Actualité du dopage

Heulot avait alerté les dirigeants de Saunier-Duval


19/07/2008 - ouest-france.fr - Gérard Gourmelon

NÎMES (de l'un de nos envoyés spéciaux). Par le biais de sa société HPC Événements, Stéphane Heulot était chargé des relations publiques pour le groupe Saunier-Duval sur le Tour de France, entre 2005 à 2007. Le Rennais faisait de la représentation pour la marque et conduisait ses invités. En aucun cas, il n'avait des contacts avec la structure sportive de l'équipe, dirigée par Mauro Gianetti. Après avoir noué des liens avec les dirigeants de l'entreprise, dont le siège est basé à Nantes, l'ancien champion de France et maillot en 1996 n'a pas hésité à les alerter sur les doutes qu'il avait sur la formation espagnole, au coeur du scandale depuis le contrôle positif de Riccardo Ricco. Entretien.

Stéphane Heulot, comment êtes-vous arrivé à exprimer vos doutes sur cette équipe auprès des responsables de la société Saunier-Duval ?

Le contrat de partenariat entre l'entreprise et l'équipe cycliste avait été signé par des personnes qui l'ont quittée depuis. Les dirigeants, notamment le président Thierry Leroy, m'ont alors demandé conseil, car ils ne connaissaient rien au vélo. Un exemple : à la présentation de l'équipe avant le Tour 2005, la responsable de communication a présenté Mauro Gianetti comme « le patron des chaudières Saunier-Duval ». En entendant cela, j'ai cru à une blague. Elle ne savait même pas que dans le jargon, une chaudière est un coureur dopé !

Qu'est-ce que vous leur avez dit exactement ?

Je leur ai présenté Mauro Gianetti, le manager et propriétaire de la structure sportive de l'équipe, et je leur ai donné mon sentiment sur cet homme (!)... C'est quelqu'un que je connais bien. Il a été mon coéquipier à la Française des Jeux et je partageais sa chambre lors du fameux Tour de Romandie, où il a failli mourir après avoir absorbé du PFC. À l'époque, je n'avais rien vu, il faisait ses trucs dans son coin. Il a un côté très poli, très avenant. Mais, de l'autre...

Pourquoi Saunier-Duval est-il resté dans le cyclisme alors ?

Parce que leur contrat était bétonné juridiquement. Gianetti avait tout verrouillé, comme si on avait confié les clés de la Banque de France à Al Capone. Sans condamnation officielle d'un de leurs coureurs, ils ne pouvaient pas s'en aller. Le cas de Mayo (contrôlé positif à l'EPO sur le Tour de France 2007) n'ayant toujours pas été réglé, ils n'ont pas pu le faire l'an passé. Cette fois, avec Ricco, je crains qu'ils aient tout ce qu'il faut pour quitter le vélo. C'est regrettable, car j'ai rencontré chez Saunier-Duval des gens très bien, avec qui j'ai sympathisé. Je peux dire qu'ils aimaient le vélo. Mais à cause de Gianetti, ils vont sans doute partir. Pour cela, il est impardonnable.

À la vue des récentes performances de l'équipe, pensez-vous qu'il y avait un dopage organisé chez Saunier-Duval ?

Oui. Le dopage est tellement ancré chez certains managers, comme Gianetti, qu'ils ne peuvent pas concevoir le cyclisme autrement. Jusqu'ici, cela ne se voyait pas trop parce que les coureurs de Saunier-Duval ne « marchaient » jamais sur le Tour. Mais après ce qu'on a vu dans les Pyrénées... Il y a trois jours, Thierry Leroy, le PDG, m'a appelé pour me demander ce que je pensais de ces victoires. Il voulait croire qu'ils gagnaient parce que les autres avaient arrêté de se charger. J'ai lui répondu que non, il ne fallait surtout pas y croire...

Quel est votre sentiment sur cette vague de contrôles positifs depuis le départ du Tour ?

Avec Beltran et Duenas, on a pris des mecs qui n'ont jamais fait un mètre de vélo sans se charger. Mais la très bonne nouvelle, c'est qu'on a aussi chopé un coureur, Ricco, et sans doute son équipe, qui se croyait à la pointe du dopage et qui pensait ne jamais se faire prendre.

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Cette page a été mise en ligne le 02/10/2022