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Actualité du dopage |
Nous nous sommes tous plantés. Bjarne Riis n'aurait jamais dû hériter du surnom de "Monsieur 60". Il fallait l'appeler "Monsieur 64". En référence à son taux d'hématocrite sur le Tour de France 1996, a expliqué la semaine passée Jeff D'hont, un ancien soigneur de Telekom, à une chaîne de télévision belge. Alors, comme ça, Bjarne Riis il s'est dopé pour gagner le Tour ? Erik Zabel, en revanche, aurait essayé l'EPO mais "il a dit qu'il n'avait pas besoin de ça". Parce qu'il utilisait autre chose ? Ou bien parce qu'il serait une quasi-exception dans le gotha cycliste des années 90 ? Tous les témoignages s'accordent à reconnaître que l'usage généralisé de l'EPO et de l'hormone de croissance a fait grimper les moyennes au-delà de l'entendement (...).
BJARNE RIIS NE NIE PAS
C'est fou ce qu'on apprend sur la télé belge. Aujourd'hui, Riis archi-montré du doigt dirige une équipe archi-montrée du doigt, la CSC, qui a décidé de mettre en place l'hiver dernier un suivi interne de prévention. Comme du reste, T-Mobile, l'ex-Telekom. Au sein de ces formations, les moeurs pourraient changer tout doucement (...). Et alors ? Il va falloir payer jusqu'au bout, non plus seulement assumer le passé mais en souffrir. Quatre ans après les faits, la chaîne danoise DR TV s'intéressait au taux hématocrite de Riis en 1995, monté à 56,3% en juillet.
Après le reportage belge de la semaine dernière, la réaction de Riis était prévisible : "Pour moi, tout cela appartient au passé et je ne souhaite pas être tenu responsable chaque fois que quelqu'un trouve intéressant de ressortir une vieille histoire qui remonte à dix ans. Je crois vraiment que le futur est beaucoup plus intéressant que le passé." Prudent, Bjarne Riis ne nie pas farouchement. La réaction de Patrick Lefévère à ce documentaire belge respire le même agacement : "Vous voulez quoi au juste ? Vous voulez que chaque coureur se mette à genou et se confesse ?"
D'AUTRES FONT LEUR "COMING OUT"
Lefévère commence à avoir l'habitude. En janvier dernier, le journal flamand Het Laatste Nieuws l'a accusé de "trente ans de dopage", d'abord en qualité de coureur, puis directeur sportif chez Mapei, et enfin manager chez Quick-Step. Lefévère a porté plainte pour diffamation (...)
Plusieurs de ses collègues managers sont d'anciens coureurs. La plupart ont eu des démêlés avérés avec le dopage. D'autres, plus ou moins à demi-mots, comme Eric Boyer en 2005, ont choisi de faire leur "coming out". Pour bien signifier qu'ils réprouvaient ces pratiques et marquer qu'une page se tourne. Pour bien accompagner l'époque. La période en question est à l'inquisition permanente. Alors que les suiveurs s'étranglaient de voir Lance Armstrong écraser un septième Tour de France en 2005, c'est son cas positif du Tour 1999 qui est remonté à la surface. Tandis que le vainqueur de l'édition 2006 reste en suspens, que la culpabilité de Landis est temporisée par des plaidoyers d'experts et une procédure juridique à venir, la télé belge ressort du bocal le Tour 1996.
ENTRE CULPABILITES ET SUSPICIONS
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Ainsi, l'actualité du vélo se décline entre culpabilités et suspicions. Un coureur arrêté en possession de produits dopants va rythmer à lui seul la chronique pendant des mois. Son arrestation entraîne un article. De même pour sa garde à vue et/ou sa mise en examen, son procès et ses vicissitudes en appel. S'il revient à la compétition, blanchi ou non, il nourrira toujours dans la presse une mention à son "affaire". C'est le cas aujourd'hui de Frank Vandenbroucke, dont on apprend que le parquet général fait appel de sa relaxe. Cette même semaine, les médias font écho à l'actualité judiciaire d'ex-coureurs de Lotto ainsi que des accusés du "pot belge", pour un report de procès ou de prononcé. (...) Quand le présent ne suffit plus, on ausculte le passé.
LES ANCIENS S'INDIGNENT
Bernard Hinault ou Laurent Fignon qui s'indignent de cette nouvelle hystérie à vouloir juger chacun et chaque époque, on s'en amuse bien. Ce faisant, les anciens jettent un voile pudique sur leur carrière à eux. Et pourtant. Le coureur cycliste est devenu un salaud. Il ne peut même plus se vanter le front haut auprès de ses petits enfants au coin du feu. S'il décide de diriger une équipe, on va fouiller dans sa carrière et prouver, souvent très facilement, qu'il a cédé à la triche. Il faudrait que tous les dirigeants d'équipes ne soient pas d'anciens coureurs. L'idée circule. L'expérience a même été tentée en Espagne entre 1989 et 2006, avec un ancien prof de sport qui n'avait jamais épinglé un dossard dans sa jeunesse. Il s'appelait Manolo Saiz.
Cette page a été mise en ligne le 31/03/2007