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ICCD : Indice de Confiance Cyclisme-Dopage.comCofidis - Saison 2024 |
L'équipe Cofidis est présente dans le peloton depuis 1997. Elle n'a jamais changé de parrain. François Migraine, le PDG de la société de crédit, est un passionné de vélo. « Il était à la tête d'un groupe de rock et il ne le savait pas », nous dit un jour un suiveur du Tour. Effectivement, les premières années sont sportives mais aussi, et peut-être surtout, « sexe, drogue et rock-and-roll ». Les succès s'enchaînent. Philippe Gaumont, Nico Mattan et Frank Vandenbroucke et leurs compères s'éclatent sur le vélo le jour, en discothèque la nuit. Bernard Sainz, alias docteur Mabuse, est parfois de la fête.
Les excès de cette époque folle font de terribles dégâts. Frank Vandenbroucke est mort au Sénégal en 2009. Philippe Gaumont est décédé en mai 2013, juste avant d'être auditionné par les sénateurs français. Robert Sassone, s'est suicidé en 2016.
Depuis, Cofidis s'est rachetée une conduite. Eric Boyer, manager à partir de 2005, puis Cédric Vasseur, depuis 2017, sont chargés de changer son image et ses pratiques. Guillaume Martin, le leader de l'équipe est plus philosophie que rock-and-roll.
Depuis 1997, le nom Cofidis est souvent revenu à la une dans des affaires de dopage. En 2004, c'est une sorte de consécration : l'« affaire Cofidis » défraye la chronique.
L'histoire mouvementée de l'équipe commence dès 1997 avec une affaire qui n'a pas fait la une, l'UCI s'étant chargée de l'étouffer. Le 13 octobre de cette année-là, la fédération internationale adresse un courrier à Kevin Livingston lui indiquant qu'une concentration « d'environ » 2 ng/ml de métabolites de nandrolone, un anabolisant, a été détectée dans ses urines à l'issue de la septième étape du Tour de l'Avenir. La limite étant fixée à 2 mg/nl, le mot « environ » est lourd de sens. Anne-Laure Masson, responsable de l'antidopage à l'UCI, l'« avertit pour le futur » sans le faire sanctionner. Il serait mieux pour tout le monde d'éviter un scandale. On est un an avant l'affaire Festina et le cyclisme préfère régler ses petites affaires dans la discrétion.
L'UCI avertit Kevin Livingston
Source : UCI - 23/10/1997
La commission d'enquête sénatoriale de 2013 révélera pour le coureur américain la présence de deux échantillons d'urine positifs à l'EPO lors du Tour de France 1999. Les sénateurs lâcheront le nom de trois autres coureurs de l'équipe Cofidis positifs à l'EPO sur la Grande Boucle cette année-là ou la précédente : Roland Meier, Bobby Julich et Laurent Desbiens. Le dopage n'était peut-être pas organisé dans cette équipe mais il était généralisé.
La nandrolone, utilisée par Kevin Livingston, était visiblement un produit en vogue dans l'équipe au maillot rouge. Philippe Gaumont se retire du Tour d'Espagne 1998 alors qu'il occupe la 4ème place du classement général. Il vient d'apprendre son contrôle positif à ce produit lors du Midi Libre. Il sera relaxé au bénéfice du doute : l'UCI, la FFC et le CIO s'étripent autour du fameux seuil de 2 ng/ml. C'est tant mieux pour Gaumont qui risquait 5 ans de suspension puisqu'il était en état de récidive.
En 2004, éclate l'affaire Cofidis. Le 12 janvier, la police interpelle Marek Rutkiewicz à l'aéroport de Roissy, en possession de sept ampoules d'EPO ainsi que de l'hormone de croissance. Chez le soigneur Boguslaw Madejak, ce sont des anabolisants, des médicaments non commercialisés en France et du matériel de transfusion qui sont découverts. Chez le spécialiste de la piste, Robert Sassone, les enquêteurs découvrent 65 capsules contenant de l'undécaonate de testostérone, du Kenakort et de l'EPO.
Trois ans plus tard, en janvier 2007, Boguslaw Madejak, Philippe Gaumont, Robert Sassone, Marek Rutkiewicz et Daniel Majewski sont condamnés à des peines de prison avec sursis. David Millar et Massimiliano Lelli, qui ont avoué, sont relaxés. Cofidis Compétition et Cofidis SA qui s'étaient portées parties civiles sont déboutées. Pire, le Tribunal estime que « par leur implication dans le milieu du cyclisme professionnel, leur connaissance avérée du dopage et l'absence de mesures significatives prises pour l'enrayer, [elles] ne pouvaient ignorer le phénomène notoire du dopage ni son ampleur, d'autant que des personnalités du monde médical et sportif avaient de longue date stigmatisé ces pratiques connues de tous ». Pour retracer le fil de cette histoire, on pourra consulter notre revue de presse.
L'année 2007 avait mal débuté pour Cofidis mais l'équipe n'en a pas fini avec les affaires. Pendant le Tour de France 2007, Cristian Moreni est contrôlé positif à la testostérone. Tous les coureurs de l'équipe doivent répondre aux questions des gendarmes. Cofidis se retire de l'épreuve et licencie son coureur. Il sera le premier à payer une amende à l'UCI, correspondant à une année de salaire. La mesure a été introduite par l'UCI en juin, juste avant le Tour.
La dernière affaire Cofidis est celle de Rémy Di Gregorio, pris en flagrant délit de « possession de matériel prohibé permettant de se doper » pendant le Tour de France 2012. Il sera condamné à un an de prison avec sursis. Tout n'est pas perdu pour lui puisque qu'il réussit à faire condamner Cofidis sera aux prud'hommes. Son ancien employeur doit lui verser des dommages-intérêts pour ne pas avoir apporté la preuve de la faute grave invoquée dans son licenciement.
La longue histoire Cofidis est à consulter ici. Elle aurait pu être pire : Cyrille Guimard, alors directeur sportif, embauche le jeune Lance Armstrong en 1996. Le future septuple non-vainqueur du Tour de France dispute le Grand Prix Eddy Merckx mais retourne précipitamment au Texas. On lui découvre un cancer des testicules. Cofidis et Armstrong en resteront là. Soulagement rétrospectif.
* Sanction non connue
Pour voir plus d'informations sur l'équipe dans l'annuaire du dopage, cliquez ici
Aucun coureur actuellement dans l'équipe Cofidis n’a été épinglé dans notre annuaire du dopage.
Un dirigeant de la Cofidis a été épinglé dans notre annuaire du dopage. Toutefois, nous prenons en considération dans le calcul de notre ICCD deux autres membres de l'effectif : le Dr Piet De Moot et un autre dont nous ne pouvons dévoiler l'identité.
Nous avons identifié dans le staff de l'équipe un ancien coureur professionnel dont nous savons de source sûre qu'il a fait usage de produits dopants, notamment des amphétamines, pendant sa carrière. Il n'a jamais été inquiété et son nom n'est jamais sorti dans la presse, ce qui lui permet d'échapper à notre annuaire du dopage. En revanche, c'en est assez pour douter et donc pour que sa présence dégrade la confiance que nous plaçons dans son équipe. Les règles modifiées que nous appliquons en 20224 pour calculer notre ICCD nous conduisent à comptabiliser certaines personnes quand bien même elles n'ont pas été épinglées ou flashées. C'est le cas ici pour cette personne dont nous ne pouvons dévoiler le nom.
La Cofidis a recruté les médecins Piet De Moor en 2022 puis Piet Daneels en 2023. Ce n'est pas la première fois que les deux docteurs font équipe. Voyez plutôt. Leurs parcours sont presque parfaitement parallèles. De Moor, qui fréquentait déjà les pelotons en 1998 (chez Team Home Jack & Jones), accueille Daneels au sein du Team CSC de Bjarne Riis en 2007. Les deux hommes restent fidèles à cette formation jusqu'en 2015. Après un passage chez Trek pour l'un et Katusha pour l'autre, on les retrouve en 2020 chez NTT Pro Cycing Team, à nouveau sous la houlette de Bjarne Riis. Les deux toubibs se suivent en 2021 chez Team Qhubeka Assos. Piet Daneels fait un bref passage chez Intermarché – Wanty – Gobert Matériaux avant, donc, de retrouver son alter ego chez Cofidis en 2023.
En plus de leurs pérégrinations communes dans des équipes sulfureuses (CSC, Saxo, Tinkoff, Katusha…), les accusations de Michael Rasmussen à l'encontre du Docteur De Moor font tache. Nous les évoquons ci-dessous.
Le Dr De Moor a été accusé en 2013 par Michael Rasmussen de l'avoir dopé à la cortisone, lui et Tyler Hamilton, pendant le Tour d'Italie 2002. Dans son livre Yellow fever (fièvre jaune), paru au Danemark cette année-là, le coureur explique : « Je suis entré dans la chambre d'hôtel de Piet De Moor où Bjarne Riis et Tyler étaient tous les deux présents. Tyler venait de recevoir une injection de Synachten et m'a demandé de le rejoindre. J'ai accepté. Bjarne n'a rien objecté. Après tout, l'étape suivante était une étape de montagne de 225 km. Les médecins m'injectent 0,2 millilitre dans l'épaule ».
Confronté à ces accusations, le Dr De Moor s'est contenté de déclarer « qu'il a toujours travaillé conformément aux règles ».
A notre connaissance, l'histoire s'est arrêtée là pour le Piet De Moor qui a pu continuer à s'épanouir au sein de l'équipe de Bjarne Riis pendant encore de nombreuses années. Avant d'être accueilli par la Cofidis en 2022. Il n'a jamais été inquiété par la justice et les instances sportives, ce qui lui permet d'échapper à notre annuaire du dopage. En revanche, c'en est assez pour douter et donc pour que sa présence dégrade la confiance que nous plaçons dans son équipe. Rappelons qu'en 2024, nous comptabilisons certaines personnes quand bien même elles n'ont pas été épinglées ou flashées.
Le Dr De Moor est aujourd'hui le médecin référent de Cofidis auprès du MPCC.
Michael Rasmussen's book 'Gul Feber' (Yellow Fever) drops Nov 6. He'll tell everything about his past. Nervous Riis? pic.twitter.com/cBiSYRMwo4
— Mikkel Condé v2.0 (@mrconde) October 26, 2013
Le manager Cédric Vasseur a été éclaboussé par l'affaire Cofidis en 2004. Il est alors coureur dans la formation nordiste. Il sera totalement blanchi. Les échantillons des cheveux du coureur qui l'incriminaient après analyse n'étaient pas les siens ! Un policier de la brigade des stupéfiants est condamné à dix mois d'emprisonnement avec sursis pour avoir falsifié deux procès-verbaux d'audition du coureur. Pour ces raisons, nous n'avons évidemment pas épinglé Cédric Vasseur dans notre annuaire du dopage. Nous avons même failli lui élever une statue pour son mémorable commentaire de l'attaque de Chris Froome dans le Mont Ventoux 2013 !
« Regardez cette attaque, assis sur la selle. C'est incroyable d'attaquer dans le Ventoux comme ça, assis sur la selle. On a l'impression qu'il est sur une portion de plat ! C'est surréaliste !... Attaque à la Cancellara pour Christopher Froome ! »
Un directeur sportif de la Cofidis a été impliqué dans une affaire alors qu'il était coureur dans les équipes Cédico-Ville de Charlero et Lotto-Mobistar. Entre 1996 et 1999, le belge Thierry Marichal se fait prescrire du Synacthen et du Kenacort par le Dr Georges Mouton, ceci sur des ordonnances libellées à des faux noms. L'enquête démontre également qu'il a pris de l'EPO sur les conseils du médecin. Il adhère désormais au MPCC. Espérons que ce ne soit pas une façon de prendre les autres membres du mouvement pour des pigeons.
Ex-cycliste, il se consacre désormais à la colombophilie, Thierry Marichal présente sa nouvelle passion #matin1 ? https://t.co/FRIMlZa7w4 pic.twitter.com/9p46JL8seO
— La Première (@lapremiere) February 27, 2017
Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.
Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :
Le grimpeur Guillaume Martin n'a jamais allumé les radars positionnés par Antoine Vayer et Frédéric Portoleau dans les ascensions des Grands Tours. L'ancien entraineur de la Festina positionne la limite « suspecte » à 410 Watts-Etalons. C'est Tour de France 2020 que le Normand réalise sa meilleure performance avec 404 WE. Il n'a fait « que » 380 WE de moyenne en 2021 et 395 WE en 2023.
Aucun coureur actuellement dans l'équipe Cofidis n’a allumé les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer.
Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.
Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :
Aucun membre de l'encadrement actuellement dans l'équipe Cofidis n’a allumé les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer.
Le MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible) est une association créée en 2007 par des équipes cyclistes professionnelles dont le but est de défendre l'idée d'un cyclisme propre, en imposant le strict respect du code éthique de l’UCI et pouvant aller jusqu’à imposer des règles plus strictes que ne l’impose le Code Mondial Antidopage édicté par l’AMA. En plus des équipes, le MPCC offre la possibilité aux coureurs et membres de l’encadrement des équipes d’adhérer à titre individuel.
L'équipe est membre du Mouvement Pour un Cyclisme Crédible depuis l'origine en juillet 2007. Environ 40% des coureurs et un tiers des encadrants adhèrent à titre individuel. Guillaume Martin et Samuel Bellenoue, son entraîneur, en font partie.
Pour la saison 2024, l'équipe obtient la note de 16,7/20. Ceci la place en 4ème position sur 27.
La Cofidis est surtout handicapée par son passé mouvementé. Malgré tout, elle est bien classée dans notre ICCD. Même si elle donne des gages rassurants, notamment par son adhésion au MPCC, la présence de quelques personnes dans le staff nous incite toutefois à la prudence.