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Actualité du dopage |
Enquête. Suspendu provisoirement depuis le 5 février par l'union cycliste internationale, en raison d'anomalies sanguines dans son passeport biologique, puis licencié par son équipe Decathlon-AG2R le 26 mars le coureur breton Franck Bonnamour (29 ans) est déterminé à démontrer sa bonne foi.
(...) Depuis la notification par l'Union cycliste internationale de sa suspension provisoire puis le licenciement de son équipe en mars dernier, Franck Bonnamour est entré dans un long processus juridique. Présumé coupable. Le cycliste breton n'a pas accepté le deal proposé par I'UCI : avouer la violation des règles antidopage afin de réduire sa sanction. Pourquoi reconnaitre sa culpabilité alors qu'il estime n'avoir commis aucune faute ?
Maintenant, à lui de démontrer son innocence, notamment en prouvant scientifiquement qu'il possède un profil biologique particulier. Il n'a pas été contrôlé positif à une substance interdite, mais doit expliquer ces anomalies sanguines apparues dans le cadre de son suivi longitudinal, suite à ce contrôle antidopage subi au matin de la 20e étape (...) du Tour de France 2022.
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Un profil atypique constaté en 2016
Franck Bonnamour ne vient pas de nulle part. Sa trajectoire linéaire est celle d'un enfant de la balle. Son père Yves a été professionnel à la fin des années 1980, équipier de Laurent Fignon, vainqueur de la Route du Sud. Sa mère Christine a été championne de France sur piste, a couru avec Jeannie Longo, notamment le Tour de France il y a quarante ans.
Champion de Bretagne cadet, champion d'Europe junior, vice-champion de France espoir, Franck Bonnamour est passé pro après avoir tenu tête aux régulièrement Mads Pedersen et Mathieu Van der Poel devenus depuis champions du monde. Seule la Polynormande 2022 figure à son palmarès.
Suspecté de transfusion sanguine, du dopage lourd, des manipulations complexes à organiser seul, le coureur originaire de Lannion nie farouchement tout dopage, clame son innocence et suit à la lettre les conseils du cabinet d'avocats qu'il a choisi. Pas de déclaration. (...)
« Je n'ai jamais rien constaté d'anormal dans son suivi, certifie Samuel Maraffi, médecin de l'équipe B & B Hotels, l'équipe de Franck Bonnamour en 2021 et 2022. Il doit prouver que la production, la hausse de globules rouges peut avoir une autre explication que par du dopage. » C'est la thèse du profil biologique atypique déjà constaté lors de sa première année professionnelle, en 2016 chez Fortuneo-Vital Concept, lorsque le médecin fédéral, Armand Mégret avait diligenté des tests complémentaires après un contrôle décelant des taux d'hémoglobine élevés et des fluctuations anormales.
Viré par son équipe
Voilà maintenant bientôt cinq mois que Franck Bonnamour ne peut plus exercer son métier. D'abord avisé d'une suspension par I'UCI début février, il a ensuite été lâché par son équipe, Decathlon AG2R, fin mars. Licencié. Son équipe lui reproche de ne pas avoir été avisée, lorsque l'UCI lui avait demandé de justifier les anomalies constatées dans son passeport biologique, avant d'ouvrir une procédure disciplinaire.
D'après nos informations, Franck Bonnamour avait prévenu aussitôt le médecin de l'équipe basée à Chambéry et son manager de l'époque (...). Cet hiver, lors de son entretien avec la nouvelle direction de l'équipe, c'est pourtant un défaut de loyauté qui est retenu pour le mettre à la porte. (...)
Il a 29 ans et mise sur une issue rapide et favorable. C'est ce qui le motive à entretenir sa condition physique avec de régulières sorties d'entrainement. Rouler longtemps, rouler vite pour espérer décrocher un nouveau contrat si son avocat parvient à annuler sa suspension provisoire devant le TAS.
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Deux prises de sang posent souci, celle du Tour de France 2022 alors qu'il présentait les symptômes du Covid et était déshydraté depuis deux jours, puis une autre quatre ans plus tôt, en octobre, alors qu'il partait en vacances. (...)
La pathologie (toxoplasmose puis Covid-19 en 2022) et la déshydratation sont autant de facteurs crédibles pouvant expliquer la modification de paramètres comme l'hémoglobine, l'hématocrite ou les réticulocytes. Tous les médecins consultés en conviennent. Reste maintenant aux experts sollicités par le cabinet d'avocats à le justifier. (...)
« Le passeport biologique nous donne de forts indices sur la possibilité qu'un athlète triche, mais il ne permet pas de l'affirmer », assure Neil Robinson, responsable du département scientifique et médical de l'International Testing Agency (ITA) et créateur du passeport biologique. Voilà tout le paradoxe d'un dossier qui confine désormais à la bataille d'experts, sur fond de biologie, hématologie et éléments matériels. L'éthique du Costarmoricain est mise à l'index, sa carrière a basculé comme s'il fallait faire de lui un exemple d'une lutte antidopage avec ses zones d'ombre et ses résultats sujets à caution.
Franck Bonnamour ne se résigne pas et va de l'avant. Il a vendu son appartement pour financer ses frais de justice. On parle de plusieurs dizaines de milliers d'euros, entre, honoraires d'avocats, rémunération d'experts et procédure devant le Tribunal arbitral du sport. Tant qu'il pourra payer, il paiera. Parce que l'honneur et la bonne foi n'ont pas de prix, sinon celui de pouvoir se regarder dans la glace.
Cette page a été mise en ligne le 04/08/2024