Actualité du dopage



«Froome a zéro crédibilité»


16/07/2015 - letelegramme.fr


Ancien entraîneur au sein de la formation Festina, Antoine Vayer est, depuis 1999, l'un des plus ardents pourfendeurs du dopage dans le cyclisme. Le Pordicais, qui a relayé sur les plates-formes des vidéos détaillées du succès de Chris Froome dans le Ventoux en 2013, mardi, ne donne aucun crédit au coureur britannique. Et il l'affirme haut et fort.

Antoine Vayer, est-ce exact que vous avez publié une vidéo de Chris Froome avec différentes données extrêmement précises dans le Ventoux en 2013 ?

Avec toutes ces conneries, je reçois des appels du monde entier depuis ce matin... Oui, c'est moi. L'an passé, pour Le Monde (...), j'avais préparé une double vidéo de la montée du Ventoux d'Armstrong et de Froome avec des données indirectes. Finalement, Froome avait abandonné. Il s'avère que, cette fois, par l'intermédiaire du pool de scientifiques que j'ai créé, j'ai enfin reçu le fichier que j'attendais de la victoire de Froome au Ventoux. J'ai vérifié si les données étaient les bonnes, elles l'étaient. J'ai dit : « Go, on y va ! ».

Que traduisent ces différentes données ?

Ce qui m'intéresse en premier lieu dans cette vidéo (...) ce n'est pas de dire que Froome est dopé. Les gens ont des yeux reliés à leur cerveau, ils regardent désormais le cyclisme d'une autre façon. Quand on observe cette vidéo, c'est comme en Formule 1, on a plein d'indices. Je suis d'ailleurs persuadé que, dans son canapé, on regardera le vélo de cette façon à l'avenir. On peut ainsi y visualiser la vitesse du coureur, sa cadence de pédalage, sa puissance, ses pulsations... Le premier but est donc pédagogique (...).

Et pour en revenir à la montée de Froome au mont Ventoux en 2013...

Elle démontre tout simplement, chiffres à l'appui, que Froome monte plus vite qu'Armstrong et Pantani de la grande époque. Elle montre qu'après cinq heures de vélo, ce mec-là est capable de produire des accélérations qui sont plus violentes que celles de Contador et Rasmussen chargés comme des mulets. (...) Elle montre que Froome tourne les pédales à 110 tours minutes. Demandez donc à un cycliste breton ce qu'il en pense ? Elle montre qu'il passe de 21 km/h à 31 km/h en l'espace de vingt secondes. Elle montre une fréquence cardiaque qui reste autour de 160-165 pulsations par minute. Elle montre une puissance qui dépasse 1000 watts. Bref...

Vous ne donnez aucun crédit à ses performances ?

Pour moi, Froome a zéro crédibilité. Je ne peux pas cautionner ça. Sérieusement, qui peut y croire ? Les gens ne sont pas des gogos. Il n'a du crédit qu'à travers la façon dont il est vendu par les gens de chez Sky. Brailsford, le patron de l'équipe, n'arrête pas de me dire que son coureur est exceptionnel mais quand je lui demande de jouer la transparence, il me répète qu'il est exceptionnel... Je veux bien. Qu'il me donne des explications rationnelles à ses performances qui, selon moi, sont irrationnelles par rapport aux lois de la physique et de la physiologie. Résultat, à cause de Froome, tout le monde tourne le cyclisme en dérision. Il fait mal au vélo. Mardi à la Pierre-Saint-Martin, j'ai vu du super vélo, c'était même fantastique, extraordinaire... mais au-delà de la 7e place. On a vu un final incroyable, Péraud, Nibali, Contador, Wawa (Barguil) mais on ne l'a même pas regardé. On a regardé ce qui flashait, comme un feu d'artifice du 14-Juillet. Et ça, ça fait du mal au vélo.

(...)

Selon vous, Chris Froome carbure à quoi ?

Si votre coeur n'accélère pas et que vous accélérez de la sorte... Le gars qui fait du vélo électrique doit savoir comment ça marche. On parle de moyens reliés avec système bluetooth, je sais que ça marche. La première hypothèse, celle qui est rationnelle d'un point de vue physique et physiologique, c'est l'assistance. Est-ce du dopage mécanique ? Je me pose la question. Voir un mec qui n'a même pas l'air de souffrir accélérer comme un dératé... On a eu l'habitude de voir des trucs comme ça pendant vingt ans, on savait pourquoi, on savait comment... On revoit les mêmes choses, on ne sait pas pourquoi, on ne sait pas comment...


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Cette page a été mise en ligne le 15/12/2017