Actualité du dopage

La montagne, révélateur du dopage


14/07/2011 - lemonde.fr - Antoine Vayer

Dans les cols, un coureur donne deux fois plus de coups de pédale pour avancer deux fois moins vite qu'en plaine. Peu de vent, pas de phénomène "d'aspiration" et des pentes aux dénivelés référencés. Idéal pour calculer exactement sa puissance musculaire.

(...) Depuis trente ans, avec l'ingénieur Frédéric Portoleau, nous compilons les données selon une méthode éprouvée. Pour comparer les performances d'un coureur "poids léger" (Marco Pantani, 56 kg) et d'un "poids lourd" (Miguel Indurain, 80 kg), nous les ramenons à un coureur étalon de 70 kg. Ces calculs de puissances développées dans les cols nous ont permis d'identifier trois zones de dopage : le dopage avéré à partir de 410 watts, le "miraculeux" au-delà de 430 et enfin le "mutant" au-delà de 450.

(...)

Cette année, on peut craindre le pire. Les records de la montée de Luz-Ardiden et du plateau de Beille risquent d'être battus. Sabino Padilla, le bon docteur du roi Miguel, avait fait d'Indurain un monstre. De 1993 à 1995, le quintuple vainqueur du Tour a développé 439 watts de moyenne sur les cinq ascensions clés de fin d'étapes de montagne de l'épreuve, après cinq heures d'efforts ! Mais l'Espagnol a "seulement" été capable de monter Luz-Ardiden, en 1994, à 420 watts et près de 22 km/h de moyenne.

Il faut dire que naguère un des critères de sélection au Tour pour certaines équipes n'était que d'afficher un hématocrite inférieur à 60 % (contre 50 % aujourd'hui), laissant de la marge pour les prises d'EPO. Les techniques ont évolué : transfusions, hormones de croissance. Jan Ullrich et Lance Armstrong ont détrôné l'Espagnol avec respectivement 442 et 452 watts en 2003. Le docteur Ferrari, aux petits soins pour l'Américain, était un disciple de Padilla. Le tandem des frères Schleck, s'il s'y prend bien, peut taquiner dans quelques jours ce record.

Pour le plateau de Beille, on parierait plutôt sur Alberto Contador. En 2007, à 430 watts, le triple vainqueur du Tour se situait au-dessus du palier "miraculeux" et multipliait les accélérations sur des pentes à 8 % sans ressentir de douleurs lactiques pour se débarrasser de Michael Rasmussen, pourtant sous Dynepo.

A moins que ce ne soit le revenant Ivan Basso, capable de s'élever à une vitesse ascensionnelle de 1 690 m/h lors de ses Giros victorieux (2006 et 2010) ? Exclu deux ans, l'Italien, au contraire de certains de ses coéquipiers de Liquigas, refuse de rendre publiques ses valeurs de puissance. (...) Son compatriote Marco Pantani, lui, ne cachait rien. (...) Le plateau de Beille à 440 watts, en 1998, c'est lui ! Mais il la mérite surtout pour son record à L'Alpe-d'Huez, en 1995, avec 470 watts, que seul Armstrong, en 2004, contrarié par le vent sur les derniers lacets d'un contre-la-montre, a approché.

On notera l'extrême nullité du tandem Hinault-LeMond, pourtant huit Tours à eux deux. Vainqueurs main dans la main en 1986, Pantani et Armstrong leur ont mis plus de dix minutes dans la vue en 13,8 kilomètres de montée ! La légalisation des corticoïdes devrait tout juste permettre cette année à des bons bougres d'arriver dans les délais de cette étape de L'Alpe-d'Huez raccourcie à 108 km en pédalant à la vitesse d'Hinault et LeMond. (...)


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Cette page a été mise en ligne le 15/07/2011