Actualité du dopage

Jalabert prêt à (re)passer à la télé, pas aux aveux


07/03/2014 - lemonde.frlemonde.fr - Stéphane Mandard

Laurent Jalabert est de retour. Pas sur un vélo, mais derrière un micro. L'ancien maillot vert et à pois du Tour de France l'a annoncé vendredi sur les ondes de l'un de ses employeurs, RTL. (...)

« Je reviens sur le devant de la scène, je reprends mes activités de consultant avec RTL et France Télévisions », a donc annoncé Laurent Jalabert, qui reprendra du service dimanche 9 mars avec la première grande course de la saison, Paris-Nice.

La « scène » médiatique, l'ancien coureur avait été contraint de la quitter avec fracas juste avant le départ de la 100e édition du Tour de France, en juillet 2013. Le Tarnais avait dû renoncer à commenter la Grande Boucle après des accusations sur sa consommation supposée d'EPO lors du Tour 1998. Des fuites dans la presse laissent alors entendre que son nom apparait dans une liste noire de coureurs positifs à l'érythropoïétine établie par les sénateurs dans le cadre de leur commission d'enquête sur l'efficacité de la lutte contre le dopage.

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« Quatre jours avant le départ du Tour de France, on m'accuse de dopage en 1998 sur des tests pratiqués à titre expérimental en 2004. En 1998, je suis cycliste, je suis contrôlé, je suis négatif, en théorie les échantillons sont détruits, là ils sont conservés pour des expériences et analysés en 2004. On n'a connu visiblement le résultat qu'en 2013, d'où ma surprise et celle des suiveurs du cyclisme: pourquoi, si ce n'est pour taper sur le vélo encore une fois à quatre jours du départ du Tour ? », s'est offusqué Laurent Jalabert qui a arrêté sa carrière de coureur en 2002.

Lors du funeste Tour 1998, celui de l'affaire Festina, qui révéla au grand jour l'ampleur du dopage organisé dans le peloton après l'intervention de la police, les contrôles pratiqués sur le Français s'étaient en effet révélés négatifs. Pour une bonne raison : à cette époque il n'existait pas de test de détection de l'EPO. Il faudra attendre l'édition 2000 pour qu'il soit introduit. Et ce n'est qu'en 2004 que le laboratoire d'analyse du dopage de Châtenay-Malabry, dans le cadre d'une étude scientifique, soumettra les échantillons urinaires prélevés lors du Tour 1998 et 1999 à une recherche de la présence d'érythropoïétine.

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Le laboratoire met alors en évidence la présence de l'hormone dans de très nombreux prélèvements. C'est ainsi qu'un an plus tard est connu l'identité du premier coureur de cette liste noire : Lance Armstrong, le septuple vainqueur de la Grande Boucle. Des traces d'EPO sont identifiées dans ses échantillons prélevés lors de son premier Tour victorieux en 1999. Mais ce n'est qu'en 2013 que l'identité des autres coureurs fait surface. Dans le cadre de leur comission, les sénateurs français parviennent en effet à mettre un nom sur les propriétaires des échantillons « positifs » à l'EPO.

Le 23 juillet, la veille de la publication du rapport des sénateurs, Le Monde révèle que outre Laurent Jalabert, les deux premiers du Tour 1998 (Pantani, Ullrich), le sprinter allemand Erik Zabel ou encore les Français Jacky Durand et Laurent Desbiens font partie de cette liste noire.

Contrairement à Laurent Jalabert, Jacky Durand, également consultant -sur Europosort- a aussitôt reconnu les faits. « Je pense de toute façon que personne n'est dupe, avait commenté l'ancien « meilleur combattant » du Tour. A la fin des années 1990, c'était un jeu de massacre, le peloton était engagé dans une fuite en avant permanente. On ne savait plus comment en sortir ».

Laurent Jalabert, qui dit aujourd'hui avoir été victime d'un « procès médiatique » a opté pour une autre défense. « Je n'ai pas réussi à obtenir la moindre preuve. Impossible d'avoir la moindre confirmation et de faire la corrélation entre ces analyses effectuées en 2004 et mes échantillons de 1998. J'ai réclamé une contre-expertise à l'Agence française contre le dopage, elle m'a notifié que ce n'était pas possible parce qu'une contre-analyse n'est possible que dans le cas d'un contrôle antidopage et depuis 2006 tous les échantillons ont été détruits », a-t-il déclaré au micro de RTL.

Silencieux depuis juillet, Laurent Jalabert avait dû répondre en mai aux questions offensives des sénateurs. Interrogé sur ses liens supposé avec le mentor d'Armstrong, le médecin italien Michele Ferrari, lors de son passage dans l'équipe espagnole Once, le cycliste qui s'était mué entre 1992 et 2000 de meilleur sprinteur à meilleur grimpeur du Tour de France avait répondu par une boutade : « Notre docteur était surnommé docteur Citroën. »

Une réponse qui n'avait pas vraiment convaincu les sénateurs, ni Lance Armstrong. « Ah, « Jaja », avec tout le respect que je lui dois, il est en train de mentir. Il aurait mieux fait d'éviter de parler de Ferrari et de Citroën, car il sait très bien que Michele était le médecin de la ONCE au milieu des années 1990 », avait commenté l'Américain dans un entretien au Monde juste avant le départ du Tour 2013.

Contrairement à Lance Armstrong ou à l'Allemand Jan Ullrich, « Jaja » n'a toujours pas l'intention de passer aux aveux.


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Cette page a été mise en ligne le 07/03/2014