|
ICCD : Indice de Confiance Cyclisme-Dopage.comTotalEnergies - Saison 2024 |
Retraité des pelotons, Jean-René Bernaudeau s'investit d'abord dans le milieu amateur en créant la structure Vendée-U en 1991. Sur cette base, il crée l'équipe Bonjour en 2000. L'équipe s'appellera ensuite La Boulangère, Bouygues Telecom, Europcar et enfin Direct Energie, avant que le groupe TotalEnergies n'apporte ses pétro-euros en 2019.
Après quelques écarts quand il portait un dossard et quelques rechutes (comme lorsqu'il recrute le déjà sulfureux Joseba Beloki en 2004, pendant six mois, deux ans avant que celui-ci ne soit lié au scandale Puerto), Bernaudeau tient depuis 2000 un discours ferme contre le dopage. Il est parfois moqué. On l'a fait ici même, parfois.
Le Tour de France de Thomas Voeckler et de l'ensemble des Europcar en 2011 était, disons… épatant. D'ailleurs à cette époque, la justice s'est intéressée à l'équipe, l'Oclaesp ayant été informée d'un éventuel usage de perfusions de récupération et de corticoïdes. L'enquête ouverte par le pôle santé du parquet de Paris finira classée sans suite.
Depuis, l'équipe a clairement baissé d'un ton, semblant se reconvertir dans le recyclage de stars vieillissantes comme Niki Terpstra ou Peter Sagan (et en attendant Julian Alaphilippe ?). L'analyse de son passé inquiète, celle de son présent rassure.
La première affaire de dopage de la formation vendéenne intervient dès sa première année en 2001. Il s'agit du contrôle positif de Noan Lelarge pendant le Tour d'Italie. Le laboratoire antidopage trouve dans ses urines de la Triamcinolone acétonide, un glucocorticostéroïde. L'équipe Bonjour lui dit immédiatement au revoir.
Quatre ans plus tard, en septembre 2005, l'Espagnol Unaï Yus est mis à pied par Bouygues Telecom. Pendant le Tour d'Espagne, il transportait dans sa valise des médicaments que le médecin de l'équipe ne lui avait pas prescrits. Pour le coup, Jean-René Bernaudeau a bien fait de prendre les devants car l'analyse commanditée par la formation révéle qu'il s'agissait d'hormones de croissance. Yus est licencié. Par la suite, il effectuera trois piges en 2006 dans l'équipe portugaise Paredes Rota Dos Moveis (ancètre de LA Alumínios-LA Sport) avant de mettre un terme à sa carrière.
Anthony Charteau n'a pas non plus été contrôlé positif. Le meilleur grimpeur du Tour 2010 est toutefois mis au repos avant la 4ème étape des Quatre Jours de Dunkerque 2012 en raison de l'effondrement de son taux de cortisolémie. L'analyse a été diligentée car son équipe Europcar appartient au Mouvement pour un Cyclisme Crédible (MPCC). Un taux de cortisolémie effondré, synonyme d'insuffisance surrénale, atteste généralement d'une prise de corticoïdes. Au début des années 2010, des rumeurs circule sur l'utilisation intensive de cette substance au sein de l'équipe de Jean-René Bernaudeau. Une enquête préliminaire du Parquet de Paris sera même ouverte à l'issue de la Grande Boucle 2011. Elle sera classée sans suite faute d'éléments suffisants pour ouvrir une information judiciaire.
Il est notable que sur trois des cas cités ici, un seul relève d'un contrôle positif. Le deuxième repose sur un contrôle interne à l'équipe qui aurait tout aussi bien pu être étouffé. Le troisième découle de l'adhésion au MPCC.
Le cas de Björn Thurau est beaucoup plus embarrassant. Prix dans la tourmente de l'opération Aderlass, le fils de Dietrich Thurau est condamné en août 2021 par l'Agence nationale antidopage (NADA) qui le suspend pour neuf ans et six mois pour de multiples violations des règles antidopage entre 2010 et 2014, période qui couvre les trois années pendant lesquelles il courait sous les couleurs d'Europcar. La justice lui reproche la possession, l'usage ou la tentative d'usage, la mise sur le marché ou la tentative de mise sur le marché de substances interdites ou de méthodes interdites. Il organisait notamment des livraisons de produits dopants avec le Suisse Pirmin Lang. La sanction débute le jour de la décision soit le 19 août 2021.
Cela fait maintenant dix ans que les TotalEnergies n'ont plus été impliqués dans des affaires de dopage.
Coureur | Produit | Course | Date | Sanction | Contrôle |
Thurau Bjorn | Possession, utilisation, trafic de substances interdites et de méthodes interdites | 2014 | Oui | Enquête policière | |
Thurau Bjorn | Possession, utilisation, trafic de substances interdites et de méthodes interdites | 2013 | Oui | Enquête policière | |
Charteau Anthony | Cortisolémie élevée | Quatre jours de Dunkerque | 2012 | Oui | Contrôle positif |
Thurau Bjorn | Possession, utilisation, trafic de substances interdites et de méthodes interdites | 2012 | Oui | Enquête policière | |
Yus Unaï | Possession d'hormones de croissance | 2005 | Non | Flagrant délit | |
Lelarge Noan | Acétonide de triamcinolone | Tour d'Italie | 2001 | Oui | Contrôle positif |
Pour voir plus d'informations sur l'équipe dans l'annuaire du dopage, cliquez ici
L'année dernière, la présence de Victor De La Parte Gonzalez avait pénalisé l'équipe. Le coureur avait été impliqué dans un vaste réseau de distribution de produits dopants en 2011. Après trois années chez TotalEnergies, il a filé chez Euskatel-Euskadi.
Aucun coureur actuellement dans l'équipe TotalEnergies n’a été épinglé dans notre annuaire du dopage.
L'équipe compte deux dirigeants épinglés dans notre annuaire du dopage : Jean-René Bernaudeau, le big boss, et Lylian Lebreton, directeur sportif.
Jean-René Bernaudeau, le patron de l'équipe, est au nombre des coureurs qui refusent de se présenter au contrôle antidopage effectué à l'issue du Critérium de Callac en 1982. Les coureurs, avec Bernard Hinault à leur tête, protestent. Depuis 1973, le laboratoire antidopage français avait pris l'habitude de prendre des vacances en août, ce qui permettait aux coureurs de remplir le tiroir-caisse pendant les critériums sans craindre un contrôle. S'exprimant dans L'Equipe le 17/08/1982, Bernaudeau invoque « une atteinte à la liberté du travail ». Un constat de carence (qui vaut contrôle positif) est établi à l'encontre de Bernaudeau et des autres « grévistes ». La sanction prévue était d'un mois de suspension avec sursis assortie d'une amende de 1100 francs suisses. Devant la levée de boucliers et la menace de boycott des championnats de monde, la Fédération Française de Cyclisme renonce à appliquer la sanction.
L'usage des stimulants pour tenir pendant le marathon des critériums d'après-Tour est de notoriété publique. Au procès dit des « Six Jours de Bercy 1986 », une affaire de trafic d'amphétamines, qui se tient en 1990 du Palais de Justice de Paris, Jean-René Bernaudeau justifie : « On n'est pas là pour se faire plaisir mais pour gagner de l'argent. A l'époque, une bonne tournée de critériums représentait 50 pour cent de mes revenus annuels... De plus, la loi nous oblige à rembourser le double de notre cachet en cas d'abandon. J'en faisais pas mal, jusqu'à 18 en 20 jours ».
Dans sa carrière, Jean-René Bernaudeau a également consulté, pour soigner un genou récalcitrant, le médecin le Dr François Bellocq, adepte du rééquilibrage hormonal.
Pendant le Tour de France 1980, Philippe Miserez, médecin du Tour, s'insurge contre l'usage de la cortisone pour soigner ces maux et met directement en cause Jean-René Bernaudeau et son médecin.
En 1981, Bernaudeau a également fait appel aux connaissances de Bernard Sainz, alias docteur Mabuse. A son propos, le faux médecin pleurniche dans son livre Les stupéfiantes révélations du Docteur Mabuse : « En cette année 2000, où Jean-René vient de prendre la direction d'une nouvelle équipe baptisée Bonjour, je suis d'autant plus navré d'apprendre la consigne qui a été donnée à ses coureurs : “ Le premier qui a affaire à Bernard Sainz est viré sur-le-champ ” ». Si l'anecdote est vraie, elle est à porter au crédit du Vendéen.
Lylian Lebreton, directeur sportif, a avoué avoir eu recours au dopage et notamment à l'EPO. Interrogé en septembre 1998 par le juge Keil qui enquête dans le cadre de l'affaire Festina, il admet avoir utilisé des corticoïdes chez Aubervilliers 93-Peugeot (où il a couru en 1994-1995) puis de l'EPO chez Festina (1996-1997).
Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.
Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :
Thomas Voeckler, l'ancien coureur emblématique de la formation vendéenne n'est pas parvenu à allumer les radars même si son Tour de France 2011 interroge. Sur le papier, rien d'anormal : il passe devant le radar (puissance moyenne sur les ascensions longues) à 397 Watts-Etalons (WE). Si l'on exclut l'ascension de l'Alpe d'Huez qu'il effectue à sa main après avoir perdu le Tour de France dans le Galibier, il est à 405 WE. C'est sous le seuil « suspect » tel que le définit Antoine Vayer. Sa transformation reste néanmoins étonnante.
Avant 2010 et excepté sur le Tour de France 2004 lorsqu'il devait défendre le maillot jaune en montagne, Voeckler n'a jamais été réellement un grimpeur. Les premiers signes de transformation datent de la fin du Tour d'Italie 2010 où il termine 12ème de la difficile étape se terminant au Sommet du Passo di Tonale. Il termine le Tour de France 2011 au pied du podium en développant 6% de puissance en plus sur les derniers cols par rapport à 2004, sa meilleure année jusque-là.
En 2012, il fait encore un bon Tour en remportant le maillot de meilleur grimpeur et deux étapes de montagne. Son raid pour l'emporter à Luchon est détonnant. Frédéric Portoleau l'analysait dans le magazine Tous dopés ? La preuve par 21.
Aucun coureur actuellement dans l'équipe TotalEnergies n’a allumé les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer.
Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.
Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :
Aucun membre de l'encadrement actuellement dans l'équipe TotalEnergies n’a allumé les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer.
Le MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible) est une association créée en 2007 par des équipes cyclistes professionnelles dont le but est de défendre l'idée d'un cyclisme propre, en imposant le strict respect du code éthique de l’UCI et pouvant aller jusqu’à imposer des règles plus strictes que ne l’impose le Code Mondial Antidopage édicté par l’AMA. En plus des équipes, le MPCC offre la possibilité aux coureurs et membres de l’encadrement des équipes d’adhérer à titre individuel.
Total – Direct Energie adhère au MPCC depuis sa création en 2007. La moitié des coureurs et un quart des encadrants y adhèrent à titre individuel.
On l'a vu plus haut, l'adhésion au MPCC a conduit Europcar à mettre Anthony Charteau au repos en 2012. En 2013, c'est au Tour de Pierre Rolland de présenter un taux de cortisol effondré ou, plus exactement pour reprendre les termes de la défense, « très bas ». « La valeur basse relevée s'explique parfaitement par le traitement nasal suivi par le coureur et administré sous contrôle du médecin de l'équipe, ainsi que par l'heure inadéquate du contrôle », justifie l'équipe. Problème, elle n'a pas retiré le coureur du Dauphiné libéré. Le MPCC exclut temporairement l'équipe Europcar.
Pendant le Tour de France 2023, Jean-René s'élève contre l'utilisation des cétones : « Je suis allé voir ceux qui les utilisent, ils disent que cela ne sert à rien et que cela coûte cher. Si cela ne sert à rien, pourquoi continuent-ils d'en utiliser ? Cela m'interpelle. Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas bon pour la crédibilité du vélo. Nous devons être crédibles et attractifs ».
Pour la saison 2024, l'équipe obtient la note de 17,6/20. Ceci la place en 1er position sur 27.
L'année passée, l'équipe était douzième de notre classement. Le départ de Victor De La Parte Gonzalez nous rassure et contribue à améliorer la note de TotalEnergies. Pour cette année 2024, l'équipe s'illustre donc pas sa première place dans notre classement et de médiocres résultats sportifs. Hasard ou coïncidence ?