Actualité du dopage

Analyse du rapport de la CIRC

Mise à jour le 15/03/2015 - cyclisme-dopage.com

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Introduction

La CIRC a été mise en place par l'UCI le 8 janvier 2014 avec pour mission de rendre un rapport pour le 31 janvier 2015. Son mandat a été prolongé pour lui permettre de travailler jusqu'en février. La CIRC a remis son rapport au Président de l'UCI le 26 février. L'UCI l'a publié le 9 mars 2015. Nous avions pu en prendre connaissance la veille et nos fidèles visiteurs ont pu le découvrir en avant-première sur notre site.

La CIRC devait enquêter sur les grandes questions suivantes :

Sans surprise, personne n'est venu spontanément reconnaître sa pratique du dopage. Des coureurs purgeant actuellement une peine sont venus "spontanément" dans l'espoir d'obtenir une réduction de peine. Plusieurs personnes, dont des coureurs, des scientifiques, des ex-coureurs ou d'anciens employés de l'UCI ont refusé d'être interviewés par la CIRC. La commission n'avait aucun pouvoir coercitif à l'encontre des personnes qui pourraient avoir menti lors de leurs entretiens. Toutefois, les titulaires de licences UCI qui ont fourni de fausses informations à la CIRC pourraient être sanctionnés. Ils risquent une suspension pouvant aller jusque 8 ans. (Page 19)

La commission confirme avoir pu exercer ses investigations en toute indépendance, notamment vis-à-vis de l'UCI et de l'AMA. (Page 18)

Le rapport de la CIRC, attendu par beaucoup, décrié par certains, applaudi par d'autres, devrait servir de base et de référence aux évolutions futures du cyclisme. A moins qu'il ne finisse dans la pile des rapports inutiles. Quoi qu'il en soit, il mérite qu'on s'y arrête. Nous publierons donc ici un compte-rendu de lecture détaillé et critique, mettant en avant les points positifs et négatifs. Et, mauvais esprit oblige, nous mettrons en exergue ses inévitables perles plus ou moins cachées.

A ce stade, nous ne faisons que publier un modeste embryon qui prendra petit à petit sa taille et sa forme définitives. A suivre donc…



Une lutte contre le dopage en trompe l'œil

Le discours officiel de l'UCI s'est longtemps résumé à "nous sommes le sport le plus en pointe pour lutter contre le dopage". La commission étrille l'UCI et révèle que derrière ce gros cache-sexe, l'UCI cachait un tout petit zizi. La réalité, c'est une fédération qui tordait ses propres règlements, avantageait ses têtes de gondole (Armstrong en premier lieu), pilonnait les lanceurs d'alerte (Bassons, Voet, Landis, Hamilton) et engageait le fer contre quiconque essayait de mettre en évidence la faiblesse de sa lutte contre le dopage (Kimmage). (Page 9)

La commission a étudié deux périodes : 1992-2006 puis 2006-2007 à aujourd'hui. Pendant la première période, l'UCI minimise tous les cas de dopage, à chaque fois présentés comme le résultat de l'errance d'une brebis galeuse. Bernard Hinault, qui déclarait en 1997, "[le cyclisme] est le sport le plus sain de tous. Il ne faut pas avoir peur de le dire. Mais, dans tous les métiers, il y a des brebis galeuses. On ne peut rien faire contre elles" aurait fait un excellent porte-parole de l'UCI ! (Page 10)

A chaque nouveau contrôle positif, l'UCI fait semblant de tomber de sa chaise. Normal, les politiques mises en place étaient inadéquates, lit-on dans le rapport. Certes l'UCI a été en pointe pour appliquer de nouvelles méthode de recherche de substances dopantes. Mais pour que ces méthodes soient efficaces, écrit la commission, il faut prélever "les bons échantillons sur les bons coureurs au bon moment et les analyser dans les bons laboratoires". Quatre conditions que l'UCI n'avait aucune intention de réunir. Rechercher les tricheurs était perçu comme une chasse aux sorcières qui aurait nui à l'image du cyclisme. (Page 10)

Plus loin, la commission souligne que l'UCI a plus cherché à lutter contre l'abus de substances dopantes que contre l'usage. (Page 10)

A ce propos, on se souviendra de la savoureuse lettre de Léon Schattenberg, Président de la Commission Sécurité et Conditions du Sport, aux coureurs en août 1998 où il montre sa préoccupation principale : éviter l'"abus de dopage". Huit fois, il cite le mot abus :

Pour la petite histoire, on se souviendra qu'en 1998, Léon Schattenberg était à la fois membre de la commission antidopage de l'UCI (CAD), de la commission sécurité et conditions du sport de l'UCI (CSCS) et de la commission médicale de l'UCI (CM), présidée par un certain Francesco Conconi. Autant dire que la pensée de Léon Schattenberg reflétait bien celle de l'UCI dans son ensemble.

Toujours à la même époque, en 1997, la limitation de l'hématocrite à 50% (47% pour les femmes) a immédiatement était perçu comme un encouragement à se doper pour les coureurs qui ne prenaient pas encore d'EPO et se situaient très en-deça de cette limite. (Page 36)

En résumé, avant 2006-2008, un grand nombre de mesures prises ont "servi à saper les efforts de la lutte antidopage". Voilà qui a le mérite d'être clair. (Page 13)

A partir de 2006-2007, l'UCI a mené une politique plus offensive pour rechercher les tricheurs, admet la commission. C'est alors la mise en place des contrôles inopinés, des contrôles ciblés, du passeport sanguin puis biologique et la création de la Fondation Antidopage du Cyclisme (CADF). Ces évolutions ont permis de modifier considérablement le comportement des coureurs, enchaîne la commission. Las, le public n'en a pas pris la mesure en raison de la faiblesse des dirigeants de l'UCI et de leurs hésitations.

Résultat de ce laxisme, "le dopage et la tricherie restent évidents dans le peloton, même s'il sont probablement moins endémiques que par le passé. (Page 20)



Une culture du dopage

La commission confirme l'existence d'une "culture du dopage" dans le sport cycliste. Pat McQuaid avait lui-même fini par utiliser ce terme pendant une conférence de presse en septembre 2012. Mais c'était pour en parler au passé : «Il existait une vraie culture du dopage que nous sommes en train d'éradiquer mais il faut du temps», dit-il alors. La CIRC s'en garde bien et insiste lourdement :

A partir des années 1990, le dopage est partout. Les coureurs, convaincus que leurs collègues sont chargés, se dopent à leur tour. Un véritable effet bonhomme de neige. La CIRC évoque aussi "l'effet de faux consensus" : les coureurs dopés surestiment la prévalence de l'usage de produits dopants chez les autres coureurs. Elle ajoute toutefois, non sans humour : "depuis le début des années 1990 jusqu'au milieu / fin des années 2000, il aurait été difficile de surestimer la prévalence de l'usage de drogues dans le peloton. Traduisez : tout le monde se dope ou presque. (Page 23)

Un rapport de 1994, cité par la commission, étudiant l'usage de l'EPO chez les professionnels italiens, évalue entre 60 et 80 le pourcentage de coureurs consommant de l'EPO. Des témoins entendus par la CIRC poussent le curseurs à 90%. On notera pour la plus grande fierté tricolore que Laurent Jalabert ne mangeait pas de ce pain là, ainsi qu'il eu l'occasion de s'en expliquer devant les sénateurs français. Dommage qu'il n'ait pas pris le temps de faire de même devant la CIRC. Il faut dire que les questions auraient peut-être été plus précises et incisives. (Page 34)

Cette culture du dopage a tellement bien infusé qu'elle sera très difficile à éradiquer. La commission s'inquiète notamment de la présence persistante dans le milieu d'ancien coureurs qui ont exercé lorsque le dopage était normal. Elle ne cite pas de nom. Nous non plus, la liste est trop longue. Conséquence logique, les "coureurs sont encore réticents à signaler le dopage ou la conduite suspecte aux autorités". Il n'est qu'à voir les réactions à l'annonce de nouveaux cas de dopage. Combien s'expriment ouvertement devant la presse ? Combien poussent un coup de gueule sur leur compte Twitter ? L'annonce du contrôle positif de Lloyd Mondory, le lendemain de la publication du rapport de la CIRC, marquera peut-être le début d'une nouvelle ère au vu de la virulence de certaines déclarations. (Page 12)

Qui dit culture du dopage, dit aussi rejet de ceux qui ne l'adoptent pas, voire qui la combattent. Nul n'ignore les mésaventures de Christophe Bassons. Le rapport cite aussi le cas d'un coureur qui, ayant refusé de se dopé, vit ses propres coéquipiers se mettrent à rouler contre lui. Il était plus facile pour un coureur de retour de suspension de trouver une équipe que pour un coureur ouvertement contre le dopage. Mais faut-il en parler au passé ? Regardez avec quelle plaisir, à l'intersaison 2014-2015, l'équipe Tinkov accueillit dans son encadrement une tripotée d'ancien coureurs dopés. (Page 24)

La commission est forcée de constater que l'Omerta règne aujourd'hui encore dans le sport cycliste. (Page 24)

Bonne nouvelle, selon la CIRC, il n'existe plus de dopage organisé comme à la grande époque US Postal, Festina et TVM, pour ne citer que celles qui se sont fait pincer. Les coureurs qui se dopent s'organisent maintenant dans leur coin. Est-ce heureux ? Pas sûr. On se souvient que Bruno Roussel avait précisément organisé le dopage pour éviter que ses coureurs ne fassent n'importe quoi et courent des risques inconsidérés pour leur santé. (Page 12)

Mieux encore, la commission note qu'"il y a maintenant des équipes qui ont une culture antidopage forte", même si de nombreux témoins ont affirmé que ce n'était pas le cas dans toutes les équipes. "Il est clair que des développements positifs ont été réalisés dans la politique antidopage de l'UCI au cours six dernières années, mais il reste encore beaucoup à faire". (Page 13)

La CIRC indique avec satisfaction qu'"il semble que les coureurs d'aujourd'hui ont le choix de se doper ou non, alors qu'auparavant un coureur qui voulait être concurrentiel dans les grandes courses n'avaient pas vraiment le choix". (Page 20)

Motif d'inquiétude, à la grande époque du dopage à tous les étages, les rares qui ont réussi à résister sont des coureurs qui avaient une issue de secours, sous la forme d'un diplôme universitaire ou d'un vrai métier. La part des coureurs d'aujourd'hui, toujours vulnérables car ayant abandonné leurs études très jeunes, reste énorme. Des progrès ont été faits, en France notamment, mais qu'en est-il dans les ex-pays de l'Est, par exemple ? (Page 40)



L'efficacité du dopage

Oui le dopage est efficace. Oui on peut faire d'un bourrin un pur-sang. Aujourd'hui encore, le dopage permettrait, selon des témoins entendus par la commission, un gain de performances de l'ordre de 3 à 5%, contre 10% il y a 10 ans. (Page 25)

3%, 5%, 10%... Ce ne sont que des chiffres. Mais appliquons-les aux classements du Tour de France. Que constate-t-on ? En 2014, la lanterne rouge, Ji Cheng, termine un peu plus de 6 heures après Vincenzo Nibali. Enorme ? C'est seulement 6,7% plus lent que le maillot jaune. Le 53ème du classement, Benjamin King, est 3% plus lent que le maillot jaune. A la fin du Tour de France 2004, Lance Armstrong écrase Jimmy Casper, dernier à près de 4 heures, de... 4,7%. Oui, seulement 4,7%. Si le dopage lui a permis d'améliorer ses performances de 10%, sa valeur "naturelle" le place loin derrière la lanterne rouge. A condition que Jimmy Casper ait couru ce Tour 2004 à l'eau claire, bien entendu.

La commission tient pour acquis que le gain apporté par le dopage à l'EPO est de 10%, voire 15%. Quoiqu'il en soit, elle note qu'"aucune personne entendue par elle ne pense que l'EPO n'apporte pas un gain de performance". Le rapport cite plusieurs études montrant que le dopage à l'EPO permet d'améliorer la VO2Max de 8 à 12%. La VO2Max ? Oui, oui, celle-là même que Chris Froome prétent ne pas connaître. (Page 33)



Le rôle des médecins

Le rôle des médecins dans l'expansion de la culture du dopage n'est plus à démontrer et, sans surprise, la commission le souligne.

Le professeur Francesco Conconi s'est vu attribuer par Sandro Donati le titre officieux "père des médecins dopeurs italiens". Dans les années 90, il s'est vu attribuer plus de 2 millions d'euros pour mener des recherches sur le dopage et singulièrement sur un test de détection de l'EPO. Le bougre en profita pour partager ses connaissances avec des cobayes du nom de Marco Pantani, Claudio Chiappucci ou encore Gianni Bugno. Ce dernier est aujourd'hui Président du CPA (Cyclistes Professionnels Associés), le syndicat des coureurs professionnels. Défense de rire. (Page 34-35)

Le célèbre Docteur Michele Ferrari est un disciple du Professeur Conconi, avec qui il a travaillé au centre de préparation" de Ferrare. Dans le cadre d'une enquête sur un trafic de produits dopants pour des lapins menée en 1997, le procureur de Bologne, Giovanni Spinosa, épluche les papiers de la pharmacie Giardini Margherita, à Bologne. Le magistrat découvre que plusieurs sportifs s'approvisionnent en produits dopants dans la petite officine. Il remonte ainsi jusqu'à Michele Ferrari et une liste de 22 coureurs, dont Ivan Gotti. L'épilogue de cette affaire interviendra en 2006 avec l'acquitement du médecin, les faits étant déclarés prescrits. Entre temps, le bon Michele aura eu l'occasion de s'illustrer dans d'autres affaites. (Page 37)

A partir de 1995, les trops méconnus Docteur Lothar Heinrich et Professeur Andreas Schmid s'illustrent en Allemagne, à l'université de Fribourg. Epaulés par le soigneur Jef D'Hont, ils exercent leurs talents avec les coureurs de l'équipe Telekom. Pendant le Tour de France 1996, leur cobaye de laboratoire, un dénommé Bjarne Riis, "subit" une injection de 4000 doses d'EPO et deux doses d'HGH tous les deux jours. Doté d'un hématocrite de 60%, avec des points à 64%, le coureur danois ridiculise ses adversaires et écrase la Grande Boucle. Preuve est faite qu'on peut fabriquer un vainqueur du Tour à partir d'un modeste équipier, savemment trafiqué. La recette fera des envieux. Jef D'Hont mettra ensuite ses connaissances au service de la France et de l'équipe Française des Jeux de Marc Madiot. (Page 38)



Le rôle des pharmaciens

Les médecins dopeurs seraient peu de chose sans les laboratoires pharmaceutiques, qui fabriquent la matière première, et sans les pharmaciens. La CIRC exonère les premiers. Elle n'a pas trouvé de preuve qu'ils aient fourni directement des équipes. Sponsoriser des équipes ou des courses (Amgen avec le Tour de Californie, par exemple) et passer à la caisse en vendant leurs produits semble les contenter. En parallèle, certains collaborent effectivement avec les autorités antidopage. (Page 40)

En revanche, les pharmaciens, ou plus exactement certains d'entre eux, n'hésitent pas à profiter d'une part du magot. En Europe, les traficants se fournissent de préférence dans des pharmacies suisses, espagnoles, portugaises ou allemandes. (Page 40)

Qui dit pharmacie dit aussi pharmacie d'hôpital. Un coureur auditionné par la commission affirme que 90% de l'EPO consommée en Italie par les sportifs provient de vols dans des pharmacies d'hôpitaux de la péninsule. (Page 40)

LA commission ne le mentionne pas, mais les produits peuvent aussi être volés dans des entreprises qui approvisionnent les pharmacies, comme dans l'affaire d'Abbeville à la fin des années 90. (Page 40)



Le rôle des media

Les media ont évidemment joué un rôle éminent dans la diffusion de la culture du dopage. Chacun aura en tête de nombreux exemples de journalistes d'hier ou d'aujourd'hui qui se comporte plus comme des fans que comme des journalistes. Pour un Pierre Ballester, combien de John Wilcockson ? Pour un cyclismag.com, combien de Cyclism'Actu ? (Page 83)



Lance Armstrong positif aux corticoïdes sur Tour de France 1999

Chacun sait désormais que Lance Armstrong consommait de l'EPO dès le Tour de France 1999. A l'époque, la substance n'était pas détectable. En revanche, les corticoïdes l'étaient depuis quelques jours seulement. Plusieurs coureurs se firent piéger, Armstrong y-compris, dès le prologue du Tour de France. La commission établit ce que l'américain, l'UCI et une partie de la presse béni-oui-oui s'efforcèrent de nier pendant des années : c'est bien un certificat médical antidaté, établi par Luis Del Moral, le médecin de l'US Postal, que présenta le coureur pour échapper aux sanctions. Il faut dire qu'après le désastre de l'affaire Festina, l'UCI tenait à tout prix à présenter un vainqueur propre. Le Tour 1999 n'était-il pas celui du renouveau ? (Page 7)

A l'époque, Lance Armstrong eut quelque peine à se justifier :

(Pour en lire plus sur le sujet, cliquez ici)



Lance Armstrong positif à l'EPO sur Tour de France 1999

Des informations parues en 2012 laissaient penser que Lance Armstrong aurait été positif lors du Tour de Suisse 2001 et que l'affaire aurait été étouffée avec la complicité de l'UCI. L'américain fit un don de 25000 dollars à l'UCI, payé en mai 2002. La commission affirme que le texan n'était pas positif à l'EPO, même si trois de cinq de ses échantillons urinaires furent considérés comme "suspects". La commission n'établit pas de lien entre les deux événements. (Page 6)

Le 23 août 2005, le journal L'Equipe démontrait que six échantillons d'urine prélevés sur le texan pendant le Tour de France 1999 contenaient de l'EPO. L'UCI au travers de son président Hein Verbruggen tenta de blanchir l'américain en demandant à un expert "indépendant", le fameux Emile Vrijman, en réalité un proche de Verbruggen. Dick Pound, le Président d'alors de l'Agence mondiale antidopage évoquera une plaisanterie à propos de ce rapport. En janvier 2005, Armstrong proposa de verser 100000 euros à l'UCI pour l'aider dans sa lutte contre le dopage. La somme fut versée en janvier 2007. Elle permit à l'UCI d'acheter une machine Sysmex. La commission considère que le timing du don ne permet pas de faire de lien avec le rapport. (Page 7)

Les plus motivés peuvent s'amuser à lire ce rapport ici. Ils constateront que celui-ci ne s'intéresse qu'aux conditions dans lesquelles le journal L'Equipe obtint les copies des procès-verbaux des contrôles positifs. La positivité ou non de ces contrôles n'intéressait visiblement pas Mimile Vrijman, le bon toutou à son Hein. La commission le confirme écrivant que "l'UCI limita volontairement l'étendue du mandat" de Mimile. Mieux encore, l'UCI et les conseillers d'Armstrong lui soufflèrent une bonne partie du rapport. "L'UCI n'avait aucunement l'intention d'élaborer un rapport indépendant, assène la commission". (Page 8)



Le comeback de Lance Armstrong

L'UCI est souvent la première à ne pas respecter ses propres règlements. Faites ce que je dis, pas ce que je fais. Le comeback de Lance Armstrong en 2009 en fut une illustration. L'UCI, dirigée par Pat McQuaid, lui permet de faire son retour dès le mois de janvier, au Tour Down Under, sans attendre les six mois réglementaires d'observation du programme de localisation. Il manque 13 jours. Contre l'avis des autres dirigeants de l'UCI, Pat McQuaid donne son approbation. Pour sa participation à la course australienne, Armstrong empochera 1 million de dollars. Le jour même où le bon Pat donne son accord, Lance lui fait savoir qu'il s'alignera aussi au départ du Tour d'Irlande, une course dirigée par des personnes que "connait" Pat, écrit pudiquement la commission. Je veux mon neveu : le Tour d'Irlande est dirigé par... Darach McQuaid, son frère, et Alan Rushton, co-organisateur de la Nissan Classic dans les années 90 avec un certain... Pat McQuaid. Dieu que l'Irlande est petite !



Laurent Brochard, champion du Monde frelaté

Dans sa dispensable biographie (S'ils savaient…), Laurent Brochard se définit comme un "esthète du sport". Défense de rire. A propos de son contrôle positif à la lidocaïne aux Championnats du Monde 1997, il continue d'affirmer au lecteur que c'était pour "se soigner". La commission tape sur les doigts de l'UCI, coupable d'avoir étouffé l'affaire en acceptant un certificat médical antidaté. Elle aurait dû, affirme la commission, engager une procédure disciplinaire. Voilà qui aurait évité à l'esthète les déboires de l'affaire Festina lors du Tour de France suivant. (Page 7)

Malicieuse, la commission cite les explications d'un rare cynisme d'Hein Verbruggen, que les lecteurs de Velo Magazine de mars 1999 pouvaient apprécier : (Page 171)



Les principales recommandations de la commission



Les auteurs du rapport



Les personnes entendues par la CIRC

La commission a entendu 174 personnes. 135 ont accepté que leur nom soit rendu public :