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Actualité du dopage |
Vous êtes aujourd'hui l'un des coureurs les plus connus du peloton en raison de votre position sur le dopage. Comment vivez-vous cette popularité pour le moins singulière ?
Christophe Bassons. C'est vrai que je commence à être reconnu. Mais ce sont les autres qui parlent surtout de moi. Je dispute mon premier Tour de France, je suis sur le vélo. Mon avis sur tout ça, je le garderai pour moi, comme depuis un an et demi. Peut-être que certains coureurs sont agacés par les quelques déclarations que j'ai pu faire. Mais moi, je ne suis pas de ceux qui estiment que la presse veut faire du mal au cyclisme. Parfois même, je me dis qu'il faudrait une bonne table ronde avec tout le monde pour remettre un peu d'ordre.
Sauf qu'aujourd'hui, vous êtes l'un des seuls à accepter de parler d'autre chose que de la course...
Christophe Bassons. Oui, et ça me dérange pour vous, journalistes, car vous n'avez qu'un seul avis et c'est dommage. Parler à la presse fait partie de mon métier. En plus, c'est un plaisir. Il y a un grand malaise dans le peloton. On dit qu'il faut moins parler des affaires de dopage puisque le Tour se passe bien. Mais je me mets à votre place et je comprends qu'il y ait aussi un malaise chez certains journalistes.
Parlons donc un peu... vélo. Comment y êtes-vous venu ?
Christophe Bassons. Le hasard. J'avais un bi-cross mais il était trop petit pour moi alors je suis passé au VTT. C'était en 1991. Pour m'amuser, je me suis inscrit au championnat d'Europe juniors à Ramatuelle. J'ai fini troisième et c'est là que tout a commencé.
Coureur professionnel, c'était un rêve ?
Christophe Bassons. Absolument pas ! Après un bac D, j'ai passé avec succès un DUT de génie civil à Toulouse. Je voulais devenir conducteur de travaux. (...) En 1995, je suis rentré au Bataillon de Joinville dans le cadre de mon service militaire. J'ai alors été contacté par plusieurs équipes. Yvon Madiot pour la Française des Jeux mais le projet a été reporté d'un an. J'ai accepté la proposition de Force Sud avant de rejoindre très rapidement Festina.
Vous aviez des idoles ?
Christophe Bassons. Une seule : Miguel Indurain car il a remporté son premier Tour de France quand je me suis mis au vélo. Et puis chez Festina, j'ai découvert un type comme Alex Zülle. Autant le coureur, que l'homme.
Après trois années de professionnalisme, quel votre opinion sur le milieu cycliste ?
Christophe Bassons. Franchement, c'est plutôt sympa de se retrouver avec des gars de générations différentes, de voyager en étant une bande de copains. Je rencontre plein de gens... C'est enrichissant. Après, comme dans tous les milieux, il y a des types qui ne vous parlent pas en face. Mais bon... Souvent, je trouve incroyable d'être là, de bien gagner ma vie en pédalant. Quand je pense à mon père ! Il est ouvrier maçon et lui doit travailler pour gagner de l'argent, mais sans plaisir. Ce serait vraiment déplacé de se plaindre.
Vous avez remporté une victoire remarquée dans le dernier Dauphiné libéré. Qu'avez-vous ressenti ?
Christophe Bassons. Du soulagement ! Cela faisait un bout de temps que je n'avais pas levé les bras sur une ligne d'arrivée. La dernière fois, c'était en 1996 lors d'une étape de la Mi-août bretonne (...). Je suis mieux aujourd'hui dans ma peau car j'ai rectifié le tir concernant ma préparation. Avant, je m'entraînais pour gagner. Désormais, je m'entraîne pour courir du mieux possible. Je suis satisfait de mes classements. Ah, ce ne sont que des places d'honneur que personne ne remarque, surtout les journalistes. (...)
Avez qui partagez-vous vos secrets de coureur ?
Christophe Bassons. Avec ma copine Pascale, ma famille. Quand vous gagnez, vous avez toujours du monde autour de vous. Mais quand ce n'est pas le cas... Pascale, c'est elle qui m'a empêché d'arrêter le vélo l'année dernière. Elle m'a rappelé le boulot de mon père, ma chance de faire un tel métier. (...) On a parlé et je me suis accroché. Et puis, je ne pouvais pas tirer un trait sur tous ces sacrifices. Trois ans et demi, à surveiller mon corps et ma tête. Diététique, entraînement... Je ne pouvais pas faire ça à mon entourage. À Pascale, à ma famille, à Antoine Vayer, l'entraîneur qui m'a formé chez Festina.
Que ressentez-vous quand on dit que Bassons est un coureur qui marche à l'eau claire ?
Christophe Bassons. De la fierté. Y en a que ça dérange, mais c'est comme ça. Pendant trois et ans et demi, j'ai vu des gars gagner en direct à la télévision. Je disais à ma copine, à ma famille : ce que je vois là, je ne le désire pas. Je ne pouvais pas en parler à tout le monde car personne n'aurait compris ou peut-être voulu me croire. (...) Je vais vous raconter une anecdote. Il y a plus d'un an, une personne de mon premier club, dans le Tarn, est venue me voir et m'a dit : " Je vais te le dire franchement, depuis que tu es pro, tes résultats me déçoivent beaucoup. " J'avais une partie de la réponse mais je ne pouvais pas la lui donner ! Récemment, je l'ai revue. Elle s'est excusée. Ce genre de choses, cela me fait autant plaisir qu'une victoire.
Aujourd'hui, encouragez-vous des jeunes à être cycliste professionnel ?
Christophe Bassons. Oh que oui. Regardez ce Tour de France, c'est quelque chose d'incroyable à vivre. Et ce monde au bord de la route...
... qui supporte majoritairement Richard Virenque.
Christophe Bassons. Oui, et c'est bien dommage. Vu la situation actuelle dans le vélo, les gens feraient mieux d'encourager les jeunes. Ce sont eux qui vont changer ce sport. (...)
Cette page a été mise en ligne le 16/09/2005