / X

/

Andreazzoli Andrea


Le docteur Andrea Andreazzoli est cité en 2008 dans l’affaire « Via col doping », aussi dite « affaire de Mantoue », en compagnie du Dr Carlo Guardascione et du kinésithérapeute Fabio Telladorre, tous trois de l’équipe Lampre. Andreazzoli en sort indemne. Andreazzoli a travaillé pendant 5 ans pour la Lampre. Avant cela, il a exercé à la Mercatone Uno de Marco Pantani. Il est présent chez Astana depuis 2010.

Bruno Cenghialta

En 2004, l’enquête visant le Docteur Conconi met au jour des examens médicaux de plusieurs cyclistes de premier plan révélant des fluctuations importantes d’hématocrite. C’est ainsi que l’hématocrite de Cenghialta (Gewiss-Ballan) fait un bond de 37,2%, le 15 décembre 1994, à 54,5%, le 24 mai 1995. Dans ce dossier, Conconi sera acquitté car il n'y avait pas suffisamment d'éléments pour établir un lien direct entre ces variations et l'usage d'EPO. Quant à Bruno Cenghialta, il ne sera pas plus inquiété que les autres coureurs à l’hématocrite élastique.

Le désormais directeur sportif, qui s’enorgueillit d’avoir découvert Vincenzo Nibali, a rejoint Astana en 2017 après être passé par les équipes Alessio, Fassa Bortolo (où il dût « gérer » l’affaire Dario Frigo), Acqua & Sapone et Tinkoff.

Dimitri Fofonov


Dimitri Fofonov, qui évolue alors sous le maillot Crédit Agricole, est contrôlé positif à l'Heptaminol, un vasodilatateur interdit, à l'issue de la 18ème étape du Tour de France 2008. Le Kazakh explique avoir pris un produit contre les crampes acheté sur Internet. « C'est un non-respect des règles élémentaires », réagit Roger Legeay, patron de l'équipe française, qui suspend immédiatement son coureur. Dans un deuxième temps, Fofonov change de version et reporte la faute sur son médecin : « on peut considérer qu'il n'y a pas de faute de mon côté, puisque le médecin a reconnu que c'était sa responsabilité », justifie-t-il. Le coureur affirme qu’il avait consulté ce médecin personnel avant le Tour de France pour une crise hémorroïdaire. En conclusion du dossier, Fofonov est licencié par l’équipe Crédit Agricole et suspendu trois mois pour « négligence » par l'instance disciplinaire de la Ligue Nationale de Cyclisme. Il fera un procès à son médecin personnel, procédure qui ira jusqu’en cassation. Elément aggravant pour le coureur, la perquisition de sa chambre d'hôtel a permis la découverte de deux autres produits dopants, dont du Rhinocort pour lequel il bénéficiait d’une AUT.

Fofonov rejoint l'équipe Astana pour les saisons 2010 à 2012, après quoi, comme son leader Vinokourov, il prend sa retraite de coureur cycliste. Il devient alors directeur sportif dans la formation kazakhe. En 2016, il est nommé manager sportif à la place de Giuseppe Martinelli.

Magni Emilio

Emilio Magni a débuté en 1997 comme médecin dans l’équipe Brescialat. Depuis, il n’a cessé de fréquenter les pelotons.

En 2000, il est embauché chez Mercatone Uno, où il s’occupe spécifiquement du leader Marco Pantani, qu’on ne présente plus. Cette année-là, Marco Vélo est contrôlé positif.

En 2001, Magni passe chez Fassa Bortolo et fait l'objet d'une enquête. Il est soupçonné d'être responsable du dopage de Michele Bartoli, Francesco Casagrande et Raimondas Rumsas.

Toujours chez Fassa Bortolo en 2003, Magni joue un rôle central dans un « malaise » qui touche Dario Frigo au soir de sa victoire dans le contre-la-montre de Paris-Nice à Vergèze. Le coureur raconte en 2019 :

« Avant d'aller déjeuner, le Dr Emilio Magni m'a injecté une préparation mise à disposition par Maynar. (…) C'était une hémoglobine synthétique, déjà testée par d'autres coureurs.

(…)

Après le petit déjeuner, j'ai commencé à me sentir mal (…).

La douleur a augmenté, (…) je leur ai demandé de m'emmener à l'hôpital. Ils étaient réticents. Ils craignaient que la gendarmerie ne soit appelée.

Ils hésitaient.

Mon état empirait.

Le Dr Emilio Magni et Volpi, directeur sportif, sont restés avec moi, ont attendu que tout le monde parte et ont finalement appelé une ambulance. Arrivés à l'hôpital de Nîmes, ils se sont mis en quatre pour distribuer des chapeaux et des bidons au personnel de l'hôpital pour essayer de maintenir une certaine discrétion. En fait, rien n'a filtré. J'ai passé la nuit à l'hôpital.

Le lendemain, je suis rentré chez moi.

L'équipe a pris en charge le séjour à l'hôpital.

(…)

Mainar a poursuivi son « précieux » travail. (…)

Le Dr Roberto Corsetti a conservé son poste et le Dr Emilio Magni de même. »

Ceci ne refroidit pas Vincenzo Nibali qui fait appel à lui en 2006 pour des « conseils nutritionnels ». Le médecin-nutrionniste suit Nibali chez Liquigas (2005-2012), Astana (2015-2017), Bahrain-Merida (2018-2019), Trek (2020-2021) et à nouveau Astana en 2022. Nibali a pris sa retraite, pas Magni qui exerce toujours dans la formation kazakhe.

Mario Manzoni

En 1998, quatre coureurs italiens de l'équipe Mobilvetta ne peuvent prendre le départ du Tour du Portugal, en raison de contrôles sanguins qui révèlent un hématocrite supérieur à 50%. Il s'agit de Mario Manzoni, Graziano Recinella, Paolo Alberati et Renzo Ragnetti. Les coureurs sont licenciés immédiatement.

Pendant le fameux Blitz du Tour d’Italie 2001, le 6 juin, tous les membres de la formation italienne Alexia Aluminio, à l’exception de Pascal Hervé exclu la veille de la descente de police en raison d’un contrôle positif. Tous les autres, dont Mario Manzoni, sont poursuivis. Le coureur italien ne sera toutefois pas condamné.

Ces deux affaires sont les deux seuls éclats d’un coureur qui traverse le peloton à peu près anonymement. À la fin de sa carrière cycliste il devient directeur sportif de la formation Androni Giocattoli-3C Casalinghi.

En 2022, il a rejoint la formation Astana, visiblement séduite par son curriculum vitae.

Mikhailov Andrei

Le 9 mars 1998, les douanes françaises saisissent près de Reims 104 doses d'EPO à bord d'un véhicule de l'équipe néerlandaise TVM. La voiture est conduite par le docteur Andrei Mikhailov de retour du Tour de Murcie (Espagne). Pendant le Tour de France, la même année, la police découvre des produits dopants, un matériel de perfusion, un ordinateur servant à analyser les tests sanguins et une centrifugeuse dans les camions de la TVM et dans son hôtel de Pamiers (Ariège), où séjournait l'équipe. Le Dr Mikhailov explique alors aux enquêteurs que les médicaments sont destinés à un hôpital pour enfants malades à Moscou. Il change ensuite de version et parle d’une association internationale en faveur d'enfants. Il ne convainc pas les pandores. Devant les enquêteurs, le coureur français de l’équipe TVM, Laurent Roux, est plus collaboratif et détaille comment le dopage est bel et bien organisé au sein de l’équipe.

Jugé en mai 2001 à Reims, Andrei Mikhailov est présenté dans les attendus du jugement comme étant le « personnage central du système de dopage » au sein de TVM. Il est condamné à un an de prison avec sursis et à payer une amende de 60000 FRF (environ 9000 euros). Pendant l’enquête, Servais Knaven, coureur chez TVM en 1998, déclare qu'il était heureux de prendre tout ce que Mikhailov lui donnait et que tout était permis. « Tant que ce que Mikhailov me donne ne me fait pas être contrôlé positif, je lui fais confiance », déclare-t-il.

Extrait des attendus du jugement de l'affaire TVM en 2001
Source : Jugement de l'affaire TVM - 17/07/2001

Après TVM et avant de rejoindre Astana en 2017, le Dr Andrei Mikhailov a développé sa patientèle chez Lotto (2001), Unibet (2006-2007) et Katusha (2008-2016).

Andris Reiss

Redevenu amateur en 2003, après une seule année comme coureur professionnel dans l’équipe Index–Alexia Alluminio, le letton Andris Reiss est suspendu deux ans, à cause d’un contrôle positif à l’EPO. Il évolue alors dans le club italien S.C. Ceramiche Pagnoncelli.

Après une première « carrière » de directeur sportif, il devient masseur chez Katusha en 2017. Il masse les coureurs d’Astana depuis 2020.

Andrea Rinaldini

En décembre 2003, modeste coureur amateur en Italie, Andrea Rinaldini est suspendu un an pour dopage. Il a été contrôlé positif à l’EPO le 13 mai lors de la Coppa Cicogna. C’est à notre connaissance son seul fait d’arme dans les pelotons.

Il est masseur chez Astana depuis 2023.

Van Elslande Dag

En 2013, le quotidien belge De Morgen lève le voile sur une curiosité que les instances antidopage belges s’étaient jusqu’alors efforcées de garder secrète. Le docteur Van Elslande, qui a exercé en tant que contrôleur antidopage pour la région flamande entre 1990 et 2004, prodiguait également des soins aux équipes de Lance Armstrong (US Postal, Discovery Channel, Astana et RadioShack). Lorsque le pot aux roses est découvert en 2004, le médecin à double casquette est relevé de ses fonctions mais aucune enquête n’est menée.

Pourtant, dans le rapport rédigé par l'USADA, Floyd Landis, David Zabriskie et Levi Leipheimer accusent tous les trois le Dr Van Elslande d’avoir pratiqué des transfusions sanguines dans l'équipe US Postal entre 2002 et 2004.

Grâce à la mansuétude des autorités antidopage, le médecin a pu continuer à exercer ses talents auprès des équipes Astana, Radioshak, Katusha, Israel - Start-up Nation et, depuis 2022, à nouveau Astana.

Dans une longue vidéo mise en ligne par KetoneAid, Van Elslande fait la promotion des Cétones commercialisés par la société américaine. Il explique notamment le protocole qu’il a mis en place avec des coureurs du Tour de France (comprenez des coureurs de l’équipe Israël Academy).

Alexandre Vinokourov


Sa transfusion sanguine du Tour de France 2017, évoquée plus haut, n’est pas sa seule casserole. Avant le départ de la 15ème étape du Tour d'Espagne 2004, il manque un contrôle sanguin inopiné, de même que son équipier Andrey Kashechkin. Les deux hommes étaient déjà partis en bus quand des inspecteurs de l'Union cycliste internationale (...) sont arrivés à l'hôtel pour effectuer les tests. Les limiers demandent que le bus revienne à l'hôtel. « Trop tard pour les deux coureurs », explique sobrement Jacinto Vidarte, porte-parole de l'équipe.

Aujourd’hui, Vinokourov est à deux doigts de plaider coupable dans cette affaire : « Les erreurs, tout le monde en commet à un moment ou autre un de sa vie, et pas seulement les champions. Que celui qui a toujours été irréprochable, toute sa vie, lève la main ».

« Vino » est également mis en cause dans de sombres histoires d’achat de courses. Philippe Gaumont l’a accusé dans son livre Prisonnier du dopage d'avoir acheté sa victoire sur Paris-Nice en 2003. La veuve d'Andreï Kivilev confirmera. En juillet 2012, illustre.ch publie une copie de relevé bancaire censée prouver l'existence d’un virement sur les comptes de Kolobnev, effectué par Vinokourov qui évoquera un simple prêt. Suspicieuse, la justice belge ouvre une enquête, ce virement pouvant être la preuve d’une récompense offerte à Kolobnev pour avoir laissé la victoire dans Liège-Bastogne-Liège 2010 à Vinokourov. Pour en savoir plus, cliquez ici.

Dans le même registre, les images de l’arrivée de l’épreuve sur route des Jeux Olympiques de Londres laissent toujours songeur près de dix ans après. Aucune enquête ne sera menée.

Stefano Zanini


Pendant le fameux Blitz du Tour d’Italie 2001, Stefano Zanni (Mapei-Quick Step) est pris en flagrant délit de détention d'une seringue avec des traces d'insuline. Pour cette infraction, aussi reprochée à Marco Pantani, il écope de 6 mois de suspension. Par la suite, la Commission d'enquête sénatoriale française de 2013 révèle que Zanini était dopé à l’EPO lors du Tour de France 1998. Il est directeur sportif chez Astana depuis 2013. On est prié de ne pas y voir une relation de cause à effet.


Les coureurs flashés

Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.

Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :

La retraite de Vincenzo Nibali a permis d’alléger la facture de la formation kazakhe. Dès le Tour de France 2009, chez Liquigas, il avait réussi 424 Watts-Etalon (WE) de moyenne sur les « radars » positionnés par Antoine Vayer et Frédéric Portoleau.

Aucun coureur actuellement dans l'équipe Astana Qazaqstan Team n’a allumé les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer.


Les dirigeants flashés

Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.

Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :

Alexandre Vinokourov [427 WE - seuil suspect]


Avec autant d’affaires de dopage à son débit, Alexandre Vinokourov a bien entendu allumé les radars positionnés sur les routes des trois Grands Tours par Antoine Vayer et Frédéric Portoleau.

Il réalise son meilleur score sur le Tour de France en 2003 avec 427 WE, ce qui lui permet de terminee sur la troisième marche du podium à Paris. Il accomplit à cette occasion son plus grand exploit en montagne, sur les pentes de Peyresourde où il soutient 458 WE pendant 31 min 10 sec à l’issue d’une étape marquée par l’ascension de six cols : Latrape, la Core, Portet d’Aspet, Menté, Portillon et Peyresourde.

Pendant le Tour d’Espagne 2006 lors duquel il s’impose au général, il réalise 431 WE de moyenne.


Attitude vis-à-vis du MPCC

Le MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible) est une association créée en 2007 par des équipes cyclistes professionnelles dont le but est de défendre l'idée d'un cyclisme propre, en imposant le strict respect du code éthique de l’UCI et pouvant aller jusqu’à imposer des règles plus strictes que ne l’impose le Code Mondial Antidopage édicté par l’AMA. En plus des équipes, le MPCC offre la possibilité aux coureurs et membres de l’encadrement des équipes d’adhérer à titre individuel.

Six coureurs adhèrent au MPCC à titre individuel. C’est deux de plus que l’année dernière. On est presque surpris. En revanche, aucun membre de l’encadrement n’adhère au MPCC.

Quant à l’équipe, elle adhéra un temps mais a été exclue à la suite de l’affaire Lars Boom. Le coureur avait été contrôlé avec un taux de cortisolémie anormalement bas au départ du Tour de France 2015. Astana l'avait quand même autorisé à prendre le départ en contravention avec le règlement du MPCC.


Liste des coureurs adhérents du MPCC
Liste des membres de l'encadrement adhérents du MPCC


ICCD : notre indice de confiance

Pour la saison 2024, l'équipe obtient la note de 2,4/20. Ceci la place en 27ème position sur 27.

Note ICCD 2024 Astana Qazaqstan Team

Après avoir occupé pendant trois ans la deuxième place sur le podium des mécréants, Astana est enfin récompensée et obtient cette année le bonnet d’âne de la pire équipe ! Voilà qui vient saluer une belle persévérance dans la médiocrité.

Retour à la page ICCD de la saison 2024