1992 : médaillé de bronze des cent kilomètres contre la montre aux Jeux Olympiques de Barcelone.
1994 : débuts professionnels dans l'équipe Castorama. Il remporte le tour de Poitou-Charentes en 1994 qui restera, selon ses dires, sa seule victoire sans dopage. Plus tard dans la saison, il commence à se doper.
1999 : dans le cadre de l'affaire Docteur Mabuse, un contrôle sanguin révèle la présence d'amphétamines. Les organisateurs du Tour de France déclarent qu'il n'est pas le bienvenu.
2000 : devient champion de France de poursuite individuelle.
2001 : il est victime d'une grave chute dans la tranchée d'Arenberg lors de Paris-Roubaix.
2002 : redevient champion de France de poursuite individuelle.
2004 : épinglé une nouvelle fois, dans l'affaire Cofidis cette fois, il avoue l'usage répété et le trafic de produits dopants (notamment d'EPO). Il reconnait avoir eu recours au dopage dès ses débuts professionnel et affirme que 95% des coureurs se dopent, chiffre qu'il répétera lors du procès de l'affaire Cofidis en 2006.
2005 : tient désormais un bar de nuit à Amiens. Il publie "Prisonnier du dopage" aux Editions Grasset, livre dans lequel il raconte son expérience du dopage. Il conclut le livre par ces phrases terribles : «Quelle punition pourrait être plus importante que la certitude que je ne saurai jamais (...) ce que je valais vraiment? (...) Pendant toute ma carrière, j'ai cru que le bonheur sportif passait par la victoire, la gloire et l'argent... Je me suis dopé pour exister (...), pour toucher des salaires de plus en plus élevés mais j'ai beaucoup perdu. Maintenant (...), je réalise que je ne sais pas quel sportif j'étais vraiment...»
2006 : il comparait au tribunal de Nanterre dans le cadre de l'affaire Cofidis et confirme devant le tribunal les propos qu'il tient dans son livre. Il est condamné à six mois de prison avec sursis, dans un evrdict rendu le 19 janvier 2007.
2013 : le 23 avril, il est victime d'un malaise cardiaque et hospitalisé dans le coma. Il décède le 17 mai, à l'âge de 40 ans. Sa mort ne lui vaut qu'un encadré dans le Vélo Magazine suivant.
2017 : la ville de Moreuil dans la Somme baptise une rue à son nom.
Ceux qu'il épargne
Dans son livre Prisonnier du dopage, Philippe Gaumont estime que la plupart des coureurs se dopent. Il cite néanmoins quelques coureurs qui sont propres, à ses yeux.
Laurent Brochard : "Deux garçons au moins ont été plus courageux que les autres et ont accepté de poursuivre le métier en respectant la nouvelle donne. Laurent Brochard et Didier Rous appartiennent à ma génération et ont été impliqués dans l'affaire Festina. Ils ont reconnu s'être dopés à l'EPO et, aujourd'hui encore, ils sont parfois montrés du doigt pour cela. Pourtant, chacun à leur manière, je crois qu'ils ont changé. Brochard, en silence, a visiblement tout arrêté et Rous a eu la chance de tomber dans une équipe ou il a été soutenu psychologiquement pour effectuer la même démarche."
Yvon Ledannois : "Je pense que parmi nous, Yvon Ledannois - qui ne supportait pas le produit - et Eddy Seigneur - par choix - étaient les seuls à ne pas tourner à l'EPO."
Moncoutié : "J'ai passé sept années chez Cofidis et, durant tout ce temps, je n'ai côtoyé que deux coureurs qui ne prenaient pas de produits : l'Estonien Janek Tombak et, surtout, le Français Moncoutié. A part ces deux-là, les autres discutaient ouvertement du dopage, y compris les jeunes néo-professionnels. L'un d'eux avait même déjà pris de l'EPO en amateur, de la cortisone, de la testostérone et de la créatine."
Didier Rous : "Deux garçons au moins ont été plus courageux que les autres et ont accepté de poursuivre le métier en respectant la nouvelle donne. Laurent Brochard et Didier Rous appartiennent à ma génération et ont été impliqués dans l'affaire Festina. Ils ont reconnu s'être dopés à l'EPO et, aujourd'hui encore, ils sont parfois montrés du doigt pour cela. Pourtant, chacun à leur manière, je crois qu'ils ont changé. Brochard, en silence, a visiblement tout arrêté et Rous a eu la chance de tomber dans une équipe ou il a été soutenu psychologiquement pour effectuer la même démarche."
Eddy Seigneur : "Je pense que parmi nous, Yvon Ledannois - qui ne supportait pas le produit - et Eddy Seigneur - par choix - étaient les seuls à ne pas tourner à l'EPO."
Janek Tombak : "J'ai passé sept années chez Cofidis et, durant tout ce temps, je n'ai côtoyé que deux coureurs qui ne prenaient pas de produits : l'Estonien Janek Tombak et, surtout, le Français Moncoutié. A part ces deux-là, les autres discutaient ouvertement du dopage, y compris les jeunes néo-professionnels. L'un d'eux avait même déjà pris de l'EPO en amateur, de la cortisone, de la testostérone et de la créatine."
Sentiment de culpabilité
Dans son livre Prisonnier du dopage, Philippe Gaumont décrit très bien le sentiment de culpabilité qui accable le coureur dopé : "La culpabilité existe. On a beau se cacher (...), on est rattrapé par le poids de la tricherie à chaque fois qu'on se pique, seul, chez soi, sur son canapé. (...) Ce n'est pas vraiment la tricherie envers les autres qui nous tracasse, car à mes débuts, cela faisait partie du métier et tout le monde le faisait. Non c'est plutôt la tricherie envers soi-même. On essaie de se dire que ce ne sont pas les produits qui font avancer, on se répète qu'on a quand même des capacités hors du commun, mais le doute est la. C'est un des effets pervers du dopage. On ne sait jamais qui on est vraiment car on repousse des limites qui ne sont pas les nôtres." Plus loin, il poursuit : "Les dégâts du dopage ne se limitent pas à la santé et à l'éthique. (...) Maintenant que j'ouvre les yeux, je réalise que je ne sais pas quel sportif j'étais vraiment. (...) Le dopage est un mensonge permanent. Pendant dix années, en cédant a cette tentation, j'ai fui un des buts essentiels de la vie : se connaître. Et c'est sûrement cela le plus grave.".
Il a dit
2000
A propos de Bernard Sainz : « Ce type est un magicien, un génie dont le seul souci a trait à la santé des coureurs. Mon petit garçon de six mois suit l'un des régimes alimentaires mis au point par Sainz : une diététique basée sur les habitudes de nos grands-mères... » (Cyclo Sprint, 04/2000)
2008
"Les contrôles antidopage progressent, certes, mais les molécules dans les labos aussi. Ce qui me fait sourire, c'est que la direction du Tour continue à dire que les coureurs qui se font prendre sont des cas isolés. C'est comme moi, j'étais un cas isolé dans le système ! C'est toujours la même défense, la même hypocrisie." (Le Monde, 24/07/2008)
2012
A propos de Lance Armstrong, après sa suspension à vie : "On va dire qu'on fait payer son arrogance à Armstrong. On le punit. On le sanctionne financièrement. On lui retire ses sept Tours de France. OK. Mais le saquer après tout ce temps ne rime pas à grand-chose. Et ce n'est pas parce qu'on s'est payé Armstrong que les problèmes seront réglés. Ce mec a ramené des millions de dollars pour la lutte contre le cancer. Il a fait construire des hôpitaux. Il ne peut donc pas être complètement mauvais." (lavoixdunord.fr, 29/10/2012)
"J'assume ce que j'ai fait. Et je dis toujours que s'il fallait repartir dans les conditions de l'époque, je mènerais ma carrière exactement de la même façon." (lavoixdunord.fr, 29/10/2012)
"On aura toujours un gros nuage au-dessus du peloton, tant que ce monde sera dirigé par d'anciens dopés. Il faut une vraie rupture. Les instances censées s'occuper de la lutte antidopage doivent être complètement extérieures au monde du vélo. Et aux fédérations sportives en général. Parce que ce problème n'est pas seulement celui du cyclisme. On aurait déjà une réelle avancée. Et peut-être plus de confessions." (lavoixdunord.fr, 29/10/2012)
A propos de Bradley Wiggins : « Quand je l'entends dire : "On montre l'exemple. Chez Sky, on mange mieux. On s'entraîne mieux." Ben, j'espère que tu ne te feras pas gauler. » (lavoixdunord.fr, 29/10/2012)
2013
"Depuis 1998 et le scandale Festina, le vélo a changé, c'est sûr. Mais, avec un peu de recul, on peut se demander si les gens ont vraiment été si choqués que ça. Ils savaient que les coureurs se dopaient. Beaucoup de champions ont été contrôlés positifs au cours de leur carrière, y compris les plus grands. Ce qui a vraiment dérangé, ces dernières années, c'est la nature des produits utilisés. Le côté sensationnel des comptes rendus des différentes descentes de police lors des épreuves ou chez certains proches du peloton, la description des médicaments saisis, tout ça fait qu'on nous regardait, nous les coureurs, comme si on allait mourir dans dix ans." (Le Monde, 2001, cité dans Le Monde, 21/07/2013 )
Ils ont dit de lui
2011
Frankie Andreu, ancien coéquipier à la Cofidis, à propos de son année dans cette équipe : "J'y ai passé une seule année, avec Desbiens, Gaumont et Millar. Surréaliste ! Les Français mettaient du sirop dans leur bidon plutôt que des boissons énergétiques. Le soir, ils s'enfermaient pour fumer des cigarettes et, la nuit, Gaumont sortait faire la fête. Sous l'effet du Stilnox (...), ils couraient nus dans les couloirs de l'hôtel. Vraiment crazy !" (L'Equipe, 18/11/2011)
2013
Nico Mattan, ancien coéquipier : « Aujourd’hui, on constate que tout le monde, ou presque, était à mettre dans le même panier à l’époque. Philippe avait, après la parution de son livre, fait le choix de se retirer du monde du cyclisme et préférait ne pas trop se montrer sur les courses. Je sais que beaucoup font le lien entre le dopage et son accident cardiaque, mais ces deux données ne sont, selon moi, aucunement liées et le raccourci est trop facile. Si les mœurs du peloton de l’époque provoquaient de telles tragédies, le nombre de décès chez les cyclistes serait bien plus important... » (dhnet.be, 23/05/2013)
David Millar, ancien coéquipier à la Cofidis : "Gaumont était une âme perdue… (une pause) qui symbolisait le mal. C’était un Bully, comme on dit en anglais, un sale gosse, qui terrorisait les jeunes, les incitait à se doper, à prendre des produits récréatifs, ou festifs, du Stilnox, de la drogue, de l’alcool. Vandenbroucke s’est d’ailleurs laissé entraîner par lui vers le bas. Le pire, c’est qu’il était à la fois démoniaque et charismatique, mais tellement méchant avec tellement de gens que je ne peux pas avoir de compassion pour lui." (L'Equipe, 19/07/2013)
Philippe Gaumont en chanson
Richard Fredon, un artiste-cycliste de l'Oise a composé une chanson sur Philippe Gaumont.
Nos visiteurs peuvent se faire leur propre avis sur la chanson en lançant le lecteur ci-dessous.
Extrait :
J’ai même vu certains copains
M’dénigrer en direct à la télé.
Signant des chartes sur l’honneur
En jurant que le dopage, ils sont pas concernés.
Et ils balancent sur moi
En jurant qu’suis un cas isolé.
Mais la gomme, lui , les gars
Sait bien que vous en avez tous croqué !