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ICCD : Indice de Confiance Cyclisme-Dopage.comGroupama - FDJ - Saison 2024 |
La formation aux couleurs de l'ancienne « Loterie Nationale » plonge loin ses racines. Elle a été fondée en 1997 par Marc Madiot accompagné de son frère Yvon. Elle n'a jamais changé de sponsor principal. Un fait remarquable mais pas unique puisque la Cofidis peut se glorifier d'une année d'ancienneté de plus. La compagnie d'assurance Groupama est venue en renfort de la FDJ en 2018.
Quand l'équipe est portée sur les fonts baptismaux en 1997, l'EPO coule à flot dans les équipes... et dans les veines des coureurs. Les frères Madiot et Alain Gallopin sont financés par Me Bertrand Lavelot qui n'est autre que l'avocat de Bernard Sainz, alias docteur Mabuse. Placé en gardé à vue à deux reprises et mis en examen dans le cadre de l'affaire Festina, Marc Madiot expliquera aux enquêteurs que Bertrand Lavelot et Bernard Sainz « faisaient la pluie et le beau temps dans le peloton ». Sans doute aussi dans l'équipe.
Pour monter l'équipe, les frères Madiot débauchent Mauro Gianetti, Davide Rebellin, Maximilian Sciandri et le soigneur belge Jeff D'Hont qui arrive à la Française des Jeux avec les bonnes « recettes » de la Telekom et de Jan Ullrich. Marc Madiot est son « pote » et Alain Bizet (masseur pendant plus de 15 ans à la FDJ) son « ami ». Aujourd'hui, il a toujours ses entrées dans l'équipe française comme en atteste son compte Facebook où il a posté photos et vidéos prises à l'occasion de Paris-Roubaix cette année.
Bien mal partie, le FDJ a traversé les pires années du cyclisme, s'est écorché les genoux, a déchiré sa chemise en traversant des champs envahis par les ronces, s'est embourbée dans moults marécages mais est toujours debout. Elle figure même dans le haut du tableau de notre Indice de Confiance. Presqu'un miracle.
Son passé handicape l'équipe bleu-blanc-rouge. On dénombre 14 affaires impliquant 12 coureurs.
A peine née, la Française des Jeux s'était illustrée avec Erwann Menthéour qui se voit interdire le départ de la deuxième étape de Paris-Nice 1997. Avec Luca Colombo et Mauro Santaromita, il est le premier coureur à être mis hors course en raison d'un hématocrite supérieure à 50 %. L'UCI, affolée par le déferlement de l'EPO dans les pelotons, venait de mettre en place ce contrôle, histoire de limiter les excès.
Pendant le Tour de Romandie 1998, Mauro Gianetti fait chambre commune avec Stéphane Heulot. Selon le coureur breton, Gianetti bricole dans son coin sans être vu. Le lendemain, en pleine ascension du col des Planches, le Suisse est victime d'une spectaculaire défaillance. Il est hospitalisé en soins intensifs au CHU de Lausanne où il est placé en coma artificiel trois jours durant. Il ne sort de l'hôpital que deux semaines plus tard.
En juillet, le docteur Gérard Gremion déclare dans un journal du canton de Vaud que Mauro Gianetti a fait une réaction au PFC : « Il en avait trop pris. En réalité, il a été victime d'un état de choc et était atteint d'une grave insuffisance rénale et hépatique ». Quelques jours plus tard, le Dr Gremion décide de porter plainte contre X pour mise en danger de la vie d'autrui auprès du procureur du canton de Vaud. La justice helvète ouvre une enquête pour « lésions corporelles graves subsidiairement à la mise en danger de la vie d'autrui ». Ils recherchent qui a bien pu être assez inconscient pour fournir du PFC au coureur. Ce produit en est alors seulement au stade expérimental. Marc Madiot, patron de Gianetti, est entendu par le SRPJ de Versailles, à la demande des enquêteurs suisses. Il évoque une sévère déshydratation.
Le coureur suisse ne sera pas inquiété par l'UCI.
Qui a tué Mauro Gianetti ?
Source : Sport & Vie - 09/1998
Le dernier contrôle positif auquel l'équipe a dû faire face est celui d'Aurélien Duval en 2009. Le coureur est contrôlé positif à la norfenfluramine, un stimulant, à l'occasion du Circuit Franco-Belge. Marc Madiot parle « d'une étourderie. Pour nous, ce n'est pas un cas de dopage. C'est juste une grosse connerie ». Le coureur est tout de même licencié avant d'être suspendu deux ans.
Deux ans plus tard, Yoann Offredo est suspendu un an en raison de trois non-communications de localisation en 2011.
Plus récemment, l'équipe a dû écarter Georg Preidler, impliqué dans le scandale Aderlass. Cette affaire de dopage sanguin, déclenchée en janvier 2019 dans le monde du ski, éclabousse plusieurs cyclistes. Preidler, qui courait pour l'équipe française depuis 2018, avoue avoir été client du controversé médecin du sport allemand Mark Schmidt. Il prétend toutefois qu'il s'est fait prélever du sang mais ne se l'est pas fait réinjecter. L'explication est un peu usée : Ivan Basso, impliqué dans l'affaire Puerto, avait utilisé la même. Il est supendu quatre ans par l'UCI. En juillet 2020, il est condamné par la justice à 12 mois de prison avec sursis et 2880 euros d'amende.
Dans un premier temps, nous ne prenions pas en considération cette affaire dans le calcul de l'ICCD de la Groupama-Fdj considérant qu'il n'était pas établi que le coureur autrichien se soit dopé pendant son séjour dans la formation française. Or le procureur du parquet d'Innsbruck, Thomas Willam, lui a reproché pendant son procès une « pratique régulière du dopage sanguin et de prises d'hormones de croissance, depuis le Giro d'Italia au printemps 2017 jusqu'à ses aveux sur le dopage ». Il est donc logique de mettre cette affaire au débours de l'équipe. C'est désormais chose faite.
?? CYCLING ?? DOPING
— Athlete Support (@ASNLondon) September 20, 2019
Georg Preidler part of Operation Aderlass blood doping ring and charged with fraud.
BAN FOR LIFE ! pic.twitter.com/TRcpcMmTUE
Pour en savoir plus sur l'affaire Aderlass, nous lui avons consacré un dossier consultable ici.
* Sanction non connue
Pour voir plus d'informations sur l'équipe dans l'annuaire du dopage, cliquez ici
Aucun coureur actuellement dans l'équipe Groupama - FDJ n’a été épinglé dans notre annuaire du dopage.
Deux dirigeants de l'équipe sont épinglés dans notre annuaire du dopage. Marc Madiot, bien sûr, le big boss, et l'ancien coureur devenu directeur sportif Jussi Veikkanen.
Marc Madiot n'a jamais été très précis sur son dopage, reconnaissant tout juste avoir utilisé des « produits interdits », notamment des amphétamines, pendant les criteriums d'après Tour. Une manière de se défendre d'avoir triché en « vraie » compétition et notamment pendant ses deux Paris-Roubaix victorieux. Ses coups de gueule (c'est devenu sa marque de fabrique) et ses prises de position contre le dopage sont nombreux et célèbres. Il n'a pas toujours été aussi véhément. A l'époque de l'affaire Festina, il fermait les yeux sur les turpitudes de ses coureurs : « je ne voulais pas savoir si mes coureurs utilisaient ou non l'EPO, l'essentiel était qu'ils ne se fassent pas prendre », admet-il devant les enquêteurs. A-t-il joué un rôle plus actif ? Il ne le dira pas. Quand on sait que les enquêteurs ont retrouvé des centrifugeuses, destinées à contrôler l'hématocrite, dans le camion de la Française des Jeux, on est en droit de s'interroger. « L'EPO était entreposée dans le réfrigérateur de l'équipe (...) auquel avait accès Madiot », accusera Erwann Menthéour, encore lui. Au procès Festina, Marc Madiot n'est pas assis sur le banc des prévenus. Thibault de Montbrial, l'avocat de Willy Voet et Bruno Roussel le qualifie de « miraculé de la procédure ».
Pour qui veut en savoir plus sur Marc Madiot et surtout sur sa part sombre, nous lui avons consacré un portrait consultable ici.
Jussi Veikkanen, directeur sportif depuis 2016 après avoir couru presque toute sa carrière sous le maillot de l'équipe française (2005-2010 puis 2012-2015), a trébuché en mai 2001. Comme Erwann Menthéour quatre ans plus tôt, il est mis au repos en raison d'un hématocrite trop élevé lors d'une épreuve de Mountain Bike à Houffalize. Ce jour-là, ils sont quatre à subir le même sort. Le jeune finlandais évolue alors dans les rangs amateurs, au sein de la formation Top Kearnten - Giant.
Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.
Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :
David Gaudu, le grimpeur le plus expérimenté de l'équipe depuis la retraite de Thibault Pinot, augmente régulièrement son niveau pour sortir du Tour d'Espagne 2020 à 400 WE. Il réussit une grande performance sur le Tour de France 2022 qu'il termine à la quatrième place avec 409 WE, juste en-dessous de la limite de 410 WE. Rebelote en 2023 mais cette fois, toujours avec 409 WE, il ne fait pas mieux qu'une neuvième place et n'allume toujours pas les radars.
Lenny Martinez est un des plus grands grimpeurs de sa génération. Il sera intéressant de scruter son niveau de performance sur un Tour de France. Sur le Tour d'Espagne 2023, seul grand Tour à son actif à ce jour, il n'a pas fait mieux que 359 WE de moyenne.
Aucun coureur actuellement dans l'équipe Groupama - FDJ n’a allumé les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer.
Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.
Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :
Aucun membre de l'encadrement actuellement dans l'équipe Groupama - FDJ n’a allumé les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer.
Le MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible) est une association créée en 2007 par des équipes cyclistes professionnelles dont le but est de défendre l'idée d'un cyclisme propre, en imposant le strict respect du code éthique de l’UCI et pouvant aller jusqu’à imposer des règles plus strictes que ne l’impose le Code Mondial Antidopage édicté par l’AMA. En plus des équipes, le MPCC offre la possibilité aux coureurs et membres de l’encadrement des équipes d’adhérer à titre individuel.
Président de la Ligue nationale de cyclisme, Marc Madiot est aussi un des fondateurs du MPCC et il en fait activement la promotion. A se demander s'il ne rend pas obligatoire l'adhésion au MPCC à titre individuel pour tous ses coureurs et membres du staff : seuls cinq coureurs n'adhèrent pas. On notera toutefois que l'adhésion individuelle des encadrants s'essouffle. Ils sont deux tiers à ne pas adhérer en 2024 contre une petite moitié en 2023.
Pour la saison 2024, l'équipe obtient la note de 16,4/20. Ceci la place en 7ème position sur 27.
Malgré un début de course assez calamiteux, Groupama-FDJ obtient une note qui la laisse cette année encore dans le vert.