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Actualité du dopage |
Après quatre ans d'instruction, un dossier de dopage chez les sportifs amateurs est au règlement, au parquet de Caen. Praticien controversé, Bernard Sainz, alias Dr Mabuse, a été mis en examen.
Une fois de plus, on ne pourra pas accuser la justice d'être expéditive. À l'été 2010, le parquet du tribunal de Caen saisit un juge d'instruction pour une information judiciaire visant l'« usage ou l'aide à l'usage de produits ou procédés dopants » chez les cyclistes amateurs ou semi-professionnels. L'enquête est confiée aux gendarmes de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp) et aux policiers du SRPJ-Normandie. Nom de code de l'enquête : « Medi-14 »
Après la saisie d'anabolisants ou de corticoïdes à base d'EPO, premières interpellations et mises en examen en décembre 2010 : elles concernent cinq cyclistes amateurs, dont un vétéran, un culturiste mais aussi un médecin ornais et un pharmacien salarié de Caen. Il est soupçonné d'avoir revendu du Néorecormon 30 000, produit à base d'EPO (...). Le pharmacien aurait récupéré ces médicaments remis spontanément par des familles après le décès du patient.
Entre yaourts et salade
Tarif Sécu du NéoRecormon en 2010 : 982 € les quatre doses. « Une dose se négociait environ 100 €. Les sportifs en cause ne cachaient pas vraiment cette pratique : les produits saisis se trouvaient dans le réfrigérateur familial. Entre les yaourts et la salade », confiait à l'époque une source judiciaire.
En mars 2011, trois nouvelles arrestations en Bretagne et Normandie dont un ex-espoir du cyclisme. Les trois suspects sont mis en examen. L'enquête se poursuit dans la discrétion du cabinet d'instruction avec l'entrée en scène début 2014 d'un praticien déjà connu de la justice : Bernard Sainz, 69 ans, alias Dr Mabuse, est tardivement mis en examen pour complicité de dopage.
Gouttes et protocoles
Un cyclo crossman ornais, décédé en mai dernier au Chu de Caen (1), met nettement en cause Bernard Sainz en évoquant « des produits masquants à base de gouttes, des protocoles permettant de passer à travers les contrôles. » Deux autres mis en examen se montrent beaucoup plus nuancés. Des accusations que Bernard Sainz, assurant pratiquer une médecine naturelle à base d'homéopathie, conteste avec la plus grande énergie.
Ce n'est pas la première fois que Bernard Sainz, qui a publié en 2000 « les stupéfiantes vérités du Dr Mabuse », apparaît dans un dossier de dopage présumé. Cet ancien coureur cycliste amateur a été soigneur au sein d'une équipe professionnelle dans les années 1970. Il est partie prenante d'un dossier de dopage cycliste en 2000 à Paris puis dans une affaire de dopage de chevaux à Alençon en 2005. Débutant en fanfare ces dossiers se sont terminés pour l'intéressé par des sanctions minimales : 3 000 € d'amende pour exercice illégal de la médecine dans l'affaire des chevaux. Clos, le dossier instruit à Caen depuis 2010 est, selon le parquet caennais, en cours de règlement.
(1) Après le décès de ce coureur, le parquet de Caen a ouvert une information judiciaire pour « recherche des causes de la mort ».
Cette page a été mise en ligne le 05/08/2014