Dossier dopage

Pourquoi se dope-t-on ?

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Les principales motivations du dopage

- L'obligation de résultats

Propos d'Eric Maitrot, rapportés sur nouvelobs.com le 21/01/2004 : "Le problème de fond, c'est qu'à partir du moment où l'on est sportif professionnel, le but est d'être le meilleur. Mais un premier, il ne peut, par définition, n'y en avoir qu'un. Et vu que dans le système actuel, chacun pense que son voisin est dopé, tout le monde se dope pour être sûr de ne pas être handicapé. En résumé, le dopage entraîne le dopage. L'un des grands sujets de discussion des sportifs de haut niveau est d'ailleurs de savoir ce que prend le voisin."

Dans le même registre, Paul Kimmage dans son livre Rough ride, décrit la perversion du système de points UCI : "En 1983, dans un effort pour moderniser le cyclisme, la (...) FICP, établit deux nouveaux classements. Le premier concernait les coureurs. Il était basé sur le principe du classement ATP pour le tennis. Chaque événement permettait d'attribuer un certain nombre de points au premier, deuxième, troisième, et ainsi de suite, le nombre de points dépendant de l'importance de l'événement. (...) Les coureurs devinrent plus égoïstes et il ne leur fallut pas longtemps pour s'adapter au nouveau système. Plus vous aviez de points, plus vous pouviez mettre de zéro à votre salaire. Points signifiait argent. (...) Le fait que ce système promeuve le dopage devient évident à la lecture de la liste des courses qui attribuait des points. (...) Prenez (...) Mauléon-Moulin par exemple. Pour les non-initiés c'est une petite course, ne valant que quelques lignes dans l'Equipe et un joli trophée pour le vainqueur. Faux, elle vaut beaucoup plus : des points au classement mondial. Une victoire dans Mauléon-Moulin rapporte autant que de faire 5ème dans Paris-Roubaix, la reine des classiques. Ainsi, à la veille de Mauléon, quand le directeur sportif commence la réunion de préparation en insistant sur le nombre de points à gagner et, dans la foulée vous rappelle qu'il n'y a jamais de contrôle dans cette course, que faites-vous ? Riez-vous en même temps que les autre ou pleurez-vous ? Comment pouvez-vous gagner ? Et toutes ces courses, les "Grand Prix des Chaudières" rapportent des points. Quel système ridicule !""


- Les enjeux économiques


"Pour avoir de l'argent, les équipes doivent avoir des résultats, sinon, les sponsors nous lâchent. A Saint-Brieuc, notre plus gros sponsor nous a quittés parce qu'on n'avait pas eu de résultats en 1998 alors qu'en 1997 on avait eu sept victoires." Le budget du club est donc divisé par deux pour la saison qui s'ouvre en février prochain. Dans ces conditions, peu de dirigeants peuvent résister à la pression. Quand il faut des résultats et rapidement, il est nécessaire de transformer les coureurs en "machines de guerre".

Jean-Bernard Mest - Directeur technique à l'Union cycliste briochine (Enquête de Muriel Gremillet)

Dans tous les sports, l'argent tient une place de plus en plus importante, reléguant l'éthique sportive au second plan. Dans l'Equipe du 5 janvier 2004, Serge Dassault, PDG du Groupe Dassault et propriétaire du club de football FC Nantes, déclare : "Le FC Nantes est une entreprise commerciale". Plus loin, il précise sa pensée : "[Le rôle du président du club] c'est que l'équipe gagne (...) et que le club gagne de l'argent". Au cas où on ne l'aurait pas bien compris, il enfonce le clou : "L'important (...) c'est que l'équipe gagne et que le club gagne de l'argent".
On le voit, le bel esprit du sport tel que développé par Pierre de Coubertin est bien loin. Et les équipes cyclistes dont les coureurs sont couverts de publicité ne sont certainement pas différente des clubs de football.

"Cette cause de dopage doit cependant être relativisé. En effet, le dopage est aussi répandu à des niveaux où l'argent joue un rôle quasiment nul. Par exemple, Jean-Pierre De Mondenard rapporte dans "Dopage, l'imposture des performances" qu'en 1973, les quatre premiers ud championnat d'Aquitaine des cadets furent déclassés pour un contrôle positif !".

- La notoriété

L'athlète est confronté à un choix difficile : utiliser certains médicaments favorisant l'amélioration de ses performances ou ne pas les utiliser, ce qui revient à s'imposer un handicap dans les compétitions, en sachant qu'actuellement la victoire ou le record se joue avec un écart inférieur à 1 %. Il a donc tendance à privilégier le court terme (une accélération certaine de sa carrière) par rapport au long terme (la nocivité, pour lui incertaine, des produits absorbés). L'emballement du système compétitif lui laisse peu de marge de manoeuvre. Les pays s'affrontant dans la course aux médailles transforment le champion en héros national. Les téléspectateurs vibrent au rythme des records battus. Les sponsors soutiennent les vainqueurs.

Jean-François Bourg - Chercheur au Centre de droit et d'économie du sport (CNRS-Université de Limoges) ; auteur de "L'argent fou du sport", La Table ronde, Paris, 1994. (Article du Monde Diplomatique)

- La surcharge du calendrier sportif


Cet argument est fréquemment avancé. Pourtant, il semble très relatif. En effet, n'y aurait-il qu'une seule course par an, le dopage n'en disparaitrait pas pour autant, au contraire !
On peut aussi remarquer que les distances parcourues lors des derniers Tour de France a plutôt eu tendance à décroître sans qu'on n'observe de réduction des pratiques dopantes, bien au contraire.


- L'intensification des charges d'entraînement


- La promotion d'images de produits dopants


Jusqu'aux années 60 (et même encore plus tard), le dopage était largement toléré, y-compris par le milieu médical. Le Docteur de Mondenard a même retrouvé ce texte dans le Vidal de 1914 :
"En parcourant des documents anciens, je suis tombé sur une trouvaille vraiment étonnante qui atteste de sa prédominance déjà avant la Première Guerre mondiale.
Il s'agit de la présentation du Kolayo®, un médicament à base de Kola (caféine) et de coca (cocaïne) qui figure dans la première édition du dictionnaire du médicament Vidal en 1914. A la rubrique indications, on peut lire en toutes lettres "tonique et stimulant pour cyclistes" au milieu d'une kyrielle de maladies comme l'anémie, la chlorose, la débilité générale, le diabète, la neurasthénie, etc. "
(Sport & Vie n°80 - Septembre 2003)

Les champions, par leur attitude parfois laxiste incitent aussi, consciemment ou non, au dopage. Le Canard Enchaîné du 14/04/2004 relève : "Produit très « tendance », la créatine est interdite à la vente en France mais pas à la consommation. Elle est dangereuse pour la santé et n'améliore guère les performances. Or les aveux de Zidane ou de Mary Pierce, qui ont reconnu avoir utilisé ce produit, en ont, un temps, dopé la consommation."

- Les habitudes de consommation de la société


- Les effets du stress et l'absence de préparation à l'échec sportif


- Le manque d'investissement diversifié


- La pression ou le désintéressement familial


- La médicalisation des structures sportives


- La pression du milieu


"Les anciens cyclistes de 25-30 ans peuvent être de très mauvais conseil. Non seulement les jeunes les écoutent, surtout s'ils ont gagné des courses. Mais encore, s'ils se sont dopés, ils se recyclent dans la vente de produits dopants. Ils connaissent les filières."

Jean-Bernard Mest - Directeur technique à l'Union cycliste briochine (Enquête de Muriel Gremillet)

"Pourtant j'ai failli être parjure. J'ai flanché. Je me suis piqué, trois ou quatre fois. Je me suis injecté de l'eau et du glucose. Une autre fois, je me suis laissé tenter par de la caféine. L'aiguille a raté la veine. Qu'importe, j'étais passé à l'acte, même s'il était manqué."

Christophe Bassons - Positif

"Le dopage des uns entraîne le dopage des autres ; c'est bien sûr le dopage lui-même et non le calendrier ou la difficulté de l'épreuve qui est la vraie source du dopage."

Jean-Pierre De Mondenard (Dopage - L'imposture des performances)

- La compétition


Pour certains, tels Albert Jacquard, c'est la compétition elle-même qui inéluctablement engendre le dopage. Pour lire sa thèse, cliquez ici.