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Que pensent les coureurs nationaux avant le 86e tour ?


02/07/1999 - humanite.fr - Jacques Cortie

Le Tour des Français peut-il aider à sauver le cyclisme ?

Les coureurs français sont-ils convaincus que l'heure du renouveau a vraiment sonné ? Quel est leur état d'esprit à l'issue de la première partie de la saison et à la veille de la Grande Boucle ?

Il y a David Moncoutié, grimpeur talentueux. Il y a Jimmy Casper, le sprinter qui s'offre régulièrement Éric Zabel. Il y a également Christophe Bassons, à l'accent et aux qualités intacts. Les jeunes coureurs français sont de plus en plus nombreux à apparaître sur le devant de la scène cycliste. Signe des temps. Mais ils ne sont pas les seuls. Les plus anciens aussi font parler d'eux. Jean-Cyril Robin, 6e du Tour l'an dernier, est l'un de ces nombreux autres Tricolores à vouloir croire en ses chances et à considérer que l'on est peut-être arrivé, enfin, à un tournant. Qu'ils fassent ou non le Tour de France, ils sont donc tous partie prenante de la nouvelle donne du vélo qui se dessine en France.

" Le renouveau du cyclisme, oui j'y crois ", dit sans hésitation Jean-Patrick Nazon (Française des Jeux), qui a terminé il y a quelques mois son premier Paris-Roubaix. " C'est sûr que pour nous les jeunes, ça va être plus ouvert. Ce qui est important, c'est que c'est reparti sur de bonnes bases. En France, on est plus avancé en matière de contrôles. Pour les jeunes, ça va donc être plus facile que pour ceux qui avaient certaines habitudes. L'avenir est là. "

Malgré cette redistribution des cartes qui s'amorcent, tous les jeunes ne sont pas encore en situation de personnaliser le renouveau dont on parle. Guillaume Auger (Big Mat-Auber), qui ne fera pas le Tour, est de ceux-là. Si son rêve de participer à la Grande Boucle est remis à plus tard, il n'en est pas moins confiant sur l'évolution de la situation dans le peloton : " Le côté propre, qui se met en place dans le vélo, ça me motive. Les courses sont plus ouvertes, il y a donc plus de possibilités. " Pro depuis l'an dernier à peine, il rappelle sa victoire d'étape dans le Tour méditerranéen pour illustrer son propos et croire en l'avenir : " Je pense vraiment que l'on se dirige vers un renouveau. Il faut quand même que tout le monde joue le jeu. "

Est-ce que c'est le cas ? Certains en doutent. Pascal Lino (Big Mat-Auber), porteur du maillot jaune en 1992, lors de son premier Tour, est encore sceptique : " Tous les coureurs n'ont pas bien pris conscience de la situation, surtout à l'étranger où les gars continuent à dire : " C'est mon boulot, faut que je marche ", sans comprendre que c'est le futur du vélo qui est en jeu. " Épinglé, par son équipe, pour une affaire de corticoïdes en début de saison, Pascal Lino reconnaît les erreurs qui ont pu se commettre dans le milieu, mais se montre confiant : " En France, en gros, dit-il, tout le monde est maintenant sur la même longueur d'onde. " Pour lui, on est cependant loin d'un vrai renouveau : " Je me doutais qu'il y aurait encore des problèmes en 1999, mais je pensais que pour le Tour, la transition serait faite. Mais ça ne sera pas encore cette année : la quarantaine de Français qui prendra le départ ne pourra pas grand-chose devant les " étrangers ". Le Tour ne sera pas très égal et on n'aura pas un vainqueur nickel-chrome. "

À écouter aussi Jean-Cyril Robin (Française des Jeux), le Tour est effectivement loin de s'être déjà refait une virginité, malgré l'air du renouveau qui commence à souffler : " On y va parce qu'il faut y aller ", dit-il dans un premier temps. Derrière cette phrase désabusée, une motivation pourtant : " Il y a des jeunes qui arrivent et il faut les aider. " Pour celui qui, en début de saison, avait parlé, sans ambiguïté, d'un cyclisme à deux vitesses, l'équation est simple : " Malgré les apparences, ce n'est pas le bon moment pour les jeunes. Il y a aura une drôle d'ambiance. C'est un coup à être dégoûté. On ne peut pas envoyer des jeunes qui sont tendres, durant trois semaines avec des vieux roublards. Si en plus ils se prennent une " tôle " physiquement, comment ils vont en ressortir ? D'où l'importance des anciens ", explique-t-il. En fait, pour lui aussi, " le renouveau, c'est une belle idée mais c'est pas encore arrivé ".

Entre les espoirs de victoire et de gloire des jeunes qui aimeraient que la mise à plat soit déjà là, et les doutes des plus chevronnés, toute l'envie d'un vrai nouveau cyclisme est résumée. Jean-Cyril Robin avait même, à l'instar de Sandro Donati en Italie, considéré intéressante l'idée d'un moratoire, avant de repartir sur de bonnes bases. Son argument était celui du bon sens : " Pourquoi continuer à faire du vélo pour se faire balader par des étrangers ? " Aujourd'hui Robin a mis un peu d'eau claire dans sa critique et la situation lui paraît plus favorable : " On avance petit à petit. J'espère que l'UCI va comprendre et emboîter le pas au bon boulot que fait la Fédération française pour notre santé. " Quant au Tour 99 pour Jean-Cyril Robin, comme pour Pascal Lino, " C'est un tournant ". Robin ajoute même : " Tout est arrivé par le Tour, tout se solutionnera par lui. "


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Cette page a été mise en ligne le 13/07/2019