Brève

Christophe Bassons : « Légaliser le dopage ? Pourquoi pas ! »


22/11/2006 - cyclisme-dopage.com - Stef

Lors d'un débat sur le dopage organisé à Laval le 18 novembre 2006 par Antoine Vayer, ancien entraîneur de l'équipe Festina, Christophe Bassons, un rien provocateur, a affirmé ne pas être opposé à une légalisation du dopage.

L'ancien coureur Festina, connu pour son refus de toute pratique dopante, constate que, si le dopage n'est pas encore légalisé, il est pourtant déjà largement toléré par les milieux sportifs, par exemple par le biais des AUT. Qui plus est, il considère que le sport de haut niveau est devenu une entreprise de spectacle qui n'a plus qu'un lointain rapport avec la pratique sportive individuelle et les valeurs qui y sont traditionnellement associées. Dans ces conditions, le sportif dopé peut être comparé à un artiste qui aurait recours à des drogues, sans que ceci n'entre en ligne de compte dans le regard posé sur son oeuvre. En d'autres termes, puisque le sport de haut niveau est un spectacle, l'éthique sportive ne peut plus s'y appliquer et la notion de triche n'y pas sa place.

Dans son livre, « Positif », Christophe Bassons citait déjà cette phrase du généticien et philosophe Albert Jacquard : «Balzac se droguait à la caféine pour ne pas dormir et trouver l'imagination, pas pour être meilleur que Stendhal ». L'ancien « coureur propre » ne serait pas choqué que l'on puisse lire un jour sous la plume d'un journaliste sportif : « Hier, le suspense fut total. Le vainqueur d'étape, grâce à l'EPO, a trouvé la ressource de terminer l'ascension de l'Alpe d'Huez au sprint. Son second, bien que survolté par les amphétamines, a du rendre les armes, sous les acclamations d'un public enthousiasmé par la qualité du spectacle».

Christophe Bassons pose toutefois des conditions. La première serait que les sportifs assument les conditions dans lesquels ils produisent leur « spectacle » et donc acceptent une levée partielle du secret médical. Ainsi le public saurait qui prend des produits et qui n'en prend pas. Libre à lui, en son âme et conscience de les admirer ou pas.

La seconde condition, serait que cette nouvelle vision des choses se cantonne au sport professionnel. Des moyens renforcés devraient être affectés à la prévention du dopage en direction des millions de pratiquants amateurs. On lâche la bride d'un côté, on renforce la lutte de l'autre, au nom de la santé publique et des valeurs du sport.

Cette prise de position, volontairement provocatrice et qui vient de la bouche de quelqu'un qu'on n'attendait par forcément sur ce terrain, pose la question du statut du sport de haut niveau et de sa place dans notre société. Faut-il, oui ou non, suivre la voie ouverte aux Etats-Unis par certains sports, déjà considérés comme des entreprises de spectacles et qui, de ce fait, ont abandonné tout contrôle antidopage ? Christophe Bassons semble répondre : la question arrive trop tard, la réalité s'est déjà imposée.

Aujourd'hui, il pratique le Trail, de longues courses à pied en montagne. Peu lui importe le résultat, seul compte le plaisir qu'il y prend. C'est là sa définition du sport. Bien loin de la « culture de la gagne » du sport de haut niveau...

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Cette page a été mise en ligne le 22/11/2006