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Actualité du dopage |
Bernard Sainz, naturopathe régulièrement poursuivi pour ses pratiques, est à nouveau accusé. Des coureurs ont dénoncé ses conseils dans l'usage de microdoses d'EPO.
La star du peloton hexagonal, à une semaine du Tour de France ? Bernard Sainz, alias «Docteur Mabuse», accusé de dopage vendredi dans les colonnes du Monde. Ce naturopathe âgé de 72 ans, maintes fois poursuivi en justice pour cette pratique mais encore jamais condamné, a pour la première fois été dénoncé par des cyclistes. Selon ces derniers, le spécialiste des plantes délivre aussi des conseils dans l'usage de microdoses de corticoïdes (...) voire d'EPO (...).
Cette enquête journalistique, qui sera complétée lundi soir par un numéro de Cash Investigation sur France 2, agite le monde du cyclisme, réuni cette semaine à l'occasion des championnats de France, à Vesoul (Haute-Saône).
«Blague».
Colère, satisfaction, abattement ou incrédulité, les sentiments recueillis par Libération restent contradictoires. «S'il y a des tricheurs, qu'ils dégagent !» se réjouit un coureur français de premier plan. Un autre raconte : «Depuis une dizaine de jours, le grand jeu consiste à savoir quel nom de client sera rendu public. C'est même devenu une blague entre nous. On dit qu'untel va arrêter sa carrière après la diffusion de l'enquête.» Pour l'heure, seuls trois coureurs ont confirmé au Monde avoir collaboré avec Bernard Sainz : Sylvain Chavanel (Direct Energie), Jérôme Coppel (IAM) et Kévin Ledanois (Fortuneo-Vital Concept). Tous trois assurent s'être limités à des médicaments homéopathiques.
Le cas Mabuse a été discuté vendredi par l'Union nationale des cyclistes professionnels français (UNCP), qui rassemble des coureurs de chaque équipe. «Nous avons rappelé qu'il fallait être vigilant», indique à Libération son président, Pascal Chanteur, qui attend la diffusion de Cash pour se prononcer sur le fond. «Si le reportage apporte des éléments troublants, j'attends que la justice fasse son travail», ajoute-t-il. Chanteur appelle également à une «solidarité» du peloton alors que des lignes de fracture sont réapparues ces derniers jours.
(...)
Défiance.
Ces enquêtes signifient-elles la retraite du docteur Mabuse après quarante ans de service ? C'est possible. Et la fin de pratiques troubles ? C'est moins sûr. Dans ce climat de défiance et de paranoïa, un entraîneur cycliste se promène depuis plusieurs jours tout sourire dans les rues de Vesoul, répétant à la cantonade que «Bernard va tomber». Selon nos sources, le même a confié à plusieurs reprises qu'il «travaillait exactement comme Bernard», prêt à reprendre le «business». Et les mêmes méthodes ?
Cette page a été mise en ligne le 25/06/2016