Dossier dopage

La lutte anti-dopage elle aussi victime de la cure d'austérité de l'Etat


21/07/2015 - capital.fr - Thomas Le Bars

Sur le Tour de France, c'est l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) qui est chargée des contrôles et des analyses. Cette autorité publique indépendante, financée quasi exclusivement par des subventions de l'Etat, doit s'adapter à la baisse de son budget. 

(...) La démonstration du britannique Christopher Froome et de ses coéquipiers chez Sky lors de la première étape de montagne du Tour de France 2015 a ravivé les doutes concernant le dopage dans le cyclisme. L'occasion de revenir sur les moyens alloués pour lutter contre ce fléau, qui sont en baisse en France depuis quelques années.

Sur la Grande Boucle, c'est l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) qui est mandatée pour réaliser les contrôles ainsi que la plupart des analyses. Créée en 2006, cette autorité publique indépendante a prévu cette année de réaliser de 200 à 250 contrôles lors de la compétition, en plus des tests sanguins réalisés sur l'ensemble des coureurs juste avant le départ. A chaque étape, une dizaine de coureurs, dont le vainqueur du jour et le maillot jaune, doivent donc normalement passer à l'urinoir. Jusqu'ici, un seul coureur a été pris par la patrouille : l'Italien Luca Paolini (Katusha) (...).

En plus du Tour de France, l'AFLD a aussi les pleins pouvoirs pour superviser l'ensemble des compétions sportives nationales, telles que la Ligue 1 de football et le Top 14 en rugby. Pour mener à bien sa tâche, l'organisme dispose d'un budget annuel d'un peu plus de 8 millions d'euros (8,2 millions en 2014). Suffisant pour réaliser un peu plus de 10.000 contrôles, et environ 11.000 analyses, sachant que le coût moyen d'un prélèvement est de 189 euros, et celui d'une analyse de 441 euros.

Ce budget est alimenté quasi exclusivement par les pouvoirs publics : les subventions représentent en effet près de 90% de ses ressources. Le problème, c'est que l'AFLD est contrainte de se serrer la ceinture depuis quelques années. Rigueur oblige, elle a en effet vu cette manne en provenance de l'Etat amputée de plus de 7% au cours des 2 dernières années. Du coup, l'agence a été obligée de revoir ses ambitions à la baisse. En 2014, elle n'a réalisé que 10.414 contrôles, contre 12.050 visés au départ. C'est 6% de moins qu'en 2013. Elle a notamment réduit les prélèvements sur les animaux (équitation...), passés de 601 à 287 en un an. Et la situation ne devrait probablement pas s'améliorer à court terme, vu la nécessité pour le gouvernement de trouver de nouvelles économies pour ramener le déficit public sous les 3% du PIB d'ici 2017.

Dans ce contexte, l'agence n'a donc d'autre choix que de s'adapter. A défaut de réaliser plus de contrôles, elle les cible davantage, pour gagner en efficacité. En 2014, elle a notamment doublé les prélèvements sur les quelque 350 sportifs faisant partie de son "groupe cible" (hors inscrits aux JO), faisant l'objet d'une surveillance rapprochée (ils sont notamment soumis à une obligation de localisation).

Pour affiner cette "short list", l'AFLD mise beaucoup sur les techniques de détection indirecte du dopage, via une analyse des données issues du "profil biologique" des sportifs, établi via les tests réalisés précédemment. "Par exemple, un sportif dont le taux d'hémoglobine évolue anormalement au cours de l'année peut faire l'objet d'une surveillance accrue", explique Bruno Genevois, président de l'AFLD. (...)

Pour ne pas se faire distancer, l'AFLD consacre aussi une partie de son budget à la recherche afin de détecter les nouvelles techniques de dopage, soit via son propre labo, soit en finançant des études externes, menées par exemple par des universités. Mais les sommes consacrées en 2014 ont représenté moins de 10% des ressources totales de l'institution en 2014. Soit même pas 1 million d'euros. Lorsque l'on compare ce chiffre aux milliards dépensés par les labos pharmaceutiques en R&D, on peut se demander si les tricheurs n'auront pas toujours une longueur d'avance...


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Cette page a été mise en ligne le 22/07/2015