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Actualité du dopage |
L'étau se resserre autour d'Astana, l'équipe avec laquelle Alberto Contador a remporté le Tour de France 2009 et Lance Armstrong ravi la troisième place (...). Le parquet de Paris a indiqué au Monde, mercredi 23 décembre, que la formation kazakhe avait commis une "infraction pénale" pendant la dernière Grande Boucle.
Telles sont les premières conclusions de l'enquête préliminaire ouverte par la vice-procureure de Paris, Dominique Pérard. Selon nos informations, des kits de perfusion appartenant à la formation du vainqueur du Tour ont été saisis par les gendarmes de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp).
Or, selon une source proche de l'enquête, "la possession de kits de perfusion constitue en soi une infraction pénale" au regard de la loi du 3 juillet 2008 relative à la lutte contre le trafic de produits dopants. Le matériel de perfusion est en effet inscrit sur la liste des méthodes interdites par l'Agence mondiale antidopage (AMA).
L'enquete préliminaire, qui concernait intialement plusieurs équipes, se concentre désormais uniquement sur Astana, les enquêteurs n'ayant pas trouvé d'éléments suffisants pour les autres formations. Outre des kits de perfusions, ils ont fait d'autres découvertes dans les poubelles et les chambres d'hôtel de l'ex-équipe de Lance Armstrong. Ils ont ainsi retrouvé des seringues et des aiguilles de différentes tailles. Les analyses, pratiquées par le laboratoire parisien d'expertises toxicologiques Toxlab, ont, pour l'instant, seulement mis en évidence la présence de "polypeptides".
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Selon une source proche de l'enquête, des analyses complémentaires vont être menées pour vérifier qu'il s'agit d'hormones de croissance. Les enquêteurs de l'Oclaesp ont également saisi des "antihypertenseurs" dans des hôtels où a séjourné Astana pendant le Tour. Ces médicaments ne sont pas interdits en soi, mais selon les experts antidopage ils sont souvent utilisés pour traiter l'hypertension artérielle associée à la pratique des transfusions sanguines ou à la prise d'EPO.
Toujours selon la même source, "sept profils génétiques de personnes différentes" ont été dressés à partir des saisies pratiquées auprès de l'équipe Astana. Mais leur identification ne sera possible que si l'Union cycliste internationale (UCI) met les profils sanguins des coureurs à disposition de la justice francaise. Or, les relations entre l'UCI et les autorités françaises se sont tendues depuis que l'Agence francaise de lutte contre le dopage (AFLD) a dénoncé dans un rapport le traitement de faveur dont aurait bénéficié Astana en matière de contrôle antidopage durant le dernier Tour de France.
L'UCI a violemment récusé tout traitement de faveur et annoncé qu'elle se passerait de l'AFLD sur le Tour 2010. Dans le rapport qu'ils ont remis au parquet de Paris et dont Le Monde a eu connaissance, les enquêteurs de l'Oclaesp (...) confirment que la formation de Lance Armstrong et d'Alberto Contador a bénéficié de délais importants avant de se soumettre à des contrôles censés être inopinés. "Des délais suffisants pour permettre de se diluer dans le sang, par exemple", note une source proche de l'enquête.
Dans son livre Dopage - Ma guerre contre les tricheurs paru en 2020, Jean-Pierre Verdy explique que cette enquête est ouverte par la vice-procureure de Paris, Dominique Pérard. La procédure sera finalement abandonnée et Lance Armstrong, premier visé par l'enquête s'en sortira... provisoirement.
Cette page a été mise en ligne le 23/12/2009