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ICCD : Indice de Confiance Cyclisme-Dopage.comCofidis - Saison 2022 |
L’équipe Cofidis est présente dans le peloton depuis 1997. Elle n’a jamais changé de parrain. François Migraine, le PDG de la société de crédit, est un passionné de vélo. « Il était à la tête d’un groupe de rock et il ne le savait pas », nous dit un jour un suiveur du Tour. Effectivement, les premières années sont sportives mais aussi, et peut-être surtout, « sexe, drogue et rock-and-roll ». Les succès s’enchaînent. Philippe Gaumont, Nico Mattan et Frank Vandenbroucke et leurs compères s’éclatent sur le vélo le jour, en discothèque la nuit. Bernard Sainz, alias docteur Mabuse, est parfois de la fête.
Addiction is such a cunning enemy of life: Frank Vandenbroucke (1974-2009) & Philippe Gaumont (1973-2013), the original Wolfpack. Recovery IS possible! #cycling #BincheChimayBinche #wolfpack pic.twitter.com/dIGKJfRyM7
— Florida Cycling Nut (@FlaCyclingNut) October 8, 2019
Les excès de cette époque folle feront de terribles dégâts. Frank Vandenbroucke est mort au Sénégal en 2009. Philippe Gaumont est décédé en mai 2013, juste avant d’être auditionné par les sénateurs français. Robert Sassone, s’est suicidé en 2016.
Depuis, Cofidis s’est rachetée une conduite. Eric Boyer, manager à partir de 2005, puis Cédric Vasseur, depuis 2017, sont chargés de changer son image et ses pratiques. Guillaume Martin, le leader de l’équipe est plus philosophie que rock-and-roll.
Le passé rock-and-roll de l’organisme de crédit
Depuis 1997, le nom Cofidis est souvent revenu à la une dans des affaires de dopage. En 2004, c’est une sorte de consécration : l’« affaire Cofidis » défraye la chronique.
L’histoire mouvementée de l’équipe commence dès 1997 avec une affaire qui n’a pas fait la une, l’UCI s’étant chargée de l’étouffer. Le 13 octobre, elle adresse un courrier à Kevin Livingston lui indiquant qu’une concentration « d’environ » 2 ng/ml de métabolites de nandrolone, un anabolisant, a été détectée dans ses urines à l’issue de la septième étape du Tour de l’Avenir. La limite étant fixée à 2 mg/nl, le mot « environ » est lourd de sens. Anne-Laure Masson, responsable de l’antidopage à l’UCI, l’« avertit pour le futur » sans le faire sanctionner. Il serait mieux pour tout le monde d’éviter un scandale.
La commission d’enquête sénatoriale de 2013 révélera pour le coureur américain la présence de deux échantillons d’urine positifs à l’EPO lors du Tour de France 1999. Les sénateurs lâcheront le nom de trois autres coureurs de l’équipe Cofidis positifs à l’EPO sur la Grande Boucle cette année-là ou la précédente : Roland Meier, Bobby Julich, Laurent Desbiens. Le dopage n’était peut-être pas organisé dans cette équipe mais il était généralisé.
Nandrolone à gogo
La nandrolone, utilisée par Kevin Livingston, était visiblement un produit en vogue dans l’équipe au maillot rouge. Philippe Gaumont se retire du Tour d’Espagne 1998 alors qu’il occupe la 4ème place du classement général. Il vient d’apprendre son contrôle positif à ce produit lors du Midi Libre. Il sera relaxé au bénéfice du doute : l’UCI, la FFC et le CIO s’étripent autour du fameux seuil de 2 ng/ml. C’est tant mieux pour Gaumont qui risquait 5 ans de suspension puisqu’il était en état de récidive.
L’affaire Cofidis
En 2004, éclate l’affaire Cofidis. Le 12 janvier, la police interpelle Marek Rutkiewicz à l’aéroport de Roissy, en possession de sept ampoules d'EPO ainsi que de l’hormone de croissance. Chez le soigneur Boguslaw Madejak, ce sont des anabolisants, des médicaments non commercialisés en France et du matériel de transfusion qui sont découverts. Chez le spécialiste de la piste, Robert Sassone, les enquêteurs découvrent 65 capsules contenant de l’undécaonate de testostérone, du Kenakort et de l'EPO.
Trois ans plus tard, en janvier 2007, Boguslaw Madejak, Philippe Gaumont, Robert Sassone, Marek Rutkiewicz et Daniel Majewski sont condamnés à des peines de prison avec sursis. David Millar et Massimiliano Lelli, qui ont avoué, sont relaxés. Cofidis Compétition et Cofidis SA qui s’étaient portées parties civiles sont déboutées. Pire, le Tribunal estime que « par leur implication dans le milieu du cyclisme professionnel, leur connaissance avérée du dopage et l'absence de mesures significatives prises pour l'enrayer, [elles] ne pouvaient ignorer le phénomène notoire du dopage ni son ampleur, d'autant que des personnalités du monde médical et sportif avaient de longue date stigmatisé ces pratiques connues de tous ». Pour retracer le fil de cette histoire, on pourra consulter notre revue de presse.
L’amende exemplaire de Cristian Moreni
L’année 2007 avait mal débuté pour Cofidis mais l’équipe n’en a pas fini avec les affaires. Pendant le Tour de France 2007, Cristian Moreni est contrôlé positif à la testostérone. Tous les coureurs de l’équipe doivent répondre aux questions des gendarmes. Cofidis se retire de l’épreuve et licencie son coureur. Il sera le premier à payer une amende à l’UCI, correspondant à une année de salaire. La mesure a été introduite par l’UCI en juin, juste avant le Tour.
Did Alaphilippe bottle it deliberately? Yates Yellow. Bennett Green. #TDF2020
— Graham Willgoss (@GrahamWillgoss) September 3, 2020
Plus Brad on the time he and the entire Cofidis team were ‘arrested’ after Christian Moreni failed a dope test. “C'est du cinéma!”
?? The Bradley Wiggins Show by @Eurosport_UK: https://t.co/wrx2K6UXVS pic.twitter.com/6Zz6UFysCk
La faute de Rémy Di Gregorio
La dernière affaire Cofidis est celle de Rémy Di Gregorio, pris en flagrant délit de « possession de matériel prohibé permettant de se doper » pendant le Tour de France 2012. Il sera condamné à un an de prison avec sursis. Tout n’est pas perdu pour lui puisque Cofidis sera condamnée aux prud’hommes à lui verser des dommages-intérêts pour ne pas avoir apporté la preuve de la faute grave invoquée dans son licenciement.
La longue histoire Cofidis est à consulter ici. Elle aurait pu être pire : Cyrille Guimard, alors directeur sportif, embauche le jeune Lance Armstrong en 1996. Le future septuple non-vainqueur du Tour de France dispute le Grand Prix Eddy Merckx mais retourne précipitamment au Texas. On lui découvre un cancer des testicules. Cofidis et Armstrong en resteront là. Soulagement rétrospectif.
Coureur | Produit | Course | Date | Sanction | Contrôle |
Di Gregorio Rémy | 2012 | Oui | Enquête policière | ||
Moreni Cristian | Testostérone | Tour de France | 2007 | Oui | Contrôle positif |
Valentin Tristan | Heptaminol | Grand Prix de Correios | 2006 | Oui | Contrôle positif |
Clain Médéric | Trafic de produits dopants | 2004 | Oui | Enquête judiciaire | |
Gaumont Philippe | EPO | 2004 | Oui | Aveux | |
Millar David | EPO | 2003 | Oui | Aveux en 2004 | |
Peers Chris | 2003 | Oui | Enquête judiciaire | ||
Sassone Robert | Bétaméthasone & Glucocorticostéroïde | Six jours de Nouméa | 2003 | Oui | Contrôle positif |
Sassone Robert | Suivi biologique anormal | 2003 | Oui | Suivi biologique | |
Mattan Nico | Heptaminol | Contrôle inopiné | 2000 | Oui | Contrôle positif |
Gaumont Philippe | Amphétamines | 1999 | Oui | Analyse sang | |
Livingston Kevin | EPO | Tour de France | 1999 | Non | Commission d'enquête sénatoriale (2 contrôles positifs) |
Vandenbroucke Franck | Amphétamines, benzodiazépines, caféine, hydrocortisone, cortisone, hématocrite = 52% | 1999 | Oui | Analyse sang et aveux en 2008 | |
Casagrande Francesco | Testostérone | Tour du Trentin | 1998 | Oui | Contrôle positif |
Casagrande Francesco | Testostérone | Tour de Romandie | 1998 | Oui | Contrôle positif |
Desbiens Laurent | EPO | Tour de France | 1998 | Non | Commission d'enquête sénatoriale |
Desbiens Laurent | EPO | 1998 | NSP* | Aveux | |
Gaumont Philippe | Nandrolone | Grand Prix du Midi libre | 1998 | Non | Contrôle positif (2 fois) |
Julich Bobby | EPO | Tour de France | 1998 | Non | Commission d'enquête sénatoriale |
Meier Roland | EPO | Tour de France | 1998 | Non | Commission d'enquête sénatoriale |
Livingston Kevin | Nandrolone | Tour de l'Avenir | 1997 | Non | Contrôle positif |
* Sanction non connue
Pour voir plus d'informations sur l'équipe dans l'annuaire du dopage, cliquez ici
Aucun coureur actuellement dans l'équipe Cofidis n’a été épinglé dans notre annuaire du dopage.
Le manager Cédric Vasseur a été éclaboussé par l’affaire Cofidis en 2004. Il est alors coureur dans la formation nordiste. Il sera totalement blanchi. Les échantillons des cheveux du coureur qui l’incriminaient après analyse n’étaient pas les siens ! Un policier de la brigade des stupéfiants est condamné à dix mois d'emprisonnement avec sursis pour avoir falsifié deux procès-verbaux d'audition du coureur. Pour ces raisons, nous n’avons évidemment pas épinglé Cédric Vasseur dans notre annuaire du dopage. Nous avons même failli lui élever une statue pour son mémorable commentaire de l’attaque de Chris Froome dans le Mont Ventoux 2013 !
« Regardez cette attaque, assis sur la selle. C’est incroyable d’attaquer dans le Ventoux comme ça, assis sur la selle. On a l’impression qu’il est sur une portion de plat ! C’est surréaliste !... Attaque à la Cancellara pour Christopher Froome ! »
En revanche, un directeur sportif a été impliqué dans une affaire alors qu’il était coureur dans les équipes Cédico-Ville de Charlero et Lotto-Mobistar. Entre 1996 et 1999, le belge Thierry Marichal se fait prescrire du Synacthen et du Kenacort par le Dr Georges Mouton, ceci sur des ordonnances libellées à des faux noms. L’enquête démontre également qu’il a pris de l’EPO sur les conseils du médecin. Il adhère désormais au MPCC. Espérons que ce ne soit pas une façon de prendre les autres membres du mouvement pour des pigeons.
Ex-cycliste, il se consacre désormais à la colombophilie, Thierry Marichal présente sa nouvelle passion #matin1 ? https://t.co/FRIMlZa7w4 pic.twitter.com/9p46JL8seO
— La Première (@lapremiere) February 27, 2017
Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :
Le grimpeur Guillaume Martin n’a jamais allumé les radars positionnés par Antoine Vayer et Frédéric Portoleau dans les ascensions des Grands Tours. L’ancien entraineur de la Festina positionne la limite « suspecte » à 410 Watts-Etalons. C’est Tour de France 2020 que le Normand réalise sa meilleure performance avec 404 WE.
Aucun coureur actuellement dans l'équipe Cofidis n’a allumé les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer
.Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :
Aucun membre de l'encadrement actuellement dans l'équipe Cofidis n’a allumé les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer
.Le MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible) est une association créée en 2007 par des équipes cyclistes professionnelles dont le but est de défendre l'idée d'un cyclisme propre, en imposant le strict respect du code éthique de l’UCI et pouvant aller jusqu’à imposer des règles plus strictes que ne l’impose le Code Mondial Antidopage édicté par l’AMA. En plus des équipes, le MPCC offre la possibilité aux coureurs et membres de l’encadrement des équipes d’adhérer à titre individuel.
L’équipe est membre du Mouvement Pour un Cyclisme Crédible depuis l’origine en juillet 2007. Près de la moitié des coureurs et des encadrants adhèrent à titre individuel. Guillaume Martin et Samuel Bellenoue, son entraîneur, en font partie.
Pour la saison 2022, nous attribuons à l'équipe la note de 17,3/20. Ceci la place en 5ème position sur 28.
Elle est surtout handicapée par son passé mouvementé. Elle est malgré tout nettement dans le haut du classement : le passé fait peur, le présent rassure.
Pour consulter l'article ICCD de l'équipe COFIDIS en 2021, cliquez ici.