Actualité du dopage

Wladimir Belli roule sur des oeufs pour Festina


08/07/1999 - liberation.fr - Dino Di Meo

Certains leaders se font plus discrets que d'autres. Surtout lorsqu'ils portent le maillot de Festina, l'équipe symbole du dopage organisé, virée du Tour l'an dernier à Corrèze. Cette année, aux côtés de Laurent Brochard et de Christophe Moreau, le directeur sportif Juan Fernandez a donc confirmé, contre vent et marée, la présence de l'Italien Wladimir Belli, aux commandes de la formation censée rompre avec la culture de la dope. Le coureur bergamasque, qui possède une capacité de résistance l'effort (VO2 max) largement supérieure à la moyenne, n'aime pourtant pas s'afficher. Même si cette année il figure parmi les quatorze meilleurs coureurs mondiaux - le tout en vertu du nombre de points distribué par l'UCI (l'Union cycliste internationale). Ce qui, à la vue des pointures qui fréquentent le haut du classement, n'est pas rien. Mais l'homme incarne à merveille le profil humble d'une équipe qui surcommunique désormais sur l'éthique et «les vraies valeurs du cyclisme.» Comme chaque matin, il pointe à l'ombre du car de l'équipe andorrane, et se prépare lentement, nullement dérangé. Il apprécie: «Je suis loin du stress et c'est bien mieux comme ça». Mémoire sélective. Puis il enfile son casque, enfourche son vélo et se dirige vers le village. «Vous voulez parler de quoi, marmonne-t-il en pédalant. De l'année 1998 ou de l'année 1999? Je vous préviens, je ne parle pas d'histoires de médecins, OK?» Comme c'est le cas de la plupart des coureurs dans un Tour très «silence, on roule (très vite)», on n'est guère surpris par la précaution. L'homme est fort, très fort. A 29 ans, cela fait longtemps qu'il croise le fer avec des cadors comme Ivan Gotti ou Marco Pantani. Deux compatriotes qu'il a battu au Giro lorsqu'il était encore amateur. Une référence, sans nul doute. Festina l'avait justement recruté il y a deux ans pour sa régularité. Intégré au groupe pour se mettre au service du Suisse Alex Zülle, il s'était fait finalement bordurer l'an dernier pendant le Giro par ses propres coéquipiers. Motif: il avait rechigné à faire le porteur d'eau pour l'Helvète, qui depuis a rejoint Banesto après avoir purgé sept mois de suspension pour dopage après être passé aux aveux dans le cadre de l'affaire Festina. Sans doute Belli a-t-il oublié cet épisode lorsqu'il jure qu'un coéquipier doit savoir se mettre au service de son leader en toutes circonstances. Tout comme il semble avoir effacé de sa mémoire que, cette année, il a connu quelques soucis de santé. «Une petite intervention au pied», rappelle-t-il. Alerte. Il omet aussi l'inquiétude de l'équipe lorsqu'un contrôle interne, dit la rumeur très insistante, aurait révèlé une hématocrite à 51% (indicateur de la prise d'EPO) à quelques jours du Dauphiné Libéré, le mois dernier. Un contrôle plus spécifique l'aurait même situé à un taux frisant les 54% pendant Paris-Nice, au mois de mars. L'obligeant, affolé, à foncer en pleine nuit à l'hôpital pour prévenir tout risque d'embardée cardiaque. Tant de soupçons ne l'affolent pas. Il ne bouge pas un cil, et dit: «Je n'ai jamais entendu ça, moi. Vous savez, on raconte beaucoup d'histoires». Dans le doute, l'affichage «à l'eau claire» de Festina est écorné. (...)


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Cette page a été mise en ligne le 13/07/2019