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Actualité du dopage |
Après les aveux de Lance Armstrong, le 100e Tour de France devait être celui d'une nouvelle ère, entendait-on avant son départ, comme celui de 1999 avait été annoncé comme le "Tour du renouveau", un an après l'affaire Festina. On sait ce qu'il en est advenu : il a amorcé le début du septennat de l'Américain. Chris Froome, qui vient de remporter son premier, a dit qu'il en gagnerait bien encore six.
Quelle est la différence entre 1999 et 2013 ? Le FBI américain a été inférieur au Secret Intelligence Service britannique. Après le scandale Festina de 1998, Armstrong, pas hypocrite, avait géré sans opposition. Ullrich, Pantani, les mutants des années 1990, qui faisaient flasher nos radars avec des puissances supérieures à 450 watts si besoin, ne s'étaient pas déplacés. L'édition 1999 ne comptait que quatre cols radar : Sestrières, Alpe-d'Huez, Piau-Engaly et Soulor. Il suffisait pour Armstrong d'être plus performant que les autres. Gagner le Tour en se dopant, comme les autres l'avaient fait avant lui.
Le "dottore" Ferrari lui avait donné le chiffre magique : 6,4 watts par kilo pour s'amuser avec les autres. Lance donne son premier coup d'assommoir à 420 watts suspects à Sestrières, en freinant dans certains virages. Suffisant avec des contre-la-montre comme à Metz, ensuite à plus de 50 km/h. Avec une moyenne sur les quatre radars de 406 watts, l'Américain a eu, pour son premier sacre, la délicatesse de finir dans la zone "humaine" à moins de 410 watts. Avec deux cols radar de plus dans l'édition 2013, on pensait donc que le vainqueur du 100e Tour terminerait aussi dans la zone verte. Las. Froome finit dans la zone suspecte à 413 watts de puissance moyenne, soit 7 watts de mieux qu'Armstrong lors dudit Tour du renouveau. La faute, sans doute, à l'opposition espagnole, qui l'a obligé à se découvrir.
SON MORPHOTYPE FAIT PEUR
Un "extraterrestre" : son staff l'admet. Il a dû s'employer à battre des records d'ex-mutants, comme celui du Ventoux, avec 416 watts, qui appartenait au duo Pantani-Armstrong. Pourtant, tout avait commencé comme en 1999. Dans le premier radar du col d'Ax 3 Domaines (446 watts miraculeux) et au premier contre-la-montre à presque 55 km/h, Froome atomise ses adversaires. En 1999, la salle de presse applaudit. En 2013, elle rit.
Son équipe Sky s'est défendue, tant la comparaison des performances est frappante. Elle vante la qualité "révolutionnaire" de son suivi. Elle communique sur sa "tolérance-zéro-dopage" et le potentiel "extraordinaire" de son leader. On attend son génotype. Son morphotype fait peur.
Dans l'équipe de son dauphin, le Colombien Nairo Quitana, on ne prône pas la tolérance zéro. Dans les rangs de l'espagnole Movistar, on n'est pas à la pointe de la "techno" comme chez Sky. On préfère les bonnes vieilles méthodes qui firent la gloire de son ancêtre Banesto et de son roi Miguel Indurain. Movistar a embauché Rui Costa juste après sa suspension pour dopage. En 6 heures 11 min 52' s d'efforts et quatre cols dont deux hors catégorie pour s'échauffer, sous la pluie, le Portugais a battu le record du 5e col radar, celui de la croix Fry, avec 429 watts. Il appartenait à un certain Floyd Landis, vainqueur déchu d'un autre Tour de "l'après-Armstrong", celui de 2006.
Le petit Nairo Quintana dit, lui, s'inspirer d'un autre recordman, Mauricio Soler. Lors du funeste Tour 2007 qui vit la victoire de Contador après l'expulsion de Rasmussen, son compatriote gagna aussi le maillot de meilleur grimpeur. Dans le col de la Colombière, Soler était capable de pousser 450 watts ou encore d'enchaîner le Télégraphe et le Galibier en 1 heure 25 min 45 sec, soit une minute de mieux que Pantani lorsqu'il gagna le Tour en 1998.
Quintana n'est pas en reste en 2013. Il établit le record de Semnoz, radar n° 6, avec 444 watts et 31 min 17 s pour grimper 11 km de Quintal (738 m) au crêt de Châtillon (1 655 m), avec une pente moyenne de 8,34 %. Nous avions pris les devants et avions, hélas, prédit son temps en nous trompant de 20 secondes sur les prévisions les plus "optimistes". C'est ce qui nous rend pessimiste.
Des raisons d'être optimiste ? Les coureurs français d'Europcar, à 30 % de leur rendement habituel. Contador, à 399 watts moyen sur nos radars, loin de ses 423 de 2007, 439 de 2009 et 417 watts de 2010... Et ne parlons pas de Schleck, vainqueur en 2010 à la suite du déclassement de Contador, ou d'Evans, le lauréat 2011, trop attardés pour être pris à nos radars.
Devant, Froome, grand seigneur, a géré ces valets de 2013 comme Lance le fit en 1999.
Cette page a été mise en ligne le 30/07/2013