Actualité du dopage

Le laboratoire antidopage embarrassé par le cas Floyd Landis


15/11/2006 - Le Monde - Stéphane Mandard

Le laboratoire national de dépistage du dopage (LNDD) de Châtenay-Malabry (...), qui a été l'objet d'un piratage informatique visant à le discréditer (Le Monde du 15 novembre), a bien commis une erreur dans le traitement du contrôle positif à la testostérone du vainqueur du Tour de France, Floyd Landis. Selon nos informations, l'échantillon B du coureur - dont l'analyse a confirmé la présence de testostérone exogène - a malencontreusement été répertorié avec un mauvais numéro sur le procès-verbal (PV) de la contre-analyse.

Le numéro d'identification de Floyd Landis était le 995 474, alors que sur le PV a été inscrit 994 474. Cette erreur, d'ordre administrative, ne signifie pas que l'échantillon B déclaré positif n'était pas celui de l'Américain. Mais elle est utilisée aujourd'hui par ses avocats (...) pour contester son contrôle antidopage positif.

Récemment, plusieurs documents, élaborés grâce à un piratage informatique du laboratoire, ont été envoyés, anonymement, au Comité international olympique (CIO), à l'Union cycliste internationale (...), à Amaury Sport Organisation (ASO) - le propriétaire du Tour - et à de nombreux journalistes ayant couvert la Grande Boucle. Présentés comme émanant du LNDD, certains font référence à des erreurs similaires. Ainsi, deux courriers, censés avoir été adressés aux présidents des fédérations française et internationale de natation en septembre affirment qu'un échantillon a été noté 338 439 au lieu de 338 349. Selon nos informations, des erreurs de saisie de numéros se sont bien produites dans la gestion de certains dossiers.

Mardi 7 novembre, les attaques de l'entourage de Floyd Landis se sont concentrées sur la fragilité du système informatique du LNDD. "Malheureusement, ce n'est pas la première fois que la sécurité de documents de ce laboratoire est remise en question, a déclaré, mardi 14 novembre, Michael Henson, le porte-parole de Floyd Landis. Attribuer (l'origine de l'intrusion) à Floyd ou à l'équipe qui le défend est sans fondement, faux et irresponsable."

Le parquet de Nanterre (...), a ouvert une enquête préliminaire pour piratage informatique à la suite de la plainte déposée, mardi 15 novembre, par Pierre Bordry, le président de l'Agence française de lutte contre le dopage (...). (...) "Personne n'a à ce jour été identifié comme l'auteur présumé de ce piratage, assure-t-on de source policière. Nous n'en sommes qu'à la phase de constatation et d'expertise : nous sommes comme des enquêteurs qui arrivent sur la scène de crime." (...)

Les enquêteurs analysent aussi un audit réalisé par le laboratoire en interne sur son système d'information et la question de sa sécurité, avant d'avoir été l'objet d'intrusions. "Je regrette d'avoir découvert que l'informatique (du laboratoire) n'était pas suffisamment sécurisée, a déclaré Pierre Bordry. Je demande au gouvernement les moyens de moderniser le laboratoire."

Depuis le 1er octobre, le laboratoire de Châtenay-Malabry n'est plus sous la tutelle du ministère des sports, mais un service de la nouvelle AFLD. Mercredi 8 novembre, Pierre Bordry avait été auditionné par la commission des affaires culturelles du Sénat. Son président, le sénateur UMP de la Gironde, Jacques Valade, avait alors rappelé que "la visite du laboratoire par la commission (en juin 2005) avait laissé un souvenir mitigé, notamment quant à l'état des locaux et a souligné l'importance de la sécurisation des données informatiques".


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Cette page a été mise en ligne le 18/11/2006